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Titre: | Conduite du traitement de l'osteoporose = actualités sur les traitements non hormonaux (serm, biphosphonates, calcium etc...) |
Année: | 2001 |
Auteurs: | - Simon F.
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Spécialité: | Gynécologie |
Theme: | Ménopause |
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CONDUITE
DU TRAITEMENT DE L'OSTEOPOROSE = ACTUALITES SUR LES TRAITEMENTS NON HORMONAUX
(SERM, BIPHOSPHONATES, CALCIUM etc...)
F. SIMON
Rhumatologue, chef
de service HNSM 14 rue du Val d'Osne 94410 SAINT MAURICE
"L'ostéoporose
est une maladie systémique du squelette caractérisée par une masse osseuse basse
ayant pour conséquence une fragilité osseuse accrue pouvant conduire à des fractures".
Telle est la définition de l'ostéoporose donnée lors de la conférence de consensus
(Hong Kong 1993).
L'organisation mondiale de la santé (OMS) sous l'égide d'experts a donné en
1993 une définition précise de l'ostéoporose : une baisse de la masse osseuse
égale ou inférieure à -2,5 déviation standard au T-score (mesure par absorptiométrie).
Cette "simplification" de la définition a eu un grand impact en particulier
dans l'industrie pharmaceutique pour proposer des schémas et des proprositions
de traitement!
Dès 1981, RIGGS et coll, puis SMITH et coll, ROSS, GARDSELL, HUI, CUMMINGS ont
montré la concordance entre la baisse de la DMO et le risque fracturaire ; néanmoins
ces mesures de la DMO sont souvent sujettes à caution, selon la technique et
l'appareil utilisés, entre les chiffres du rachis lombaire, de l'extrêmité supérieure
du radius et des autres sites, entre les différentes populations. Par ailleurs,
on fait jouer un rôle important à la micro et macroarchitecture de l'os, c'est-à-dire
non seulement la quantité d'os (mesure par la DMO) mais aussi sa qualité.
Ces notions entrent d'ailleurs, dans la définition de la conférence de consensus
de Hong-Kong.
La longueur du col fémoral, l'aspect et l'épaisseur des travées osseuses, les
connexions de ces travées jouent un rôle important. Les facteurs de risque sont
fondamentaux : les antécédents d'ostéoporose et de fractures chez la mère mais
aussi le père des patientes, un poids inférieur à 57 kg, un tabagisme chronique
persistant, une intoxication alcoolique, une corticothérapie. Les handicaps
neurosensoriels jouent un rôle, des troubles de la vue (cataracte), de la marche
(maladie de Parkinson par exemple), des séquelles d'hémiplégie, un traitement
capable de favoriser des malaises par hypotension orthostatique, des sédatifs
ou tranquillisants inutiles ou inadaptés risquent d'entraîner une chute et de
compliquer une ostéoporose "densitométrique" en une ostéoporose fracturaire.
Nous
ne reviendrons pas sur l'hygiène de vie, l'exercice physique et le traitement
vitaminocalcique déjà publiés dans les JTA de 1998 [9].
Les
modes d'action des différents traitements sont soit une diminution de la résorption
osseuse soit une stimulation de l'anabolisme osseux
TABLEAU I
MODE D'ACTION
Médicaments
stimulants la formation osseuse
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Médicaments
inhibants la résorption osseuse
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FLUOR
STRONTIUM
PTH
|
THS
SERM
BIPHOSPHONATES
|
FLUOR
C'est
le médicament stimulant la formation osseuse qui a été le plus étudié.
Expérimentalement, il augmente le nombre d'ostéoblastes actifs, la synthèse
de la matrice protéique osseuse et la vitesse de minéralisation.
L'augmentation de la densité osseuse de l'os trabéculaire est nettement supérieure
aux autres traitements à la dose de 50 mg de fluorure de sodium par jour associé
à 1 gr de calcium, mais le rapport bénéfice/risque du fluor dans le traitement
de l'ostéoporose post-ménopausique reste encore mal défini en particulier son
efficacité malgré l'augmentation de la DMO.
L'incidence de nouvelles fractures vertébrales n'est pas significativement modifiée.
Il semble donc que les vertèbres semblent plus denses mais moins solides : on
peut même se demander si l'augmentation de la masse osseuse vertébrale ne se
fait pas aux dépens des corticales des os périphériques.
Ainsi si les premières études étaient plutôt favorables (MAMELLE, MEUNIER et
coll) [7] les suivantes (RIGGS et coll) [9] ont freiné son utilisation.
Actuellement,
le fluor n'est plus utilisé dans le traitement préventif ni surtout curatif
de l'ostéoporose commune. On peut considérer que le "le fluor a son avenir
derrière lui"
(ORCEL P.).
LES SERM
Le Raloxifène
est une molécule originale de structure non stéroïdienne, il inaugure la classe
thérapeutique des SERM (Selective Estrogen Receptor Molecular) du fait de ses
propriétés agonistes et antagonistes oestrogéniques, sélectives selon les tissus
cibles.
Nous étudierons uniquement ses effets sur l'os ; ses effets sur le sein et l'utérus
étant étudiés dans un chapître différent (LOPES P.). L'effet du Raloxifène a
été étudié expérimentalement sur des rates ovariectomisées : il a été montré
(TURNER 1994) que le Raloxifène comme l'éthynyl estradiol prévient la fragilité
osseuse au niveau vertébral et du col fémoral.
Une étude clinique européenne multicentrique (DELMAS P.D. et Coll 1997) [5],
sur 601 femmes ménopausées depuis 2 à 8 ans non ostéroporotiques, a montré l'efficacité
en préventif du Raloxifène sur la densité osseuse sur différents sites (vertèbres
lombaires - col du fémur). Les femmes incluses avaient en moyenne 55 ans et
une ancienneté de ménopause de 5 ans : 50% de ces patientes avaient une DMO
au rachis lombaire à - 1 déviation standard en T-score, répondant à la définition
OMS de l'ostéopénie. Après deux ans de traitement (60 mg de Raloxifène) la DMO
a augmenté d'une manière significative de 2,4% au rachis lombaire,
2,4 % à la hanche totale et de 2% au corps entier par rapport au placebo. Le
remodelage osseux est significativement freiné : la formation osseuse est abaissée
(ostéocalcine et phosphatases alcalines osseuses), la résorption est réduite
(C. Télépeptide du collagène de type I).
En fait, l'étude principale est représentée par l'étude MORE (Multiple Outcomes
of Raloxifene Evaluation). ETTINGER et Coll 1999 [6] : il s'agit d'une étude
multicentrique, prospective, en double aveugle, randomisée, contrôlée versus
placebo utilisant Raloxifène 60 mg, Raloxifène 120 mg ou placebo. Tous les malades
sont supplémentés en calcium (500 mg/24 heures) et en vitamine D (400 UI/24
heures). Il s'agissait de prouver l'efficacité anti-fracturaire du Raloxifène
au niveau vertébral chez des femmes ostéoporotiques (objectif principal). Les
objectifs secondaires étaient l'incidence des fractures non vertébrales et les
marqueurs cardio-vasculaires, le cancer du sein, la tolérance utérine, la qualité
de vie, les fonctions cognitives, la tolérance générale. 7705 femmes ménopausées
et ostéoporotiques sont entrées dans l'étude avec deux sous-groupes : - 5064
femmes (2/3 des patientes) avaient une DMO lombaire ou fémorale ( - 2,5 DS au
T-score donc entraient dans la définition OMS de l'ostéoporose. - 2641 femmes
(1/3 des patientes) avaient une DMO ( - 2,5 DS au T-score et une fracture vertébrale.
Dans cette étude un antécédent de cancer du sein et de l'endomètre, un saignement
d'origine génitale non expliqué, un antécédent thrombo-embolique étaient des
critères d'exclusion. Les patientes avaient en moyenne 66,5 ans à l'inclusion,
une ancienneté de ménopause de 18 ans, et 29% avaient suivi un traitement hormonal
substitutif.
Après 36 mois de traitement, le Raloxifène réduit significativement l'incidence
des fractures vertébrales chez les femmes ostéoporotiques avec ou sans antécédent
de tassement vertébral. La réduction du risque de fractures vertébrales est
comprise entre 30 et 40%.
L'analyse des résultats en distinguant les deux sous-groupes montre une réduction
significative de 50% de la première fracture vertébrale chez les femmes ostéoporotiques
sans antécédent de tassement vertébral ; chez les femmes ayant une ostéoporose
fracturaire, le Raloxifène réduit le risque de récidive de fractures vertébrales
de 30 à 50%.
En ce qui concerne les fractures non vertébrales (en particulier la fracture
du col fémoral), il n'a pas été mis en évidence de diminution significative
malgré une légère différence entre le Raloxifène (0,7%) et le placebo (0,8%).
Tout groupe confondu, la réduction des fractures vertébrales cliniques (c'est-à-dire
avec douleur et impotence) est de 60%. Le risque de fractures multiples est
de 50 à 80% selon la sévérité initiale de la maladie ostéoporotique.
L'amplitude des variations densitométriques osseuses chez les femmes ostéoporotiques
est comparable à celle rapportée dans l'étude de prévention (DELMAS) [5].
Pour
les effets secondaires (CUMMINGS 1999) [4] a montré au cours de l'essai MORE
que le risque de cancer du sein invasif est diminué de 76% (90% pour le cancer
invasif RE+).
Il n'y a pas de majoration du cancer de l'endomètre. L'augmentation du risque
de thrombo-embolie veineuse est comparable à celui du traitement hormonal substitutif
et du Tamoxifène. Les effets à plus long terme (supérieur à 40 mois) sont en
cours d'évaluation dans les essais cliniques.
Les
principaux effets indésirables sont les crampes dans les jambes sans participation
veineuse et les bouffées de chaleur. Les principales contre-indications du Raloxifène
sont les jeunes femmes en âge de procréer, un épisode actuel ou des antécédents
thrombo-emboliques veineux, l'insuffisance hépatique ou rénale sévère, un saignement
génital inexpliqué. Les patientes ayant un antécédent de cancer du col ou de
l'endomètre n'ont pas été incluses dans les études cliniques ; en l'absence
de données, le Raloxifène est donc contre-indiqué chez ces patientes.
A quel
type de femme peut donc être proposé le Raloxifène pour la prévention ou le
traitement de l'ostéoporose : une femme ménopausée, à distance de la ménopause
(4 à 5 ans en raison de bouffées de chaleur), à risques accrus d'ostéoporose,
soit non traitée, soit traitée par un autre médicament mal supporté ou contre-indiqué
(par exemple le THS).
LES BIPHOSPHONATES
Les
biphosphonates (BP) comme le THS, inhibent la résorption osseuse et jouent donc
un rôle dans la prévention et le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique.
Le mécanisme d'action est complexe. Ce sont des analogues structuraux des pyrophosphates
organiques. Leur puissance résorptive dépend des BP utilisés mais ils présentent
à doses équivalentes la même activité d'inhibition de la minéralisation osseuse.
Les nouveaux BP n'altèrent pas la qualité et les propriétés mécaniques de l'os
nouvellement formé.
BP ET PREVENTION
DE LA PERTE OSSEUSE POST-MENOPAUSIQUE [2]
Ils
se discutent en cas de contre-indication du THS. Plusieurs études ont été menées
dans le cadre de la prévention de la perte osseuse post-ménopausique. Les 4
molécules qui ont été le plus souvent évaluées sont l'Etidronate, le Tiludronate,
le Risendronate, et l'Alendronate.
Etidronate : C'est le plus ancien des BP. Il a l'AMM en France pour
le traitement de la maladie de Paget, l'ostéoporose post-ménopausique fracturaire
et l'ostéoporose post-corticothérapie.
Il est utilisé en schéma cyclique comportant une cure de 14 jours (400 mg/24
heures) suivi de deux mois et demi de traitement vitaminocalcique comme dans
le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique. Trois études randomisées ont
fait la preuve de son efficacité et de sa bonne tolérance HERD, POUILLES, MEUNIER.
Tiludronate : Est essentiellement utilisé dans le traitement
de la maladie de Paget. Les deux principales études ont abouti à des résultats
contradictoires REGINSTER M. et Coll ont conclu à son efficacité. ROUX et Coll
n'ont pas prouvé de différences significatives par rapport au placebo. Par ailleurs,
deux études récentes chez des femmes ostéoporotiques ayant au moins une fracture
vertébrale n'ont pas fait la preuve de l'efficacité de ce médicament. Actuellement,
en dehors de la maladie de Paget, ce médicament n'est pas utilisé ni dans la
prévention ni dans le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique.
Risendronate : C'est un BP de nouvelle génération,
très largement étudié dans le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique.
Une étude menée chez 111 femmes ménopausées en traitement continu (5 mg/24 heures)
a fait la preuve de son efficacité sur l'augmentation de la DMO au niveau du
rachis lombaire et du col fémoral (MORTENSEN 1998).
Alendronate (ALN) : C'est également un BP de nouvelle génération
: des études à grande échelle ont été menées pour la prévention.
L'étude EPIC (Early Post-Menopausal Intervention Cohort) a étudié pendant 2
ans 1609 femmes âgées de 45 à 59 ans. L'augmentation de la DMO à la dose de
5 mg était marquée surtout dans la 1ère année. Elle a été poursuive à 4 ans
; (HOSKING et Coll 1998) . Mc CLUNY et Coll 1998 a porté l'étude à 3 ans (5
et 10 mg/jour).
L'ALN est donc capable d'annuler la perte osseuse post-ménopausique, voire même
d'être à l'origine d'un discret gain osseux. Ces données ont conduit la "Food
and drug Administration" à approuver l'ALN à la dose de 5 mg/jour, dans
la prévention de la perte osseuse post-ménopausique. L'AMM a été obtenue en
France à cette même posologie mais le produit n'est pas remboursé.
Conclusion
Peu
de molécules ont été évaluées de manière aussi rigoureuse que les BP, en particulier
l'Etidronate et l'Alendronate. Ce type de traitement ne doit pas être proposé
systématiquement à toutes les femmes ayant une contre-indication du THS et nécessitent
préalablement une mesure de la densité osseuse. Si celle-ci est nettement inférieure
à - 1 DS au T-Score, un traitement par les BP peut être envisagé.
BP ET TRAITEMENT
DE L'OSTEOPOROSE POST-MENOPAUSIQUE [1]
Les
BP occupent une place majeure dans le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique.
Différents BP sont disponibles et en cours d'évaluation :
Seuls l'Etidronate (ETD) et l'Alendronate (ALN) disposent de l'AMM dans cette
indication.
L'Etidronate :
La plupart des essais cliniques démontrent l'efficacité des ETD selon
le schéma du traitement cyclique = 14 jours ETD à la dose journalière de 400
mg per os suivi de 10 semaines de traitement vitaminocalcique.
2 études versus placebo sont particulièrement intéressantes :
( STORM
et Coll 1990 [10], sur 66 patientes, a mis en évidence un gain de DMO du rachis
de 5,3 % à la troisième année du traitement par ETD comparé à une diminution
de 2,7% dans le groupe témoin. Après trois ans, toutes les patientes ont été
traitées 2 ans supplémentaires en ouvert. Le gain du rachis s'est maintenu chez
les patientes initialement traitées par ETD et on a constaté une augmentation
de DMO chez les malades non traités initialement. Dans les 2 groupes, le taux
de fractures reste plus faible pendant les deux années d'étude en ouvert comparé
au taux de fractures du groupe témoin des 3 premières années.
( La
seconde étude est de WATTS et Coll 1990 [12], sur 423 femmes ostéoporotiques,
comparé es à un groupe placebo ou prenant du phosphore. Dans les deux premières
années de traitement la masse osseuse augmente au rachis de 1,8 % par an, pas
au radius, ni à la hanche. Dans le groupe ETD les nouvelles fractures vertébrales
sont deux fois moins fréquentes que dans le groupe placebo. 20% des patientes
ne sont pas répondeuses. La tolérance digestive est bonne. On note cependant
en histologie, une augmentation des anomalies de type ostéomalacique microscopique
et de troubles de minéralisation sans conséquence clinique. Ceci explique le
traitement séquentiel avec utilisation du calcium et de la vitamine D.
Alendronate (ALN)
De nombreuses publications ont conclu que ce produit augmentait la densité osseuse
et améliorait la résistance biomécanique de l'os cortical et trabéculaire. A
la dose de 10 mg par jour per os l'ALN augmente la densité osseuse du rachis
lombaire (+8%) à trois ans, du col fémoral et de l'ensemble du squelette. Surtout
à cette même dose il permet d'obtenir une réduction du risque fracturaire au
niveau du radius, du col fémoral et du poignet chez les femmes ostéoporotiques.
La réduction du risque fracturaire est de 50%. Le résultat est identique chez
les femmes âgées de plus de 75 ans, chez celles qui ont une densité osseuse
très basse, chez les patientes qui ont eu au moins deux tassements vertébraux.
Ce traitement est globalement bien toléré à la réserve d'oesophagite ce qui
justifie les conseils d'administration : le matin à jeûn, avec un grand verre
d'eau, sans se recoucher dans la demi-heure qui suit!
L'étude FIT (étude d'intervention sur les fractures) [3] comporte deux bras,
l'un réunissant des patientes présentant déjà un tassement vertébral (n = 2027)
d'une durée de trois ans, l'autre des malades répondant aux critères densitométriques
d'ostéoporose (n = 4432) et qui seront suivies durant 4 ans. Le 1er bras de
l'étude de FIT confirme des augmentations densitométriques de même amplitude
que celles constatées précédemment montre, sous ALN (5mg les deux premières
années puis 10mg la 3ème année), une réduction de 47% de l'incidence des nouveaux
tassements vertébraux, de 90% (0,5% vs 4,9%, p<0,001) de l'incidence des
tassements vertébraux multiples, de 51% (2,2% vs 1,1%, p = 0,047) de l'incidence
des fractures de hanche et de 48% de l'incidence des fractures du poignet (4,1%
vs 2,2%, p = 0,013).
La réduction du risque de nouvelle fracture vertébrale et de fracture symptomatique
est équivalent quel que soit l'âge (<75 et >75 ans), quelle que soit la
DMO du col fémoral (<0,590 g/cm2, >0,590 g/cm2), et quel que soit le nombre
de tassements vertébraux avant traitement.
L'étude FOSIT [8] a la particularité de montrer, dans une population de femmes
en post-ménopause, sélectionnée sur une DMO <-2 T-score, sans préjuger de
l'existence ou non de tassements vertébraux, une réduction de 47% du nombre
de fractures non vertébrales après 1 an d'ALN à 10 mg/jour.
Le 2ème bras de l'étude FIT inclut des patientes ostéoporotiques sans fracture.
L'ALN augmente la DMO à tous les sites et de même amplitude, quel que soit le
niveau de DMO de départ (au col fémoral en 4 ans, +4,6% pour les patientes avec
DMO <-2,5 T-score, +4,8% pour les DMO comprises entre -2 et -2,5 T-score,
+4,8% entre -1,6 et -2 T-score). Si on s'intéresse aux femmes ostéoporotiques
au fémur (<-2,5 DS en T-score à l'entrée dans l'étude), on constate une réduction
de 36% des fractures à expression clinique et de 56% des fractures fémorales.
Une réduction de 44% des nouvelles fractures vertébrales constatées sur les
radiographies est observée dans le groupe ALN.
En France, l'AMM et le remboursement se modifient en fonction des nouveaux traitements,
la situation en octobre 2000 est la suivante :
TABLEAU II
Autorisation
de mise sur le marché et remboursement
|
AMM
|
Remboursement
|
PREVENTION
|
THS-SERM
Alendronate
|
THS
|
TRAITEMENT
|
Fluor
Etidronate
Alendronate
SERM
|
Fluor
Etidronate
Alendronate
|
Risedronate
Une
étude sur 132 femmes présentant une ostéoporose avec tassements vertébraux a
évalué l'efficacité de 2,5 mg/jour en continu et de 2,5 mg administrés en séquentiel
(2 semaines toutes les 12 semaines) comparée en aveugle à un placebo. Seule
la DMO du col fémoral augmente significativement : 2,9% en 1 an dans le groupe
Risedronate administré en continu. A 1 an, après l'arrêt des traitements, le
groupe risedronate administré en séquentiel présente une augmentation de la
DMO rachidienne (2,3%) mais la DMO du col fémoral diminue
(-2,4%). Dans les groupes traités par risédronate, l'ostéocalcine diminue de
30% à 6 mois, sans diminution des marqueurs de résorption. Une étude des différentes
doses chez 686 femmes post-ménopausiques avec DMO basse (T-score <-2) montre
entre 2,5 mg et 5 mg une augmentation de DMO proportionnelle à la dose après
18 mois de traitement. La tolérance est bonne.
Pamidronate
Ce BP est surtout utilisé en perfusion intraveineuse pour le traitement
des hypercalcémies en particulier malignes, le myélome et la maladie de Paget.
Per os sa tolérance est médiocre.
Les études de ce produit sont de faibles effectifs avec des effets antifracturaires
non prouvés.
La parathormone humaine
Son entrée dans le "monde thérapeutique" des ostéoporoses
est une surprise, puisque nous connaissons en pathologie, l'ostéoporose de l'hyperparathyroïdisme
primitif! Mais là il ne s'agit pas d'une action continue. Le produit utilisé
est la PTH recombinante 1-34 en injections quotidiennes. Sa durée d'action est
alors très brève, on obtient un effet de stimulation des ostéoblastes sans stimulation
des ostéoclastes, elle augmente la densité osseuse lombaire et fémorale, l'épaisseur
des diaphyses et le taux des marqueurs de l'ostéoformation.
Une étude récente présentée par NEER R.M au dernier congrès d'endocrinologie
(Toronto Juin 2000), a étudié versus placebo 2 à 40 µg/jour en injection chez
1637 femmes ménopausées ayant initialement au moins une fracture vertébrale
avec un suivi de vingt et un mois, le risque de fracture vertébrale avait diminué
de 65%! Dans le même temps, le risque de fracture "non vertébrale"
a été réduit de 54%.
L'intérêt de l'utilisation de la PTH est d'être un agent physiologique, ne perturbant
pas le métabolisme osseux. C'est un traitement testé chez des patients ayant
un risque fracturaire important ou une masse osseuse très basse. Les études
ultérieures permettront peut être d'élargir ses indications.
Strontium
C'est un anabolisant osseux employé sous forme de renélate de strontium.
Il s'agit d'un ion, comme le fluor, qui s'incorpore au cristal osseux au sein
de la matrice protéique. Son mode d'action est particulièrement intéressant
puisqu'il stimule la formation de l'os mais aussi il inhibe la résorption ostéoclastique,
il en résulte un bénéfice net et important sur la masse osseuse aussi bien dans
les études expérimentales que dans les études cliniques de phase 2 et 3. Le
résultat d'une grande étude multicentrique évaluant l'efficacité antifracturaire
(STRATOS) est en cours : résultats prévus en 2001.
Statines
Très inattendue est la nouvelle de l'action favorable des stalines (médicaments
hypocholestérolémiants) dans le traitement de l'ostéoporose. Trois études publiées
en juin 2000 (JAMA et Lancet) concluent à une diminution du risque fracturaire
vertébral de 50% chez les sujets de 50 à 60 ans, et de 60% du risque de fracture
du col fémoral chez ceux de plus de 65 ans. Il s'agit d'études rétrospectives
méritant une méthodologie plus stricte et à confirmer par d'autres études.
Les
hormones et facteurs de croissance, la leptine (hormone adipocytaire) sont citées
dans les innovations expérimentales sans étude clinique pour le moment.
CONCLUSION
La prévention
et le traitement de l'ostéoporose post-ménopausique sont mieux codifiés avec
des possibilités d'alternative à la carence oestrogénique. Le THS reste le traitement
préventif le plus efficace avec l'avantage d'effets favorables dans d'autres
pathologies en dehors de l'os.
Pour la prévention et le traitement les Biphosphonates et les SERM ont été bien
évalués, la PTH et le Strontium seront, en fonction des résultats des études
en cours, des solutions d'avenir.
On peut proposer le schéma suivant :
BIBLIOGRAPHIE
1- CORMIER C, "Intérêts
des biphosphonates dans le cadre du traitement de l'ostéoporose postménopausique".
Reflexions rhumatologiques, 1999 : 23, 17-23.
2- CORTET B, "Biphosphonates
et prévention de la perte osseuse postménopausique". Reflexions rhumatologiques,
1999 : 23, 12-16.
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with low bone density but without vertebral fracture : results of the fracture
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et coll, "The effect of raloxifene on risk of breast cancer in postmenopausal
women. Results from the MORE randomized trial". JAMA 1999 : 281, 2189-2197.
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cyclical etidronate for postmenopausal osteoporosis". J. Rheum, 1996 :
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12- WATTS N.B, HARRIS
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postmenopausal osteoporosis". N. Eng. J. Med, 1990 : 323, 73-79.
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