Sacro-spinofixation
Jacques SALVAT
Introduction
La population de femmes âgées est en
augmentation. Le prolapsus est un des éléments du « lent naufrage
» qui accompagne l'avancée en âge... C'est aussi une des lésions
les plus fréquentes que traitent les gynécologues.
Lors d'un prolapsus génital, le
fond vaginal peut s'effondrer et accompagner l'affaissement de tout ou partie des
segments du tube génital. Le prolapsus du fond vaginal existe que l'utérus
soit encore présent ou qu'une hystérectomie totale ou subtotale ait été
pratiquée auparavant. La correction à apporter au fond vaginal s'intègre
aux traitements des autres segments prolabés du tube génital.
Les moyens proposés pour fixer
le fond vaginal ont été variés. Ils dépendent de l'état
résiduel des éléments de fixation en particulier de la persistance
ou non d'éléments de qualité solides latéraux (ligaments cardinaux)
ou postérieurs (ligaments utéro-sacrés). Mac Call a proposé
une culdoplastie impliquant les utéro-sacrés. Campbell avait proposé
de croiser les utéro-sacrés sous la paroi vaginale antérieure, encore
faut-il qu'ils existent...Le muscle ilio-coccygien a été proposé
comme moyen d'amarrage du fond vaginal.
Le ligament prévertébral
devant le promontoire ou promonto-fixation est une autre possibilité. Elle
a pu être réalisée par voie laparotomique ou par clioscopie opératoire.
La promonto-fixation peut comporter une ouverture péritonéale avec ses
conséquences adhérentielles. La promonto-fixation impose un axe du vagin
verticalisé, très loin de la physiologie. La promontofixation a ses propres
inconvénients (aggravation d'une cystocèle voire incontinence urinaire)
et ses propres complications (spondylodiscite en cas de malfaçon, occlusions...).
544 J. SALVAT
Le ligament sacroépineux ou petit ligament
sacro-sciatique est le lieu d'amarrage lors de la sacrospinofixation ou fixation
du fond vaginal. La voie vaginale permettrait une convalescence plus rapide que
la laparotomie. Par analogie, une étude récente a montré après
hystérectomie un temps de récupération de 9 semaines pour la laparotomie
versus 7 semaines pour la voie vaginale (1). Il nous a paru utile de rappeler la
technique de la sacrospinofixation et ses variantes avant de faire le point sur
les résultats de la sacrospinofixation.
Technique
Nous décrivons la technique palpatoire exclusive
par voie vaginale que nous pratiquons depuis plusieurs années (2).
Matériel
C'est celui de la chirurgie vaginale avec quelques
particularités. L'exposition du site opératoire vaginal commence souvent
par la fixation des petites lèvres aux champs opératoires adjacents. Nous
complètons l'exposition par la mise en place d'un écarteur de Gelpi pour
exposer le vagin. Il s'agit d'un écarteur autostatique de type compas. L'implantation
des pics de l'écarteur sera positionnée sur la ligne hyménéale.
Un test de capacité du futur orifice vaginal peut être effectué avec
des kochers. Le rapprochement des deux pinces doit autoriser facilement le passage
de deux doigts de l'opérateur. C'est le lieu d'implantation des pics de l'écarteur.
La réunion de ces deux points sera le point situé à 6 h du futur
orifice vaginal.
Pour passer les fils à travers
le ligament fibreux sacro-épineux, nous utilisons un disssecteur de Rasemond
sous contrôle palpatoire. Il s'agit d'une pince à angle droit type O'Shaugnessy
à mors fins peu acérés. Nous utilisons une pince de Bengolea pour
présenter le fil dans les mors du Rasemond. Un nylon (Ethilon décimale
4) serti sur une aiguille de 30 mm de diamètre laissée disponible pour
faufiler le vagin est le fil que nous préférons. Le reste du matériel
est composé de matériel de chirurgie vaginale (valves de Breski, valves
de Dargent, éventuellement valve à poids...).
SACRO-SPINOFIXATION 545
Installation
Avant 1995, l'anesthésie générale
était la plus fréquente. Après cette date, la rachianesthésie
a été habituelle. Une antibioprophylaxie était systématique
(Augmentin* 2g/24 h). La patiente est installée en position de la taille, cuisse
hyperfléchie. L'opérateur est devant la patiente, l'aide à sa gauche.
Manuel opératoire
Nous décrivons la technique unilatérale
exécutée le plus souvent du côté gauche de la patiente, le plus
souvent après hystérectomie vaginale.
Repérage
L'épine sciatique est repérée
par l'index gauche de l'opérateur et la paroi vaginale doit venir sans problème
au contact de l'épine sciatique. Ce point est repéré d'abord par
une kocher puis par un fil de couleur pénétrant la paroi vaginale.
Préparation des lambeaux vaginaux
postérieurs
L'infiltration
Deux kochers saisissent la paroi vaginale
sur une ligne sagittale, l'une est sur la peau sous la fourchette vulvaire, l'autre
est à la jonction 1/3 inférieur -2/3 sup du vagin. Une infiltration sous-muqueuse
sagittale du vagin est pratiquée avec 40 cc de sérum physiologique (évitant
toute complication allergique de la xyllocaïne) et de problème d'intolérance
(de l'adrénaline) chez des patientes souvent âgées. Elle a pour but
de faciliter la dissection et de faire une première hémostase.
L'incision sagittale postérieure
du vagin
Deux incisions en parenthèse parasagittales
sont effectuées sur le 1/3 inférieur du vagin. Leur sommet et leur partie
inférieure juste en dehors des deux kochers. Un lambeau médian de muqueuse
est levé de haut en bas entre rectum et vagin. Les kochers sont déplacées
et disposées au sommet des parenthèses. Une amorce de dissection recto-vaginale
est effectuée de la pointe du bistouri. Les ciseaux fermés ouverts sont
introduits entre rectum et vagin. Le décollement devient facile et l'incision
est poursuivie jusqu'au 546 J. SALVAT
sommet de la paroi postérieure vaginale
où un triangle à base cervicale est réséqué.
Les lambeaux vaginaux
Ils
sont décollés latéralement jusqu'à leur réflexion sur la
paroi latérale.
L'ouverture de l'espace latéro-rectal
Les ciseaux sont introduits concavité à
l'extérieur contre la paroi vaginale profonde entre vagin et rectum en direction
de l'épine sciatique. Les ciseaux sont ouverts pour créer un espace laissant
le passage de deux doigts de l'opérateur. Les doigts vont doucement agrandir
l'ouverture facilitant l'accès à l'espace de travail proche de l'épine
sciatique.
Figure
1 : Passage du rasemond à travers le ligament sacro-épineux. Le passage
est médial à 2 travers de doigt de l'épine sciatique.
SACRO-SPINOFIXATION 547
Figure 2 : Passage du fil d'éthilon dans
les mors du rasemond. Faufilage
du ligament sacro-épineux (figure 1)
Il
est effectué à 2 travers de doigt en dedans de l'épine. La palpation
est permanente. Le rasemond passe de bas en haut et transfixie le ligament sacrosciatique
en un point situé à deux travers de doigt en dedans de l'épine pour
éviter les vaisseaux honteux. Un craquement traduit la transfixion de la partie
fibreuse du ligament. Les mors du rasemond sont ouverts et maintenus par l'aide
dans cette position. Le fil d'éthilon 4 est présenté par une pince
de Bengolea (figure 2) dans la bissectrice des branches du rasemond. Les mors du
rasemond serrent le fil et le retrait de haut en Figure
3 : Aspect final.
548 J. SALVAT
bas du rasemond entraîne le fil. (Une
répétition de ces gestes immédiatement avant le passage du rasemond
est effectuée pour que l'aide comprenne bien son action,).
Test de solidité
Les deux extrémités du fil mis en traction
assurent que le fil a bien transfixié la partie fibreuse (et non la partie
musculaire du ligament qui lâcherait).
Amarrage du vagin
Après hystérectomie, l'aiguille du fil
éthilon va faufiler la face profonde du vagin en un point correspondant au
point repéré par le fil de couleur sur la face externe du vagin. Un faufilage
le plus étendu possible est réalisé pour assurer la solidité
de l'amarrage vaginal. En cas de conservation utérine, le ligament utéro-sacré
et le cylindre de muscle utérin sont faufilés profondément.
Le serrage du nud
Il sera effectué tout à la fin de la
suture sagittale du vagin (au vicryl* décimale 4). Cette dernière est
précédée dans notre pratique par une suture du fascia prérectal
au vicryl*décimale 2. Le serrage des fils d'ethilon doit être ferme sans
être forcé. Le fond vaginal est attiré vers l'épine sciatique
(figure 3). La suture sagittale du vagin est terminée et le nud effectué.
Variantes techniques
Voies d'abord
Cette technique a pu être pratiquée
par laparotomie ou par clioscopie. Les avantages de la voie vaginale sont à
notre avis sa simplicité de mise en uvre, l'unicité de l'installation
et l'abord direct de l'ensemble des lésions prolabées. Son apprentissage
facile, et la simplicité des suites opératoires sont d'autres avantages.
SACRO-SPINOFIXATION 549
Palpatoire ou à vue ?
La technique que nous avons décrite est une
technique palpatoire. Elle a notre préférence car elle nous a paru plus
simple et plus rapide que la technique d'exposition que beaucoup préfèrent.
Cette dernière technique ne met pas à l'abri d'accident vasculaire ou
digestif. Le rasemond à mors mousses nous paraît moins dangereux que l'aiguille
acérée. La technique palpatoire a été décrite initialement
par Nichols. Secondairement Nichols a utilisé son aiguille (Deschamps à
court rayon) pour réaliser le geste. Plus récemment, d'autres auteurs,
comme nous, ont préféré la technique palpatoire.
Uni ou bilatérale ?
Les arguments en faveur de la sacrospinofixation
unilatérale sont sa simplicité. Les arguments contre sont le risque d'échec,
le risque de récidive controlatérale. Les inconvénients de la technique
bilatérale sont de multiplier par 2 les risques de l'intervention. Nous préférons
la technique bilatérale chaque fois qu'elle est techniquement possible.
La nécessité d'une myorraphie associée
?
Systématique et capitale pour Dargent, elle
ne serait pas obligatoire pour Crépin. Le désir d'efficacité et le
risque de dyspareunie justifient pour nous que la myorraphie ne soit réservée
qu'aux femmes les plus âgées. Chez les femmes jeunes, il semblerait logique
d'éviter la myorraphie pour ne pas exposer ces patientes à une perturbation
de leur sexualité. Quoiqu'il en soit, si la myorraphie est pratiquée,
il faudra éviter de trop serrer la myorraphie.
L'instrument idéal ?
Celui que l'opérateur préfère :
pour nous le rasemond, pour d'autres l'aiguille sertie, l'aiguille de Nichols, l'hameçon
de Miya, l'endostitch*.
L'amarrage sur le vagin
Un point transvaginal résorbable et un point
sous-muqueux et intramusculeux profond non résorbable sont pratiqués par
550 J. SALVAT
Dargent. Deux bandelettes vaginales autologues,
désépidermisée sur leurs deux faces sont faufilées par Crépin.
L'IVS avec spinofixation
La technique est totalement différente même
si elle a le même principe d'implanter une bandelette sur les ligaments sacro-sciatiques
par transfixion médiane. La bandelette prérectale sert d'amarrage postérieur
à une prothése pré-rectale (Von Theobald).
Résultats personnels
Nos résultats personnels ont été
rapportés dans le tableau I. Notre analyse a été rétrospective.
Nous avons effectué une série de 20 cas de 1978 à 05/1995. Une série
plus récente de 52 cas a été analysée de mai /95-à octobre
/2002.
Indications
Nos indications ont été l'éversion
totale en doigt de gant de la paroi vaginale après hystérectomie, le prolapsus
majeur de la paroi vaginale postérieure, enfin plus rarement, l'utérus
prolabé chez une femme jeune qui souhaitait des enfants.
Complications
Nous n'avions pas relevé de complications
attribuables à la technique dans la série 1995. Nous avons eu trois complications
dans la série 2002 (6 %). Une patiente a eu des douleurs de fesse. Un hématome
péri-sciatique s'est résorbé lentement. Une plaie rectale a été
observée au cours de la dissection du rectum. Elle a été suturée
et les suites ont été sans complication.
Résultats
Nous n'avons observé que de rares échecs.
Trois dans la série de 20 et 5 dans la série de 52. Les éhecs étaient
le plus souvent des cystocèles, plus rarement des cystorectocèles. Deux
fois le pro SACRO-SPINOFIXATION 551
lapsus utéro-vaginal a récidivé
précocément. L'un a dû être repris par la même voie. L'autre
doit être repris par promontofixation.
Discussion
Indications
Sytématique ou élective ?
La sacrospinofixation systématique
lors de la cure des prolapsus est pour nous abusive. Le caractère électif
nous paraît préférable.
Les lésions curables par la
sacrospinofixation
Nos indications ont été identiques
à l'opinion de quelques auteurs :
« Toutes les déficiences
de la paroi postérieure : prolapsus de la voute, élytrocèles, colpocèles
postérieures (prolapsus de la paroi postérieure sans protrusion rectale
importante, rectocèles constituées par une authentique hernie de la paroi
rectale antérieure doublée de la paroi vaginale (Crepin) ».
« Quand la paroi prolabée
peut atteindre l'épine sciatique (Dargent)... »
« En cas d'éversion du dôme
vaginal,, en cas de prolapsus du dôme vaginal ou d'une élytrocèle...
(Blanc) ».
Nous ajouterons quand les utéro-sacrés
et les ligaments cardinaux ne sont plus utilisables.
Résultats de la sacro-spinofixation
Nous avons revu les principaux résultats
de la littérature parus dans medline en sachant que nous n'avons pas été
exhaustifs.
A. Études ouvertes
Voir tableau 1 page suivante.
552 J. SALVAT
B. Études comparatives
Plusieurs études ont étudié le
problème de la voie préferentielle du traitement des prolapsus. Entre
la voie haute et la voie basse, il n'y avait pas eu de différence majeure mais
des nuances. Six études avaient déjà montré peu de différence
(Etudes de Randall, 1971, Brown 1989, Imparato 1992, Fatton 1993, Delest 1994, Leclerc
1994, citées par Blanc et coll (3). Trois études récentes ont tenté
de comparer sacrospinofixation et d'autres moyens de fixation. Tableau
1. Études ouvertes
|
˙N |
˙Suivi moyen |
˙Succès |
˙Échecs |
˙Complicat. |
| | |
˙DMorley |
˙1988 |
˙71 |
˙1an |
˙90 % |
| | |
˙Cruishank |
˙1990 |
˙48 |
˙ |
˙14 % |
| | |
˙Monk |
˙1991 |
˙70 |
˙9 ans |
˙95 % |
˙ |
˙5 % |
˙5 |
˙Nichols |
˙1992 |
˙700 |
˙ |
˙94,3 % |
˙5,7 % |
| |
˙Dargent |
˙1992 |
˙73 |
˙1an + 5 mois |
˙95,9 % |
˙4,1 % |
˙1 |
|
˙Jacquetin |
˙1992 |
˙150 |
˙2-7 ans |
˙88 % |
˙12 % |
| |
˙Cousin |
˙1992 |
˙166 |
˙2 mois |
˙89 % |
˙7 % |
˙8 |
|
˙Carey |
˙1994 |
˙69 |
˙5 mois |
˙ |
˙4 % |
| |
˙Pasley |
˙1995 |
˙156 |
˙0,5-6 ans+11 mois |
˙94 % |
˙13 % |
| |
˙Sauer |
˙1995 |
˙24 |
˙1an + 2,,8 mois |
˙87,5 % |
˙1 % |
| |
˙Holley |
˙1995 |
˙36 |
˙3,5 ans |
˙91 % |
˙8 % |
˙1 |
|
˙Salvat |
˙1996 |
˙20 |
˙7 ans |
˙90 % |
˙10 % |
˙0 |
|
˙Hoffman |
˙1996 |
˙45 |
˙2 ans + 5 mois |
˙2 % |
| | |
˙Febbraro |
˙1997 |
˙24 |
˙1an + 7 |
˙77 % |
| | |
˙Schlesinger |
˙1997 |
˙17 |
˙9,8 mois |
˙88,2 % |
| | |
˙Pohl |
˙1997 |
˙66 |
˙0,5-3ans+4mois |
| | | |
˙Penalver
|
˙1998 |
˙160 |
˙3ans+4mois |
˙95 % |
˙2,4 % |
| |
˙Ozcan |
˙1999 |
˙54 |
˙2ans+4mois |
˙ |
˙4 % |
˙1 |
|
˙Blanc |
˙1999 |
˙119 |
˙1 an + 9 mois |
˙82,4 % |
˙6,7 % |
˙2 |
|
˙Meschia |
˙1999 |
˙103 |
˙ |
| | | |
˙Neuman |
˙2000 |
˙8 |
˙1-25 ans |
˙ |
| | |
˙Nieminen |
˙2001 |
˙25 |
˙2mois-10 ans+3mois |
˙96 % |
˙4 % |
| |
˙Guner |
˙2001 |
˙26 |
˙2,6 ans |
˙ |
˙12 % |
| |
˙ |
˙ |
˙ |
˙ |
˙ |
˙asympto |
| |
˙Lantzsch |
˙2001 |
˙200 |
˙4,8 ans |
˙ |
˙3,25 % |
| |
˙Giberti |
˙2001 |
˙12 |
˙1an-1 an+4 mois |
˙10 % |
| | |
˙Maher |
˙2001 |
˙78 |
˙1an+4 mois |
˙67-94 % |
| | |
˙Lovatsis
|
˙2002 |
˙200 |
˙1 an et plus |
˙90 % |
˙3 % |
| |
˙Salvat |
˙2002 |
˙52 |
˙4 ans |
˙90 % |
˙10 % |
˙3 |
|
˙Total |
˙ |
˙2 772 |
˙6 mois -25ans |
˙ 67-95,9 % |
˙2-14 % |
˙3,5 % |
|
˙ |
˙ |
˙ |
˙ |
˙ |
˙ |
˙(614 cas) |
SACRO-SPINOFIXATION 553
1) Étude sacrospino-fixation versus
Mac Call
Colombo et Milani en 1998 (4) dans une étude
de 62 cas appariés suivis de 4 à 9 ans rapportent une tendance non significative
de meilleurs résultats pour l'intervention de Mac Call à long terme :
27 % d'échecs pour la sacrospinofixation versus 15 % dans la série Mac
Call (p=0,14) avec plus de cystocèles récidivées dans la série
sacropspinofixation (OR 4,1 p=0,04). Aucune différence n'a été observée
pour la sexualité. Il ont noté un temps opératoire plus long et des
hémorragies plus fréquentes dans la série sacrospinofixation attestant
peut-être de la moindre pratique de cette technique par l'équipe.
2) Étude sacrospinofixation
versus fixation à l'iliococcygien
Maher en 2001 (5) a étudié
des séries appariées de 36 patientes soumises soit à une sacrospinofixation,
soit à une fixation à l'iliococcygien. Il n'a pu montrer une différence
entre les deux méthodes. Les deux séries étaient appariées pour
étudier l'efficacité. Les résultats ont été similaires
pour la survenue ultérieure de cystocèle, de douleur fessière, d'hémorragies
imposant une transfusion.
3) Étude comparative de l'effet
de la promonto ou de la spinofixation sur le compartiment antérieur
Anthuber en 2002 (6) a comparé
25 promonto-versus 28 sacrospinofixations. Il a été observé moins
de cystocéles après spino (11,6 %) qu'après promonto (21,6 %). Il
n'y a pas eu d'autre différence. Les auteurs ont signalé que le taux de
succès dépendait plus des techniques associées que des modalités
de la fixation.
Complications
Nous avons distingué les complications communes
aux techniques de cure des prolapsus.
Il s'agit d'infection, d'infection
urinaire, d'hémorragie. Le taux des hémorragies dépassant 400 ml
a été de 3,5 % ( Nieminen (7). Les transfusions ont été pratiquées
dans 3,5 % des cas (Hoffman pour 55 cas (8).Le taux a été de 4,3 %
(7 cas pour 160 cas chez Penalver (9). Les complications cardio-vasculaires ont
été de 16% chez des femmes âgées (Nieminen-7).
Les complications attribuables à
la sacro-spinofixation. 554 J. SALVAT
Les douleurs de la fesse persistant parfois
2 mois ont été rencontrées dans 1,2 % des cas (2/160 cas (2
%) pour Penalver (9), 6,1 % (Lovatsis (10) ; 7,5 % (15/200) pour Lantzch (11),
20 % des cas (5 cas sur 26) pour Guner (12).
Les atteintes urétérales ont été
de 5,5 % (11/200) pour Lantzch (11).
Les plaies rectales ont été
rapportées 3 fois (1 cas d'Ozcan (13), 2 plaies superficielles pour Febbraro
(14)).
Les fistules recto-vaginales ont été
rapportées dans 1,2 % des cas (2 cas pour 160 cas de Penalver (9)).
L'érosion et l'extériorisation
des fils côté vagin ont été rapportées.
Les complications à long terme
ont été les cystocèles, les dyspareunies (4 % pour Lovatsis
(10)), et les raccourcissements du vagin.
Plus rares, ont été observés,
un hématome pelvien unilatéral sur le site, un steppage Lovatsis (10),
une éviscération massive.
Avantages et inconvénients
Avantages de la technique
La voie vaginale
Elle est bien connue pour diminuer
certains risques (thromboses, complications intrapéritonéales, mortalité).
Les avantages de la technique sont
l'unicité d'installation avec abord vaginal extraperitonéal direct et
simple.
La possibilité de corriger directement
d'autres segments du prolapsus est un autre avantage. Les résultats sont une
modification de l'axe vagin correspondant mieux à supporter la station érigée.
L'accouchement par voie basse est possible. Les douleurs seraient moindres pour
la voie vaginale. Le confort et la convalescence seraient plus courts.
Inconvénients
Il existe un risque à long terme d'exposer
le segment antérieur du vagin avec possibilité de cystocèle, d'incontinence
secondaire. Richter avait estimé ce risque à 10-20 % des sacrospinofixations.
Certains auteurs donnent des chiffres plus élevés. Le plastron antérieur
a été proposé pour remédier à ce problème (Cosson
- 15). SACRO-SPINOFIXATION 555
Conclusion
Parmi les différents moyens utilisables,
la sacro-spinofixation a un intérêt certain pour le traitement vaginal
des prolapsus féminins.
Remerciements
Nous remercions Ludovic Cravello pour son aide
bibliographique.
Bibliographie
[1] RASMUSSEN KL, HANSEN
V, MADZAK F, LJUNGSTROM B, LAUSZUS FF, Feeling of illness after
hysterectomy. Women's own assessment Ugeskr Laeger 2001 ; 163 :7040-2.
[2] SALVAT J,
SLAMANI L,WALKER D, Sacrospinous ligament fixation by palpation : variation
of the Richter procedure. Eur J Obstet Gynecol Reprod Biol 1996;68:199-203.
[3] BLANC B, CRAVELLO
L, D'ERCOLE C, GIULY J, ROGER V, PORCU G, La place de la spinofixation
de Richter dans le traitement des prolapsus génitaux. RGO 1999 ;6 :53-55.
[4] COLOMBO
M, MILANI R, Sacrospinous ligament fixation and modified McCall culdoplasty
during vaginal hysterectomy for advanced uterovaginal prolapse Am J Obstet Gynecol
1998;179:13-20.
[5] MAHER CF,
MURRAY CJ, CAREY MP, DWYER PL, UGONI AM, Iliococcygeus or sacrospinous
fixation for vaginal vault prolapse Obstet Gynecol 2001; 98:40-4.
[6] ANTHUBER
C, STOSIUS P, REBHAN H, DANNECKER C, Influence of abdominal sacrocolpopexy
and vaginal sacrospinal fixation (according to Amreich-Richter) on the anterior
comprtment Gynakol Geburtshilfliche Rundsch 2002;42:146-52.
[7] NIEMINEN
K, HEINONEN PK, Sacrospinous ligament fixation for massive genital prolapse
in women aged over 80 years, BJOG 2001; 108:817-21.
[8] HOFFMAN
MS, HARRIS MS, BOUIS PJ, Sacrospinous colpopexy in the management of utero-vaginal
prolapse, Sacrospinous ciolpopexy in the management of utero-vagina prolapse J
Reprod Med 1996;41:299-303.
[9] PENALVER
M, MELKI Y, LAFFERTY H, ESCOBAR M, ANGIOLO R Should sacrospinous
ligament fixation for the management of pelvic support defects be part of a residency
program procedure ? The University of Miami experience. Am J Obstet Gynecol
1998; 178:326-9.
[10] LOVATSIS
D, DRUTZ HP, Safety and efficacy of sacrospinous vault suspension, Int Urogynecol
J Pelvic Floor Dysfunct 2002;13:308-13.
[11] LANTZSCH
T, GOEPEL C, WOLTERS M, KOELB H, METHFESSEL HD, Sacrospinous
ligament fixation for vaginal vault prolapse Arch Gyecol Obstet 2001; 265:21-5.
[12] GUNER H,
NOYAN V, TIRAS MB, YILDIZ A, YILDIRIM M, transvaginal sacrospinous
colpopexy for marked uterovaginal and vault prolapse, Int J Gynaecol Obstet 2001;
74:165-70.
[13] OZCAN U,
GUNGOR T, EKIN M, EKEN S, Sacrospinous fixationn for the prolsed vaginal
vault, Gynecol Obstet Invest 1999; 47:65-8.
556 J. SALVAT
[14] FEBBRARO W, BEUCHER
G, VO,N THEOBALD P, HAMEL P, BARJOT P, HEISERT M, LEVY
G, Faisabilité de la suspension vaginale bilatérale au ligament sacrosciatique
par des agraffes. Etude prospective de 34 cas. J Gynecol Obstet Biol Reprod 1997
;26 :815-21.
[15] COSSON M, COLLINET
P, OCCELLI B, NARDUCCI F, CREPIN G, The vaginal patch plastron
for vaginal cure of cystocele. Preliminary results for 47 patients. Eur J Obstet
Gynecol Reprod Biol 2001; 95:73-80. |