|
* p < 0.001 Ils ont été extraits par voie haute à deux exceptions près, dans lesquelles l'indication était maternelle et les chances de survie n'a pas paru justifier une intervention césarienne. L'indication de l'extraction a été à la fois maternelle et foetale dans la moitié des cas, maternelle pure pour 37 enfants, exclusivement foetale chez les 23 derniers (tableau 2).
Tableau 2 : Indication de l'extraction prématurée..
Il apparaît ainsi des différences sensibles entre ces trois groupes, en termes d'âge gestationnel et de poids de naissance :les enfants extraits sur indication materno-foetale sont plus immatures à poids égal, et donc moins souvent porteurs d'un RCIU. L'incidence de la maladie des membranes hyalines (MMH) a été globalement de 61.5 % (tableau 3). Tableau 3 : Incidence de la maladie des
membranes hyalines dans l'ensemble de la population et en fonction de la croissance
intra-utérine
* p < 0.05 Le risque est significativement diminué chez les RCIU (O.R. = 0.4 [0.17 - 0.92], p = 0.031). Les résultats sont homogènes quel que soit l'âge gestationnel et l'ajustement sur ce dernier ne les modifie pas. Une ou plusieurs échographies transfontanellaires(ETF) ont été réalisées chez 103enfants(tableau 4).
Tableau 4 : Incidence des hémorragies intra et
périventriculaires et des leucomalacies périventriculaires chez les éxaminés et en
fonction de la croissance foetale
L'ETF est restée normale tout au long de l'évolution dans 61 observations(59%);il a été observé une hémorragie de grade I ou II(Papile) chez 31enfants(30%);l'aspect a été celui d'une hémorragie au grade III dans 8 cas, au grade IV une fois ;deux enfants enfin étaient porteurs de lésions excavées de leucomalacie périventriculaire. La fréquence et la gravité de ces complications ne sont pas corrélées dans cette population à l'âge gestationnel. La croissance intra-utérine n'influe pas sur le risque (O.R. = 1.26 [0.54 - 2.91] ;p = 0.59) ni sur la gravité (O.R. = 1.42 [0.35 - 5.74] ; p = 0.62). Les données hématologiques de la première semaine sont disponibles dans toutes les observations (tableau 5).
Tableau 5 : Résultat des hémogrammes
réalisés pendant la première semaine
D : Décès L'incidence des perturbations hématologiques est significativement plus élevée (p = 0.025) chez les RCIU que chez les eutrophiques. Quarante-trois enfants ont présenté une thrombopénie isolée(<150000/ mm3), six une neutropénie isolée (<1500 / mm3) ;32 présentaient à la fois une thrombopénie et une neutropénie. Toutes anomalies confondues, le risque de perturbations graves de l'hémogramme est trois fois plus élevé chez les RCIU (O.R. = 3, I.C. [1.4 - 6.7] ; p = 0.008). C'est seulement dans ce groupe que s'observe une neutropénie isolée. Le risque de décès en outre varie très significativement en fonction de l'hémogramme. L'odds ratio est de 3.8en cas de thrombopénie isolée(I.C [1.02- 14.04]; p=0.046);il est de 9.7si la thrombopénie est associée à une neutropénie (I.C. [2.79 - 33.8] ;p < 0) Vingt-huit enfants - 24% - sont décédés en période néonatale. Dans le même temps, la mortalité néonatale des enfants de même caractéristiques hospitalisés dans le service, toutes causes de prématurité confondue et une fois les malformations létales exclues, a été strictement comparable: 23.9%. La mortalité est la même chez les eutrophiques et les RCIU. L'âge moyen des 28 enfants au moment du décès était de 7.8jours avec des extrêmes comprises entre J0 et J27. Elle est plus élevée chez les enfants extraits sur indication mixte, materno-foetale. Surinfections systémiques, maladie des membranes hyalines et hémorragies intracrâniennes sont les principales causes de la mort (tableau 6). Les différences n'atteignent pour aucun paramètre le seuil de significativité.
Tableau 6 : Caractéristiques des enfants décédés et
description de la cause principale du décès
Cette expérience prête à un certain nombre de commentaires. Les complications respiratoires de la prématurité ont tenu une place prédominante dans la morbidité et la mortalité néonatales, d'autant plus importante que les enfants sont plus prématurés. Il a été longtemps attribué un effet "protecteur" de la maladie hypertensive maternelle sur la maturation pulmonaire(26). Non seulement il n'a pas été retrouvé par d'autres auteurs (27, 28) mais c'est le constat inverse qui a été rapporté, récemment (18) : dans une population d'enfants nés de mère hypertendue, avec un âge gestationnel inférieur à 34 semaines ou un poids inférieur à 1500 grammes, l'incidence était de 65% contre 51% chez les enfants de mère normotendue, comparables pour le poids mais plus immatures. Notre expérience corrobore ces conclusions. De la même façon il est classique d'affirmer que le RCIU accélère la maturation pulmonaire : non seulement l'incidence de la MMH est plus faible chez les RCIU de cette série, mais la différence n'est pas significative (p < 0.05). L'efficacité même de la prévention par les corticoides a été controversée dans ce contexte :constatée par Lamont (29), elle n'a pas été vérifiée ailleurs(30). On peut expliquer les divergences relevées dans la littérature par la prématurité plus importante des enfants rapportés dans les études les plus récentes, y compris celle-ci. Cette question a cependant sensiblement évolué depuis 1989: l'adjonction de la TRH aux corticoïdes (31), le recours systématique aux surfactants exogènes, la sophistication des techniques de ventilation (32) constituent autant d'avancées sensibles tant préventives que thérapeutiques. La part élevée des infections systémiques relève de plusieurs explications. Une neutropénie est présente chez 38 enfants sur 117, comme chez la moitié des enfants nés de grossesses compliquées d'hypertension sévère dans l'étude de Koenig (33). Elle n'est isolée que chez les RCIU. Elle est associée à une thrombopénie avec une égale fréquence chez les eutrophiques et les RCIU (25 vs 29 %). Le pronostic de cette association est péjoratif puisque la mortalité s'élève alors à 47 %. La discussion pathogénique la mieux argumentée plaide en faveur d'une inhibition de la production des granulocytes par un facteur d'origine placentaire qui reste à identifier (34). On constate tout aussi fréquemment dans ce contexte (15, 35, 36) des ileus prolongés que nous avons constatés à maintes reprises sans les répertorier. Ils sont un facteur favorisant de la prolifération dans la lumière intestinale de germes gram-négatifs exprimant l'écologie bactérienne des unités de néonatalogie. Le tube digestif dans ces conditions est le point de départ de bactériémies qui contribuent aux formes graves d'infections systémiques. Ils ne sauraient être imputés comme l'a fait Brazy à un passage transplacentaire de sulfate de magnésium puisqu'il n'a été utilisé dans aucune observation. On peut par contre invoquer encore le rôle d'une diminution prolongée du flux mésentérique, au delà de la naissance (37) analogue à celle observée au niveau des artères rénales (38). Cette dernière a été fréquemment à l'origine d'insuffisances rénales transitoires dans la population qui fait l'objet de cette étude :elles n'ont pas été inventoriées en raison de la difficulté de quantifier leur gravité dans une éude rétrospective. Tout au plus peut-on noter que l'insuffisance rénale n'a été la cause principale du décès que dans une observation. Quant aux complications cérébrales ischémiques et hémorragiques, leur incidence à l'échographie n'est pas plus élevée que dans la population générale de même âge gestationnel : ce constat a déjà été fait par d'autres (39). Avant même le travail de Leviton, on tendait à considérer que naissance avant travail par voie haute et toxémie gravidique sont associées à un moindre risque d'HIV(40) et de nécrose hémorragique de la substance blanche(41). La thrombopénie parait extrêmement banale dans ce contexte puisqu'elle est présente dans 75 observations. Le décès n'est imputable directement à un syndrome hémorragique que dans sept cas. Par contre la thrombopénie est hautement corrélée à la mortalité :celle-ci est de 35% en cas de thrombopénie, alors qu'elle n'est plus que de 5% quand le taux des plaquettes est supérieur à 150 000 (p < 0.001). La mortalité globale est élevée si on ne prend pas en compte l'hétérogénéité d'une cohorte qui inclut des enfants ayant tous fait l'objet d'un transfert, primaire ou secondaire. C'est la raison pour laquelle elle a été comparée à celle de l'ensemble de la population relevant de la même définition hospitalisée dans le Service dans la même période - et relevant de la même hétérogénéité. Il apparaît alors que les taux sont strictement superposables et que, globalement, la pathologie maternelle ne modifie pas fondamentalement le pronostic néonatal, à âge gestationnel égal. Un travail récent comparant la mortalité périnatale des enfants nés dans un contexte de prématurité spontanée et provoquée avait abouti à la même conclusion(42). le devenir à moyen termeCes enfants font l'objet d'un suivi régulier à la consultation du Service. Le suivi des plus anciens a été abandonné à l'âge de sept ans. Les plus jeunes ont été revus à l'âge de trois ans et demi. Deux enfants sont décédés au delà de la période post-néonatale, dont une à 5 ans d'un état de mal convulsif imputable aux séquelles neurologiques de la période périnatale. Des 87 enfants survivants, quatre seulement ont été perdus de vue à deux ans et tous les autres ont été examinés à deux ans d'âge corrigé de la prématurité. Soixante neuf, soit 83.1 %, sont indemnes de toute séquelle. Même s'il existe globalement chez les enfants porteurs de séquelles une sur-représentation des RCIU, les différences ici encore sont en dessous du seuil de significativité (tableau 6). Le nombre d'enfants perdus de vue dans la série que nous rapportons est remarquablement faible et plusieurs explications peuvent être proposées. Nous n'en retiendrons qu'une :ces enfants ont fait l'objet de la part de leurs parents d'un investissement tel que la surveillance régulière en consultation est perçue plus comme un service que comme une contrainte supplémentaire, bien que le rayon d'habitation de ces familles soit de 120 km. Le nombre absolu des séquelles est d'appréciation difficile et tout au plus peut-il etre considéré comme relativement faible, comme dans une étude antérieure(Huisjes). Il nous parait préférable de considérer celui des séquelles "mineures" qui représentent la majorité des cas. Elles concernent dans leur grande majorité des RCIU sans que la différence toutefois soit significative. Le qualificatif "mineur" n'autorise pas à les sous-estimer dans la mesure où il a été démontré qu'elles sont souvent prédictives de difficultés ultérieures et notamment scolaires (43). On a démontré par ailleurs qu'il était abusif d'être rassuré par le quotient de développement chez les RCIU (44). Malgré les réserves émises plus, tout plaide en faveur d'un suivi plus prolongé de ces enfants. Ses résultats seront rapportés lors de la présentation orale de ce travail. En tout état de cause la mortalité néonatale, les séquelles qui grèvent le pronostic d'un certain nombre des enfants survivants incitent à un traitement aussi "conservateur" que possible(17, 45):les indications d'extraction aussi précoces doivent etre discutées cas par cas et les décisions argumentées rigoureusement. On conçoit dès lors l'intérêt des perspectives de prévention efficace des complications vasculaires de la grossesse par l'aspirine (46), en dépit des conclusions discordantes des études les plus récentes (47). en conclusion Dans la mesure où l'indication d'interruption de la gestation parait indiscutablement justifiée parce que la viabilité du foetus est sûrement et définitivement compromise, le pronostic à court et moyen terme à partir de cette expérience justifie une politique agressive dès avant 32 semaines. L'existence d'un retard de croissance intra-utérin ne constitue pas un élément de pronostic péjoratif. A partir de l'analyse de la mortalité et de la morbidité, le recours aux surfactants exogènes, aux concentrés plaquettaires et aux transfusions de globules blancs devrait permettre une amélioration du pronostic immédiat. La fréquence relative des séquelles "mineures" à deux ans impose un suivi prolongé de ces enfants. TABLEAUX Tableau 7 : Devenir à 2 ans des 89 enfants survivants au
delà de la période néonatale
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