EVITER LA SURVENUE D'UN CANCER INVASIF DU COL DE L'UTERUS PAR LE
TRAITEMENT DES LESIONS PRECANCEREUSES
J.L. MERGUI, S. SANANES, S. UZAN ET J. SALAT-BAROUX
Le traitement des dysplasies cervicales repose sur la notion de précurseur du cancer
du col.
En effet les dysplasies cervicales ne sont pas une maladie en soi, mais nombre d'entre
elles peuvent évoluer, en l'absence de traitement vers une lésion invasive qui risque de
compromettre à terme, la vie de la patiente.
Aujourd'hui en France, malgré un dépistage spontané et individuel, plusieurs
milliers de patientes présenteront un cancer invasif du col de l'utérus.
Le traitement de ces précurseurs s'impose donc dans la mesure où leur dépistage est
possible grâce au frottis cervico-vaginal ; leur diagnostic est aisé grâce à
l'apprentissage de la colposcopie permettant d'apprécier les limites de la lésion et
d'orienter un geste histologique qui permettra d'avoir un certain reflet de la gravité
réelle de la lésion.
Ainsi avant d'envisager le traitement des dysplasies cervicales, il convient de se
baser non pas sur le seul résultat de la biopsie dirigée, mais sur l'ensemble du
trépied diagnostique (cytologie - colposcopie - histologie).
C'est cette triade qui permettra d'orienter le clinicien.
Le but essentiel de ce bilan pré-thérapeutique étant de permettre d'éliminer, avec
le plus de certitude possible, une éventuelle micro-invasion ou invasion.
La stratégie thérapeutique devra donc tenir compte :
- de l'âge de la patiente, de la situation de la zone de jonction, de la concordance
ou non des trois éléments de la triade diagnostique.
Si les trois éléments sont concordants et sont évocateurs d'une lésion de Bas
Grade, si la zone de jonction squamo-cylindrique est bien individualisée par la
colposcopie, le risque de sous-estimer une micro-invasion paraît faible. Il est possible
dès lors :
- soit de surveiller la patiente (en raison du risque de régression spontanée,
surtout chez la femme jeune) ;
- soit de traiter la lésion par destruction sans contrôle histologique (vaporisation
laser, cryothérapie, électrocoagulation) en raison du risque d'évolution de cette
lésion vers une lésion de plus Haut Grade, et à terme vers une lésion potentiellement
micro-invasive ou invasive.
Dans tous les autres cas :
- si l'un des trois éléments de la triade diagnostique évoque l'existence d'une
lésion de Haut Grade ;
- si la zone de jonction squamo-cylindrique n'est pas visualisable ;
- s'il existe une discordance d'un des trois éléments de la triade diagnostique
évocateur d'une lésion plus inquiétante, il convient d'avoir un contrôle histologique
complet de la lésion par un geste de résection.
La technique de celle-ci dépendra de l'expérience de l'opérateur, du matériel dont
il dispose, de la limite supérieure de la zone de jonction.
Quelle que soit la technique utilisée, ce geste de résection doit être pratiqué
sous contrôle colposcopique par un colposcopiste entrainé afin de tenter de réaliser
une résection " sur mesure " .
Le geste de résection doit être si possible adapté à la taille réelle de la
lésion afin de retirer toute la lésion, mais si possible, rien que la lésion
pour ne pas compromettre la fertilité ultérieure de ces patientes, souvent jeunes.
Pour les lésions ne dépassant pas 10 à 15 mm dans le canal endocervical, notre
préférence va pour la résection à l'anse diathermique dont la simplicité, le faible
coût à la fois économique et humain semble supérieur aux autres techniques de
résection à condition d'un apprentissage rigoureux de la technique afin de ne pas
compromettre la qualité de la pièce opératoire seul garant de l'efficacité
thérapeutique.
J.L. MERGUI, S. SANANES, S. UZAN ET J. SALAT-BAROUX* Hôpital Tenon, 4, rue de
la Chine, 75020 Paris.
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