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Titre: DHEA : Le vrai, le faux ?
Année: 2002
Auteurs: - Bélaisch J.
Spécialité: Gynécologie
Theme: DHEA

QU'ATTENDRE DE LA DHEA :
LE VRAI, LE FAUX ?

Jean BELAISCH

La DHEA est en passe de devenir une des hormones les plus connues du grand public. Elle est porteuse d'espoirs tels qu'elle mérite dans l'esprit de bien des américaines et des françaises, le titre d'hormone de Jouvence. Et pourtant, dans l'état actuel des connaissances, ces espoirs semblent être quelque peu excessifs, quoiqu'on ne puisse exclure l'idée que son administration puisse se révéler un jour très bénéfique, au moins pour certaines personnes.
Après une phase de grands espoirs une forme de reflux est perçue par les médecins mais leurs patients semblent encore attendre des effet miraculeux de cette substance. On doit réfléchir sur l'engouement dont a fait preuve l'ensemble des patients imparfaitement informés sur un sujet endocrinologique d'accès difficile alors que leurs médecins étaient généralement réservés. Le domaine de la lutte contre le vieillissement passionne les foules au delà de ce que les praticiens pouvaient imaginer même si elles n'en comprennent pas la complexité. Les médecins devront en tirer des conclusions dans leurs pratiques ultérieures.

Il est bien connu que lors des premiers travaux, les sujets des deux sexes avaient éprouvé, sous DHEA, une sensation de bien-être.
Aujourd'hui, aucune donnée ne permet de penser qu'il est raisonnable ou inadéquat de proposer un traitement par DHEA chez les sujets, hommes ou femmes, dont les taux circulants sont effondrés, et on ignore a fortiori s'il vaut mieux choisir la dose quotidienne de 25 ou à 50 mg.

L'ETUDE DE LA LITTERATURE

Le nombre d'articles sur les effets de la DHEA s'est accru de façon remarquable durant les dernières années, ce qui témoigne de l'intérêt que les chercheurs portent aux sujets qui intéressent leurs concitoyens. Les travaux portent sur l'animal ou l'homme. Et ils reflètent des corrélations entre valeurs plasmatiques et état de santé ou rapportent les effets d'administration de doses diverses par différentes voies à des individus des deux sexes en bonne santé ou malades. Les résultats des expérimentations chez l'animal ne peuvent que très difficilement être extrapolés aux humains en raison de la diversité des physiologies, mais ils peuvent offrir des voies de réflexions.
En outre l'analyse de ces publications est rarement objective. Le corps médical a tendance à considérer que les effets de cette hormone sont plutôt neutres ou défavorables, et tient à montrer, sauf exception, son sens critique, tandis que le public profane, soulevé par d'immenses espoirs, semble ne vouloir en voir que les actions bénéfiques
En pratique on peut dire qu'il a été écrit que toutes les conséquence de l'avancée en âge trouvent un remède potentiel dans la DHEA.
Les déficits majeurs liés au vieillissement affectent :
- la facilité des déplacements (articulations, muscles, cœur, poumons)
- la perte d'efficacité intellectuelle (mémoire, yeux)
- les difficultés relationnelles (surdité, perte du pouvoir d'attraction : peau, silhouette - déformation vertébrale, relâchement musculaire- impuissance ou défauts de l'érection, perte d'intérêt érotique)
- la trop grande fréquence des douleurs (principalement articulations)
- le mal être général.

L'analyse de la littérature concernant la DHEA portera donc sur
l'ensemble des divers domaines :
EFFETS SUR LE SYSTEME NERVEUX
EFFETS SUR LE SYSTEME CARDIO VASCULAIRE
EFFETS SUR l'APPAREIL LOCOMOTEUR
Les deux sujets clefs de la MENOPAUSE et de la PUISSANCE MASCULINE seront ensuite abordés pour finir sur les effets sur LE SYSTEME IMMUNITAIRE, LES METABOLISMES et les CANCERS.
Aujourd'hui la DHEA semble, selon le titre fulgurant d'un quotidien, " avoir pris un coup de vieux ". Reste-t-il néanmoins, des possibilités d'une véritable efficacité réjuvénante ? Il n'est pas réellement facile de répondre à cette question essentielle !
Cette revue, après une description rapide des données physiologiques, reprendra les publications qui ont été à l'origine des premières attentes, pour examiner appareil par appareil les observation des chercheurs. Dans chacune de ces grandes catégories les publications seront classées en données encourageantes ou décourageantes.

LES BASES PHYSIOLOGIQUES

La DHEA ( ou déhydroépiandrostérone ou prastérone) est sécrétée presque exclusivement par la zone réticulée du cortex des surrénales sous le contrôle de l'ACTH ( avec le rythme circadien classique à maximum matinal comme pour la testostérone) et très accessoirement par les ovaires. Elle est sécrétée sous forme libre et en quantité beaucoup plus grande sous forme de sulfate (DHEAs). Une conversion réciproque existe entre ces deux molécules. La concentration plasmatique du sulfate est également beaucoup plus forte que celle de la DHEA : environ 500 fois plus élevé que celui de la forme libre. C'est le stéroïde dont la concentration plasmatique est la plus élevée (YOUNG). La 1/2 vie du sulfate est d'environ 20 heures et celle de la DHEA de 15 à 30 minutes. En outre, la sécrétion de DHEA est pulsatile, celle de DHEAs continue. DHEA and DHEAs sont transportés dans le plasma en liaison lâche avec l'albumine. C'est donc le sulfate de DHEA qu'il faut doser si l'on cherche à connaître l'existence d'une déficience en cette hormone pour toutes les raisons qui viennent d'être indiquées et parce que l'hydrolyse du sulfate de DHEA dans l'échantillon prélevé fausserait notablement les résultats. Le dosage de DHEAs est à la fois plus simple et plus précis.
Les données sur l'évolution avec l'âge de ces molécules sont loin d'être consensuelles.
Les surrénales fœtales les sécrètent en très fortes quantités. Puis on observe à la naissance une chute brutale. Vers 6-8 ans une remontée (multiplication par 10) définit l'adrénarche.
La production atteint son pic à 18-25 ans et se maintiendrait jusque 40-45 ans ; elle est plus grande chez l'homme que chez la femme. Elle s'abaisse ensuite à la maturité chez l'homme et la femme et souvent très rapidement dans la 8ème décennie. Elle atteint alors parfois des valeurs manifestement plus basses que celles du jeune adulte, jusque 10 % de sa valeur maximale, et que l'on peut estimer être très insuffisantes. Cependant certains auteurs pensent aujourd'hui qu'un premier déclin a lieu vers 31-35 ans et qu'il est plus net vers 36-40 ans. Mais surtout le deuxième déclin se produit vers 55-60 sans baisse ultérieure. Il serait concomitant de l'hypotrophie de la zona reticularis qui semble avoir été démontrée, alors que le cortisol ne décroît pas avec l'âge. On doit savoir que des variations de 1 à 20 ont été trouvées dans la même tranche d'âge.
Chez femme il se produirait peut-être un déclin à la ménopause. Il faut noter que la réduction est beaucoup plus sévère chez l'homme. La suppression de DHEA et DHEAs après freinage par les corticoïdes est prolongée et leur production ne reprend pas avec la même vitesse que celle du cortisol. Il peut donc y avoir carence en DHEA et DHEAs alors que le cortisol est normal ou élevé (PARKER). Le THS abaisserait aussi la DHEA (KATZ & MORALES)
La DHEA est en fait surtout une pro-hormone et on ne lui connaît pas aujourd'hui de récepteur intranucléaire classique. Elle peut se transformer en testostérone (T), et par aromatisation de cette molécule en estradiol (E2). L'administration de DHEA représente donc nécessairement une forme d'administration d'androgènes et d'estrogènes qui atteindront ou non, selon la dose reçue, des valeurs significatives, voire excessives. Par exemple, après administration quotidienne de 50 mg de DHEA, on observera chez la femme des concentrations plasmatiques de 1 ng/ml de T et de 50 pg/ml de E2. Apparemment, la production de ces hormones à partir de la DHEA serait plus importante chez les femmes que chez les hommes.
On comprend donc que, si le sujet est carencé en estrogènes, et en androgènes, la DHEA peut servir de thérapeutique substitutive. Et qu'à l'inverse, si la quantité d'estradiol ou de testostérone circulantes sont déjà suffisantes, comme elles le sont chez la majorité des hommes vieillissants par exemple, elle puisse n'avoir aucun effet apparent.
Il faut également considérer la possibilité d'une transformation à l'intérieur des cellules qui auront capté DHEA et DHEAs : les stéroïdes ainsi formés n'apparaîtront pas dans le plasma mais peuvent jouer un grand rôle dans l'activité cellulaire, en particulier dans la prostate et dans les seins. Mais il est difficile de prévoir la nature intime de ces processus.
Au total, la DHEA est considérée comme un androgène surrénalien en raison de sa possible conversion en Testostérone. Néanmoins la DHEA est active chez les animaux insensibles aux androgènes et elle possède une action antiglucocorticoïde.
En outre, et de façon tout à fait remarquable, la DHEA est un neurostéroïde synthétisé par certaines cellules nerveuses. L'action sur le système nerveux de la DHEA absorbée par voie orale, et les mécanismes de la synthèse intraneuronale paraissent assez peu connus. Mais son action in vitro de modulation des récepteurs GABA et NMDA fait supposer qu'elle pourrait être de grand intérêt. Chez l'animal on a observé un effet inhibiteur de l'action apaisante des récepteurs GABA et un effet de stimulation des récepteurs NMDA. Avec en résultante une activité stimulante d'éveil qui pourrait au moins partiellement expliquer les effets, sur l'humeur et le bien être voire sur la libido. SVEC et PORTER insistent sur le fait que l'action sur le système nerveux s'effectue à des doses faibles (de même que sur le système immunitaire) ce qui témoigne vraisemblablement qu'il s'agit là d'effets physiologiques.

I - LES OBSERVATIONS INITIALES et LES ETUDES GENERALES

La constatation que les sujets âgés à DHEA basse avaient une santé plus incertaine et une mortalité court terme plus forte que ceux dont les taux étaient moins abaissés a donné une impulsion pour la réalisation d'études ouvertes qui ont montré un effet manifeste sur le bien être et la réduction des sensations douloureuses d'origine musculo-articulaires. (YEN et BAULIEU).
Ces résultats ont été eux-mêmes à l'origine d'une vaste étude conduite en France selon les modalités théoriquement les plus satisfaisantes : double aveugle contre placebo sur 6 mois puis étude ouverte sur les 6 mois suivants.
280 femmes et hommes entre 60-79 ans ont donc reçu pendant un an
50 mg de DHEA. Les résultats en ont été présentés comme tout à fait satisfaisants ou particulièrement décevants.
Les effets favorables statistiquement significatifs observés ont été une amélioration des paramètres de la libido chez les femmes de plus de 70 ans et de certains caractères de la peau : hydratation, pigmentation et épaississement de l'épiderme. Mais pour certains la sécrétion de sebum n'est rien d'autre que la preuve de l'activité androgénique de la DHEA. Après 70 ans les paramètres biologiques du turn over osseux se sont montrés améliorés.
Sur le plan biologique une élévation de la DHEA aux taux normaux pour les sujets jeunes, et une élévation légère de T et E2, résultant de la métabolisation en T puis en E2 ont été observés, qui selon les sceptiques expliquent les effets musculaires, osseux et sur la libido féminine. L'absence d'effets dans le sexe masculin pourrait s'expliquer par le fait que lorsque l'homme ne souffre pas de carence en testostérone l'élévation de 1 ng/ml de la testostéronémie n'a pas de raison de modifier les paramètres biologiques ni les manifestations androgéniques. BEAULIEU EE … et FORETTE F.

II - DHEA et SYSTEME NERVEUX

On a recherché deux ordres d'effets sur le système nerveux : d'une part des effets sur la mémoire et les fonctions cognitives et d'autre part sur l'humeur et les réactions aux stress.
ARGUMENTS ENCOURAGEANTS
La DHEA réduit le stress chez le rat et est anxiolytique chez la souris
Chez l'humain le travail de YEN avait montré que la DHEA provoque un sentiment de bien être. REGELSON a observé une amélioration de l'humeur chez des sujets souffrant de sclérose en plaques. Enfin les valeurs de DHEA étaient plus faibles chez les sujets souffrant de fatigue chronique par rapport aux sujets bien portants (SALAHUDDIN).
Mais ARGUMENTS DECOURAGEANTS
WOLFF n'a pas trouvé d'effets semblables dans une étude courte sur 15 J. Cette étude brève a permis d'observer une amélioration du bien-être seulement chez les femmes. Et une absence d'effet franc sur les paramètres psychologiques et cognitifs mesurés. Cependant il faut noter que l'IGF1 et l'IGF -BP 3 n'ont pas été modifiés alors qu'ils le sont au bout de 3 mois, ce qui pourrait témoigner d'une trop grande brièveté de l'administration hormonale.
Pour BARRET CONNOR (Rancho Bernardo Aging Study) les tests de fonction cognitive ne sont modifiés dans aucun des deux sexes.
Une notion de grand intérêt : les récepteurs GABA comportent un site de liaison pour la DHEAs. Les récepteurs de la sérotonine pourraient ainsi être activés avec des effets bénéfiques sur l'absorption alimentaire, l'humeur et les comportements d d'agression chez humain.


III - EFFETS SUR LE SYSTEME CARDIO VASCULAIRE

On considère habituellement que des valeurs abaissées de DHEA circulante sont associées à un risque élevé de maladie cardio-vasculaire, et d'autre part en raison des effets favorables des hormones femelles prescrits dans le THS on pouvait espérer une action bénéfique de la DHEA.
ARGUMENTS ENCOURAGEANTS
Nombre de chercheurs indépendants ont confirmé un travail de BARRETT CONNOR affirmant, par une analyse des corrélations, que la DHEA a un effet cardio-protecteur. Mais les effets directs de l'administration de cette substance n'ont pas souvent été étudiés.
NESTLER a observé une baisse du LDL cholestérol chez l'homme mince. Mais il n'a pas été observé le même effet chez le sujet obèse. La dose quotidienne était très élevée : 21 mg/kg.
On peut aussi envisager 2 hypothèses expliquant un effet favorable potentiel : soit une réduction du PAI 1 et une diminution de l'agrégation plaquettaire. Soit encore, puisque l'inflammation semble jouer un rôle dans la survenue de l'infarctus du myocarde, une mise en action du système immunitaire. Rien n'exclut également que la DHEA puisse avoir un effet direct sur la vaso-motricité artérielle comme l'Estradiol et la testostérone.
LES ARGUMENTS DECOURAGEANTS
Sont peut-être plus nombreux.
CB. JOHANNES et al. ont suivi pendant 10 ans 236 femmes (de 50 à 60 ans au départ de l'étude) et ils ont établi des corrélations entre taux plasmatiques de DHEA et facteurs de risque cardio-vasculaire.
Ils ont observé, outre l'élévation de DHEA et DHEAs, que les pressions artérielles systoliques et diastoliques, E1 et E2, le fait de fumer ou de boire de l'alcool étaient corrélés positivement, tandis qu'ils l'étaient négativement avec les apolipoprotéines A.
En conclusion : cette étude suggèrant que des taux élevés de DHEA et de DHEAs seraient un facteur de risque, ne serait pas en faveur d'une administration aux femmes. Cependant il n'est pas certain que les mêmes conclusions puissent être tirées pour les hommes car les effets métaboliques des hormones mâles ne sont pas identiques dans les deux sexes.


IV - EFFETS SUR L'APPAREIL LOCOMOTEUR ET LES GRAISSES CORPORELLES


AJ MORALES et coll. ont donné pendant 6 mois 100 mg de DHEA dans une étude contre placebo (randomisé et en cross over) à 9 hommes et 10 femmes ménopausées (50-65 ans). Les résultats cliniques ont été discordants : une réduction de la masse grasse (1 +- 0,4 kg) chez les hommes seulement ainsi qu'une augmentation de la force des muscles du genou et des lombes ont été observés, alors que chez les femmes la masse grasse a augmenté de1,4 kg. Aucune modification de la masse osseuse n'a été observée (mais les femmes étaient déjà sous THS).
Effets biologiques : la DHEA est remontée aux valeurs de l'adulte jeune et le sDHEA légèrement au dessus. La delta4 Androstènedione, la Testostérone et la DHT se sont élevées chez les femmes seulement (ce qui sera confirmé par l 'étude de Baulieu) au dessus des valeurs du sujet jeune. Le Cortisol est demeuré inchangé. Conséquence attendue la SHBG s'est abaissée chez les femmes. Et confirmant les travaux précédents l'IGF1 s'est élevé : H +16% et F +31%.
Il n'y a donc pas eu d'effets additifs de la DHEA et du THS sur la correction d'une éventuelle ostéoporose, mais on peut espérer qu'en cas de déficit androgénique masculin, une ostéopénie puisse bénéficier de la prise de 50 mg ou plus de DHEA/j.

V - DHEA et MENOPAUSE

On a vu que l'Estradiol et la T. provenant de la transformation de la DHEA viennent s'ajouter aux hormones du THS s'il est déjà mis en œuvre, conduisant parfois à des taux supraphysiologiques. En revanche, en cas de carence sévère, si la dose administrée est faible, les concentrations de ces hormones peuvent demeurer insuffisantes. Tel paraît avoir été le cas dans l'étude de KT BARNHART.
A) Ces auteurs ont étudié les effets de la supplémentation en DHEA sur les symptômes ménopausiques. L'essai randomisé, administration durant 3 mois, de 50mg, à 60 femmes souffrant de troubles ménopausiques, n'a pas montré d'effet bénéfique : aucune amélioration significative par rapport au placebo de la sévérité des symptômes ménopausiques, de l'humeur, de la dysphorie, de la libido, des facultés cognitives, de la mémoire ou du bien être.
Néanmoins, une perturbation du profil lipidique, diminution du HDL cholestérol mais également des Lp(a) (ce qui pourrait avoir une action favorable), a été observée.
B) CASSON et al. ont administré pendant 6 mois, 25 mg de DHEA /j à des femmes ménopausées avec une bonne tolérance. Ils ont également observé des effets susceptibles d'avoir une répercussion fâcheuse sur l'état vasculaire : baisse de ApoA1 et des HDL lipoprotéines. Cependant une élévation de l'IGF1 et l'IGF -BP 3 a été notée, susceptible de suggérer que la DHEA pourrait être un moyen de substitution en cas d'insuffisance de GH. Enfin la Testostérone s'est élevée passant de 0,25 environ à 0,50 ng/ml. Mais après 6 mois la différence a disparu.
C) Une troisième étude, italienne, apporte un éclairage particulier en ce qu'elle montre l'analogie des effets de l'administration de DHEA et des hormones sexuelles classiques chez la femme ménopausée. 22 femmes post ménopausiques ont reçu pendant 3 mois, soit 50 mg de DHEA soit un patch de 50 mcg de E2 soit une association des 2.
Les résultats cliniques ont été semblables dans les 3 bras : le score de Kupperman était identique après 3 mois. Les effets biologiques étaient également analogues pour ce qui concerne les dosages mensuels de bêta endorphine : élévation dans les trois groupes des taux de base et après administration de clonidine, naloxone et fluoxétine. De même la GH s'est élevée dans les 3 bras. Une élévation de DHEA, sDHEA, delta4 Androstènedione, Testostérone a enfin été constatée sauf chez les femmes sous patch de E2 seul.
Aucun effet synergique de l'association E2 + DHEA ne s'est donc manifesté. STOMATI M …GENAZZANI AR.
Au total une conclusion peu encourageante des travaux antérieurs a été énoncée par S. KATZ & AJ.MORALES :
" en attendant les résultats d'études internationales et nationales, qui sont attendues anxieusement, il n'est pas recommandé de conseiller une supplémentation par le DHEA à titre d'option thérapeutique dans la ménopause.

VI - DHEA ET PUISSANCE MASCULINE

Dans le cadre du " Massachusetts Male Aging study " une corrélation inverse entre les taux plasmatiques de la DHEA et l'incidence de la Dysfonction Erectile avait été observée. D'où l'idée de voir quels effets pouvaient avoir 50 mg de DHEA chez des hommes sans anomalies de l'appareil génital et répondant par une érection satisfaisante à une injection intracaverneuse de 10 mcg de prostaglandines E1.
40 hommes de 56,5 ans d'âge moyen (41-69 ans), dont les T, Prl et PSA étaient normaux et la DHEA au-dessus de 1,5 mcmol/l. ont donc été traités. Les résultats ont été très satisfaisants selon un autoquestionnaire validé : le "International Index of Erectile Dysfunction". Tous les items ont été positivement influencés par la DHEA contre seulement un effet bénéfique à 8 semaines suivi de régression jusqu'à la 24ème semaine pour le placebo.
En outre les sorties d'étude pour inefficacité ont été nombreuses dans le groupe placebo. En d'autres termes ces résultats étaient particulièrement démonstratifs (REITER WJ. & al.).

VII - EFFETS SUR LE SYSTEME IMMUNITAIRE

ARGUMENTS ENCOURAGEANTS
De nombreux effets favorables ont été rapportés dans des expérimentation animales. Ces effets pourraient impliquer une action antiglucocorticoïde. Ils dépendent de la dose administrée. Parfois cette dose a été très élevée jusque 500 ou 1000 mg de DHEA /kg. Néanmoins, quand des effets ont été observés chez l'humain ils étaient modestes.
Dans une étude de dimensions moyennes : 9 hommes (âge moyen : 63 ans) avec taux bas de sDHEA (2 DS au dessous des valeurs de l'adulte jeune) ont reçu pendant 20 semaines, une dose de 50 mg /jour de DHEA. Les auteurs ont observé, parallèlement à une élévation de 3 à 4 fois de sDHEA en deux semaines, une activation de tous les paramètres étudiés de la fonction immunitaire : les NK ont été augmentés de 22-37 %, le nombre de cellules exprimant le récepteur de la IL 2 et le récepteur soluble sérique de la IL 2 se sont également élevés. Les auteurs concluent à un possible effet bénéfique dans les états de carence immunitaire, susceptible d'être secondaire à une élévation de l'IGF1e qui active les divisions des cellules imuno-compétentes.
En somme il apparaît de plus en plus que seules des études bien conduites d'administration chez des humains peuvent répondre aux multiples questions posées (KHORAM O. VU L . YEN SS.).

VIII - EFFETS SUR LES CANCERS

Les publications peuvent être considérées comme encourageantes ou décourageantes.
Chez l'animal on a par exemple observé une réduction des cancers du testicule mais une augmentation de fréquence des cancers du foie. Les doses utilisées étaient généralement fortes >10mg/kg/j.
Chez l'homme on a administré jusque 32 mg/kg/j pendant 16 semaines chez le sujet atteint de SIDA sans observer d'effets cliniques. Mais une étude des enzymes hépatiques pourrait parfois être justifiée pour dépister un éventuel effet toxique. (DYNER).
Cependant, la question est à la fois plus directe et moins facile à résoudre. La question majeure, lorsqu'on administre une hormone possédant des effets androgéniques est toujours : n'est-elle pas susceptible de favoriser le développement d'un cancer de la prostate ?
Deux réponses sont possibles. D'une part la dose administrée est généralement très faible et il est peu probable qu'elle puisse avoir un quelconque retentissement sur la prostate. La deuxième réponse pourrait être plus favorable encore. Il est possible, si l'on en croit l'hypothèse défendue par F. COMHAIRE que la correction adéquate d'un éventuel hypogonadisme protège contre le cancer prostatique (voir schéma).
Pour finir on peut citer les conclusions d'un groupe d'experts réunis par l'AFSSAPS : Le risque de stimulation de la croissance de cancers hormono-dépendants, comme le cancer de la prostate, ne peut être exclu, notamment dans des situations d'utilisation à long terme. Ce risque nécessite, en cas d'exposition au produit, un dépistage et une surveillance systématique. De plus, l'association de la DHEA à un traitement hormonal substitutif chez les femmes ménopausées, pourrait renforcer ce risque. Les bénéfices établis du traitement estro-progestatif substitutif ne justifient en aucun cas son abandon en faveur de la DHEA.
Enfin, ces risques potentiels sont susceptibles d'être plus importants en cas d'augmentation des doses et de la durée d'exposition
Au vu des données actuellement disponibles, le groupe d'experts conclut que les effets potentiels défavorables d'une baisse de cholestérol-HDL ainsi que les risques potentiels de cancers hormono-dépendants ne sont pas contre balancés par un effet clinique bénéfique actuellement démontré. Dans l'attente d'une telle démonstration, il n'est pas possible de recommander l'utilisation proposée aujourd'hui de la DHEA dans la lutte contre le vieillissement.
Enfin, la qualité pharmaceutique de la DHEA ne pourra être pleinement assurée qu'après la mise en place d'une monographie fixant des spécifications de qualité.

Aujourd'hui le médecin peut donc inverser la tendance. Ce n'est plus le ou la patient(e) qui posera la question rituelle : que pensez-vous docteur de la DHEA ? Mais bien le médecin et surtout le spécialiste qui devra demander : est-ce que vous n'auriez pas pris de la DHEA ? quand une femme, le plus souvent ménopausée, viendra le consulter pour une acné insolite ou des saignements inopinés ou encore un déséquilibre de ses fractions du cholestérol. Et il aura la fréquente surprise de recevoir une réponse affirmative.
Mais il ne faudrait pas être trop sévère.
L'administration de DHEA pourrait être un excellent moyen de lutter chez les femmes ovariectomisées contre une anaphrodisie. Et chez l'homme contre une dysfonction érectile d'origine hormonale. Des travaux sont en cours sur son utilisation dans le Lupus Erythémateux disséminé et les insuffisances surrénaliennes. Et cette hormone n'a pas encore dit son dernier mot dans les problèmes mentaux vus sous l'angle le plus large ou les déficits immunitaires.
Dans l'état actuel des choses il est souhaitable de rester à la fois ouvert et vigilant et de ne pas perdre tout espoir de conserver par des moyens chimiques une jeunesse emportée par le temps …

Dans l'état actuel des choses il semble tout à fait déraisonnable de se lancer dans cette aventure sans


BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Une bibliographie exhaustive (137 références) concluant un excellent article seront trouvés dans
SVEC F. et PORTER R. The actions of exogenous dehydroepiandrosterone in experimental animals and humans (44285) P.S.B.M. 218 : 174-191, 1998
BEAULIEU E. THOMAS G. LEGRAIN S… et FORETTE F
DHEA, DHEA sulfate, and aging : contribution to the DHEAge study to a sociobiomedical issue. Proc Nal Acad Science USA 97, 4279-84, 2000
BARNHART KT . FREEMAN E. GRISSO JE. & NESTLER J. The effect of DHEA supplementation to symptomatic perimenopausal women on serum endocrine profiles, lipid parameters and healt(h related quality of life. J Clin Endocrinol Metab 84 : 3896-3902, 1999
8 CB. JOHANNES STELLATO RK. FELDMAN HA. LONGCOPE CH. McKINLAY JB. Relation of DHEA and DHEA s with cardiovascular disease risk factors in Women : longitudinal results from the Massachussetts women health study. J clin epidemiol 52 : 95-103, 1999
3 KATZ S. & MORALES AJ. DHEA and DHEAs as therapeutic options in menopause. Seminars in reproductive endocrinology 16 : 161-70, 1998
KHORRAM O. VU L . YEN SSC. Activation of immune function by DHEA in âge- advanced men. J Gerontol 52A :MI-7, 1997
MORALES AJ. HAUBRICHT RH. HWANGT JY…YEN SS The effect of 6 months treatment with a 100 mg daily dose of DHEA on ciculating sex steroids, body composition and muscle strength in âge advanced men and women . Clinical Endocrinol 49 : 421-32, 1998
PARKER R. Dehydroepiandrosterone and dehydroepiandrosterone sulfate production in the human adrenal during development and aging STEROIDS 64 : 640-7, 1999)
REITER WJ. SYCHA A. SCHATZL G. POKORNY A … and MARBERGER M. DHEA in the treatment of erectile dysfunction : a prospective, double blind,randomized, placebo controlled study. Urology 53 : 590-5, 1999
STOMATI M. RUBINO S. SPINETTI A. …GENAZZANI AR. Endocrine neuro endocrine & beahavioral effect of oral DHEAs supplementation in postmenopausal women. Gynecol Endocrinol 13 : 15-25, 1999
YOUNG J. SCHAISON G. DHEA : Mythes et réalités. Reprod Hum Horm ;14 : 263-8 , 2001