Quelle place pour la rééducation
? Avant ou après la naissance ?
J. SOUFFIR
La question de la place de la rééducation
dans le « peri partum » ouvre une intéressante perspective
de recul et de réflexion par rapport à nos comportements en la matière.
Si l'intérêt de la rééducation
après l'accouchement, notamment le premier, n'est plus constestable, l'utilité
d'une éventuelle prévention n'est pas réellement traitée.
Le recours aux publications déjà
écrites sur ce sujet est fort décevant.
On se rend compte en effet de trois
points :
- très peu d'études
et d'articles scientifiques lui sont consacrés
- beaucoup d'articles de vulgarisation
sont publiés
- et surtout, la symptomatologie
qui donne lieu à si peu de publications est elle même très réduite
. En effet, elle n'est qu'une part des séquelles possibles de l'accouchement,
l'incontinence urinaire, alors que les jeunes accouchées se plaignent de problèmes
beaucoup plus variés et tout aussi mal vécus.
En fait, le débat qui s'ouvre
dépasse largement les sujets d'articles de référence, et se pose
le problème de savoir s'il s'agit seulement d'une question de prévention.
Nous recourrons aux réflexions
de patientes et à notre vécu, ainsi qu'à un sondage sur un lot d'au
moins 100 patientes qui sera rapporté lors du congrès, (questionnaire
joint) rapprochés du peu de références trouvées pour étayer
notre propos et souligner l'unicité et la spécificité du problème.
L'histoire
Il y a quelques années, le corps médical
s'est intéressé aux patientes se plaignant d'incontinence urinaire. Malgré
les difficultés et les tabous, leurs interrogatoires avaient permis de lier
le début des troubles aux suites du premier accouchement.
Le traumatisme obstétrical a été
mis en cause , du fait des lésions d'étirement causées sur les muscles
du plancher pelvien.
Cela excluait la responsabilité
de l'accouchement par voie haute, à tort, semble-t-il, la grossesse étant
également en cause.
La tentative de rééduquer
cette musculature devenait en théorie légitime.
La rééducation était
composée :
- d'un travail manuel sur les
releveurs de l'anus, sur le mode des exercices décrits par Kegel,
- d'électrostimulation à
partir des travaux de Magnus Fall,
- de biofeedback dont l'appareillage
était peu sophistiqué.
Les résultats sur les symptômes
étaient sujets à caution : en effet, on pouvait restituer une musculature
efficace et ne rien changer ou atténuer sans supprimer les symptômes évoqués,
ce qui apportait de l'eau au moulin de ceux qui n'y croyaient pas !
Cela a conduit à d'autres démarches
de pensée, d'explorations et de thérapeutique, qui ne sont pas notre objet
aujourd'hui.
Revenons à la rééducation
autour de l'accouchement.
Un certain nombre de facteurs de risques
furent regroupés, primiparité, poids des enfants, manœuvres d'accouchement,
déchirures périnéales qui ont justifié pour beaucoup d'obstétriciens,
la prescription d'une rééducation périnéale, plus ou moins systématique,
suivant des facteurs très divers (existence de séquelles, sensibilité
au problème, formation des kinésithérapeutes, localisation urbaine
ou rurale..).
Puis, les choses ont évolué,
avec la reconnaissance de compétence des kinésithérapeutes, la diffusion
de l'information, de la formation, la mise en commun des travaux des différentes
équipes... et surtout l'engouement des femmes et des thérapeutes qui ont
conduit aujourd'hui à une sorte de « mode » du périnée,
avec un développement quasi suspect, le sujet devenant aussi tapageur qu'il
avait été secret et tabou, dépassant là le strict lieu médical.
On peut se faire l'écho aujourd'hui
de plusieurs approches :
- le point de vue médicoscientifique,
qui cherche à évaluer, prouver, poser des indications, débouchant
sur le médicosocial et la santé publique, donc la prévention,
- le vécu des femmes, qui
ont trouvé dans cette rééducation, d'autres réponses que celle
attendue de simple solution médicale à un problème,
- le vécu du kinésithérapeute,
qui adapte ses techniques à une région particulière,
- les publications et l'influence
des médias,
- enfin, la démarche pour
l'avenir.
Le point de vue du médecin
Le gynécologue, l'urologue, le généraliste
ont une formation spécifique, ont appris une démarche diagnostique, s'informent
des données nouvelles, prescrivent. Ils le font selon leur propre sensibilité
et leur conscience du problème.
La justification de leur profession
est d'apporter une solution thérapeutique à un tableau pathologique.
Ils sont donc amenés à réagir
sur un examen clinique particulier, sur des symptômes, sur une demande.
Aujourd'hui, si on leur parle incontinence,
ils peuvent répondre rééducation.
Certains le feront après un accouchement
même s'il n'y a pas d'incontinence.
Mais leur démarche irait elle
jusqu'à penser rééducation dans un but de prévention ? Et dans
quel cas ?
Le point de vue des femmes
Au moment de sa première grossesse et de
son premier accouchement, la femme n'a qu'une information très vague sur son
périnée. Si elle ne se plaint de rien au cours de la grossesse, elle a
quelques échos des amies, des mères, de la presse de vulgarisation, les
unes et les autres parlant de leurs propres problèmes, la presse soulignant
l'existence de la rééducation au cas où... et la nécessité
maintenant connue de rééduquer le périnée avant les abdominaux.
Si elle se plaint de quelque chose
c'est seulement des fuites urinaires. Là, elle en parle à son médecin,
qui la plupart du temps, remet les choses à après l'accouchement.
Après l'accouchement, quatre possibilités
:
- elle ne se plaint de rien,
se voit prescrire une rééducation systématique dont elle ne sait
rien, va ou ne va pas la faire, et découvre une région de son corps dont
elle ne connaît rien, ni la place, ni le fonctionnement, ni l'implication dans
des contrôles fonctionnels intimes qui sont ou auraient pu être perturbés.
Elle découvre en même temps que sa région pelvienne n'est plus tout
à fait la même, qu'elle ressent une gène mal définie : douleur
cicatricielle, inconfort sexuel, pesanteur pelvienne, bruits vaginaux, dont personne
ne lui a jamais parlé. Elle découvre aussi des solutions avec la rééducation,
ressent un intérêt particulier pour la région. Elle demande surtout
des explications.
- la plupart du temps, elle est
très motivée et devient vite partie prenante dans ce qui se devait d'être
systématique. Elle se rend compte alors d'un manque : « je ne savais
même pas qu'il y avait des muscles là », ou « pourquoi
pas avant », ou encore « j'ai appris quelque chose... »
- elle se plaint du symptôme
connu par tous : l'incontinence urinaire. Elle se voit proposer une rééducation,
avec un but, mais se pose avec terreur la question de l'efficacité et de la
disparition ou non de ce symptôme gênant. Elle est d'autant plus motivée
pour sa rééducation, la fait avec assiduité, et découvre également
son périnée et ses fonctions diverses
- elle se plaint d'autre chose
que l'incontinence urinaire (pesanteurs pelviennes, bruits vaginaux, douleurs cicatricielles,
incontinence aux gaz...), se sent d'autant plus seule dans son cas qu'elle est encore
moins informée, en parle ou pas à son médecin. Elle en parlera peut
être au cours d'une rééducation systématique, et ce d'autant
plus qu'on en discutera clairement avec elle.
En fait, c'est le systématique
(sans symptômes), qui a induit la connaissance ; si on n'avait toujours répondu
qu'à l'incontinence urinaire, moins de femmes auraient été informées
!
Aujourd'hui, la revendication des femmes
est de comprendre pourquoi, comment leur corps fonctionne, de se donner les moyens
de se l'approprier totalement.
Les exemples médicosociaux de
ce type sont nombreux, à commencer par le choix et le moment de donner la vie.
Les femmes sont donc demandeuses de
prévention et revendicatives.
Le point de vue du kinésithérapeute
Pour lui aussi, la « démarche périnéale »
est unique.
La rééducation s'adresse
en général à une partie du corps blessée ou fonctionnellement
inefficace, parfois congénitale, en général acquise.
Elle comporte des spécificités
techniques (notamment liées au toucher) et des méthodes assimilables ou
proches de celles d'une gymnastique (entraînement musculaire) ou d'un entretien.
La rééducation, c'est d'abord
la thérapie du mouvement par le mouvement ; c'est la restitution d'une image
du geste, d'amplitudes articulaires, de potentiels musculonerveux, de performances,
c'est le modèle du geste d'autrui qu'on peut reproduire.
Avant l'existence de la rééducation,
tout le monde n'était pas condamné à rester infirme.
Qu'est ce qu'elle apporte donc de plus
?
Tout simplement l'aide de l'autre,
par ce qu'il sait, par ce qu'il est, par ce qu'il touche, par ce qu'il montre et
fait reproduire.
En matière de plancher pelvien,
rien de tel : le sujet ne sait rien, ne sent rien, ne voit rien, n'a pas d'image
à reproduire, ne fait pas le lien avec un mouvement, encore moins avec un symptôme
comme l'incontinence ou le prolapsus.
Tout ce que peut proposer le rééducateur
n'a rien à voir avec ce qu'il a l'habitude de faire : il ne peut pas montrer
un geste dont la patiente n'a aucune représentation, il peut difficilement
objectiver un mouvement, un déplacement, ses mains sont à l'intérieur
du corps du sujet, dans une intimité dont personne encore ne dit rien !
Il entre de plain pied dans l'intimité
de la patiente et ce qui, à la longue, devient peut être banal pour lui,
ne l'est jamais pour elle.
De plus, une patiente au périnée
traumatisé, en l'occurrence par l'accouchement, doit trouver un schéma
sensori-moteur normal alors qu'elle n'a pas de référence au normal. En
fait, elle apprend et ne réapprend pas.
Pour le ré éducateur, la
démarche préventive mettrait au moins la région périnéale
dans une sorte d'« égalité » sensorielle et motrice
avec les autres régions du corps et faciliterait grandement son approche après
l'accouchement.
Les médias
L'incontinence, l'accouchement, le périnée
ont pris une grande place dans les médias de vulgarisation médicale grand
public.
La publicité s'empare volontiers
du thème incontinence parce que c'est un marché porteur à la mesure
du handicap et de la terreur qu'il déclenche.
Elle dévie le problème vers
la banalisation et la complicité, en le minimisant d'abord, puis en présentant
des couches et des palliatifs, certes, mais c'est plus petit, plus joli, plus coloré,
plus parfumé, en somme presqu'à la mode.
Les femmes photographiées sont
jeunes, souriantes, modernes... Et celles qui voient ces publicités, loin d'être
rassurées sont au contraire, terrorisées !
Certains articles vont jusqu'à
présenter des chiffres apparemment scientifiques, expliquant qu'un fort pourcentage
de jeunes accouchées, quand elles souffrent d'incontinence, n'ont pas le réflexe
de s'adresser... Au plus proche conseiller en garnitures de toutes tailles et de
toutes absorptions !
Comment s'étonner dans ce cas
que les femmes n'aient qu'une pensée : comment prévenir et éviter
cela ?
Réponse largement donnée
par de très nombreux articles.
Une simple recherche sur deux ou trois
mots clefs : plancher pelvien, prévention, accouchement, (sans même aller
jusqu'à l'incontinence), sur les sites francophones et anglophones permet de
trouver une énorme quantité d'articles de vulgarisation conseillant la
pratique d'exercices périnéaux de manière préventive au cours
de la grossesse.
Très peu sont dissociés de
la grossesse, comme si seule la maternité faisait exister cette région.
Certains, cependant, font référence au bénéfice, par cet intermédiaire
d'un renforcement du plaisir sexuel, mais comme « de surcroît ».
Les sites francophones ne parlent absolument
pas de prévention, décrivent les problèmes et sont très peu
explicites sur l'anatomie, les exercices etc.
Les sites anglophones, très diserts
sur la prévention, sont très fournis en images anatomiques et en description
d'exercices.
Tous ceux qu'ils proposent sont à
pratiquer toute seule, seulement verbalisés et décrits, éventuellement
avec des appareils d'évaluation et de musculation externes, chers (home work),
insistant surtout sur des répétitions d'exercices très fréquentes
(de 60 à 500 / j) et sur une durée très longue (3 à 6 mois,
reconductibles si résultats insuffisants).
Quelques schémas anatomiques tentent
de préciser l'aspect de la région et quelques images sont données
pour tenter un repérage approximatif.
Le mode de pratique est particulier
et sans support physiologique justifié : contractions alternativement longues,
rapides, avec repos, sans repos, comptant sur le fait que la femme fait obligatoirement
bien le mouvement.
La notion de confusion désormais
classique avec d'autres groupes musculaires est présentée comme fondamentale,
mettant en garde contre ce qu'il ne faut pas faire, expliquant que quand on ne fait
pas tout ce qu'il ne faut pas, on finit par faire ce qu'il faut !
Il y a sûrement du positif dans
cette démarche qui a au moins le mérite d'exister et certaines femmes
y glanent une information, sinon une aide.
Les articles médicaux scientifiques
Trois publications et études peuvent être
rapportées sur le sujet :
La première, randomisée,
en double aveugle, en français, a été présentée en 1998.et
concernait 253 patientes (117 en éducation, 136 pour le groupe témoin)
accouchées seulement par les voies naturelles.
Elle concerne la prévention contre l'incontinence
du post partum par une éducation périnéale dans le prépartum.
Elle distingue la notion de maintien
de qualité des muscles releveurs et l'incontinence.
Elle conclut à un meilleur maintien
de la qualité des releveurs à 3 mois de l'accouchement pour les patientes
« éduquées », mais à une différence non
significative sur l'apparition d'une incontinence.
Le deuxième article, en anglais,
paru en Juin 2003, au Canada, compile les articles déjà publiés et
compare l'efficacité des exercices périnéaux précédant
l'accouchement à ceux suivant l'accouchement sur l'incontinence urinaire du
post partum.
- il reprend toutes les études
sérieuses et référencées basées sur la pratique d'exercices
périnéaux dans le prépartum
- il retrouve 12 études
évaluant le rôle des exercices en prépartum, dont trois randomisées
avec un groupe contrôle
- et 12 études évaluant
le rôle des mêmes exercices en post partum, dont 4 randomisées avec
groupe contrôle
- toutes les patientes étaient
primipares
- toutes les études étaient
validées et performantes
- Résultats : la pratique
d'exercices prépartum, utilisant le biofeedback (instrumental) et un training
personnel (seulement décrit), ne réduit pas de façon significative,
à trois mois, le nombre d'incontinences urinaires, et ne met pas en évidence
l'accroissement de force musculaire du plancher pelvien.
La pratique d'exercices post partum,
avec un dispositif vaginal produisant des résistances ou du rétrocontrôle
réduisait de façon conséquente les incontinences urinaires, et montraient
un réel renforcement musculaire, également à J + 90.
Les dispositifs vendus pour rendre
performants les exercices de Kegel sont inefficaces, même en post partum.
La conclusion de cette étude soulignait
:
- le manque d'efficacité
d'exercices pratiqués seule en prépartum
- l'efficacité des exercices
en post partum bien conduits
- et surtout le manque d'études
sur la prévention des incontinences anales et des prolapsus, comparées
au nombre d'études sur l'incontinence urinaire
Le troisième article, de février
2003 émane de l'équipe norvégienne avec K. BO, randomisée, simple
aveugle, validée, sur des patientes nullipares.
Son objet était d'évaluer le rôle
de la pratique intensive d'exercices périnéaux pendant la grossesse sur
le risque d'incontinence urinaire à 3 mois :
- 301 patientes : 148 en groupe
d'entraînement, 151 en groupe de contrôle,
- le groupe d'entraînement
travaillait 12 semaines avec un physiothérapeute, le groupe de contrôle
recevait seulement les explications et travaillait seul
- un résultat concernait
l'incontinence urinaire, un deuxième l'évaluation des releveurs,
- une réduction significative
du nombres de patientes souffrant d'incontinence était rapportée : 32
% entrainées contre 48 % en groupe contrôle souffraient d' une incontinence
à 36 semaines, 20 % contre 32 % à trois mois de l'accouchement.
- les résultats sont identiques
sur l'accroissement de la force musculaire du plancher pelvien.
Ce qui différencie les deux études
est donc :
- la conduite par un thérapeute,
- l'intensité de l'entraînement
musculaire
L'étude de K. BO induit toute
une série d'articles la commentant, recommandant une pratique grand public
avec des exercices décrits. Les grands points en sont :
- la difficulté de dissociation
musculaire avec une batterie de positions facilitantes,
- des répétitions d'exercices
travaillant uniquement l'existence de la contraction et le temps de tenue,
- l'absence de rôle d'un
thérapeute,
- la durée de pratique pouvant
aller à 1 an, renouvelable,
- les souhaits de bonne « chance »,
stimulés par 2 chiffres : 60 % des femmes voient éliminer ou disparaître
les fuites, et même 70 ans, on peut encore progresser !
Tous les articles insistent sur le
faible coût de cette tentative thérapeutique et sur l'absence d'effets
secondaires.
Aucun ne parle de tous les autres problèmes
liés à l'accouchement par voie basse : incontinence anale et prolapsus
cités une seule fois, béances vaginales et bruits vaginaux, incontinences
aux gaz, pesanteurs pelviennes, douleurs cicatricielles, jamais cités.
Aucun ne parle des conséquences
des accouchements par voie haute.
Parmi la cohorte d'autres articles,
on note la fréquence de ceux pour qui la césarienne est le moyen préventif
d'éviter l'incontinence post partum, contredits par d'autres, surpris de constater
par leurs séries que l'accouchement par voie haute ne réduit pas le risque
de dysfonctions du plancher pelvien.
L'avenir
Il se pose en termes de savoir quelle serait l'utilité
de modifier le comportement actuel et dans quel sens.
Le première interrogation est
d'ordre scientifique et physiologique :
- la rééducation joue
sur le renforcement musculaire des releveurs et indirectement des forces de continence
à l'effort : il semble évident que le premier accouchement, créant
une vraie lésion d'étirement, coûte un certain prix, net mais difficile
à évaluer sur la force des releveurs. Aborder l' accouchement sur des
muscles de la meilleure qualité possible leur laisserait un niveau de séquelle
moindre et une meilleure capacité de lutter contre les incontinences d'effort,
- on peut penser la même
chose à propos de leur rôle de maintien de la statique pelvienne et de
soutènement des organes du petit bassin,
- en prévention, elle ne
jouera cependant aucun rôle sur le système de suspension, aucun rôle
sur les lésions du sphincter urétral et anal, aucun rôle sur la sidération
immédiate des fibres musculaires et nerveuses étirées ou coupées.
Elle ne changera rien non plus aux béances vaginales, ni au risque cicatriciel.
La deuxième est d'ordre médico
social : si on peut penser qu'il n'y aucune raison autre que taboue à ce que
les femmes connaissent l'existence, le fonctionnement et le lieu de leur plancher
pelvien, est ce à la médecine de permettre cette connaissance en dehors
de toute pathologie ?
Cela justifierait, sans rapport particulier
avec la maternité, l'existence d'articles de vulgarisation bien faits, appelant
les choses par leur nom, expliquant le travail du périnée comme de tout
autre structure musculaire du corps.
Cela permettrait aussi que les femmes
qui n'accouchent jamais ne soient pas privées de cette connaissance ; l'expérience
de la consultation montre bien d'ailleurs que beaucoup de femmes ont des problèmes
de périnée (incontinence, prolapsus, inversion de commande...), alors
même qu'elles n'ont jamais accouché !
On pourrait imaginer que les gynécologues
et les généralistes, au cours des consultations systématiques, évaluent
les muscles de leurs patientes, et conseillent si c'est nécessaire, un travail
en expliquant rapidement le rôle de ces muscles et l'inconvénient qu'il
y a à ignorer la région.
Il pourrait dépister les agénésies,
si elles existent, des releveurs, il pourrait prévenir les risques liées
à la constipation, aux efforts, aux incontinences ou aux troubles mictionnels
préexistants.
Le problème devenant plus aigu
dans la perspective d'un accouchement, à fortiori chez les sujets à risque,
l'évaluation musculaire deviendrait primordial, et le recours au kinésithérapeute
en début de grossesse, plus utile.
Celui ci doit pouvoir, en un nombre
limité de séances, expliquer à la future maman quels sont les risques
encourus lors de la grossesse et de l'accouchement, lui montrer des exercices à
refaire et superviser cette pratique ; resterait à la femme la responsabilité
de faire ou de ne pas faire ce travail.
La troisième est d'ordre kinésithérapique
: l'évolution de la conception dans toutes les équipes qui travaillent
sur le domaine va dans le sens d'une dynamique fonctionnelle du plancher pelvien.
Toutes s'éloignent d'une conception strictement instrumentale où la plus
grande place est donnée à l'électrostimulation et aux techniques
passives.
Si on peut imaginer une prévention
pour le périnée, on ne peut pas imaginer qu'il soit dissocié de sa
lutte contre la pesanteur et dans l'effort.
Cela suppose une formation solide des
thérapeutes et surtout l'assurance que quand une rééducation est
prescrite, elle sera réalisée sérieusement et en tenant compte de
la réalité quotidienne des activités de chaque patiente.
La dernière est dans le camp de
la recherche et de toutes les études qui restent à faire, aussi bien sur
le plan du scientifique, du médicosocial, du problème de société,
de la revendication des femmes. Nous sommes là très loin d'un simple problème
de rééducation.
Si les risques liés à l'accouchement
sont déjà évalués, il serait temps d'évaluer le type de
lésions organiques engendrées, les techniques et leur rôle réel
sur ces lésions, le bénéfice ou non d'un travail conduit par un rééducateur.
En fait, la prévention existe
déjà du fait des femmes, qui se chargent bien de diffuser l'information
et le retour en arrière semble bien difficile à imaginer.
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AK, HANNESTAD YS, HUNSKAAR S. Urinary incontinence after vaginal Delivery or cesarean
section. N Engl J Med 2003; 348 : 900-7 396 J.
SOUFFIR QUESTIONNAIRE
NOM : Prénom :
Age :
Vous venez d'accoucher pour la première
fois et vous êtes en cours de rééducation. Merci de répondre
à ces quelques questions.
1 - Depuis combien de temps (en
semaines) avez-vous accouché ?
2 - Avez-vous eu un accouchement
? (cocher la case correspondante)
n par les voies naturelles
n par césarienne
3 - La rééducation
(cocher la case correspondante)
n vous a-t-elle été prescrite
de façon systématique par votre médecin ?
n l'avez-vous demandée ?
4 - Si vous l'avez demandée,
pourquoi ou sur les conseils de qui ?
5 - Vous plaigniez-vous au début
de la rééducation d'un symptôme quelconque ?
n non
n oui
(Si OUI, cochez les mentions, il peut y en
avoir plusieurs)
n incontinence urinaire
n urgence mictionnelle
n incontinence fécale ou aux gaz
n pesanteur pelvienne
n douleurs aux rapports
n bruits vaginaux
6 - Si vous aviez eu connaissance
de ce type de rééducation, auriez-vous souhaité en avoir bénéficié
AVANT votre accouchement ?
7 - A votre avis, en quoi cela
vous aurait-il aidé ?
QUELLE
PLACE POUR LA RééDUCATION ? AVANT OU APRèS
LA NAISSANCE ? 397
398 J.
SOUFFIR QUELLE
PLACE POUR LA RééDUCATION ? AVANT OU APRèS
LA NAISSANCE ? 399
400 J.
SOUFFIR QUELLE
PLACE POUR LA RééDUCATION ? AVANT OU APRèS
LA NAISSANCE ? 401
402 J.
SOUFFIR QUELLE
PLACE POUR LA RééDUCATION ? AVANT OU APRèS
LA NAISSANCE ? 403
404 J.
SOUFFIR QUELLE
PLACE POUR LA RééDUCATION ? AVANT OU APRèS
LA NAISSANCE ? 405
406 J.
SOUFFIR |