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Titre: Androgènes et ménopause
Année: 2003
Auteurs: - Pelissier-Langbort C.
Spécialité: Gynécologie
Theme: Ménopause

Androgènes et ménopause

Clara PELISSIER-LANGBORT

Le vieillissement ovarien a pour conséquence chez la femme, de modifier, et ce, dès la période pré ménopausique, la sécrétion tant cyclique que quantitative, des stéroïdes ovariens : Œstradiol 17 béta, progestérone et androgènes, et donc les rapports d'équilibre qui existent entre eux normalement, en période d'activité ovarienne.

Le vieillissement ovarien est soumis à de nombreuses influences : facteurs intrinsèques enzymatiques, hormonaux, facteurs individuels génétiques, facteurs alimentaires et/ ou surtout d'environnement, de pollution par les œstrogènes industriels.

L'apoptose, mort folliculaire programmée, après une période périménopausique où les follicules n'arrivent plus à maturité, où leur qualité ovocytaire se détériore, où ils deviennent atrésiques, et où apparaissent les signes évidents de la mort cellulaire, (dégradation du DNA) aussi bien au niveau des ovocytes que de la granulosa, et où interviennent les hormones hypothalamohypophysaires et les cytokines, entraîne immanquablement une phase de ménopause confirmée. La sécrétion d'œstrogènes et de progestérone se tarit totalement alors que celle des androgènes persiste chez toutes les femmes pour certains, disparaît par contre chez les femmes normales pour d'autres auteurs.

Cette sécrétion des androgènes ovariens, en période post ménopausique est cependant suggérée par plusieurs arguments immuno-histochimiques, histo-enzymologiques, biochimiques. Pour ces auteurs l'ovaire ménopausique est le site même de cette production androgénique.

Les arguments en faveur de la production
des androgènes par l'ovaire ménopausique

La microscopie électronique, l'histoenzymologie, l'immunohistochimie aident à l'évidence à étayer cette hypothèse (E. Y. Adashi

196   C. PELISSIER-LANGBORT

1994). Dans l'ovaire post ménopausique, existent des cellules androgéno sécrétantes, au niveau spécialement du Hile ovarien, et qui montrent une importante activité stéroïdienne : présence d'aspects ultra structuraux caractéristiques des cellules stéroïdiennes, avec une forte immuno-réactivité enzymatique, spécialement pour la 3 b hydroxystéroïde deshydrogénase, enzyme indispensable et spécifique pour les conversions vers l'Androsténedione et la Testostérone entre les voies D 5 et D 4 et vice versa.

Tous les auteurs s'accordent sur l'effondrement de la sécrétion d'oœstrogènes, une fois la ménopause confirmée.

L'ovariectomie bilatérale après la ménopause ne modifie que très peu, les taux périphériques des œstrogènes. Et si certaine quantité d'œstrogènes est retrouvée chez la femme ménopausée, elle provient de la conversion périphérique, et de l'aromatisation extra glandulaire de l'Androstenedione. En revanche, la sécrétion ovarienne des androgènes chez la femme ménopausée, déjà très basse, chez la femme normale, est plus faible que celle de la phase folliculaire d'un ovaire normal.

Pour certains auteurs, des arguments biochimiques convergents, sont en faveur de la sécrétion d'androgènes par l'ovaire post ménopausique :

•   d'une part le gradient entre les taux plasmatiques de la Delta 4 Androstenedione (A) et de la Testostérone (T) entre veines ovariennes et veines périphériques ;

•   d'autre part, le taux de ces androgènes, chute après un traitement par les analogues de la GnRH et par rapport à un groupe témoin (Sluijmer A.V 1995).

Pour A. Sluijmer, c'est le taux très élevé des gonadostimulines FSH et LH, qui stimule l'ovaire ménopausique, et lui conserve une forte activité androgénique.

Pour d'autres auteurs par contre, l'ovaire post ménopausique n'est pas un producteur majeur d'androgènes (Couzinet B - Milgrum - E, Schaison G - 2001) et les enzymes nécessaires à la biosynthèse des androgènes absents ou présents à des taux très bas. Pour G. Schaison, dans tous les ovaires post ménopausiques, les récepteurs de FSH et LH ont totalement disparu et en l'absence de sécrétions surrénaliennes, les femmes post-ménopausées n'ont pas d'androgènes circulants.

Cependant, d'autres ont pû faire des rapprochements avec l'ovaire du syndrome des ovaires polykystiques et attribuer à l'hyperinsulinisme chronique, la persistance de la sécrétion androgénique du stroma cortical de l'ovaire ménopausique. L'action de l'hyperinsu

   ANDROGèNES ET MéNOPAUSE   197

linémie sur la production androgénique ovarienne résulterait des effets directs de l'Insuline, sur les récepteurs de l'IgF1.

Certains hirsutismes, certaines « masculinisations » dont les modifications androïdes de la graisse abdominale, résulteraient de cet effet direct de l'Insuline sur les récepteurs de l'IgF1, et pourraient s'expliquer comme survenant chez des femmes ayant eu un syndrome des ovaires polykystiques, plus ou moins méconnu et non traité (D. Dewailly 1997 - C. Pelissier 1997). Sinon dans tous les cas, du moins dans certains cas, l'ovaire ménopausique n'est pas un organe mort, mais bien une glande endocrine active sécrétant plus ou moins d'androgènes.

Androgène et peau à la ménopause

Ce sont les femmes qui souffrent le plus de leurs modifications cutanées. La carence en œstrogènes en ait la cause essentielle et l'on peut voir apparaître :

•   un hirsutisme androgeno-dépendant, plus qu'une hypertrichose (visage, moustache, menton) ;

•   une alopécie de type androgénogénétique, très évocatrice, médiane avec une barre frontale antérieure respectée. Parfois elle peut être de topographie temporale, latérale, comme chez l'homme ;

-   s'associe une acné, qui s'accentue ou réapparait, après de nombreuses années de disparition ;

-   une hyper séborrhée, avec dermite séborrhéïque du cuir chevelu, de la face, des paupières et des sourcils, constituant un véritable eczéma séborrhéïque (M. Faure 1995).

Toutes ces manifestations cutanées, traduisent un « hyperandrogénisme cutané ». A la susceptilité individuelle de chaque femme, génétiquement programmée, s'ajoute la carence en œstrogènes.

Les androgènes et la sexualité

Depuis Greenblatt, il y a plus de 20 ans, il est admis que la diminution et / ou la perte de libido, chez la femme post-ménopausique, est améliorée davantage par l'association oœstrogènes-androgènes, que par les oœstrogènes seuls.

Même, si sexualité et libido sont déterminés par divers et multiples facteurs, les androgènes ont un rôle majeur et déterminant.

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Ils favorisent la libido, mais aussi les phantasmes sexuels et l'intensité du désir.

La libido féminine serait majorée par augmentation de la sensibilité clitoridienne, sous l'effet des androgènes.

Quant aux androgènes surrénaliens DHEA, et son sulfate chez la femme ménopausée, ils n'ont pas à ce jour, réellement prouvé leur utilité. Après un engouement indéniable, leurs effets sur la qualité de vie » semblent peu convainquants et de nombreux articles et éditoriaux ont démontré leur
inutilité.

En conclusion, les données concernant la ménopause et les androgènes sont actuellement limitées et contradictoires.

D'autre part, il est certain qu'au moins dans certains cas, sinon chez toutes les femmes, l'ovaire post-ménopausique sécrète des androgènes. Les androgènes dans certains cas, conditionnent :

•   une « masculination » avec troubles cutanés, séborrhée, acné, hirsutisme ;

•   une obésité tronculaire et l'on sait que cette disposition androïde des graisses est soupçonnée d'être un marqueur de risque cardio-vasculaire ;

•   Parfois augmentation du cholestérol et modification des paramètres de la coagulation.

Mais les androgènes ont un rôle favorable sur la libido féminine, son humeur, son tonus.

Ainsi les incertitudes restent totales sur le bien fondé de l'administration d'androgènes, s'il y a lieu de les prescrire : lesquels ? quand ? à quelle dose ? en association avec un œstrogène du THS.

Si les effets cliniques avec la DHEA semblent peu contributifs, il existe aujourd'hui des molécules androgéniques aisément precriptibles et une molécule, la Tibolone, qui a des effets œstrognéiques et androgéniques.

Bibliographie

[1]   ELI Y. ADASHI. The climateric ovary as a fonctionnal gonadotropin -driven androgen - producing Gland. Fertil and Steril, 1994, 62 1.20-27.

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   ANDROGèNES ET MéNOPAUSE   199

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