QU'ATTENDRE
DE LA DHEA :
LE VRAI, LE FAUX ?
Jean
BELAISCH
La
DHEA est en passe de devenir une des hormones les plus connues du grand public.
Elle est porteuse d'espoirs tels qu'elle mérite dans l'esprit de bien
des américaines et des françaises, le titre d'hormone de Jouvence.
Et pourtant, dans l'état actuel des connaissances, ces espoirs semblent
être quelque peu excessifs, quoiqu'on ne puisse exclure l'idée
que son administration puisse se révéler un jour très bénéfique,
au moins pour certaines personnes.
Après une phase de grands espoirs une forme de reflux est perçue
par les médecins mais leurs patients semblent encore attendre des effet
miraculeux de cette substance. On doit réfléchir sur l'engouement
dont a fait preuve l'ensemble des patients imparfaitement informés sur
un sujet endocrinologique d'accès difficile alors que leurs médecins
étaient généralement réservés. Le domaine
de la lutte contre le vieillissement passionne les foules au delà de
ce que les praticiens pouvaient imaginer même si elles n'en comprennent
pas la complexité. Les médecins devront en tirer des conclusions
dans leurs pratiques ultérieures.
Il
est bien connu que lors des premiers travaux, les sujets des deux sexes avaient
éprouvé, sous DHEA, une sensation de bien-être.
Aujourd'hui, aucune donnée ne permet de penser qu'il est raisonnable
ou inadéquat de proposer un traitement par DHEA chez les sujets, hommes
ou femmes, dont les taux circulants sont effondrés, et on ignore a fortiori
s'il vaut mieux choisir la dose quotidienne de 25 ou à 50 mg.
L'ETUDE
DE LA LITTERATURE
Le
nombre d'articles sur les effets de la DHEA s'est accru de façon remarquable
durant les dernières années, ce qui témoigne de l'intérêt
que les chercheurs portent aux sujets qui intéressent leurs concitoyens.
Les travaux portent sur l'animal ou l'homme. Et ils reflètent des corrélations
entre valeurs plasmatiques et état de santé ou rapportent les
effets d'administration de doses diverses par différentes voies à
des individus des deux sexes en bonne santé ou malades. Les résultats
des expérimentations chez l'animal ne peuvent que très difficilement
être extrapolés aux humains en raison de la diversité des
physiologies, mais ils peuvent offrir des voies de réflexions.
En outre l'analyse de ces publications est rarement objective. Le corps médical
a tendance à considérer que les effets de cette hormone sont plutôt
neutres ou défavorables, et tient à montrer, sauf exception, son
sens critique, tandis que le public profane, soulevé par d'immenses espoirs,
semble ne vouloir en voir que les actions bénéfiques
En pratique on peut dire qu'il a été écrit que toutes les
conséquence de l'avancée en âge trouvent un remède
potentiel dans la DHEA.
Les déficits majeurs liés au vieillissement affectent :
- la facilité des déplacements (articulations, muscles, cur,
poumons)
- la perte d'efficacité intellectuelle (mémoire, yeux)
- les difficultés relationnelles (surdité, perte du pouvoir d'attraction
: peau, silhouette - déformation vertébrale, relâchement
musculaire- impuissance ou défauts de l'érection, perte d'intérêt
érotique)
- la trop grande fréquence des douleurs (principalement articulations)
- le mal être général.
L'analyse de la littérature concernant la DHEA portera donc sur
l'ensemble des divers domaines :
EFFETS SUR LE SYSTEME NERVEUX
EFFETS SUR LE SYSTEME CARDIO VASCULAIRE
EFFETS SUR l'APPAREIL LOCOMOTEUR
Les deux sujets clefs de la MENOPAUSE et de la PUISSANCE MASCULINE seront ensuite
abordés pour finir sur les effets sur LE SYSTEME IMMUNITAIRE, LES METABOLISMES
et les CANCERS.
Aujourd'hui la DHEA semble, selon le titre fulgurant d'un quotidien, "
avoir pris un coup de vieux ". Reste-t-il néanmoins, des possibilités
d'une véritable efficacité réjuvénante ? Il n'est
pas réellement facile de répondre à cette question essentielle
!
Cette revue, après une description rapide des données physiologiques,
reprendra les publications qui ont été à l'origine des
premières attentes, pour examiner appareil par appareil les observation
des chercheurs. Dans chacune de ces grandes catégories les publications
seront classées en données encourageantes ou décourageantes.
LES
BASES PHYSIOLOGIQUES
La
DHEA ( ou déhydroépiandrostérone ou prastérone)
est sécrétée presque exclusivement par la zone réticulée
du cortex des surrénales sous le contrôle de l'ACTH ( avec le rythme
circadien classique à maximum matinal comme pour la testostérone)
et très accessoirement par les ovaires. Elle est sécrétée
sous forme libre et en quantité beaucoup plus grande sous forme de sulfate
(DHEAs). Une conversion réciproque existe entre ces deux molécules.
La concentration plasmatique du sulfate est également beaucoup plus forte
que celle de la DHEA : environ 500 fois plus élevé que celui de
la forme libre. C'est le stéroïde dont la concentration plasmatique
est la plus élevée (YOUNG). La 1/2 vie du sulfate est d'environ
20 heures et celle de la DHEA de 15 à 30 minutes. En outre, la sécrétion
de DHEA est pulsatile, celle de DHEAs continue. DHEA and DHEAs sont transportés
dans le plasma en liaison lâche avec l'albumine. C'est donc le sulfate
de DHEA qu'il faut doser si l'on cherche à connaître l'existence
d'une déficience en cette hormone pour toutes les raisons qui viennent
d'être indiquées et parce que l'hydrolyse du sulfate de DHEA dans
l'échantillon prélevé fausserait notablement les résultats.
Le dosage de DHEAs est à la fois plus simple et plus précis.
Les données sur l'évolution avec l'âge de ces molécules
sont loin d'être consensuelles.
Les surrénales ftales les sécrètent en très
fortes quantités. Puis on observe à la naissance une chute brutale.
Vers 6-8 ans une remontée (multiplication par 10) définit l'adrénarche.
La production atteint son pic à 18-25 ans et se maintiendrait jusque
40-45 ans ; elle est plus grande chez l'homme que chez la femme. Elle s'abaisse
ensuite à la maturité chez l'homme et la femme et souvent très
rapidement dans la 8ème décennie. Elle atteint alors parfois des
valeurs manifestement plus basses que celles du jeune adulte, jusque 10 % de
sa valeur maximale, et que l'on peut estimer être très insuffisantes.
Cependant certains auteurs pensent aujourd'hui qu'un premier déclin a
lieu vers 31-35 ans et qu'il est plus net vers 36-40 ans. Mais surtout le deuxième
déclin se produit vers 55-60 sans baisse ultérieure. Il serait
concomitant de l'hypotrophie de la zona reticularis qui semble avoir été
démontrée, alors que le cortisol ne décroît pas avec
l'âge. On doit savoir que des variations de 1 à 20 ont été
trouvées dans la même tranche d'âge.
Chez femme il se produirait peut-être un déclin à la ménopause.
Il faut noter que la réduction est beaucoup plus sévère
chez l'homme. La suppression de DHEA et DHEAs après freinage par les
corticoïdes est prolongée et leur production ne reprend pas avec
la même vitesse que celle du cortisol. Il peut donc y avoir carence en
DHEA et DHEAs alors que le cortisol est normal ou élevé (PARKER).
Le THS abaisserait aussi la DHEA (KATZ & MORALES)
La DHEA est en fait surtout une pro-hormone et on ne lui connaît
pas aujourd'hui de récepteur intranucléaire classique.
Elle peut se transformer en testostérone (T), et par aromatisation de
cette molécule en estradiol (E2). L'administration de DHEA représente
donc nécessairement une forme d'administration d'androgènes et
d'estrogènes qui atteindront ou non, selon la dose reçue, des
valeurs significatives, voire excessives. Par exemple, après administration
quotidienne de 50 mg de DHEA, on observera chez la femme des concentrations
plasmatiques de 1 ng/ml de T et de 50 pg/ml de E2. Apparemment, la production
de ces hormones à partir de la DHEA serait plus importante chez les femmes
que chez les hommes.
On comprend donc que, si le sujet est carencé en estrogènes, et
en androgènes, la DHEA peut servir de thérapeutique substitutive.
Et qu'à l'inverse, si la quantité d'estradiol ou de testostérone
circulantes sont déjà suffisantes, comme elles le sont chez la
majorité des hommes vieillissants par exemple, elle puisse n'avoir aucun
effet apparent.
Il faut également considérer la possibilité d'une transformation
à l'intérieur des cellules qui auront capté DHEA et DHEAs
: les stéroïdes ainsi formés n'apparaîtront pas dans
le plasma mais peuvent jouer un grand rôle dans l'activité cellulaire,
en particulier dans la prostate et dans les seins. Mais il est difficile de
prévoir la nature intime de ces processus.
Au total, la DHEA est considérée comme un androgène surrénalien
en raison de sa possible conversion en Testostérone. Néanmoins
la DHEA est active chez les animaux insensibles aux androgènes
et elle possède une action antiglucocorticoïde.
En outre, et de façon tout à fait remarquable, la DHEA est un
neurostéroïde synthétisé par certaines cellules nerveuses.
L'action sur le système nerveux de la DHEA absorbée par voie orale,
et les mécanismes de la synthèse intraneuronale paraissent assez
peu connus. Mais son action in vitro de modulation des récepteurs GABA
et NMDA fait supposer qu'elle pourrait être de grand intérêt.
Chez l'animal on a observé un effet inhibiteur de l'action apaisante
des récepteurs GABA et un effet de stimulation des récepteurs
NMDA. Avec en résultante une activité stimulante d'éveil
qui pourrait au moins partiellement expliquer les effets, sur l'humeur et le
bien être voire sur la libido. SVEC et PORTER insistent sur le fait que
l'action sur le système nerveux s'effectue à des doses faibles
(de même que sur le système immunitaire) ce qui témoigne
vraisemblablement qu'il s'agit là d'effets physiologiques.
I
- LES OBSERVATIONS INITIALES et LES ETUDES GENERALES
La
constatation que les sujets âgés à DHEA basse avaient une
santé plus incertaine et une mortalité court terme plus forte
que ceux dont les taux étaient moins abaissés a donné une
impulsion pour la réalisation d'études ouvertes qui ont montré
un effet manifeste sur le bien être et la réduction des sensations
douloureuses d'origine musculo-articulaires. (YEN et BAULIEU).
Ces résultats ont été eux-mêmes à l'origine
d'une vaste étude conduite en France selon les modalités théoriquement
les plus satisfaisantes : double aveugle contre placebo sur 6 mois puis étude
ouverte sur les 6 mois suivants.
280 femmes et hommes entre 60-79 ans ont donc reçu pendant un an
50 mg de DHEA. Les résultats en ont été présentés
comme tout à fait satisfaisants ou particulièrement décevants.
Les effets favorables statistiquement significatifs observés ont été
une amélioration des paramètres de la libido chez les femmes de
plus de 70 ans et de certains caractères de la peau : hydratation, pigmentation
et épaississement de l'épiderme. Mais pour certains la sécrétion
de sebum n'est rien d'autre que la preuve de l'activité androgénique
de la DHEA. Après 70 ans les paramètres biologiques du turn over
osseux se sont montrés améliorés.
Sur le plan biologique une élévation de la DHEA aux taux normaux
pour les sujets jeunes, et une élévation légère
de T et E2, résultant de la métabolisation en T puis en E2 ont
été observés, qui selon les sceptiques expliquent les effets
musculaires, osseux et sur la libido féminine. L'absence d'effets dans
le sexe masculin pourrait s'expliquer par le fait que lorsque l'homme ne souffre
pas de carence en testostérone l'élévation de 1 ng/ml de
la testostéronémie n'a pas de raison de modifier les paramètres
biologiques ni les manifestations androgéniques. BEAULIEU EE … et
FORETTE F.
II
- DHEA et SYSTEME NERVEUX
On
a recherché deux ordres d'effets sur le système nerveux : d'une
part des effets sur la mémoire et les fonctions cognitives et d'autre
part sur l'humeur et les réactions aux stress.
ARGUMENTS ENCOURAGEANTS
La DHEA réduit le stress chez le rat et est anxiolytique chez la souris
Chez l'humain le travail de YEN avait montré que la DHEA provoque un
sentiment de bien être. REGELSON a observé une amélioration
de l'humeur chez des sujets souffrant de sclérose en plaques. Enfin les
valeurs de DHEA étaient plus faibles chez les sujets souffrant de fatigue
chronique par rapport aux sujets bien portants (SALAHUDDIN).
Mais ARGUMENTS DECOURAGEANTS
WOLFF n'a pas trouvé d'effets semblables dans une étude courte
sur 15 J. Cette étude brève a permis d'observer une amélioration
du bien-être seulement chez les femmes. Et une absence d'effet franc sur
les paramètres psychologiques et cognitifs mesurés. Cependant
il faut noter que l'IGF1 et l'IGF -BP 3 n'ont pas été modifiés
alors qu'ils le sont au bout de 3 mois, ce qui pourrait témoigner d'une
trop grande brièveté de l'administration hormonale.
Pour BARRET CONNOR (Rancho Bernardo Aging Study) les tests de fonction cognitive
ne sont modifiés dans aucun des deux sexes.
Une notion de grand intérêt : les récepteurs GABA comportent
un site de liaison pour la DHEAs. Les récepteurs de la sérotonine
pourraient ainsi être activés avec des effets bénéfiques
sur l'absorption alimentaire, l'humeur et les comportements d d'agression chez
humain.
III - EFFETS SUR LE SYSTEME CARDIO VASCULAIRE
On
considère habituellement que des valeurs abaissées de DHEA circulante
sont associées à un risque élevé de maladie cardio-vasculaire,
et d'autre part en raison des effets favorables des hormones femelles prescrits
dans le THS on pouvait espérer une action bénéfique de
la DHEA.
ARGUMENTS ENCOURAGEANTS
Nombre de chercheurs indépendants ont confirmé un travail de BARRETT
CONNOR affirmant, par une analyse des corrélations, que la DHEA a un
effet cardio-protecteur. Mais les effets directs de l'administration de cette
substance n'ont pas souvent été étudiés.
NESTLER a observé une baisse du LDL cholestérol chez l'homme mince.
Mais il n'a pas été observé le même effet chez le
sujet obèse. La dose quotidienne était très élevée
: 21 mg/kg.
On peut aussi envisager 2 hypothèses expliquant un effet favorable potentiel
: soit une réduction du PAI 1 et une diminution de l'agrégation
plaquettaire. Soit encore, puisque l'inflammation semble jouer un rôle
dans la survenue de l'infarctus du myocarde, une mise en action du système
immunitaire. Rien n'exclut également que la DHEA puisse avoir un effet
direct sur la vaso-motricité artérielle comme l'Estradiol et la
testostérone.
LES ARGUMENTS DECOURAGEANTS
Sont peut-être plus nombreux.
CB. JOHANNES et al. ont suivi pendant 10 ans 236 femmes (de 50 à 60 ans
au départ de l'étude) et ils ont établi des corrélations
entre taux plasmatiques de DHEA et facteurs de risque cardio-vasculaire.
Ils ont observé, outre l'élévation de DHEA et DHEAs, que
les pressions artérielles systoliques et diastoliques, E1 et E2, le fait
de fumer ou de boire de l'alcool étaient corrélés positivement,
tandis qu'ils l'étaient négativement avec les apolipoprotéines
A.
En conclusion : cette étude suggèrant que des taux élevés
de DHEA et de DHEAs seraient un facteur de risque, ne serait pas en faveur d'une
administration aux femmes. Cependant il n'est pas certain que les mêmes
conclusions puissent être tirées pour les hommes car les effets
métaboliques des hormones mâles ne sont pas identiques dans les
deux sexes.
IV - EFFETS SUR L'APPAREIL LOCOMOTEUR ET LES GRAISSES CORPORELLES
AJ MORALES et coll. ont donné pendant 6 mois 100 mg de DHEA dans
une étude contre placebo (randomisé et en cross over) à
9 hommes et 10 femmes ménopausées (50-65 ans). Les résultats
cliniques ont été discordants : une réduction de la masse
grasse (1 +- 0,4 kg) chez les hommes seulement ainsi qu'une augmentation
de la force des muscles du genou et des lombes ont été observés,
alors que chez les femmes la masse grasse a augmenté de1,4 kg. Aucune
modification de la masse osseuse n'a été observée (mais
les femmes étaient déjà sous THS).
Effets biologiques : la DHEA est remontée aux valeurs de l'adulte jeune
et le sDHEA légèrement au dessus. La delta4 Androstènedione,
la Testostérone et la DHT se sont élevées chez les femmes
seulement (ce qui sera confirmé par l 'étude de Baulieu) au dessus
des valeurs du sujet jeune. Le Cortisol est demeuré inchangé.
Conséquence attendue la SHBG s'est abaissée chez les femmes. Et
confirmant les travaux précédents l'IGF1 s'est élevé
: H +16% et F +31%.
Il n'y a donc pas eu d'effets additifs de la DHEA et du THS sur la correction
d'une éventuelle ostéoporose, mais on peut espérer qu'en
cas de déficit androgénique masculin, une ostéopénie
puisse bénéficier de la prise de 50 mg ou plus de DHEA/j.
V
- DHEA et MENOPAUSE
On
a vu que l'Estradiol et la T. provenant de la transformation de la DHEA viennent
s'ajouter aux hormones du THS s'il est déjà mis en uvre,
conduisant parfois à des taux supraphysiologiques. En revanche, en cas
de carence sévère, si la dose administrée est faible, les
concentrations de ces hormones peuvent demeurer insuffisantes. Tel paraît
avoir été le cas dans l'étude de KT BARNHART.
A) Ces auteurs ont étudié les effets de la supplémentation
en DHEA sur les symptômes ménopausiques. L'essai randomisé,
administration durant 3 mois, de 50mg, à 60 femmes souffrant de troubles
ménopausiques, n'a pas montré d'effet bénéfique
: aucune amélioration significative par rapport au placebo de la sévérité
des symptômes ménopausiques, de l'humeur, de la dysphorie, de la
libido, des facultés cognitives, de la mémoire ou du bien être.
Néanmoins, une perturbation du profil lipidique, diminution du HDL cholestérol
mais également des Lp(a) (ce qui pourrait avoir une action favorable),
a été observée.
B) CASSON et al. ont administré pendant 6 mois, 25 mg de DHEA /j à
des femmes ménopausées avec une bonne tolérance. Ils ont
également observé des effets susceptibles d'avoir une répercussion
fâcheuse sur l'état vasculaire : baisse de ApoA1 et des HDL lipoprotéines.
Cependant une élévation de l'IGF1 et l'IGF -BP 3 a été
notée, susceptible de suggérer que la DHEA pourrait être
un moyen de substitution en cas d'insuffisance de GH. Enfin la Testostérone
s'est élevée passant de 0,25 environ à 0,50 ng/ml. Mais
après 6 mois la différence a disparu.
C) Une troisième étude, italienne, apporte un éclairage
particulier en ce qu'elle montre l'analogie des effets de l'administration de
DHEA et des hormones sexuelles classiques chez la femme ménopausée.
22 femmes post ménopausiques ont reçu pendant 3 mois, soit 50
mg de DHEA soit un patch de 50 mcg de E2 soit une association des 2.
Les résultats cliniques ont été semblables dans les 3 bras
: le score de Kupperman était identique après 3 mois. Les effets
biologiques étaient également analogues pour ce qui concerne les
dosages mensuels de bêta endorphine : élévation dans les
trois groupes des taux de base et après administration de clonidine,
naloxone et fluoxétine. De même la GH s'est élevée
dans les 3 bras. Une élévation de DHEA, sDHEA, delta4 Androstènedione,
Testostérone a enfin été constatée sauf chez les
femmes sous patch de E2 seul.
Aucun effet synergique de l'association E2 + DHEA ne s'est donc manifesté.
STOMATI M …GENAZZANI AR.
Au total une conclusion peu encourageante des travaux antérieurs a été
énoncée par S. KATZ & AJ.MORALES :
" en attendant les résultats d'études internationales et
nationales, qui sont attendues anxieusement, il n'est pas recommandé
de conseiller une supplémentation par le DHEA à titre d'option
thérapeutique dans la ménopause.
VI
- DHEA ET PUISSANCE MASCULINE
Dans
le cadre du " Massachusetts Male Aging study " une corrélation
inverse entre les taux plasmatiques de la DHEA et l'incidence de la Dysfonction
Erectile avait été observée. D'où l'idée
de voir quels effets pouvaient avoir 50 mg de DHEA chez des hommes sans anomalies
de l'appareil génital et répondant par une érection satisfaisante
à une injection intracaverneuse de 10 mcg de prostaglandines E1.
40 hommes de 56,5 ans d'âge moyen (41-69 ans), dont les T, Prl et PSA
étaient normaux et la DHEA au-dessus de 1,5 mcmol/l. ont donc été
traités. Les résultats ont été très satisfaisants
selon un autoquestionnaire validé : le "International Index of Erectile
Dysfunction". Tous les items ont été positivement influencés
par la DHEA contre seulement un effet bénéfique à 8 semaines
suivi de régression jusqu'à la 24ème semaine pour le placebo.
En outre les sorties d'étude pour inefficacité ont été
nombreuses dans le groupe placebo. En d'autres termes ces résultats étaient
particulièrement démonstratifs (REITER WJ. & al.).
VII
- EFFETS SUR LE SYSTEME IMMUNITAIRE
ARGUMENTS
ENCOURAGEANTS
De nombreux effets favorables ont été rapportés dans des
expérimentation animales. Ces effets pourraient impliquer une action
antiglucocorticoïde. Ils dépendent de la dose administrée.
Parfois cette dose a été très élevée jusque
500 ou 1000 mg de DHEA /kg. Néanmoins, quand des effets ont été
observés chez l'humain ils étaient modestes.
Dans une étude de dimensions moyennes : 9 hommes (âge moyen : 63
ans) avec taux bas de sDHEA (2 DS au dessous des valeurs de l'adulte jeune)
ont reçu pendant 20 semaines, une dose de 50 mg /jour de DHEA. Les auteurs
ont observé, parallèlement à une élévation
de 3 à 4 fois de sDHEA en deux semaines, une activation de tous les paramètres
étudiés de la fonction immunitaire : les NK ont été
augmentés de 22-37 %, le nombre de cellules exprimant le récepteur
de la IL 2 et le récepteur soluble sérique de la IL 2 se sont
également élevés. Les auteurs concluent à un possible
effet bénéfique dans les états de carence immunitaire,
susceptible d'être secondaire à une élévation de
l'IGF1e qui active les divisions des cellules imuno-compétentes.
En somme il apparaît de plus en plus que seules des études bien
conduites d'administration chez des humains peuvent répondre aux multiples
questions posées (KHORAM O. VU L . YEN SS.).
VIII
- EFFETS SUR LES CANCERS
Les
publications peuvent être considérées comme encourageantes
ou décourageantes.
Chez l'animal on a par exemple observé une réduction des cancers
du testicule mais une augmentation de fréquence des cancers du foie.
Les doses utilisées étaient généralement fortes
>10mg/kg/j.
Chez l'homme on a administré jusque 32 mg/kg/j pendant 16 semaines chez
le sujet atteint de SIDA sans observer d'effets cliniques. Mais une étude
des enzymes hépatiques pourrait parfois être justifiée pour
dépister un éventuel effet toxique. (DYNER).
Cependant, la question est à la fois plus directe et moins facile à
résoudre. La question majeure, lorsqu'on administre une hormone possédant
des effets androgéniques est toujours : n'est-elle pas susceptible de
favoriser le développement d'un cancer de la prostate ?
Deux réponses sont possibles. D'une part la dose administrée est
généralement très faible et il est peu probable qu'elle
puisse avoir un quelconque retentissement sur la prostate. La deuxième
réponse pourrait être plus favorable encore. Il est possible, si
l'on en croit l'hypothèse défendue par F. COMHAIRE que la correction
adéquate d'un éventuel hypogonadisme protège contre le
cancer prostatique (voir schéma).
Pour finir on peut citer les conclusions d'un groupe d'experts réunis
par l'AFSSAPS : Le risque de stimulation de la croissance de cancers hormono-dépendants,
comme le cancer de la prostate, ne peut être exclu, notamment dans des
situations d'utilisation à long terme. Ce risque nécessite, en
cas d'exposition au produit, un dépistage et une surveillance systématique.
De plus, l'association de la DHEA à un traitement hormonal substitutif
chez les femmes ménopausées, pourrait renforcer ce risque. Les
bénéfices établis du traitement estro-progestatif substitutif
ne justifient en aucun cas son abandon en faveur de la DHEA.
Enfin, ces risques potentiels sont susceptibles d'être plus importants
en cas d'augmentation des doses et de la durée d'exposition
Au vu des données actuellement disponibles, le groupe d'experts conclut
que les effets potentiels défavorables d'une baisse de cholestérol-HDL
ainsi que les risques potentiels de cancers hormono-dépendants ne sont
pas contre balancés par un effet clinique bénéfique actuellement
démontré. Dans l'attente d'une telle démonstration, il
n'est pas possible de recommander l'utilisation proposée aujourd'hui
de la DHEA dans la lutte contre le vieillissement.
Enfin, la qualité pharmaceutique de la DHEA ne pourra être pleinement
assurée qu'après la mise en place d'une monographie fixant des
spécifications de qualité.
Aujourd'hui
le médecin peut donc inverser la tendance. Ce n'est plus le ou la patient(e)
qui posera la question rituelle : que pensez-vous docteur de la DHEA ? Mais
bien le médecin et surtout le spécialiste qui devra demander :
est-ce que vous n'auriez pas pris de la DHEA ? quand une femme, le plus souvent
ménopausée, viendra le consulter pour une acné insolite
ou des saignements inopinés ou encore un déséquilibre de
ses fractions du cholestérol. Et il aura la fréquente surprise
de recevoir une réponse affirmative.
Mais il ne faudrait pas être trop sévère.
L'administration de DHEA pourrait être un excellent moyen de lutter chez
les femmes ovariectomisées contre une anaphrodisie. Et chez l'homme contre
une dysfonction érectile d'origine hormonale. Des travaux sont en cours
sur son utilisation dans le Lupus Erythémateux disséminé
et les insuffisances surrénaliennes. Et cette hormone n'a pas encore
dit son dernier mot dans les problèmes mentaux vus sous l'angle le plus
large ou les déficits immunitaires.
Dans l'état actuel des choses il est souhaitable de rester à la
fois ouvert et vigilant et de ne pas perdre tout espoir de conserver par des
moyens chimiques une jeunesse emportée par le temps …
Dans l'état actuel des choses il semble tout à fait déraisonnable
de se lancer dans cette aventure sans
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
Une
bibliographie exhaustive (137 références) concluant un excellent
article seront trouvés dans
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