Les XXIIe JTA
> Présentation
> Programme
> Comité scientifique
> Intervenants
> Contacter les JTA

En pratique
> S'inscrire
> Renseignements
> Hébergement
> Programme social
> Post-congrès

Les archives
> Andrologie
> Biologie
> Gynécologie
> Infertilité
> Médecine foetale
> Néonatologie
> Nutrition
> Obstétrique
> Pédiatrie
> Périnatalité
> Périnéologie
> Phlébologie
> Psychosomatique

Rechercher

Titre: Particularités diagnostiques et thérapeutiques des ménopauses précoces
Année: 2004
Auteurs:
Spécialité: Gynécologie
Theme: Ménopause

Particularités diagnostiques
et thérapeutiques
des ménopauses précoces

P. LOPES

Introduction - Définition

La survenue avant l'âge de 40 ans d'une insuffisance ovarienne primitive (IOP) définit généralement la ménopause précoce. Certains auteurs anglo-saxon différentient la ménopause précoce qui survient entre 40 et 45 ans de la ménopause prématurée qui survient avant l'âge de 40 ans (POF premature ovarian failure) (Santoro 2003). L'âge de la ménopause est fortement influencé par les facteurs génétiques.

La fréquence de la ménopause précoce reste faible car elle représente en moyenne 1 % des femmes caucasiennes (Luborsky 2003) et touche 0,1 % des femmes de moins de 30 ans. Cela correspond à10 à 30% des cas d'aménorrhées primaires, et à 4 à 18% des cas d'aménorrhées secondaires.

La prise en charge des ménopauses précoces est d'actualité car :

1 - Les progrès de la biologie moléculaire permettent un diagnostic génétique de plus en plus précis, qui doit déboucher éventuellement sur un conseil génétique. Citons le cas de Mme F... qui consulte pour ménopause précoce à 35 ans. L'ensemble du bilan s'avère normal. Elle a accouché à l'âge de 25 ans d'une petite fille et demande quels conseils il faudra donner à sa fille ? Que dire devant cette ménopause précoce idiopathique ?

2 - Les progrès de l'assistance médicale à la procréation font discuter :

- de la cryopréservation ovarienne

- des possibilités de maturation folliculaires in vitro

- du recours au don d'ovocytes.

Ce thème ne sera pas traité car il fait l'objet de l'intervention de Catherine Rongières.

3 - La substitution hormonale doit être réfléchie non seulement en ce qui concerne les posologies, les voies d'administration et les durées de traitement depuis la WHI et la MWS (cf article d' Henri Rozenbaum) mais plus généralement pour certaines de ses contre indications : ce qui peut être considéré comme contre indication du THS chez la femme de plus de 50 ans, doit être mis en balance avec les risques engendrés plus spécifiquement par la ménopause précoce.

Deux cas clinique peuvent illustrer cette problématique :

Cas clinique durée du THS :

Mme GOU Lydie vient en consultation à l'âge de 63 ans pour l'association ostéoporose et ménopause. Nulligeste, elle a subi à l'âge de 35 ans une hystérectomie avec castration pour cysadénome mucineux borderline.

Elle est suivie depuis 1985 et suis un THM associant estrogel 1/2 dose par jour et progestogel. Son suivi mammographique réalisé tous les 2 ans ne montre aucune anomalie mammaire

Elle a réalisé le 2/1/2003 une ostéodensitométrie qui a objectivé

- un T score lombaire à - 3,66 (L2-L4)

- un T score au nniveau du col fémoral à -2,69.

A cette date, la posologie d'estrogel a été augmenté à 1 dose par jour et une association calcium vitamine D prescrite. Les marqueurs ont révélé :

- Des cross laps à 1108 pmol/l (N : 1100-3500)

- Ostéocalcine à 20 ng/ml (N 12.0 à 56.0).

Une DMO avait été réalisée 5 ans avant et l'évolution du T score est :

- de -1,14 % an au niveau lombaire

- de - 2,35 % par an au niveau du col fémoral.

Mme G.. prend son THS depuis 28 ans.

Que faut-il proposer ?

 

Cas clinique Contre indications au THS :

Madame M. Isabelle née en septembre 1967 revient en consultation à l'âge de 35 ans pour discussion d'un traitement hormonal de la ménopause dans le cadre d'une ménopause précoce associé à un lupus et un à syndrome des antiphospholipides.

Cette patiente n'a pas d'antécédent familial particulier, sur le plan personnel elle est traitée depuis 1988 pour un lupus érythémateux aigu disséminé. Ce lupus s'est compliqué d'un syndrome des antiphospholipides et elle est traitée au long cours par l'association triatec Cortancyl, préviscan. Elle a bénéficié entre 1988 et 1989 d'une chimiothérapie par Endoxan*. Le dernier bilan biologique datant d'il y a 1 an était satisfaisant avec un taux d'hémoglobine normal, un taux de plaquettes normal, une CRP à 3 mg et une VS à 32. Cette patiente est nulligeste, elle a adopté un enfant.

On note dans ses antécédents gynécologiques, une chirurgie en septembre 91 par laparotomie pour un kyste ovarien multi-loculaire de 20cm lors de la laparotomie était effectuée une ovariectomie droite. Le Compte rendu histopathologique de la pièce d'ovariectomie droite de 852 grammes révèle l'existence d'un cystadénome muqueux Borderline. Suite à cette ovariectomie faite en septembre 91, la patiente présente une aménorrhée secondaire dont le bilan objective un syndrome de ménopause précoce avec une FSH à 83 UI, une LH à 103 UI, un taux d'oestradiol à 18 (fin d'année 91).

Le bilan a été recontrolé en 1992 avec une FSH à 93, et un oestradiol à 4pg.

La patiente est mise sous un traitement associant OESTROGEL et PROMEGESTONE. Revue en 2001, elle a présenté une fracture de côte et les médecins internistes ont objectivé une insuffisance coronarienne et une ostéoporose.

Le Bilan biologique révèle la présence d' anticorps-anticardiolipides à 52 UI en décembre 91 (normal inférieur à 8). Anticorps antinucléaires positifs supérieur au 1/800ème en décembre 91, la présence d'un anticoagulant circulant de type antiprothrombinase a été objectivé en septembre 93.

Les questions du diagnostic et du traitement de cette ménopause précoce se posent.

Quel est l'origine de la ménopause précoce ?

Plusieurs hypothèses : hypothèse immunitaire, hypothèse chirurgical mais lors de l'ovariectomie pour Borderline, l'ovaire contro-latéral était sain, hypothèse médicamenteuse car la chimiothérapie par ENDOXAN lui a été indispensable de 1988 à 1989 pour sa pathologie auto-immune.

Quel le surveillance faut-il proposer ?

Devant cette maladie lupique non stabilisée : thrombopénie modérée, forte activité anti-thrombinase, présence d'anticorps anti-nucléaire qui est supérieur à 1/800ème, la patiente est revue en médecine interne en mai 94. Le traitement par corticoïdes est maintenu. Le diagnostic d'insuffisance coronarienne rentrant dans le cadre d'un syndrome des antiphospholipides est retenue et un traitement sous antivitamine K est proposé. En septembre 2000, la patiente a présenté une douleur précordial et dyspnée, l'échographie cardiaque a retrouvé une hyposynésie de la paroi antérieure, une gamma-angiographie isotopique a été programmée. Compte rendu du cardiologue : exploration coronaro-angiographique, antécédent d'altération de la fonction systolique avec des éléments compatibles avec des séquelles d'un infarctus confirmé par les données scintigraphiques (cadre d'un syndrome des anticorps anti-phospholipides). Il est confirmé qu'existe une akinésie inféro-apicale correspondant à une séquelle d'infarctus avec des artères coronaires irrégulières mais sans sténose significative pouvant faire évoquer la survenue d'un thrombus.

Le diagnostic possible de cardiomyopathie au PLAQUENIL avait été évoqué mais non retenue. L'ostéodensitométrie réalisée en 2000 révèle une ostéoporose vertébrale avec un T score inférieur à -2,78. Revue par l'interniste en janvier 2001, le traitement comportait CORTANCYL 3mg, PLAQUENIL 2 comprimés par jour, TRIATEC 2.5 mg par jour, PREVISCAN 1, 5 comprimé par jour, DITRONEL, OROCAL.

 

Peux-t-on proposer un traitement hormonal substitutif de la ménopause ?

Ces observations rappellent la complexité de certaines situations diagnostiques et la difficulté de proposer un choix thérapeutique rationnel.

Rappel concernant le diagnostic positif

La ménopause précoce est une insuffisance ovarienne prématurée (IOP) ou hypogonadisme hypergonadotrope.

Le signe d'appel le plus caractéristique est en général une aménorrhée primaire ou une aménorrhée secondaire chez une femme âgée de moins de 40 ans.

Certains autres signes d'appel peuvent faire évoquer une forte probabilité d'IOP, les diagnostics précoces et les formes incomplètes. Ce sont les troubles du cycle (cycles courts ou au contraire spanioménorrhée), l'infertilité (fausses couches spontanées à répétition) l'infécondité.

Contrairement aux ménopauses chirurgicales, les manifestations fonctionnelles sont souvent moins marquées. Les signes cliniques d'hypoestrogénie peuvent être discrets : bouffées vaso-motrices, troubles génito-urinaires, absence de glaire.

Les dosages de FSH et de LH sont élevés à plus de 30 UI/l (dosages à répéter compte tenu des fluctuations et de la nécessité d'éliminer un dosage fait lors des pics ovulatoires). Un taux d'estradiol inférieur à 30 pg/ml confirme le diagnostic et dans ce cas, le test à la progestérone n'est pas nécessaire.

L'échographie pelvienne est nécessaire et doit préciser la taille des ovaires et renseigner sur la présence de follicules (nombre et taille).

Rappel concernant le diagnostic étiologique

En dehors des causes évidentes, le diagnostic étiologique est fondé sur un bilan comportant :

- Un entretien détaillé des antécédents personnels et familiaux

- L'établissement de l'arbre généalogique

- Le caryotype et les études génétiques à la recherche de mutations

- L'échographie : taille, vascularisation et compte des follicules

- Un bilan général à la recherche d'une maladie auto-immune ou d'une maladie métabolique

- Une éventuelle coelioscopie avec biopsie d'ovaire.

Celle ci n'est pas nécessaire en dehors des cas ou l'échographie a objectivé la présence d'ovaires de taille normale avec développement folliculaire débutant. Une étude histologique voir dans le cadre de la recherche une étude de l'enzymologie ovarienne peut être proposée.

Les étiologies

Les causes évidentes sont souvent iatrogènes

Causes chirurgicales, médicamenteuses (chimiothérapie avec les agents alkylants : chlorambucil, le busolfan, la cyclophosphamide), et radiothérapie.

La toxicité de la chimiothérapie et de la radiothérapie est d'autant plus importante que l'âge de la patiente est avancée. Cependant les cancers chez l'enfant de sexe féminin expose après radiothérapie et / ou chimiothérapie à un risque plus élevé d'IOP puisque 1 fille sur 6 traitée pour un cancer dans l'enfance aura une IOP. Il est donc important d'informer les jeunes femmes traitées dans leur enfance pour un cancer de ce risque et de leur conseiller de débuter relativement tôt une grossesse. (Larsen EC, 2003).

L' hystérectomie totale avec conservation annexielle est parfois responsable de ménopause précoce si la vascularisation annexielle était d'origine utérine prédominante.

Citons également les risques d'IOP provoqués par l'embolisation des fibromes (Marx M 2003).

Les causes chromosomiques

Les Anomalies peuvent toucher les gonosomes : chromosome X, la dysgénésie gonadique est responsable de 50 % des cas d'aménorrhée primaire) :

- Absence d'un X (formule 45X0 ou syndrome de Turner) est typique mais d'autres formules sont possibles : 47XXX, mosaïques XX/X0, X bicentrique. Parmi les femmes ayant une IOP, 3,8 % ont un syndrome du triple X. Ces cas s'associent régulièrement à une pathologie thyroïdienne auto-immune. (Goswami 2003).

- Les anomalies en mosaïque: la mise en évidence d'un chromosome Y imposera la gonadectomie pour éviter le gonadoblastome.

- X fragile. Les femmes porteuses de la prémutation X-Fra ont souvent une ménopause qui survient plus précocément, 30 % des femmes porteuses de la prémutation présenteraient une ménopause avant l'âge de 40 ans. Cette prémutation X Fra toucherai 2 à 12 % des IOP à caryotype normal (Gersak 2003). Le conseil génétique est dans ce cas fondamental.

- Microdélétions de l'X (Xq13 - Xq26). Dans la majorité des cas, il s'agit de cas sporadiques bien que des cas familiaux aient été décrits.

Les anomalies peuvent également toucher les autosomes : chromosomes non sexuels avec des atteintes des chromosomes 2, 3 et 11. Différents syndromes ont été décrits : (blépharophimosis, galactosémie, déficit des enzymes de la stéroidogénèse, altération du récepteur de la FSH), ils seront revus dans les causes géniques. Le syndrome de Lundberg ou polyneuropathie oligophrénie est une maladie autosomique récessive associant habituellement un nanisme, avec retard mental et conduction nerveuse anormale.

Les causes géniques

De nombreux gènes sont rresponsables de l'acquisition du capital folliculaire et du maintien du stock ovocytaire dont nous ne ferons que citer quelques exemples : Gènes de la différentiation folliculaire : Migration et maintenantce des cellules germinales : c-kit, DAZL, Méïose : Spo 11 ; DMC1 ; MSH4 ; MSH5, Maturation folliculaire : c-kit, GDF9, connexin 37 ; Croissance folliculaire ou apoptose : bax, Bcl2, Autres gènes : FOXL2.

Les gènes candidats sont évoqués selon les résultats de l'échographie et de la biopsie d'ovaire :

- En l'absence de follicules, on évoque des anomalies des gènes interférant dans la migration, la maintenance et la méïose des cellules germinales.

- En cas de maturation folliculaire partielle , les gènes responsable de l'apoptose et de la maturation folliculaire peuvent être responsable de l'IOP. Ce chapitre mérite d'être détaillé car la présence de follicules en échographie incite à effectuer des recherches pour essayer d'objectiver des anomalies du chromosome X : recherche de micro-délétions de la région région Xq26.Xq28, des translocations réciproques Xq21 et des autosomes 15 Mb : 8 gènes différents sont impliqués dans la genèse de l'IOP. Des cas familiaux de mutations du récepteur FSH dont le gène est situé sur le chromosome 2p, ont été décrits (Meduri G, 2003). Les mutations en 3q23 sont responsables du syndrome BPES : blépharophimosis Ptosis Epicanthus syndrome.

Les études génétiques font l'objet de recherche et compte tenu des propgrès constants, devant un cas clinique particulier, des équipes peuvent être contactés pour améliorer la pertinence diagnostique (ex : Equipe de R Frydman à clamart, Equipe de P Touraine et M Misrahi à l'hôpital Necker INSERM UT84 Paris, Equipe de Patricia Barbarino-monnier à Nancy.)

Les causes auto-immunes et certaines maladies générales

Elles seraient responsables de 20 % des ménopauses précoces. La coexistence d'une maladie auto-immune : maladie de Basedow, thyroïdite d'Hashimoto, maladie d'Addison, diabète insulino-dépendant, lupus érythémateux aigü disséminé, polyarthrite rhumatoïde, myasthénie et la maladie de Crohn, oriente vers cette hypothèse.

Les causes infectieuses virales

Elles sont souvent évoqués mais rarement prouvés (oreillons, rubéole, varicelle, CMV).

Les causes idiopathiques

Elles restent malheureusement trop nombreuses.

Evaluation des risques liés à la ménopause précoce

La singularité de la ménopause précoce rend compte de la possibilité d'éviter certains risques.

Il faut ici intégrer plusieurs natures de risques :

1 - Les risques imputables à l'étiologie de la ménopause précoce ou aux conséquences des traitements :

- cause de la chirurgie ayant imposé la castration : cancer, pathologie endométriosique, adhérences, pathologie infectieuse etc.,

- conséquences extra gynécologique de la chimiothérapie, de la radiothérapie. Rappelons que les femmes traitées pour maladie de hodgkin ont un risque accru de cancer du sein par effets de la chimio et ou de la radiothérapie,

- les causes et conséquences de la pathologie auto-immune sont responsables de pathologie particulière.

2 - Les risques liés à l'hypoestrogénie prolongée qui doivent être analysés :

- altération de la qualité de vie, troubles génito-urinaires,

- risques d' athéroslérose : les risques cardio-vasculaires sont augmentés,

- risques d'ostéoporoses. Le risque d'ostéoporose est majeur en l'absence de substitution à doses efficaces. Il est possible que certaines pathologies responsables de la ménopause précoce soit aussi responsable de l'ostéoporose.

- risques de maladie d'Alzheimer. Ils sont suspecté mais ne sont pas évalué actuellement.

3 - Les risques du THS qui ne sont pas transposables pour la durée de traitement aux risques connus chez les femmes ayant une ménopause climatérique.

En effet, l'incidence des pathologies est très différente selon l'âge. L'âge est un facteur de risque important de cancer du sein et d'accident thrombo-embolique. L'application de la règle du risque relatif explique le nombre faible de risques absolus en fonction de l'âge du début de traitement.

Classiquement, le risque cardiovasculaire est corrélé à l'âge de la ménopause (Van der Schouw 1996), mais récemment, Nilsson (2003) a comparé l'espérance de vie de 152 femmes ayant eu une castration pour salpingite dans les années 1930 à Malmöe sans ravoir reçu ultérieurement de THS avec la population de référence suédoise. L'espérance de vie n'est pas différente : 74,8 ans pour les femmes castrées sans THS versus 74,7 ans pour la population témoin. Parmi les femmes castrées 50% sont décédées de maladie cardio-vasculaire et 16,7% de cancers (aucun cas de cancer du sein).

Particularités de la prise en charge thérapeutique

Le conseil génétique

Il est fondé sur la découverte d'anomalies génétiques transmissibles. Il est fondamental en cas d'X fra car il permet par le diagnostic prénatal d'éviter la naissance de garçons débiles profonds. (Layman LC 2003). Le risque de ménopause précoce dans la descendance incite à informer les filles des femmes atteintes des risques d'hypofertilité.

Les particularités de la prise en charge thérapeutique
en dehors de l'infertilité

La prise en charge psychologique ne doit pas être négligée car ces jeunes femmes sont souvent perturbées par le diagnostic et le terme de ménopause précoce doit être évité au profit des insuffisances ovariennes prématurées.

Le pronostic fonctionnel est, dans le cas de la ménopause précoce, particulier car il expose aux conséquences organiques de la carence estrogénique prolongée, notamment osseuse et cardio-vasculaire et nécessite donc une prise en charge thérapeutique précoce, adaptée et prolongée.

Le traitement doit être précoce, à posologie efficace et le traitement doit être prolongé.

La substitution par le traitement estrogénique est ici essentielle. L'estrogénothérapie seule est recommandée en cas d'hystérectomie, sinon le traitement est estro-progestatif.

Le THS doit être initialement prescrit à dose suffisante pour éviter les symptômes d'insuffisance estrogénique et prévenir la perte osseuse. Lorsque les posologies sont inférieures à 2 mg pour l'estradiol oral, à 50 mcg/j pour les patchs, à moins de 1,5 mg de gel pour la voie transcutané et à moins de 300 mcg pour la voie nasale, un contrôle ostéodensitométrique à 2 ans s'impose. Le dosage des marqueurs osseux pourrait permettre plus rapidement d'ajuster les posologies d'estradiol.

L'observance du THS est un point fondamental sur lequel il faut insister. Toutes les recettes permettant cette amélioration de l'observance doivent être employées car la durée du THS conditionne la prévention des maladies induites par la ménopause.

Questions et choix particuliers

1 - Le type et le schéma du THS est libre chez les femmes sans contre-indication. Le traitement séquentiel est peut-être psychologiquement mieux adapté. Il est même possible de prescrire une pilule estro-progestative.

2 - La reprise de cycles ovulatoires est possible (même si cela est exceptionnel) en cas de ménopause précoce et des grossesses spontanées ont été publiées, en particulier au début de l'instauration du THS (Jamin 1995, Patel 2003).

3 - Le THS peut-il être prescrit, chez les femmes opérées pour cancers de l'ovaire ? Compte tenu des résultats récents des effets du THS sur les risques de cancer de l'ovaire, et du pronostic des cancers ovariens, le gynécologue peut être amené à discuter la prescription d'un THS dans certains cas : en cas BVM très invalidantes par exemple ou après chirurgie radicale d'une tumeur borderline ce d'autant que l'ovariectomie a été bilatérale.Cependant, une certaine prudence s'impose, sachant que le niveau de risque des récidives dépends du stade initiale du cancer ovarien. Pour les stades I voir II, l'importance de la qualité de vie et de la prévention de l'ostéoporose justifie très souvent la prescription de ce THS.

4 - Dans certaines situations ou les contre-indications du THS sont discutées. C'est le cas de la première observation écrite ci dessus. Le lupus est théoriquement une contre-indication au THS mais, si cette pathologie altère gravement la qualité de vie, si l'ostéoporose est importante, la prescription peut être envisagé avec l'accord des médecins internistes en privilégiant les voies percutané, transdermique ou nasale associées aux progerstatifs les moins thrombo-emboligènes (progestérone naturelle ou semi-naturelle, acétate de chlormadinone).

5 - Faut-il limiter les durées de traitement ? Compte tenu de l'incidence faible avant 40 ans des pathologies induites par le THS (maladie thrombo-embolique et cancer du sein) il ne faut prendre en considération les durées de traitement qu'à partir de cet âge sans cumuler la durée totale du THS. La balance risque bénéfice sera réévaluée après l'âge de 50 ans.

6 - Faut-il discuter la substitution en androgènes ? Cette question se pose particulièrement chez la femme ovariectomisée. En effet, les androgènes chez la femme sont synthétisés et sécrétés par les surrénales et les ovaires. L'ovaire est responsable de la synthèse d'environ 50 % de la testostérone. La prescription peut être envisagé si un syndrome de déclin androgénique (SDA) est suspecté chez la femme ménopausée précocément (lopes 2003).

Le syndrome de déclin androgénique chez la femme n'est pas spécifique mais le clinicien doit être atttentif à plusieurs signes surtout an l'absence de correction par le THS :

a - Des signes fonctionnels comme la diminution de la vitalité, de la sensation de bien être, l'asthénie et la fatigabilité

b - Des troubles du comportement : un syndrome anxio-dépressif, une perte de l'estime de soi.

c - Des modifications corporelles comme la raréfaction et la perte de forticilisation des poils pubiens. Une atrophie génitale ne répondant pas au THS estro-progestatif de la ménopause. Une diminution de la masse, de la force et du tonus musculaire. Une anomalie de répartition des graisses

d - Des troubles sexuels : la perte du désir, des fantasmes et des rêves érotiques une diminution de l'excitabilité, de la capacité orgasmique, une diminution de l'activité sexuelle.

Les androgènes, par leurs effets anabolisants, améliorent l'état général en diminuant l'asthénie et la fatigabilité.Leur action sur l'insomnie, la dépression, la sensation de bien être méritent cependant une évaluation complémentaire. Certains progestatifs à effets androgéniques (NETA) améliore par rapport aux estrogènes seuls, le maintien ou l'augmentation du contenu minéral osseux. Les androgènes ont également un effet positif sur l'os en inhibant le remodelage osseux.    

L'étude de schifren (2000) a confirmé l'intérêt chez les femmes ovariectomisées de l'apport de testostérone en patch (150 à 300 mcg/j). L' amélioration de la libido, de la fréquence des rapports sexuels, l'amélioration des dysfonctions sexuelles est prouvée, mais il faut souligner l'importance également de l'effet du placebo (amélioration significative à 12 semaines des index sexuels). La tolérance du traitement a été évaluée sur une période d'observation de 36 semaines et la seule différence significative a été le nombre d'épilation faciale avec le dosage de testostérone à 300 mcg/j.

Il n'y a pas actuellement d'androgènes ayant l'AMM pour traiter le syndrome de déficit androgénique en France. La tibolone (stéroïde de synthèse de type 19-norstéroïde) possède après métabolisme tissulaire (3 dérivés : 3a- et la 3ß-hydroxy-tibolone et le ³4-isomère) certaines propriétés androgéniques faibles.

En conclusion

La ménopause précoce doit faire l'objet d'une attention particulière pour en trouver l'étiologie. Le conseil génétique doit être adaptée. La prise en charge doit être médicale et psychologique. Le traitement hormonal susbtitutif reste le traitement le mieux adapté à la prévention des risques chez ces femmes exposées à une insuffisance oestrogénique intense et prolongée. Les résultats des publications récentes de la WHI ne peuvent, compte tenu de l'âge moyen des femmes exposées au THS, être appliquées au THS des femmes ménopausées précocément.

Bibliographie

[1]   Barbarino-Monnier P, Bricaire C, Christin-Maitre S, Cohen J, Dewailly D, Emperaire JC, Insuffisances ovariennes prématurées. Ed by laboratoires Besins iinternational 2003.

[2]   Forges T, Monnier-Barbarino P, Faure G : What are the antigenics targets in the ovary. Gynecol Obstet Fertil 2003 ; 31 :759-65

[3]   Gersak K, Meden-Vrtovec H, Peterlin B : Fragile X premutation in women with sporadic premature ovarian failure in slovenia. Hum Reprod 2003 ; 18(8)1637-40

[4]   Goswami R, Goswami D, Kabra M, Gupta N, Dubey S, Dadhwal V : Prevalence of the triple X syndrome in phenotypically normal women with premature ovrian failure and its association with autoimmune yhyroid disorders. Fertil Steril 2003 ; 80(4) 1052-4

[5]   Jamin C, Sera B, Colau JC, Grossesse après le diagnostic de ménopause. Contracept Fertil Sex 1995, 11 :677-81

[6]   Larsen EC, Muller J, Schmiegelow K, Rechnitzer C, Andersen AN : Reduced ovarian function in long term survivors of radiation and chemotherapy treated childhood cancer. JCEM 2003 ; 88(11) 5307-5314

[7]   Layman LC : Genetic causes of human infertility. Endocrinol Metab Clin North Am 2003 ; 32(3)549-72

[8]   Lopes P : Place des androgènes pour le traitement hormonal substitutif de la femme ménopausée. Ref Gynecol Obstet 2003 ; 9 :53-56

[9]   Luborsky JL, Meyer P, Sowers MF, Gold EB, Santoro N : Premature menopause in a multi-ethnic poipulation study of the menopause transition. Human reprod 2003 ; 18(1) 199-206

[10]   Marx M, Wack JP, Baker EL, Stevens SK, Barakos JA : Ovarian protection by occlusion of uteroovarian collateral vessels before uterine fibroid embolization. J Vasc Interv Radiol 2003; 14(10) :1329-1332

[11]   Meduri G, Touraine P, Beau I, Lahuna O, Desroches A, Vacher-Lavenu MC, Kuttenn F, Misrahi M. Delayed puberty and primary amenorrhea associated with a novel mutation of the human follicle stimulating hormone recepptor : clinical, histological and molecular studies. J Clin Endocrinol Metab 2003 ; 88 :3491-8

[12]   Million women study collaborators : Breast cancer and hormone replacement therapyin the million women study. Lancet 2003 ; 362 :419-27

[13]   Nilsson PM, Nilsson E, Svanberg L, Samsioe G : Longevity after early surgical menopause. The long term effect of a permanent cessation of reproductive function and female sex hormone loss. Eur J Obstet Gynecol reprod Biol 2003 ; 110 :63-5

[14]   Patel B, Haddad R, Saxena I, Gossain VV : Spontaneous long term remission in a patient with premature ovarian failure. Endocr Pract 2003 ; 9(5) : 380-3.

[15]   Santoro N : Mechanisms of premature ovarian failure. Ann Endocrinol 2003 ; 64(2) :87-92

[16]   Shifren JL, Braunstein GD, Simon JA, Casson PR, Buster JE, Redmond GP, Burki RE, Ginsburg ES, Rosen RC, Leiblum SR, Caramelli KE, Mazer NA : Transdermal testosterone treatment in women with impaired sexual function after oophorectomy. N Engl J Med 2000 ; 343 :682-8

[17]   Van der Schouw YT, van der Graaf Y, Steyerberg EW, Eijkemans MJC, Banga JD. Age at menopause as a risk factor for cardiovascular mortality. Lancet 1996 ;347 :714-8

[18]   Writing group for the Women's health Initiative investigators : Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopausal women. Principal results from the women's health initiative randomized controlled trial. JAMA 2002 ; 288 :321-368.

298   P. LOPES

   PARTICULARITéS DIAGNOSTIQUES ET THéRAPEUTIQUES DES MéNOPAUSES PRéCOCES   299

300   P. LOPES

   PARTICULARITéS DIAGNOSTIQUES ET THéRAPEUTIQUES DES MéNOPAUSES PRéCOCES   301

302   P. LOPES

   PARTICULARITéS DIAGNOSTIQUES ET THéRAPEUTIQUES DES MéNOPAUSES PRéCOCES   303

304   P. LOPES

   PARTICULARITéS DIAGNOSTIQUES ET THéRAPEUTIQUES DES MéNOPAUSES PRéCOCES   305

306   P. LOPES

   PARTICULARITéS DIAGNOSTIQUES ET THéRAPEUTIQUES DES MéNOPAUSES PRéCOCES   307

308   P. LOPES

   PARTICULARITéS DIAGNOSTIQUES ET THéRAPEUTIQUES DES MéNOPAUSES PRéCOCES   309