Chapitre XIII
PLACE DES EXPLORATIONS FONCTIONNELLES DU PERINEE POSTERIEUR AU DECOURS
DES ACCOUCHEMENTS DANS LE DEPISTAGE ET LA PREVENTION DE L'INCONTINENCE FECALE
IDIOPATHIQUE.
P. ATIENZA
Introduction
Les explorations fonctionnelles sont venues suppléer au caractère subjectif des
données de l'examen clinique (4). Les plus importantes et couramment utilisées sont :
- La manométrie anorectale
- L'échographie endo-anale (8)
- La défécographie
- L'électrophysiologie périnéale
Citons le test de continence aux liquides et l'étude sensitive (par stimulation
endorectale) de la muqueuse anorectale.
Toutes ces explorations sont réalisables en ambulatoire.
Elles ont été validées par la publication de Roger en 1989 (15) et Sultan en 1993
(17).
La manométrie anorectale et l'écho-endoscopie anale peuvent être effectuées en pré
et post-partum pour des études prospectives relatives aux conséquences de diverses
techniques obstétricales. La défécographie et l'électrophysiologie périnéale,
contre-indiquées chez la femme enceinte, ne sont réalisables qu'au décours de
l'accouchement.
Il est important de respecter le délai nécessaire à la récupération physiologique
du périnée après l'accouchement et réaliser les séances de rééducation habituelles
; le recours aux explorations fonctionnelles périnéales ne se concevant qu'au-delà.
Le caractère reproductible de la manométrie anorectale va permettre de quantifier
objectivement le bénéfice de la rééducation et/ou le résultat fonctionnel de la
chirurgie.
1 - Rappel anatomique
Deux systèmes assurent la continence au niveau anorectal :
- l'un capacitif représenté par le réservoir rectal remarquable par ses
propriétés visco-élastiques permettant de stocker un volume croissant sous faible
pression,
- l'autre restrictif constitué par les deux sphincters anaux. Le sphincter
interne de l'anus (SIA), lisse, est doué d'une activité myogène intrinsèque et
extrinsèque ; il est sous la dépendance du système nerveux autonome. Le sphincter
externe anal (SEA), strié, est composé d'un faisceau superficiel et d'un faisceau
profond lui-même étroitement lié au faisceau puborectal du releveur de l'anus tant
anatomiquement que fonctionnellement. Il est commando par le système nerveux central et
donc soumis à la volonté. Sa contraction efficace excède rarement une minute.
L'innervation du SEA est assurée par les nerfs honteux internes (NHI), issus des racines
sacrées (S2, S3 et S4), qui cheminent dans les canaux d'Alcock. Leur origine fixe et
leurs terminaisons au niveau du plancher périnéal musculo-ligamentaire expliquent le
risque d'étirement avec neuropathie traumatique lors de descentes périnéales sévères.
2 - Physiologie de la défécation
L'appareil anorectal principalement et accessoirement le côlon contribuent aux
mécanismes de continence et de défécation.
- Au repos, le canal anal présente une zone de haute pression, objectivée par
la manométrie. Le tonus du SIA assure 80% de cette pression de repos. Le SEA est
remarquable par son activité tonique basale se traduisant par une activité
électromyographique permanente.
- Au cours d'une hyperpression abdominale brusque (éternuement, changement de
position, rire, …), les mécanismes de la continence sont renforcés par la
contraction du SEA et surtout de la sangle pubo-rectale du releveur majorant l'angulation
anorectale.
- Au cours de la défécation, il existe une coordination parfaite entre la
compliance rectale et les réflexes recto-sphinctériens.
L'arrivée de matières dans le rectum déclenche :
1 - une distension rectale avec sensation consciente du besoin.
2 - l'ouverture de la partie haute du canal anal par relâchement du sphincter interne
(réflexe recto-anal inhibiteur ou RRAI). Elle permet le contact du contenu rectal avec
les récepteurs de la partie haute du canal anal pour identification ; une contraction
réflexe du sphincter externe (réflexe recto-anal excitateur ou RRAE) assure un
renforcement court et concomitant de la pression intracanalaire.
3 - en cas d'impossibilité de déféquer, une contraction du SEA, puissante et
volontaire, permet l'adaptabilité rectale avec disparition de la sensation de besoin.
4 - si la défécation est socialement réalisable, une poussée abdominale permet
l'expulsion des matières fécales à travers l'appareil sphinctérien relâché. Au terme
de l'exonération, une contraction volontaire du muscle strié referme le canal anal.
3 - Les différentes explorations fonctionnelles anorectales
Elles ont permis l'étude des anomalies motrices anorectales. Certaines d'entre elles
sont utiles tant pour l'exploration d'une incontinence fécale que d'une dyschésie (ou
constipation terminale).
31 - La manométrie anorectale (MAR)
Elle nécessite la mise en place d'une sonde à ballonnets ou cathéters perfusés
enregistrant les pressions du canal anal et leurs variations ; un ballonnet intrarectal,
situé à son extrémité, permet la distension rectale.
Elle mesure :
. la pression basale intracanalaire (haute et basse) et la longueur du canal anal
. l'amplitude, la durée et l'adaptation du RRAI aux divers distensions rectales. Elle
confirme l'existence du RRAE
. l'amplitude et la durée de la contraction volontaire
. le volume de première sensation rectale, le volume maximal tolérable
Son caractère indolore permet sa reproductibilité dans un but comparatif. Son
intérêt justifie de garder une trace-papier dans un but comparatif avec enregistrements
ultérieurs.
32 - L'échographie endo-anale (EEA)
Cette technique récente permet la reproduction visuelle des sphincters interne et
externe de l'anus avec une grande précision (7,18). Exploration rapide, indolore, d'une
grande innocuité, elle est parfaitement tolérée par les patientes. L'EEA permet la localisation
des ruptures sphinctériennes (SEA, SIA ou les deux sphincters), leur siège sur
l'anneau sphinctérien et leur hauteur dans le canal anal (haute, moyenne ou
basse).
Les photographies sont analysées et servent de comparaison après réfection
sphinctérienne chirurgicale.
Cette technique d'imagerie a révélé des déchirures sphinctériennes occultes chez
37% des primipares accouchant par voie vaginale. Des altérations sphinctériennes anales
étant retrouvées chez 24% lors de délivrances simples contre 80% lors de l'utilisation
de forceps.
33 - La défécographie
C'est une technique radiologique permettant une étude dynamique de la défécation.
Elle consiste en une opacification rectale utilisant une pâte semi-solide (200 ml)
constituée de baryte, d'eau et de fécule de pomme de terre. L'expulsion de cette
pâte opacifiante est demandée à la patiente assise. Les clichés de profil sont
réalisés, au repos, en retenue et lors de la poussée. Les principaux paramètres
étudiés sont :
. l'angle anorectal défini par l'angle réalisé entre l'axe du canal anal et
la tangente au bord postérieur de l'ampoule rectale dont les valeurs normales sont de
92¡ au repos et 137¡ en poussée.
. l'existence d'une descente périnéale définie par l'abaissement d'un point
situé à la jonction anorectale, défini à partir de la ligne osseuse pubococcygienne.
Une longueur supérieure à 3,5 cm entre l'état de repos et la poussée définie le
périnée descendant.
. la recherche d'autres anomalies associées, rectocèle antérieure et
prolapsus muqueux intrarectal.
Il vient en complément du colpocystogramme de Bethoux donnant une étude dynamique
plus globale du périnée.
34 - Explorations électrophysiologiques périnéales postérieures (EEP)
Nécessitant un plateau technique de moins en moins important, elles ont fait
progresser la compréhension de l'incontinence fécale dite "idiopathique" et
aide au diagnostic des incontinences anales persistantes du post-partum (rupture
sphinctérienne, neuropathie d'étirement, hématome compressif médullaire après
anesthésie péridurale,). Leurs résultats complètent ceux de l'EMG en explorant les
différents segments neurologiques possiblement lésés (nerf honteux interne, segment
radiculo-médullaire, étage médullaire ou système nerveux central sus-jacent).
Les résultats de ces explorations neurophysiologiques précisent le siège de la
lésion et orientent l'imagerie diagnostique par résonance magnétique nucléaire.
Depuis les travaux de Parks (10,11,12) rapportant des lésions histologiques du
sphincter externe de l'anus et du muscle puborectal secondaires à une dénervation, chez
des patients présentant une incontinence anale, l'électrophysiologie périnéale
apparaît d'un intérêt majeur dans l'exploration fonctionnelle proctologique.
Percy (14) a montré que l'innervation du sphincter externe et du faisceau puborectal
serait en fait différente : le premier est innervé par le nerf anal, issu du plexus
honteux, voire parfois directement du nerf honteux interne à son origine. L'innervation
du faisceau puborectal est assurée par des filets nerveux directement issus des racines
sacrées S3 et S4, filets nerveux cheminant dans le plan musculaire et ne pénétrant donc
pas dans la fosse ischiorectale. Le NHI, formé à partir des racines antérieures
sacrées (S2, S3 et S4), assure l'innervation motrice et sensitive de la plupart des
muscles du plancher périnéal superficiel par l'intermédiaire du nerf périnéal et de
ses branches. Le muscle bulbocaverneux, de grand intérêt en pratique
électrophysiologique, tire son innervation à partir du nerf bulbo-urétral.
Enfin le nerf clitoridien chez la femme représente la branche terminale, sensitive, du
NHI.
L'étude électrophysiologique de l'arc réflexe, NHI/métamères sacrés (S2, S3 et
S4), a été mise au point par Swash et Amarenco. Par la suite, Swash (6) développe
l'étude de la latence distale motrice du NHI à l'aide d'une électrode spécifique.
Dans le cadre de l'exploration fonctionnelle proctologique, l'examen
électrophysiologique comprend :
- un examen de détection par électromyographie,
- un premier examen de stimulodétection avec recueil pour étude de la latence du
réflexe bulbocaverneux,
- un second examen de stimulodétection pour étude de la latence distale motrice du
NHI,
- l'étude des potentiels évoqués, corticaux somesthésiques du NHI.
341 - L'électromyographie du sphincter strié anal
Cet électromyogramme (EMG) est réalisé par insertion, sans anesthésie, d'une
électrode dans le SEA ou le faisceau puborectal du releveur afin de recueillir leur
activité électrique et juger leur valeur fonctionnelle. Elle permet d'objectiver :
- l'origine neurogène d'un déficit sphinctérien strié et son caractère
récupérable ou non,
- l'existence de fibres résiduelles striées et apprécier leur qualité avant toute
réparation sphinctérienne ou rééducation.
L'électromyographie conventionnelle permet l'enregistrement de l'activité
sphinctérienne globale, volontaire, automatique et réflexe.
Elle permet en outre de réaliser une cartographie sphinctérienne
("mapping") à la recherche d'un défect localisé.
Cependant pour préciser et quantifier une atteinte neurogène de l'appareil
sphinctérien, s'est développée une exploration analytique, utilisant des aiguilles
concentriques, avec analyse spectrale et en densité de fibres.
L'examen de détection est réalisé avec une aiguille concentrique insérée dans le
muscle. Cette technique est plus douloureuse que par utilisation d'électrodes de surface,
mais l'analyse en est plus fine.
Au niveau du sphincter externe, chaque quadrant est exploré ; il en résulte une
activité tonique permanente. Une activité phasique est déclenchée soit de manière
volontaire, soit automatique, soit réflexe. Le recrutement des unités motrices, à
l'effort volontaire, est apprécié visuellement sur l'écran de l'oscilloscope et
auditivement.
Toutefois, pour apprécier une anomalie du tracé, de type neurogène essentiellement,
les atteintes myogènes demeurant exceptionnelles au niveau périnéal, il est, suivant
Amarenco, préférable d'étudier un muscle dénué de toute activité de repos à l'état
normal : le muscle bulbo-caverneux, superficiel et d'abord aisé chez l'homme, s'y prête
le mieux. Chez la femme et souvent en cas d'atrophie liée à une dénervation, l'abord
est plus délicat et s'effectue par l'intérieur des petites lèvres. Dans ces conditions,
l'examen de repos pourra dépister d'éventuelles anomalies de repos évoquant un
processus neurogène : fibrillations, ondes lentes de dénervation.
Lors de l'effort volontaire seront évalués le recrutement de type temporel en cas
d'atteinte neurogène et la richesse du tracé, simple, accéléré, intermédiaire,
interférentiel.
342 - La latence du réflexe bulbocaverneux.
Ce réflexe se recherche par :
- Stimulation du nerf clitoridien (électrode de contact), le recueil s'effectuant par
l'aiguille insérée dans le muscle bulbocaverneux. La réponse peut s'atténuer par
simple stimulation mécanique du clitoris.
- Stimulation électrique, la réponse est de type polyphasique et comporte une
composante précoce et tardive. Ce réflexe étant polysynaptique, la latence diminue en
fonction de l'intensité du stimulus pour atteindre un seuil minimal, seul pris en compte.
Une latence supérieure à 44 ms ou une absence de réponse signent une atteinte de
l'arc réflexe NHI-métamères sacrés (S2, S3 et S4). Cet allongement a valeur de
diagnostic lésionnel en faveur d'une neuropathie et précise sa topographique au niveau
étage médullaire sacré.
Cependant la latence demeure normale, voire diminuée en cas d'atteinte centrale
suprasacrée. Enfin, elle peut ne pas être augmentée en cas de neuropathie non
démyélénisante, telle une axonopathie.
343 - La latence distale motrice du NHI
La stimulation est portée, par voie endorectale, au niveau de l'épine sciatique, que
contourne le NHI avant de pénétrer dans la fosse ischio-rectale. On utilise une
électrode du St Mark's Hospital (Dantec), à usage unique, s'appliquant sur un gant de
latex au niveau de l'index et comportant une électrode de stimulation à la pointe du
doigt.
Le recueil s'effectue :
- soit par une électrode de surface intégrée et se plaçant en regard du sphincter
externe : on étudie alors la latence distale anale du NHI,
- soit par l'intermédiaire d'une aiguille concentrique insérée dans le muscle
bulbocaverneux, c'est alors la latence distale périnéale du NHI qui est analysée.
Pour Swash (6), les valeurs normales atteignent 2,O +/- O,3 ms à droite et 1,9 +/- O,3
ms à gauche. Il n'y a pas de différence liée à l'âge ou au sexe. Amarenco considère
une valeur normale en dessous de 2,5 ms.
344 - Les potentiels évoqués somesthésiques corticaux du NHI
La stimulation du NHI au niveau du nerf clitoridien (électrodes de contact), permet
l'enregistrement au niveau cortical de réponses évoquées (1).
Les références corticales sont conventionnellement disposées au niveau frontal F2 et
du vertex C2 - 2 cm (système international 1O2O). La réponse recueillie a la forme d'un
W composée d'un premier potentiel positif P4O, dont la latence et l'amplitude sont
pris en compte, un potentiel négatif N5O et un potentiel positif P6O.
La réponse doit être stable et reproductible nécessitant donc un moyennage sur 3
fois 2OO stimulations.
L'intensité du stimulus est de l'ordre de 2 à 3 fois le seuil de sensibilité. La
fréquence est de 3 Hz. La latence du premier potentiel P4O est considérée
normale en dessous de 44 ms. Au delà, elle signe une atteinte des voies sensitives
lemniscales quelle que soit la topographie lemniscale.
De même, la stimulation du canal anal par électrode de surface permet le recueil
cortical de réponses évoquées.
Pour Delechenault (3) existeraient quelques différences selon le choix du lieu de
stimulation : l'intensité utile du stimulus serait supérieure en cas de stimulation
anale, la latence des potentiels évoqués recueillis serait plus tardive chez la femme en
cas de stimulation clitoridienne, identique en cas de stimulation anale. Pour les auteurs,
ces résultats seraient liés aux types de fibres sensitives stimulées avec des vitesses
de conduction de l'influx différentes.
Le seuil de sensibilité électrique correspond à l'intensité minimale du stimulus
perçu par le patient pour des valeurs croissantes, puis décroissantes de cette
intensité.
345 - Indications
L'exploration électrophysiologique trouve son intérêt en proctologie dans
l'incontinence fécale idiopatique et les algies anorectales.
L'incontinence fécale idiopathique est rattachée à une dénervation du plancher
périnéal s'inscrivant dans le cadre d'une neuropathie d'étirement. Lubowski (9) a
montré un lien entre descente périnéale et atteinte du NHI dans sa position distale
aujourd'hui controversé. Si la constipation terminale est une cause connue (5), les
accouchements dystociques en représentent une autre étiologie (16).
L'examen clinique permet le plus souvent d'évoquer la probabilité d'une neuropathie
d'étirement. Les explorations traditionnelles que sont la MAR et la défécographie,
reflets de l'activité musculaire, n'en permettent qu'une approche indirecte.
L'électrophysiologie représente un abord direct, étayant son existence, appréciant sa
sévérité et le pronostic, permettant d'orienter la prise en charge thérapeutique.
L'interprétation des résultats doit évidemment intégrer les données de l'examen
clinique et notamment les antécédents de neuropathie périphérique d'évolution
concomitante au cours d'un diabète sucré, ou d'une intoxication éthylique par exemple.
Par ailleurs, une incontinence fécale apparemment "idiopathique" peut
s'inscrire en réalité en tant que symptôme d'une affection médullaire, tel un syndrome
de la queue de cheval.
C'est pourquoi l'exploration électrophysiologique s'inscrit dans le prolongement de
l'examen clinique général et doit permettre d'orienter le patient vers des explorations
neuroradiologiques ou d'autres explorations électrophysiologiques réalisées en
laboratoire spécialisé.
Les algies anorectales constituent un chapitre caractérisé par des difficultés
nosologiques non encore résolues. Récemment, a été individualisé le syndrome du canal
d'Alcock, lié à la compression du NHI dans son trajet canalaire (2). Le mérite de
l'électrophysiologie est d'en permettre le diagnostic par l'étude bilatérale de la
latence distale motrice et d'argumenter l'indication thérapeutique.
Les explorations électrophysiologiques élargissent le champ des explorations
fonctionnelles en proctologie. Elles s'inscrivent, dans le prolongement de l'examen
clinique et dans la complémentarité des autres explorations. Leurs indications
actuelles, l'incontinence fécale et les algies anorectales en font des techniques utiles
pour explorer l'incontinence anale du post-partum.
35 - L'épreuve de continence aux liquides
Elle permet l'étude dynamique des phénomènes de continence. L'enregistrement
simultané des pressions intrarectales permet d'étudier le comportement du rectum lors de
son remplissage. L'amplitude des contractions rectales et l'importance des fuites sont des
paramètres utiles à la compréhension de l'incontinence. Sa technique, de réalisation
simple, n'empêche pas ses détracteurs de souligner son côté peu physiologique (sonde
anale en place, remplissage rectal exclusivement liquidien).
36 - L'étude sensitive de la muqueuse anorectale
Elles consiste à appliquer des stimuli variés, souvent par électrodes, en
différents points de la muqueuse anorectale afin d'appréhender le rôle du déficit
sensitif dans le trouble de la continence (18).
4 - Conclusion
Les explorations fonctionnelles du périnée postérieur sont devenues des auxilliaires
précieux pour le dépistage et la prévention de l'incontinence fécale dite
"idiopathique" (13) où l'étiologie obstétricale est souvent retrouvée.
Elles se situent toujours en complément d'un interrogatoire et d'un examen périnéal
exhaustif.
Parmi les examens décrits les trois principaux à retenir sont :
. la manométrie anorectale
. l'échographie endoanale
. l'électromyogramme du sphincter anal ; la latence distale motrice du NHI.
Le caractère indolore, facilement reproductible des deux premiers doit les faire
proposer dès que persiste, au décours des séances de rééducation conventionnelle du
post-partum, une incontinence anale (gaz, solides, liquides), fécale (solides, liquides)
ou aux gaz seuls.
La manométrie objectivera le type de l'atteinte sphinctérienne (lisse ou striée
voire mixte) et la diminution de la pression basale ou de l'amplitude de la contraction
volontaire. Elle orientera vers la poursuite de la rééducation par biofeedback avec ou
sans électrostimulation préalable ; le tracé initial servant de base pour juger des
progrès réels.
L'échoendoscopie anale recherche une rupture sphinctérienne, précise son siège, son
type, sa hauteur et guide l'éventuel geste chirurgical réparateur à effectuer au mieux
entre 3 et 6 mois après l'accouchement. Ultérieurement, elle contrôle le bon résultat
anatomique post-chirurgical.
L'électromyogramme et l'étude de la latence distale motrice du NHI objectivent une
dénervation sphinctérienne et/ou une neuropathie d'étirement rendant moins
satisfaisants les résultats fonctionnels d'une réparation sphinctérienne. Ils doivent
toujours être réalisés en pré-opératoire et indiquent la nécessité d'une
électrostimulation précédant la rééducation. L'EMG complète l'analyse échographique
des sphincters en distinguant artefacts et rupture vraie.
Les résultats de ces explorations seront colligés dans un dossier chez les patientes
à risque d'incontinence anale. Lors de grossesses futures programmées, elles pourront
être renouvelées, avant fécondation, pour décider d'une éventuelle voie haute devant
un périnée postérieur déjà altéré.
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Docteur Patrick ATIENZA Unité de Proctologie Médico-Chirurgicale Hôpital des
Diaconesses75012 Paris
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