Les XXIIe JTA
> Présentation
> Programme
> Comité scientifique
> Intervenants
> Contacter les JTA

En pratique
> S'inscrire
> Renseignements
> Hébergement
> Programme social
> Post-congrès

Les archives
> Andrologie
> Biologie
> Gynécologie
> Infertilité
> Médecine foetale
> Néonatologie
> Nutrition
> Obstétrique
> Pédiatrie
> Périnatalité
> Périnéologie
> Phlébologie
> Psychosomatique

Rechercher

Titre: Endomètre et traitement hormonal substitutif de la ménopause
Année: 1994
Auteurs: - Boubli L.
Spécialité: Gynécologie
Theme: Ménopause

Chapitre X

ENDOMETRE ET TRAITEMENT HORMONAL SUBSTITUTIF DE LA MENOPAUSE

L. BOUBLI, C. D'ERCOLE B. BLANC, C CHARPIN, E.KONTOSTOLIS

Introduction

La pathologie endométriale sévère a été le premier risque réel de l'hormonosubstitution de la ménopause. Trés rapidement , il est apparu que ce risque n'existait qu'en cas d'hormonosubstitution mal conduite , sous estrogénothérapie exclusive .

La généralisation de l'hormonosubstitution doit conduire à préciser les conditions du risque de pathologie endométriale . Par ailleurs, les hémorragies de privation constituent un obstacle majeur à l'observance de l'hormonosubstitution .

L'instauration de schémas sans règles est la seule solution pour faire accepter des traitements de durée suffisante pour être efficaces. Cela suppose la maîtrise de l'évolution endométriale sous hormonosubstitution sans desquamation .

L'ENDOMETRE A LA MENOPAUSE

Histologie

en période ménopausique , l'endomètre peut être hypotrophique ou en prolifération persistante variable , en sécrétion irrégulière avec desquamation massive .

En période post ménopausique , l'endomètre peut être hypotrophique , en état glandulo kystique ou encore prolifératif persistant (20)

D. Archer (1) a précisé les différents types histologiques retrouvés sur des prélèvements d'endomètre réalisés avant institution d'une hormonothérapie substitutive chez des patientes asymptomatiques .

Sur 801 patientes , 606 ont pu bénéficier de cette évaluation

les résultats étaient les suivants :

1 cancer (0,17%) , hyperplasie atypique :4(0,66%)atrophie : 373(61,55%), endomètre prolifératif: 133 (21,95%)endomètre sécrétoire : 54(8,91%) hyperplasie simple 41(5,2%).

Le prélèvement avait été insuffisant chez 24,5% des patientes .

Ainsi donc les patientes particulièrement exposées étaient relativement peu nombreuses (5/606)

L'effet de l'hormonothérapie:

La partie basale de l'endomètre conserve des récepteurs aux estrogènes expliquant la prolifération endométriale ou même une hyperplasie chez des patientes présentant initialement une atrophie (2)

Sous l'influence d'un traitement combiné , les modifications se font sur un mode prolifératif puis sécrétoire avec une desquamation en fin de cycle .

En traitement continu , une atrophie s'installe assez rapidement .

HORMONOTHERAPIE ET RISQUE DE CANCER

Le risque a été soupçonné du fait de la stricte coïncidence des ventes d'estrogènes aux USA et de l'incidence du cancer de l'endomètre .

En fait , trés rapidement une étude de D.Gambrell(9) a montré que les modalités de l'hormonosubstitution étaient déterminantes surtout en termes de traitement progestatif avec comme incidence du cancer de l'endomètre pour 100 000 femmes: estrogène + progestatifs de synthèse 70,8 estrogènes seuls 434,4 estrogènes par voie vaginale 75,9, progestatifs de synthèse ou androgènes 75,9, sans traitement 242,2 (9)

Les études sont souvent entachées d'erreurs de méthodologie ou de biais de sélection ce qui explique les grandes variation retrouvées d'une étude à l'autre .(19)(5)

Sans tenir compte des modalité de traitement le risque relatif varie de 0,4 à 12

Daures(5) reprenant ces modalités fait apparaître les données suivantes :

-Effet de la durée : (22 séries) le risque de cancer de l'endomètre semble proportionnel à la durée d'utilisation des estrogènes avec un seuil à 2 ans

-Influence du temps de non utilisation (10 séries) :le risque diminue avec la durée de non utilisation (seuil à 5 ans)

-Effet dose : (16 séries) le risque augmente au delà d'une prise de 0,625 d'estrogènes conjugués .

-Mode de prescription continue ou séquentielle (9 séries) :

les résultats sont trés nettement contradictoires et ne font pas apparaître de facteurs de risque significativement lié au mode de prescription .

Ces réultats sont surprenants car en contradiction avec les autres données qui semblaient démontrer un rôle promoteur des estrogènes et donc un danger plus important d'une hormonothérapie continue .

Le role de la progestérone

d'autres études sont venues conforter celle de Gambrell . Persson (18) montre que les risques liés à la prise estrogénique exclusive s'estompent en cas de substitution progestative aussi bien pour les lésions prénéoplasiques que pour les cancers .

L'étude de Voight (24) confirme l'effet protecteur si la prescription de plus de 10 jours par séquence thérapeutique .

La question principale est donc celle de la nécessité ou non d'une desquamation endométriale :

Une série de Leather (14) porte sur le suivi à long terme de 41 patientes ayant bénéficié d'une hormonothérapie continue :

35 d'entre elles n'ont présenté aucun phénomène hémorragique

sur les 6 patientes qui ont saigné 2 ont développé un adénocarcinome de l'endomètre .

Les études sur la contraception , qui pourraient constituer un modèle expérimental, ne permettent pas de porter de jugement définitif

les travaux de Kaufman (13 ) et ceux de Weiss (26)semblent montrer une réduction du risque chez les utilisatrices de contraception orale combinée .

L'étude du centers for disease controle cancer and steroide hormone (22)va dans le même sens avec une protection par les pilules combinées et une augmentation du risque pour les séquentielles .

La sécurité maximale passerait probablement par un développement sécrétoire complet , mais les doses nécessaires pour l'obtenir sont nettement supérieures à celles nécessaires pour une hormonosubstitution

En fait , l'élément le plus important du risque est le statut endométrial au moment de la ménopause et en particulier la présence d'atypies .

Il faut signaler par ailleurs le bon pronostic habituel du cancer de l'endomètre "estrogéno induit" (5)Ce cancer est habituellement bien différencié et son invasion est superficielle

LES METHODES D'ETUDES DE L'ENDOMETRE

L'échographie

et surtout l'échographie vaginale constituent la technique de choix pour cette évaluation qui peut porter sur plusieurs points :

l'épaisseur de l'endomètre :

le seuil en post ménopause pouvant être admis à 4mm par versant muqueux chez une femme ne bénéficiant pas d'une hormonosubstitution .

Un étude de Osmers (16) montre que ce seuil permet tous les diagnostics d'hyperplasie adénomateuse et de cancer: ce type de pathologie ne se développant pas sur une muqueuse d'épaisseur inférieure à 4 mm

Varner(23) retient le même seuil de 4 mm mais signale l'impossibilité d'un diagnostic précis pour les endomètres d'épaisseur comprise entre 5 et 8 mm

Le seuil à 5 mm permettrait l'identification de 87,3% des anomalies endométriales (10)

Bien évidemment , ce seuil ne peut plus être utilisé aussi strictement sous hormonosubstitution mais la muqueuse n'est pas beaucoup plus épaisse ( 4,3+- 1,7 vs 3,2+- 0.9 mm )(10)

Une muqueuse de plus de 9 mm doit être considérée comme pathologique .

L'échostructure doit également être prise en compte .

Enfin , l'écho doppler couleur semble une voie de recherche intéressante .

La substitution estrogénique s'accompagne d'une chute des résistances vasculaires . Cette action est corrélable avec les taux hormonaux : aux basses concentrations d'estradiol l'indice de pulsatilité est corrélable au taux circulant d'estradiol alors qu'au delà de 65 pg/ml l'indice de pulsatilité s'aplatit

Par contre l'administration de progestatifs ne semble pas induire de modifications spécifiques .(4) (6)

L'hystérographie

permet une visualisation directe de la muqueuse utérine

Elle peut comme tous les gestes endo utérins être moins bien supportée chez les nullipares présentant une atrophie importante .

Elle aura pour mérite essentiel d'assurer une vision de toute la cavité utérine permettant ainsi de retrouver des pathologies non muqueuses ou au contraire d'objectiver des anomalies trés localisées .

Elle permet de guider le prélèvement biopsique ou tout au moins d'en assurer la validité .

Les prélèvements endo utérins peuvent être de divers types :

La cytologie dispose de nombreux outils de recueil d'utilisation facile ,éponge , brosse , hélice. Le rendement est correct en terme de cancer(8)(17(27)

mais moins intéressant pour les hyperplasies (8) 19,5 % de faux négatifs ,Palerno diagnostic 10 fois/32 (17),Yazigi 3/14(27)

le lavage endo utérin à pression négative donne un taux de recueil intéressant supérieur à90% (12)

les prélèvements histologiques

peuvent également être réalisés à l'aide de divers outils : canules , pipelle. Le recueil est suffisant dans 91 % des cas avec 81 % de précision diagnostique dans le cancer de l'endomètre mais seulement 68 % dans les hyperplasies (11)

L'aspiration biopsie par la méthode de Vabra assure un prélèvement satisfaisant dans 90% ($26)avec une précision diagnostique intéressante 97,5% pour le cancer et 91,7% pour les hyperplasies (12).

Ces techniques se heurtent à un certain nombre de critiques

La population cible étant ménopausée , le franchissement du canal cervical peut être impossible le taux de réussite étant lié à l'âge et à la parité (seulement 54% pour les primipares âgées pour Vuopala(25)

Dans le même ordre d'idées , cette insertion peut être très douloureuse ou suffisamment pour ne pas autoriser de contrôles ultérieurs le taux de douleurs importantes varie de 2 à 38 %

ENDOMETRE ET SCHEMAS SANS REGLES D'HORMONOTHERAPIE DE LA MENOPAUSE

Indépendamment du risque spécifique de pathologie prénéoplasique ou néoplasique de l'endomètre évoqué plus haut , le but de ces schémas est d'améliorer l'observance de ces traitements substitutifs (7).

En effet , les hémorragies de privation constituent un obstacle important à la poursuite d'une hormonothérapie pendant un intervalle suffisamment long pour le bénéfice de la supplémentation apparaisse .

L'administration continue oestroprogestative s'accompagne très rapidement d'une atrophie endométriale 56 % à 4 mois 92 % à 12 mois (15) (21)

L'inconvénient signalé par de nombreuses séries est la survenue de saignements irréguliers .

MAGOS 1985

WEINSTEIN 1987

HOLST 1987

PROUGHT 1987

LUCIANO 1988

PORRONG 1988

HARGROVE 1989 70

MATTSON 1982

STALAND 1985

FELDMAN 1986

JENSEN 1987

ROZENBAUM 1990 30-80

Ces saignements se manifestant essentiellement lorsque ce type de schéma est institué immédiatement à l'arrêt des règles ou sans transition après une hormonothérapie séquentielle .

Ils correspondent le plus souvent à une atrophie majeure de l'endomètre .

Au total

L'incidence de l'hormonothérapie de la ménopause semble plutôt favorable sur l'endomètre à condition que le traitement soit estroprogestatif avec une sécurité minimale de 12 jours de traitement progestatif par cycle de traitement .

Les schémas dits sans règles contribueront probablement à une meilleure observance de cette hormonosubstitution mais il faut tenir compte des saignements irréguliers fréquents en début de traitement pendant les 3 premiers mois : l'ajustement thérapeutique progestatif doit permettre de les faire disparaître .

L'évaluation systématique de l'endomètre est probablement inutile , par contre , elle est impérative devant tout saignement survenant en dehors des périodes de privation dans les prescriptions discontinues ou devant la réapparition de phénomènes hémorragiques dans les prises continues .

La base de cette évaluation est le couple échographie vaginale - hystéroscopie mais le prélèvement histologique est indispensable.


BIBLIOGRAPHIE

-1-ARCHER D.F. ET COLL Endometrial morphology in asymptomatic post menopausal women. Am J Obst Gynecol 1991 165;317-22

-2-BERGERON C. Critères histologiques de l'endomètre en ménopause sous traitement hormonal substitutif . Référence mars 1993 stéroides ménopause et endomètre Elsevier N°7

-3-BESSIS R. , DE ZIEGLER D Doppler utérin chez les femmes ménopausées .Actual Gynécol 22 121 -125)

-4-CREASMAN W.T. Obstet Gynecol 1991 ,77 308-312

-5-DAURES JP LAFFARGUE F. Hormones et cancer de l'endomètre Le cancer de l'endomètre Collège de Gynécologie de Lorraine Nancy 1992 pp13- 45

-6-DE ZIEGLER ET COLLVascular resistance of uterine arteries physiological effects of estradiol and progesterone .Fertility Sterility 1991 55 775-779

-7-DRAPIER FAURE E.Le traitement de la ménopause évitant les règles est il possible ? est il souhaitable ? Gynécologie , 1992 , 43-4-5 271-280

-8-FERENCZY AOut patient endometrial sampling with endocyte comparative study of its effectivness with endometrial biopsy. Obstet Gynecol 1984 , 63, 295-302

-9-GAMBRELL D. Clinical use of progestin in the menopausal patient. J.Repr.Med. 1982, 27:531-38

-10-GRANDBERG SETH ET COLLEndometrial thickness as measured by endovaginal ultrasonography for identifying endometrial abnormality . Am J Obstet Gynecol 1991, 164:47-52

-11-GREENWOOD S.M. ET COLLEvaluation of the office endometrial biopsy in the detection of endometrial carcinoma and atypical hyperplasia. Cancer 197943, 116,175-183

-12-GUSBERG S.B.The dysfunctionnal and the neoplasic : clinival investigations in the service of patient care in endometrial cancer .Am J Obst Gynecol 1973, 116, 175-183

-13-KAUFMAN S ET COLL decreased risk of endometrial cancer among oral contraceptive users. N engl J M 1980 , 303,1045-1047 ,

-14-LEATHER A.T. Endometrial histology and bleedinf patterns after 8 years of continuous combined estrogen and progestogen therapy in post menopausal women Obstet Gynecol 1991 , 78, 1009-1010)

-15- MAGOS A. ET COLL Amenorrhea and endometrial atrophy with continuous oral estrogen and progestogen therapy in post menopausal women. Obstet Gynecol 1985, 65 496-499

-16-OSMERS R. ET COLLEvaluation de l'endomètre dans la post ménopause par sonographie vaginale. Rev Fr Gynecol Obstet 1992, 87, 6 309-315

-17-PALERNO VG ET COLLCytologic diagnosis in endometrial adenocarcinoma using the endopap sampler . Obstet Gynecol 1985, 65, 271-275

-18-PERSSON I ET COLLRisk of endometrial cancer after treatment xwith oestrogens alone or in conjunction with progestogens. Br med J 1989 298, 147-151

-19-PEJOVIC -LENFANT M.H. Risque carcinologique des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause J. Gynécol Obst Biol Repr 1989, 18, 153-166

-20-PHILIPPE E. , CHARPIN C.Pathologie gynécologique et obstétricale MASSON 1992

-21-PROUGH S ET COLL Continuous estrogen - progestin therapy in menopause Am J Obst Gynecol 1987 157 1449-1453

-22-THE CENTERS FOR DISEASE CONTROL CANCER AND STEROID HORMONE STUDY Oral contraceptive use and risk of endometrial cancer .JAMA 1983 249, 1600-1604

-23-VARNER R. ET COLLTransvaginal Sonography of the endometrium in post menopausal women. Obstet Gynecol 78,195, 1991

-24-VOIGHT L.F. ET COLL Progestagen supplementation of exogenous oestrogens and risk of endometrial cancer . Lancet 1991 274-277

-25-VUOPOLA S. Screening of asymptomatic post -menopausal women for gynecological malignancies with special reference to endometrial sampling methods Arch. Gynecol. 1982, 231, 119-127

-26-WEISS N.S. Incidence of endometrial cancer in relation to use of oral contraceptives Nengl J med 1976 294, 1259-1262

-27-YAZIGI R. et collCytologic detection of endometrial carcinoma by the endocyte technique . Gynecol oncol 1983, 16, 346-351