JTA 1996
les différentes modalités
du traitement clioscopique dans l'endométriose associée
à une stérilité
A. AUDEBERT*
L'association endométriose-stérilité est
fréquente dans la pratique courante : en effet une endométriose
est diagnostiquée chez près de 20 % des femmes consultant
pour une hypofertilité et soumises à un bilan endoscopique.
Dans notre expérience portant sur plus de5 000 clioscopies
diagnostiques, selon l'indication de la clioscopie et la
cause suspectée de hypofertilité, la prévalence
peut varier de 0, 5 % (indications tubaires) à près
de 28 % (stérilités dites inexpliquées) [1].
Dans près de 70 % des cas les lésions observées
sont minimes ou légères c'est-à-dire entrant
dans les stades I et II de la classification de l'American Fertility
Society révisée en 1985 [2]. Il s'agit aussi dans
un pourcentage de plus en plus important des formes " subtiles "
ou " atypiques " décrites dès
1986 [3] imposant une biopsie systématique pour affirmer
leur nature réelle. Les relations causales entre ces lésions
et hypofertilité présentée par les patientes
sont des plus incertaines et souvent purement hypothétiques,
à tel point que leur traitement lui-même est controversé
car aucune étude contrôlée adéquate
n'a pu réellement démontrer la supériorité
d'une quelconque modalité thérapeutique vis-à-vis
d'un placébo. Il nous semble cependant que les données
cliniques sur lesquelles sont basés les arguments des "
adversaires " du traitement ne permettent pas de donner une
réponse définitive car leurs méthodologies
sont l'objet de nombreuses critiques : classification inadéquate,
faible nombre de cas des séries publiées, non prise
en compte des données récentes concernant l'endométriose
(par exemple non prise en compte des formes subtiles et des manifestations
inflammatoires associées variables selon les cas. . . )
non prise en compte des autres paramètres importants de
la fertilité du couple. Il nous semble donc nécessaire
d'identifier, par des études appropriées multicentriques
et randomisées, des sous-groupes justifiables d'une prise
en charge thérapeutique spécifique. Il est probable
cependant que dans ces cas, bien évidemment les moins fréquents,
le traitement médical occupe une place réduite car
il retarde d'autant les possibilités pour les patientes
de présenter une conception durant sa prise. La clioscopie
est le moyen de diagnostic obligatoire de l'endométriose
pelvienne, il est donc habituel, après l'étape du
bilan lésionnel et la stadification, de traiter dans le
même temps les lésions modérées et
sévères (stades IIl et IV) ; mais il est aussi tentant
dans les formes les moins sévères de réaliser
un geste thérapeutique souvent simple, à condition
que cela n'aggrave pas sensiblement l'acte opératoire,
sans que l'on puisse être certain de son intérêt
à cours et à moyen terme comme nous l'avons rappelé,
en évitant tout geste délétère pour
la fertilité et en suspectant qu'il n'est peut-être
pas inutile pour certaines patientes, d'autant plus qu'il semble
que les lésions soient susceptibles de progresser dans
environ la moitié des cas. Nous rappellerons brièvement
les conditions de la réalisation de la clioscopie
thérapeutique dans l'endométriose et l'instrumentation
avant d'envisager les différentes modalités proprement
dites.
CONDITIONS DE REALISATION
La première condition propre à toute décision
thérapeutique est bien évidemment l'établissement
du diagnostic avec certitude comme le permet la clioscopie
dans le cas de l'endométriose, avec souvent, comme il a
été indiqué, la nécessité de
recourir à une biopsie et une confirmation histologique
; une stadification doit être établie et une tentative
d'évaluation des effets délétères
potentiels des lésions observées doit être
menée même si elle est parfaitement spéculative
tant que des marqueurs fiables, validés et simples à
établir en per opératoire ne seront pas disponibles.
La deuxième est celle qui résulte d'une réflexion
sur la meilleure stratégie à appliquer pour chaque
cas particulier ; dans le cadre de l'endométriose associée
à une hypofertilité, cette réflexion est
complexe face à toutes les incertitudes et les nombreux
facteurs en cause à évaluer. C'est dire que le clioscopiste
qui va prendre des décisions rapides au cours de la clioscopie
doit parfaitement connaître le dossier de la patiente, ce
qui n'est pas toujours facile dans la pratique si la patiente
est adressée et non suivie par l'opérateur lui-même
ou l'équipe dont il fait partie. Selon les objectifs de
la clioscopie dans le cadre du bilan de la stérilité,
le moment de celle-ci dans le cycle peut varier ; il n'est pas
prouvé que pour une clioscopie opératoire
un moment précis soit particulièrement favorable
à cet égard. Pour les lésions sévères
se pose le problème de l'intérêt de la préparation
médicale. Les données concernant l'utilité
d'un traitement, actuellement préférentiellement
avec les analogues de la Gn-RH, sont peu nombreuses et controversées
:
1 si l'on se place sur le plan strict de la technicité
opératoire, même si les avis divergent, il est habituellement
admis que la prestation soit facilitée principalement en
raison de lésions moins vascularisées et dans certains
cas plus réduites ; cette assertion est moins claire pour
les endométriomes en fonction de la technique utilisée
; si une kystectomie est réalisée, il est parfois
constaté une plus grande difficulté lors du clivage
de la paroi ; la relation de causalité entre cette éventuelle
difficulté et le traitement préopératoire
n'est pas établie ; nous pensons personnellement qu'elle
est davantage liée à l'ancienneté du kyste,
à ses capacités d'invasion du parenchyme ovarien
et des capacités de celui-ci à réagir. Bien
évidemment si une destruction de la paroi du kyste, avec
un laser par exemple, la réduction du volume du kyste obtenue
par une ponction suivie d'un traitement médical s'avère
d'une indéniable utilité.
2 en termes de résultat au plan de la fertilité
et du risque de récidives, l'utilité n'est évidemment
pas prouvée et ne le sera probablement jamais compte-tenu
des nombreux facteurs en cause, souvent méconnus, et des
difficultés méthodologiques ainsi requises pour
éliminer tous ces biais rendant une telle étude
irréalisable au plan pratique. Il nous paraît irrationnel
de vouloir apporter une réponse scientifique pour une pathologie
dont on connaît encore mal pour une patiente déterminée
l'histogénèse, les possibles composantes génétiques
sous-jacentes, les éventuels troubles immunologiques associés,
les effets délétères réels des lésions
constatées, les capacités évolutives. . .
3 - le traitement préopératoire implique que l'endométriose
soit connue et bien évaluée imposant ainsi de manière
habituelle deux clioscopies. Le traitement médical
ne doit pas apporter de facteur de risque particulier pour la
réalisation de l'intervention et donc être en particulier
neutre sur le plan métabolique ; c'est pourquoi les analogues
de la Gn-RH apparaissent aujourd'hui comme des produits de choix
à cet égard. Au plan technique enfin, il faut tout
d'abord respecter les contre-indications générales
habituelles de la clioscopie, qui sont aujourd'hui réduites.
L'opérateur doit être bien sur entraîné
à ce type de chirurgie parfois difficile et surtout connaître
ses limites.
INSTRUMENTATION
Elle n'a pas de spécificité propre pour la chirurgie
de l'endométriose. En dehors d'un équipement de
vidéo, il faut disposer d'un bon système de lavage
et d'aspiration des fluides et des gaz et d'un insufflateur à
grand débit et pression abdominale contrôlée.
Les instruments sont ceux habituellement utilisés :
- pinces atraumatiques, ciseaux et porte-aiguilles endoscopiques,
pince pour extraction des pièces opératoires. .
. ;
- système de coagulation bipolaire performant ;
- éventuellement laser C02 selon la technique envisagée.
Il nous semble préférable de réduire l'instrumentation
à celle que l'opérateur connaît bien et a
acquis les gestes pour leur utilisation optimale.
MODALITÈS TECHNIQUES
Elles sont différentes selon les lésions traitées
et elles seront abordées pour chacun des groupes. Elles
sont bien connues et nous nous bornerons à les rappeler
succintement [4]. Au plan général les principes
bien connus pour la chirurgie de la fertilité, Etablis
depuis l'utilisation de la microchirurgie, doivent être
respectés :
- traitement complet de toutes les lésions identifiées
en utilisant le grossissement apporté par le rapprochement
de l'optique ;
- irrigation permanente du pelvis et possibilité d'hydrodissection
[5] ;
- hémostase fine à la demande ;
- préservation rigoureuse des tissus sains ;
- rétablissement éventuel des rapports anatomiques
au niveau annexiel ;
- repéritonisation soigneuse ;
- mise en place de sérum physiologique en fin d'intervention
après avoir une nouvelle fois vérifié l'hémostase.
L'exposition pelvienne doit être parfaite avec refoulement
du tractus digestif, éventuellement facilitée par
une préparation digestive préalable, canulation
utérine " solide " permettant une bonne
mobilisation de cet organe.
1 Les implants superficiels
Ce sont les lésions les plus fréquemment rencontrées
quel que soit leur siège, la difficulté dépendant
de celui-ci. Deux modalités techniques sont possibles :
destruction in situ ou exérèse, cette dernière
nous semblant préférable en cas de douleurs, permettant
de ne pas négliger les localisations profondes et d'avoir
une confirmation histologique.
a - Destruction in situ
Elle peut être réalisée quel que soit le site,
facilement sur les ovaires, quand ceux-ci sont bien mobilisables,
ou le péritoine quand sa localisation n'expose pas à
un risque vasculaire, digestif vésical ou urétéral
; dans ces derniers cas ces structures doivent être éloignées
et protégées soit par injection sous-péritonéale
de sérum physiologique, soit en identifiant bien les organes
proches et en les clivant, mais cette précaution est surtout
utile en cas de lésion profonde associée.
Deux principales modalités techniques sont utilisables
: la coagulation bipolaire et le laser C02.
Il est bien admis aujourd'hui que les risques potentiels, malheureusement
trop bien illustrés dans les grandes séries de stérilisations
tubaires, doivent faire abandonner la coagulation monopolaire.
Le laser C02 voit dans cette indication s'exprimer tous ses avantages
: précision, efficacité destructrice, atteinte limitée
des tissus voisins et cicatrisation rapide et de bonne qualité
à condition d'utiliser un tir défocalisé
et de bien nettoyer les surfaces traitées. Son utilisation
paraît préférable quand cet appareillage est
disponible. - La coagulation bipolaire peut aussi être utilisée
de manière précise en prenant la précaution
d'effondrer préalablement les lésions kystiques
qui peuvent gêner l'identification des lésions profondes
quand elles sont coagulées d'emblée. Le laser paraît
indispensable pour le traitement des implants situés en
regard de la vessie ou sur le tractus digestif. Un complément
de destruction peut être réalisé au niveau
du péritoine entourant les lésions elles-mêmes
quand celui-ci est inflammatoire ; la zone d'inflammation peut
être identifiée par coloration du péritoine
au bleu de méthylène (Epreuve PPI décrite
par H. Manhes) ; ce geste serait particulièrement utile
en cas de stérilité selon H. ManhËs.
b L'exérèse
Cette technique consiste à exciser les lésions dans
leur totalité, elle paraît préférable
en cas de douleurs. Elle s'effectue aux ciseaux ou laser C02 après
repérage de son étendue en surface et en profondeur
avec traction de la lésion par une pince ; l'hémostase
doit être pratiquée au fur et à mesure de
manière à ne pas être gêné par
un saignement local intempestif. Elle est aussi réalisable
au niveau de la vessie ou sur le sigmoïde.
2 - Les implants profonds
La technique appliquée est voisine de celle utilisée
pour les implants superficiels ; en général les
lésions profondes sont assez souvent accompagnées
d'une importante fibrose qui doit être aussi réséquée.
L'hémostase doit être particulièrement rigoureuse
et là aussi on peut s'aider du grossissement obtenu en
rapprochant l'optique. Pour certaines lésions profondes
il est aussi nécessaire de pouvoir mobiliser le rectum
dans lequel doit être placé un manipulateur (par
exemple un gros tampon monté) afin de bien exposer les
divers plans ; le rôle de l'aide est déterminant.
Dans quelques cas le vagin peut être atteint et ouvert lors
de la dissection ; un élévateur de la paroi abdominale
permet de poursuivre l'intervention par clioscopie sans
avoir à se préoccuper du problème de la fuite
du pneumopéritoine quand un insufflateur est utilisé
; l'intervention peut d'ailleurs aussi être poursuivie par
voie vaginale. Il est recommandé en cas d'ouverture du
vagin de laver abondamment la cavité pelvienne et les zones
opérées afin de réduire les risques d'une
contamination bactérienne d'origine vaginale. Pour compléter
l'excision il est parfois nécessaire de pratiquer la résection
partielle d'autres organes, ce sujet sera abordé plus loin.
Les nodules siégeant au niveau de utérosacrés
doivent être abordés un peu à distance après
repérage et éventuellement dissection et éloignement
de l'uretère, afin de le protéger. Il apparaît
logique de commencer au niveau de la partie postérieure
et de s'approcher peu à peu de l'utérus en terminant
par la section des dernières attaches antérieures.
Les lésions de la cloison recto-vaginale sont parfois beaucoup
plus étendues que prévues. Elles sont très
souvent accompagnées de fibrose qui rend la dissection
souvent difficile même si les organes de voisinage ne sont
pas impliqués. La résection doit être minutieuse,
douce, progressive avec hémostase rigoureuse en identifiant
en permanence les structures de voisinage ; elle peut être
très longue et nécessiter une dissection de toute
la région. On peut aussi s'aider de l'hydrodissection pour
trouver les bons plans de clivage [5].
3 - Adhésiolyses
Il n'y a pas de techniques particulières pour les adhésiolyses
liées à l'endométriose. Les techniques habituelles
sont utilisées en sachant que les accolements denses sont
fréquents et que parfois ils sont inaccessibles à
la cliochirurgie.
L'ovaire kystique est souvent adhèrent à la paroi,
plus rarement il est complètement inclus ; dans ces cas
l'adhésiolyse peut s'avérer difficile et le laser
CO2 est alors d'un appoint non négligeable. Les adhérences
tubaires sont habituellement assez facilement levées ;
dans de rares cas elles peuvent être très sévères
et le recours à la microchirurgie peut s'avérer indispensable
devant le risque de séquelles irréversibles. Il
faut restaurer la liberté du pavillon en évitant
de dépéritonéiser l'ampoule tubaire. L'oblitération
du cul-de-sac de Douglas peut aussi être traitée
par clioscopie. Elle est rencontrée dans les endométrioses
sévères, souvent associée à des douleurs.
Même dans les cas les plus sévères, la séparation
du sigmoïde de la face postérieure est parfois très
laborieuse mais toujours dangereuse ; là encore les propriétés
du laser CO2 sont utiles à exploiter ainsi que la mobilisation
du sigmoïde à l'aide d'un manipulateur afin de bien
pouvoir repérer les bons plans de clivage. Cette opération
nécessite une grande expérience de l'opérateur
qui doit être familiarisé avec la chirurgie digestive
et urinaire.
4 endométriomes
Depuis plus de 10 ans de nombreuses publications ont démontré
la faisabilité de traiter les masses annexielles par cliochirurgie
: les endométriomes ovariens n'ont pas été
exclus de cette démonstration et leur traitement clioscopique
apparaît bien aujourd'hui comme le traitement de référence.
Le risque de méconnaître une lésion maligne
a été plus récemment souligné ; toutes
les mesures diagnostiques préopératoires et au moment
de l'étape diagnostique doivent être mises en jeu
pour, en cas de suspicion d'être en présence d'une
lésion maligne, revenir au traitement conventionnel par
laparotomie. Cette règle doit bien sûr être
appliquée pour les endométriomes ovariens, même
si leur dégénérescence est rare (de l'ordre
de 0, 5 %) mais fortement liée à l'âge. La
ponction associée au traitement médical n'a pas
montré son efficacité pour les endométriomes
de plus de 3 cm de diamètre. La fénestration n'apparaît
pas comme une solution idéale, sauf dans certains cas où
l'importance des adhérences empêche de réaliser
un traitement plus complet avec des risques non négligeables.
Les kystes endométriosiques, en raison des adhérences
parfois sévères associées, peuvent s'avérer
difficiles à traiter par clioscopie ; dans une série
de 225 kystes endométriosiques, dont le diagnostic a été
confirmé par l'histologie, un carcinome endométroïde
a été rencontré 4 fois (1, 8 %) et des adhérences
ont nécessité le recours à une conversion
en laparotomie de 3 cas seulement (1, 3 %) représentant
les réelles difficultés techniques rencontrées
[6]. Les adhérences secondaires sont fréquentes
après le traitement des kystes endométriosiques
quelle que soit la technique utilisée de traitement et
avec ou sans reconstruction éventuelle de l'ovaire (points,
agrafes, colle biologique...) ; dans la plupart des cas l'ovaire
est laissé tel quel, sauf bien sur en cas de grand délabrement.
En cas de désir de procréation se pose alors la
question de l'intérêt à proposer une clioscopie
de contrôle en vue d'une éventuelle adhésiolyse,
car des adhérences sont retrouvées dans plus de
20 % des cas. Deux options techniques semblent dès lors
recommandables, avec selon les cas un geste complémentaire
de reconstruction ovarienne, mais non indispensable, aucun n'ayant
en effet réellement prouvé sa supériorité
et son utilité vis-à-vis du risque adhérentiel
secondaire ; il ne semble pas non plus exister de différence
vis-à-vis du risque de récidive.
a - La destruction de la paroi du kyste in situ
Cette méthode prônée par Donnez [7] impose
un traitement en deux temps : lors du premier le diagnostic est
assuré (mais dans 10 à 25 % des cas il peut s'agir
d'un kyste fonctionnel hémorragique) et le kyste est ponctionné
; un traitement médical de 3 à 6 mois, selon les
auteurs et les produits utilisés, est alors prescrit ;
enfin lors d'une deuxième clioscopie après
ouverture du kyste une destruction de toute la paroi est réalisée
; pour Donnez cette intervention a le mérite de préserver
au mieux le parenchyme ovarien sain proche du kyste ; la ponction
suivie du traitement médical permet habituellement de réduire
le volume du kyste rendant la destruction plus facile. Il faut
cependant posséder un appareillage, de préférence
un laser C02, assez puissant et dont on connaît bien la
profondeur de destruction, car parfois la paroi peut être
épaisse, et adapté à cette indication. Il
paraît plus difficile de bien mesurer la profondeur de destruction
en employant une coagulation bipolaire. La destruction doit être
complète et elle peut prendre beaucoup de temps en cas
de kyste volumineux dont toute la paroi doit être parfaitement
exposée ; un bon système de lavage-aspiration est
nécessaire quand on connaît l'importante quantité
de fumée produite par le laser. Cette méthode paraît
donner de bons résultats si les conditions techniques prônées
par son promoteur sont bien respectées ; si ce n'est pas
le cas il nous semble préférable de recourir à
un autre moyen.
b La kystectomie
Elle reproduit sous clioscopie la technique traditionnellement
utilisée en laparotomie. après adhésiolyse
éventuelle, le kyste est ouvert, ponctionné et lavé
en l'abordant si possible dans sa portion antimésentérique
; parfois le kyste a pu se rompre lors de l'adhésiolyse
en particulier quand il est fixé à la paroi pelvienne
et son lavage est réalisé par l'ouverture ainsi
créée. Dans les deux cas, l'ouverture est agrandie,
le clioscope peut alors être introduit afin d'inspecter
la paroi du kyste. La paroi doit alors être séparée
de l'albuginée aux ciseaux afin de pouvoir commencer le
clivage ; ce temps est parfois difficile à réaliser
; ensuite à l'aide de deux grip-pinces la paroi est séparée
progressivement de parenchyme ovarien par tractions opposées
; l'hémostase doit être assurée au fur et
à mesure avec une pince bipolaire quand toutes les connexions
vasculaires sont bien exposées, car après avoir
complété la kystectomie elle peut s'avérer
plus difficile à faire. Ce temps peut être très
facile à réaliser car la paroi du kyste est solide
et permet des tractions assez puissantes ; dans d'autres cas le
clivage peut être au contraire particulièrement difficile
; cette situation est imprévisible et comme nous l'avons
rappelé elle nous semble davantage liée aux caractéristiques
propres du kyste qu'aux effets d'une préparation médicale
préopératoire. Il est aussi possible de réaliser
le clivage avec le laser CO2 surtout quand celui-ci s'avère
difficile, mais l'absence de plan peut exposer à pénétrer
exagérément dans le parenchyme ovarien sain. L'avantage
de cette modalité est qu'elle permet d'avoir un contrôle
histologique de toute la pièce opératoire. Une alternative
est de réaliser une " kystectomie fermée "
avec extraction du kyste dans un sac si l'ouverture du kyste n'a
pas été effectuée ; mais ce type de kystectomie
est habituellement délicate à pratiquer pour les
endométriomes, contrairement à d'autres kystes ;
elle est cependant souhaitable chez les femmes les plus âgées
où le risque de malignité ne peut pas être
exclu avec certitude. Enfin en cas de difficulté si l'ovaire
est mobilisable il est possible de pratiquer une kystectomie transpariétale,
c'est-à-dire d'extérioriser le kyste par une minilaparotomie
et de pratiquer les gestes conventionnels habituels.
5 Autres localisations
La chirurgie clioscopique d'autres localisations de l'endométriose
est plus rare et souvent demande une grande expérience
: il peut s'agir, entre autres, des localisations vésicales
nécessitant une résection partielle de la paroi
vésicale et une réparation, des atteintes de l'uretère
[5] voire digestives [8]. Cette chirurgie perclioscopique
nous paraît devoir être réservée à
des opérateurs particulièrement entraînés.
Les progrès techniques majeurs de la cliochirurgie
observés au cours de ces dernières années
ont permis à cette méthodologie opératoire
de faire face pratiquement à toutes les lésions endométriosiques
quelle que soit leur gravité.
CONCLUSIONS
Au plan technique comme en laparotomie le traitement chirurgical
de cette pathologie peut s'avérer dans certains cas très
difficile et dangereux ; il faut connaître ses limites et
savoir accepter une conversion, par exemple en laparotomie, dans
certains cas.
Les résultats de la cliochirurgie, en termes de fertilité,
sont comparables à ceux de la laparotomie [9] ; cette nouvelle
méthodologie apparaît bien aujourd'hui pour de nombreux
gestes parmi les plus simples (implants superficiels, certains
implants profonds, kystes ovariens, adhésiolyses. . . )
comme celle de référence ; certaines interventions
rapportées doivent encore être mieux évaluées
et sûrement n'être encore réservées
qu'aux opérateurs très expérimentés.
BIBLIOGRAPHIE
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et stérilité ; considérations sur l'épidémiologie.
In " Recherches récentes sur l'épidémiologie
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1 59-1 71 .
[2] Audebert A. J. M. : endométriose et stérilité.
In Atti della Société Italiana di Gynecologia e
Ostetricia , 1 vol, 1995, Cofese ed., Palerme (Italie), pp. 146-151.
[3] Jansen R., Russel P. : Non pigmented endometriosis : clinical,
laparoscopic, and pathological definition. Am. J. Obstet. Gynecol.,
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Graw-Hill, New-York.
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Metzger D. A., Nezhat C. H. : Operative Gynecologic Laparoscopy.
Principles and techniques. 1 vol., 1995, Mc Graw-Hill, Inc., New-York.
[6] Audebert A. J. M. : Les limites techniques du traitement cliochirurgical
des kystes annexiels : à propos d'une série de 700
kystes. JOBGYN, 1994, 2, 409-414.
[7] Donnez J., Nisolle M. : An atlas of laser operative laparoscopy
and hysteroscopy., 1 vol., 1994, The Parthenon Publishing Group,
New-York.
[8] Redwine D. B., Koning M., Sharpe D. R. : Laparoscopically-assisted
transvaginal segmental colon resection for endometriosis., Fertil.
Steril., 1995 ! (in press).
[9] Adamson G. D., Hurd S. J., Pasta D. J., Rodriguez B. D. :
Laparoscopic endometriosis treatment : is it better ? Fertil.
Steril., 1993, 59, 35-44.
A. AUDEBERT Institut Greeblatt France, 4, rue Vauban, 33000 Bordeaux.
: JOURNÉES
DE TECHNIQUES AVANCÉES EN GYNÉCOLOGIE OBSTÉTRIQUE
ET PÉRINATALOGIE PMA, Fort de France 11 - 18 janvier 1996
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