Les signes de la périménopause

P. MARES*, S. RIPART-NEVEU*, D. DUPAIGNE*, P. MOUEN** et J. UHLRICH**

La périménopause est devenue une entité clairement définie depuis quelques années. Toutefois sur le plan pratique, il reste difficile d'en préciser le début et surtout la prise en charge. Dépister les signes, expliquer les modalités thérapeutiques sont les objectifs qui deviennent désormais essentiels pour que la prise en charge de la ménopause puisse se faire dans les meilleures conditions.

Nous avons réalisé une enquête (cf. biographie) auprès de 1 500 femmes pour déterminer les premiers signes de la périménopause qui sont exprimés de la façon suivante :

- les troubles thermo-vaso-moteurs : 78 % des femmes souffrent de bouffées de chaleur ;

- les cycles : inchangés : 12 % ; irréguliers : 48 % ; arrêt : 29 % ; non précisés : 1l %.

- obésité : 24 % ;

- facteurs de risque cardio-vasculaire : 22 % ;

- hypertension artérielle : 21 % ;

- antécédents dépressifs ou troubles neuropsychiques : 15 % ;

- céphalées : 46 % ;

- palpitations : 40 %.

On conçoit dès lors que les symptômes associent aussi bien un versant gynécologique qu'extra-gynécologique avec des manifestations pondérales, cardio-vasculaires, thermo-vaso-motrices et neuropsychiques.

Quelle est la réponse médicale face à l'ensemble de cette symptomatologie ?

Auprès des femmes interrogées, la prise en charge de la périménopause ne paraît pas être un sujet habituel et les réponses thérapeutiques confirment bien que cette approche n'est pas rentrée dans nos pratiques médicales puisque les solutions thérapeutiques ont été les suivantes :- anxiolytiques : 34 % ;- antidépresseurs : 9 % ;- hypnotiques : 12 % ;- autres : 38 %.

LES FEMMES DE LA PERIMENOPAUSE

Les femmes qui représentaient le groupe étudié avaient un âge moyen de 49 ans et 2 mois, un délai de consultation de 9, 1 mois après l'apparition des premiers signes et surtout 2/3 seulement des femmes exprimaient spontanément leurs troubles.

Par ailleurs, il s'agit d'une période difficile pour ces femmes puisqu'on retrouve un environnement familial ou socioprofessionnel instable ou incertain :

- départ récent des enfants : 20 % ;

- difficultés conjugales : 21 % ;

- décès récents de parents proches : 10 % ;

- chômage ou risque de chômage : 14 % ;

- changement de statut professionnel : 10 %.

Il apparaît donc clairement que les signes de la périménopause concernent des femmes jeunes, entre 48 et 49 ans, actives et dans 12 % des cas normalement réglées.

Le rapprochement des symptômes évoqués et de la périménopause n'est pas toujours évident pour les patientes même si les bouffées de chaleur représentent le trouble le plus fréquent (78 %).

Il est important de noter que l'ensemble des troubles thermo-vaso-moteurs sont fréquents et provoquent une gêne importante.

Par ailleurs, l'anxiété est un symptôme majeur de la périménopause mais elle reste largement sous-exprimée et sous-estimée.

Pourtant le handicap induit par la périménopause est essentiel puisque la gêne ressentie est indépendante de l'âge et de l'étape de la périménopause et 87 % des femmes la ressentent dans le cadre de leur activité sociale, familiale et conjugale ; enfin 2/3 des femmes sont gênés dans leur vie professionnelle par ces symptômes.

PERIMENOPAUSE : UNE NOUVELLE PRISE EN CHARGE

Il apparaît clairement que les symptômes spontanément évoqués justifient d'une prise en charge particulière.

Par ailleurs il est important que le médecin assure un rôle de dépistage puisqu'une des remarques essentielles de cette enquête est l'importance du non-dit aussi bien au niveau des troubles thermo-vaso-moteurs , neuropsychiques et les troubles de la sexualité.

Les premiers signes de la périménopause concernent des femmes jeunes et en pleine activité. Enfin, beaucoup de femmes n'évoquent pas spontanément les troubles liés à la périménopause et elles consultent parfois tardivement.

Au niveau médical, il importe pour le médecin de dépister, à travers l'un ou l'autre des signes que nous avons évoqués, l'entrée dans cette période pour en expliquer le fonctionnement aux patientes et assurer une prise en charge adéquate et adaptée. En effet, il s'agit d'une période où les traitements devront être mis en place en sachant parfois faire des fenêtres thérapeutiques lorsqu'elles sont nécessaires puisque ces troubles peuvent survenir de façon intermittente.

Enfin, il est essentiel que tous les médecins concernés soient informés de ces troubles, en effet si les femmes vont spontanément lorsqu'il s'agit de manifestations typiques de la périménopause vers le gynécologue, l'ensemble des médecins est souvent interrogé sur les symptômes qui peuvent longtemps faire errer le diagnostic et qu'il importe de rapporter à la périménopause.

P. MARES*, S. RIPART-NEVEU*, D. DUPAIGNE*, P. MOUEN** et J. UHLRICH**

* Service gynécologie obstétrique - CHU Nîmes-Caremeau.

** Laboratoires ZYMA - Rueil-Malmaison.