Association testostérone-inhibiteurs de
la phosphodiesterase de type 5 : nouveau couplé gagnant chez l'homme vieillissant
?
J. BUVAT
La testostérone a longtemps constitué
le premier recours dan le traitement des problèmes sexuels masculins, particulièrement
chez le sujet âgé. Mais bien qu'il fasse peu de doute qu'elle joue un
rôle important dans le contrôle de la fonction sexuelle de l'homme, force
a été de constater que ses effets thérapeutiques étaient décevants,
même en cas de déficit androgénique associé. A tel point que
certains en sont venus à lui dénier toute importance dans le contrôle
de la fonction sexuelle, une fois passé le stade de la puberté, et tout
intérêt dans le traitement des problèmes sexuels, particulièrement
des troubles de l'érection. L'avènement des inhibiteurs de la phosphodiéstérase
de type 5 (PDE5) semblait d'ailleurs devoir apporter une solution efficace à
la plupart de ces problèmes d'érection.
Quelques années plus tard on connaît
mieux les limites des inhibiteurs de la PDE5. Plusieurs études suggèrent
particulièrement que leur efficacité pourrait être conditionnée
par un taux minimal de testostérone circulante. De plus ils ne solutionnent
pas les problèmes de désir souvent associés chez le sujet avec déficit
androgénique. Aujourd'hui un nombre croissant d'arguments plaide en faveur
d'une association testostérone-inhibiteurs de la PDE5 chez nombre d'hommes
vieillissants, souffrant de problèmes d'érection et présentant un
taux faible de testostérone. Les références appuyant ces données
ne pourront toutes être citées du fait de la limitation de leur nombre
imposée aux auteurs de ce livre.
Testostérone et fonction sexuelle de l'homme : données
physiologiques
Les études réalisées chez les hommes
hypogonadiques, particulièrement celles qui ont comparé les effets de
l'administration de différentes doses de testostérone, ou de l'administration
de testostérone à ceux d'un placebo, ont démontré que le désir
et l'excitation sexuelle, les érections spontanées, qu'il s'agisse des
érections nocturnes ou matinales, la fréquence de l'éjaculation et
la proportion des actes sexuels aboutissant à un orgasme, sont nettement dépendants
de la testostérone. Les érections psychiques le sont également, mais
à un moindre degré (1, 2). Ces effets de la testostérone sont dose-dépendants
jusque un niveau seuil, ou plutôt plafond, proche de la limite inférieure
de la norme pour l'homme adulte. Selon Salminies et coll, ce plafond varierait selon
les individus de 2 à 4,5 ng/ml. Dans leur étude, fréquence et qualité
de l'activité sexuelle étaient toujours altérées au dessous
de 2 ng/ml, et toujours optimales au-dessus de 4,5 ng/ml. Entre 2 et 4,5 ng/ml,
elles étaient ou non optimales selon le degré de sensibilité aux
androgènes de l'individu.
Si la dépendance hormonale des
érections nocturnes et matinales ne fait plus de doute, le rôle de la
testostérone dans le contrôle des érections qu'on pourrait qualifier
de « sexuelles », car résultant de stimuli sexuels et utilisées
pour l'activité sexuelle, est plus discuté. Beaucoup pensent que le rôle
de la testostérone se limite à ses effets sur le désir, dont la stimulation
entraîne à son tour une augmentation de fréquence de l'activité
sexuelle. Il se pourrait pourtant que la testostérone puisse aussi augmenter
la qualité de ces érections « sexuelles ». Une étude
récente consacrée à des hommes hypogonadiques a ainsi montré
que la substitution par la testostérone augmentait certains aspects qualitatifs
de la performance sexuelle comme le pourcentage de rigidité des érections,
selon la cotation qu'en fait le sujet, et le caractère satisfaisant de ces
érections (3). De plus, une méta-analyse des essais de traitement par
la testostérone des hommes avec problème d'érection et taux de testostérone
abaissé a conclu que le taux de succès de l'administration de testostérone
était significativement supérieur à celui du placebo (respectivement
65 et 17 %), encore que les conclusions de cette méta-analyse doivent faire
l'objet de réserves comme il sera discuté plus loin (4).
Mécanismes des effets de la testosérone sur
la fonction sexuelle
Chez l'homme, la majeure partie de ces effets
sexuels s'exerce probablement via un impact cérébral comme le suggèrent
l'existence de récepteurs androgéniques au niveau du cortex temporal et
les résultats de différentes études d'imagerie cérébrale
fonctionnelle faites chez des sujets normaux et hypogonadiques, et suggérant
une dépendance vis-à-vis de la testostérone de l'activation de toute
une série de zones cérébrales en réponse à une stimulation
sexuelle visuelle. Ces effets cérébraux pourraient particulièrement
intervenir dans le contrôle du désir et de l'excitation sexuelle.
On ne dispose que de peu de données
concernant d'éventuels sites périphériques de l'action de la testostérone
dans notre espèce. Un tel impact périphérique joue pourtant un rôle
capital dans le contrôle des érections dans beaucoup d'espèces animales
(5). Chez la plupart, le mécanisme final est une augmentation du GMP cyclique,
le second messager intracellulaire du principal neurotransmetteur de l'érection,
le monoxyde d'azote ou NO, dans les cellules musculaires lisses caverneuses, soit
par augmentation de la libération de NO neuronal, suite à une stimulation
par la testostérone de l'activité de la NO synthase des neurones parasympathiques,
soit par un mécanisme indépendant du NO comme un impact sur la PDE 5.
Les seuls arguments en faveur d'un impact périphérique de ce type chez
l'homme sont la découverte par Baskin et coll d'un récepteur androgénique
dans les cellules musculaires lisses du pénis humain, l'observation par Becher
et coll de l'apparition d'un profil hémodynamique de dysfonction veino-occlusive
au pharmaco-doppler pratiqué après injection intracaverneuse de drogues
vaso-actives chez des hommes soumis à une carence androgénique aiguë
pour traiter leur cancer de la prostate, et la corrélation hautement significative
entre testostérone libre et index de résistance des artères péniennes
mesuré par Doppler couleur après injection intracaverneuse de substance
vaso-active rapportée par Aversa et coll (6).
Ces quelques données humaines
pourraient être rapprochées de la récente mise en évidence chez
les hommes avec insuffisance coronarienne, une affection souvent associée à
un hypogonadisme et à des problèmes d'érection, d'une facilitation
de la vasodilatation dépendante de l'endothélium, un marqueur de la dysfonction
endothéliale, au niveau des artères périphériques suite à
l'administration aiguë de testostérone, ainsi que d'une facilitation des
vasodilatations à la fois dépendante et indépendante de l'endothélium
après administration chronique d'undecanoate de testostérone (7). Plusieurs
études suggèrent donc que la testostérone peut avoir chez l'homme
un impact direct sur le muscle lisse vasculaire, lequel joue un rôle capital
dans le mécanisme de l'érection. Cependant on trouve aussi dans la littérature
deux autres études qui n'ont pas confirmé ces effets.
Effets du traitement par la testostérone chez l'homme avec
problèmes d'érection et testostérone basse
Ils sont décevants en pratique, en dépit
des résultats affichés par la méta-analyse de Jain déjà
citée (4). En compilant les résultats de 5 essais en double aveugle contre
placebo Jain et coll concluaient à un avantage significatif de la testostérone
avec des taux d'amélioration des problèmes d'érection de respectivement
65 % contre 17% sous placebo. Cependant le faible nombre total de sujets traités
dans les 5 essais (n = 99) fait émettre des réserves quant à leurs
conclusions. De plus cette méta-analyse englobait un nombre important d'études
anciennes, ou portant sur des populations de sujets hypogonadiques non sélectionnés
par un problème d'érection (7 études sur 16 dont 2 des 5 études
contre placebo), et dans lesquelles l'impact sexuel du traitement n'était pas
le critère principal d'évaluation, et fut souvent évalué avec
une méthodologie peu objective. Une revue antérieure des études avec
groupe témoin consacrées au traitement androgénique des sujets hypogonadiques
avait d'ailleurs conclu à l'augmentation quasi constante de l'intérêt
et de l'excitation sexuels, ainsi que de la fréquence des actes sexuels, mais
à l'absence de preuve objective de l'amélioration des érections coïtales
(8). Dans une compilation de 6 études plus récentes, totalisant 162 hommes
consultant cette fois tous pour problème d'érection et chez qui la testostérone
s'était avérée abaissée, nous avons conclu à un taux d'améliorations
franches des érections ne dépassant pas 37 % (9). Dans une série
personnelle de 44 cas incluse dans cette compilation, nous avons trouvé que
l'hypogonadisme n'était souvent que l'un des facteurs contributifs à un
problème d'érection plurifactoriel, puisque 42 % de ces hommes présentaient
simultanément des anomalies significatives de leur vascularisation pénienne,
souvent suffisantes pour empêcher l'obtention d'érections satisfaisantes
à partir du seul traitement androgénique (10). Ceci peut expliquer pourquoi
aujourd'hui les inhibiteurs de la PDE5 sont souvent plus efficaces que la testostérone
chez les hommes avec problèmes d'érection et testostérone basse.
Rôle de la testostérone dans le déclin sexuel de
l'homme âgé
Ce rôle a bien sûr été évoqué
de longue date puisque tant la fonction sexuelle que les taux de testostérone
déclinent parallèlement avec l'age. Plusieurs études ont cherché
des corrélations entre testostérone circulante et différents paramètres
sexuels. Aucune n'en a trouvé en ce qui concerne la testostérone totale.
Trois études ont par contre rapporté des corrélations entre testostérone
libre et, pour l'une, pensées sexuelles, érections matinales et activité
sexuelle (Davidson et coll in 2), et pour les deux autres, plus récentes (Park
et al 2001et Ahn et al 2002), fonctions érectile et orgasmique mesurées
par l'Index International de la Fonction Erectile (IIEF). La validité de ces
corrélations reste cependant à confirmer, car dans l'étude la plus
solide méthodologiquement dont on dispose à ce jour, Schiavi et coll (11)
avaient également trouvé des corrélations significatives entre plusieurs
paramètres sexuels (désir, excitation, activité sexuelle et érections
nocturnes) et les taux de testostérone biodisponible (non liée à
la Sex Binding Protein). Mais la plupart de ces corrélations disparurent quand
ces données furent ajustées en fonction de l'age. Or il ne semble pas
qu'un tel ajustement ait été réalisé dans les 3 études
précédentes.
Les effets du traitement par la testostérone
fournissent plus d'arguments en faveur d'une contribution du déclin androgénique
au déclin sexuel de l'homme âgé. On dispose particulièrement
aujourd'hui des résultats de dix études randomisées, en double insu
contre placebo, consacrées à des populations d'hommes d'age moyen supérieur
à 50 ans, ayant une testostérone basse ou normale basse (2, 12, 13, 14).
Parmi 6 études ayant évalué l'impact sur la libido, 3 l'ont trouvée
augmentée de façon significative par rapport au groupe placebo, et les
3 autres ont observé une augmentation non significative (certaines études
comportaient trop peu de patients pour avoir réellement une chance que la différence
atteigne le niveau de la signification statistique). Deux des 4 études ayant
évalué l'impact du traitement androgénique sur la fréquence
de l'activité sexuelle l'ont trouvée significativement augmentée.
Deux études sur 4 ont aussi observé une amélioration significative
de la fonction érectile. Enfin deux études très récentes ont
rapporté une amélioration significative de la réponse au Sildénafil
(Viagra®) en y associant de la testostérone chez des sujets préalablement
non répondeurs à cet inhibiteur de la PDE5, ce qui a pour la première
fois fourni des arguments objectifs en faveur de l'hypothèse de la nécessité
d'un taux minimum de testostérone circulante pour un plein effet des inhibiteurs
de la PDE5.
Un taux minimal de testostérone est-il requis pour
une réponse optimale aux inhibiteurs de la phosphodiestérase de type
5 ?
Cette éventualité, et le fait qu'en
conséquence un hypogonadisme méconnu puisse être une cause de l'échec
de ces inhibiteurs de la PDE 5, ont souvent été évoqués en fonction
des données physiologiques et physiopathologiques décrites plus haut,
indiquant la dépendance de la voie pro érectile monoxyde d'azote (NO)
- GMP cyclique vis-à-vis de la testostérone, au moins chez l'animal. On
citait également à l'appui de cette hypothèse des observations anecdotiques
d'hommes présentant des problèmes d'érection ne répondant pas,
ou médiocrement, au Sildénafil, le premier inhibiteur de la PDE 5 disponible,
et dont la réponse à ce médicament s'améliorait après supplémentation
par la testostérone. On ne disposait pas cependant, jusque récemment,
de donnée objective susceptible d'étayer cette hypothèse, puisqu'
aucune étude n'avait jamais été consacrée spécifiquement
aux effets des inhibiteurs de la PDE 5 sur la fonction sexuelle des sujets hypogonadiques.
Un taux bas de testostérone avait même constitué un critère
d'exclusion dans la plupart des essais cliniques qui leur ont été consacrés
chez les hommes avec problèmes d'érection.
Récemment cependant, quatre études
ouvertes ont fourni de premiers éléments en faveur de cette hypothèse
: Dans une étude consacrée au traitement par le Sildénafil de patients
de 50 à 70 ans avec problèmes d'érection d'origine diverse, Guay
et coll. (15) ont rapporté une corrélation entre taux de testostérone
libre et réponse au Sildénafil. Le taux moyen de succès des rapports
était en effet de 100 % chez les 44 hommes avec taux de testostérone libre
normal (11 à 35 pg/ml), de 75 % chez les 33 hommes avec taux discrètement
abaissé (8.1 à 10.6 pg/ml), mais plus faible (non précisé) chez
les 7 hommes avec taux modérément abaissé (7.6 à 8.1) et nul
chez les 4 hommes avec taux très bas (< 7.6 pg/ml). Les auteursécrivirent
également que la réponse au Sildénafil avait été améliorée
par l'association de testostérone chez les patients avec testostérone
basse, mais ne citèrent pas de chiffre précis. De même Rosenthal
et coll. ont rapporté au dernier congrès de l'American Urological Association
(Chicago, Mai 2003) une étude consacrée à 80 cas d'échec du
Sildénafil. Vingt quatre d'entre eux avaient un taux de testostérone bas
ou normal bas (0.9 à 4 ng/ml). Ces 24 hommes ont alors été traités
par gel de testostérone (Androgel®, 5 mg par jour) seul. Quatre semaines
après le début de l'application du gel, aucun n'avait récupéré
une fonction érectile normale. Le Sildénafil a alors été repris
en association au gel de testostérone. Trois mois plus tard, 22 des 24 hommes
rapportèrent une amélioration de leurs érections. La troisième
étude, de Kalinchenko et coll (2003), vient d'être publiée dans Aging
Male. Elle était consacrée à une population de 120 hommes avec diabète
de type II et problèmes d'érection ne répondant pas à 100 mg
de Sildénafil. Plusieurs études ont récemment insisté sur la
fréquence des hypogonadismes chez les diabétiques. Le taux moyen de testostérone
de ces sujets non répondeurs était significativement plus faible que celui
de patients diabétiques de même âge présentant des problèmes
d'érection cette fois répondant au Sildénafil. Après association
d'un traitement par l'undecanoate de testostérone (Pantestone®), 70 %
des sujets précédemment non répondeurs devinrent répondeurs
au Sildénafil, ce qui fut confirmé par l'augmentation significative du
score du domaine fonction érectile de l'Index International de la Fonction
Erectile (IIEF). Enfin au dernier congrès de l'European Society for Sexual
Medicine (Istanbul, Novembre 2003), Yassin et coll ont rapporté les résultats
de l'association d'un traitement de substitution androgénique au Tadalafil
(Cialis®) chez 69 hommes avec problèmes d'érection ne répondant
pas à ce nouvel inhibiteur de la PDE5. Chez 35 d'entre eux le Tadalafil fut
repris après 4 semaines d'administration de testostérone, avec un taux
d'amélioration de la réponse de 40 %. Chez 34 autres, il ne fut repris
qu'après 10 semaines de testostérone, et cette fois le taux d'amélioration
de la réponse s'avéra plus élevé, 65 %, suggérant la possibilité
qu'il faille plus de 4 semaines d'imprégnation par la testostérone pour
potentialiser de façon optimale la réponse au Tadalafil chez les sujets
précédemment non répondeurs.
Il faut souligner qu'outre l'absence
de groupe témoin, la qualité méthodologique des 4 études précédentes
laissait à désirer à plusieurs égards. Les arguments les plus
solides en faveur de la nécessité d'un taux minimal de testostérone
pour un effet optimal des inhibiteurs de la PDE5 chez certains hommes viennent de
deux autres études récentes, cette fois en double-aveugle contre placebo.
Shabsigh et coll. (13) ont rapporté, également au dernier meeting de l'AUA,
une étude multicentrique au cours de laquelle ils ont randomisé 75 hommes
avec problèmes d'érection non répondeurs à 100 mg de Sildénafil
(âge moyen 58.5 ans), avec taux de testostérone inférieur à
4 ng/ml, à l'association Sildénafil + gel de testostérone (Androgel®)
ou Sildénafil + placebo. La réponse au traitement fut évaluée
par l'IIEF toutes les 4 semaines pendant 12 semaines. Ils ont observé à
4 semaines des améliorations significatives de la réponse au Sildénafil
dans le groupe testostérone par comparaison au groupe placebo. Celles-ci concernaient
les scores des domaines fonction érectile et fonction orgasmique de l'IIEF,
et la proportion des hommes jugeant leurs érections améliorées par
le Sildénafil. Les scores du groupe testostérone restèrent plus élevés
que ceux du groupe placebo à 8 et 12 semaines, mais à ces stades les différences
ne s'avérèrent plus significatives, du fait d'une augmentation progressive
de la réponse au Sildénafil dans le groupe placebo. Dans la seconde étude
(14), 20 hommes avec problèmes d'érection d'origine artérielle ne
répondant pas au Sildénafil, et ayant un taux de testostérone dans
le quartile inférieur de la zone normale, ont été randomisés
en deux groupes recevant soit des patchs de testostérone soit des patchs placebo,
avant de reprendre le Sildénafil à raison de 100 mg à la demande.
Les auteurs ont observé chez les sujets du groupe testostérone, mais pas
chez ceux du groupe placebo, des améliorations significatives des scores du
domaine fonction érectile de l'IIEF, ainsi que du nombre de patients rapportant
une amélioration de leurs érections, et des paramètres hémodynamiques
mesurés par le Doppler couleur après prise de Sildénafil.
Ces différentes études plaident
donc en faveur d'un réel effet potentialisant de l'administration de testostérone
sur la réponse aux inhibiteurs de la PDE5 chez les hommes avec problèmes
d'érection et testostérone basse ne répondant pas à ces médicaments.
Mais elles ne permettent pas de l'affirmer. Dans l'étude d'Aversa le nombre
de patients était faible, et la signification statistique des différences
limite. Dans celle de Shabsigh la signification statistique ne fut observée
qu'à 4 semaines, puis disparut. D'autres essais contre placebo seront nécessaires
pour confirmer ces résultats. Ces données justifient toutefois de vérifier
la testostérone lors de tout échec des inhibiteurs de la PDE5, et en cas
de taux abaissé, ou dans le quartile inférieur de la norme des hommes
de moins de 50 ans, de faire un traitement d'épreuve par la testostérone
pendant au moins quatre semaines, avant de reprendre l'inhibiteur.
Conclusions
Les données rapportées dans cet article
soulignent, s'il en était besoin, l'intérêt du dosage de la testostérone
chez les hommes consultant pour problème d'érection, particulièrement
après 50 ans. Les résultats des essais de traitement androgénique
chez ceux qui ont une testostérone basse sont en bon accord avec l'expérience
clinique : en tel cas la testostérone améliore plus régulièrement
la libido et la fréquence de l'activité sexuelle que les capacités
érectiles. Moins de 50 % de ces hommes récupèrent des érections
satisfaisantes sous son seul effet. Ceci s'explique probablement par la fréquence
des facteurs vasculaires associés, au minimum dysfonction endothéliale
suggérée par la présence de plusieurs facteurs de risque vasculaire.
Souvent les inhibiteurs de la PDE5 donnent de meilleurs résultats que la substitution
androgénique. Dans mon expérience les médicaments de cette classe,
qu'il s'agisse du Sildénafil, du Tadalafil ou du Vardénafil (Levitra®),
sont souvent pleinement efficaces en terme de restauration de l'érection même
si la testostérone est basse. Mais ils ne le sont pas toujours, et dans ce
cas il est effectivement fréquent que leur efficacité s'améliore
après association de testostérone. En définitive, lorsque la testostérone
circulante est abaissée, tant l'expérience clinique que les données
que je viens de rapporter suggèrent qu'associer de la testostérone à
un inhibiteur de la PDE5 est souvent utile, quelle que soit l'efficacité de
ce dernier sur les érections :
• Soit parce que la testostérone
peut restaurer une libido diminuée, ce qui est souvent le cas chez les hommes
âgés avec testostérone basse. Et à quoi servirait de restaurer
les érections si l'homme n'avait pas le désir de les utiliser ?
• Soit parce qu'elle peut optimiser
l'effet de l'inhibiteur de la PDE5 sur les érections, certains hommes n'y répondant
que partiellement, ou pas du tout, en l'absence de traitement androgénique
associé. L'effet potentialisateur de la testostérone n'est probablement
pas immédiat, et pourrait parfois nécessiter plus de 4 semaines pour être
complet.
• Soit enfin parce qu'elle peut
améliorer les symptômes non sexuels du déficit androgénique
lié à l'age, comme l'ont démontré toute une série d'études
en double insu contre placebo (12) : amélioration de la composition corporelle
par diminution de la graisse abdominale et viscérale et augmentation de la
masse musculaire, possible amélioration de la force musculaire et du statut
fonctionnel, maintien de la densité minérale osseuse, et amélioration
de certains paramètres cognitifs, de l'énergie et du bien être.
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TESTOSTéRONE-INHIBITEURS DE LA PHOSPHODIESTERASE
DE TYPE 5 523
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