Session andropause Les nouveaux traitements de
l'homme vieillissant : quelques
conseils à l'attention de la partenaire
M. LACHOWSKY
Absence d'érection ne signifie pas absence
de désir, encore moins d'amour.
« Tu aurais dû me dire que
tu n'avais pas envie ». Mais si justement il en avait envie.
« Tu me trouves trop grosse, trop
ou pas assez... ceci ou cela ». Comment peut-il alors se racheter ?
Attention, l'enfer est pavé de bonnes intentions
« Cela peut arriver à tout le monde...
» oui, mais pas à LUI devant VOUS, et d'ailleurs que savez-vous des autres
?
« J'en ai parlé à mon
médecin, il m'a dit... » A vous, hors de sa présence, et sans lui
en avoir demandé l'autorisation ?
« Bien des maris d'amies de ton
âge sont dans la même situation... » A qui d'autres en avez-vous
parlé, le voilà maintenant exposé sur la place publique, avec bien
entendu une notion de ridicule.
Andropause = andropeur = andropertes.
Le voilà dévoilé dans sa fragilité, au risque renouvelé
de ne pouvoir donner la preuve de sa masculinité, de ne pouvoir vous la donner.
La partenaire est la meilleure alliée, le meilleur instrument du succès,
si elle le veut bien. Selon qu'il s'agit d'un couple ancien, d'une rencontre récente,
ou d'une tentative épisodique à visée exploratrice, la donne est
bien entendu différente, comme l'enjeu d'ailleurs.
Les mots, les attitudes, les gestes
et les regards, peuvent blesser ou panser cet homme qui a peur, peur de lui-même,
peur de vous, de ses réactions et des vôtres.
Alors que faire ?
- En rire, ... oui, si vous arrivez à
en rire ensemble : rien de plus salvateur que l'humour.
- En pleurer, ... oui, si vous
arrivez à vous consoler et cajoler ensemble.
- Se taire, ... non, car les
non-dits laissent toute la place à l'imagination. La honte est silencieuse.
- Parler, ... oui, mais avec
lui et pas seulement à lui, et surtout pas de lui. Parler plutôt que EN
parler, l'aider à parler.
- Ne pas refuser ni dévaloriser
les rapports avec prise de traitements de l'érection : la nécessité
d'un stimulant n'est pas preuve de la perte de votre pouvoir de séduction ni
d'un désamour.
- Ne pas refuser mais au contraire
valoriser la sexualité : tous les contacts physiques, les caresses, les explorations
propices au plaisir partagé même et surtout sans essai de pénétration.
Ainsi le sentiment de risquer de rater l'examen ou d'avoir à faire sa preuve
s'estompe.
Ne pas oublier que l'homme accepte
souvent moins bien que la femme les pertes liées au vieillissement, il a moins
l'habitude de gérer son capital santé et ne sait devant cette virilité
à éclipses à qui, où et comment aller demander de l'aide.
Le plus épineux peut-être
pour la partenaire est de provoquer ou seulement de conseiller une consultation
spécialisée (laquelle ? médecin de famille, urologue, sexologue,
psy, ou l'une et l'autre ?) mais aussi d'accepter d'ignorer si elle a ou n'a pas
eu lieu. La médicalisation a entre autres effets positifs celui de transformer
une situation de vaudeville en pathologie officiellement reconnue et, pourquoi pas,
curable.
Retenons aussi que le silence qui a
durant des siècles entouré la qualité de vie sexuelle est aujourd'hui
remplacé par un vacarme médiatique non moins délétère.
Rumeurs d'exigence et images de performance risquent tout autant de transformer
désir et hasard en besoin et nécessité statistique. Vie privée-vie
publique, opérations portes ouvertes aux ragots, pornographie, confusion entre
mécanique des corps et des cœurs, quelle place reste-t-il dans ces industries
pour cet artisanat vieux comme notre monde, faire l'amour ?
538 M.
LACHOWSKY |