PREVENTION
DES GROSSESSES CHEZ LES ADOLESCENTES
INFO ADO OU COMMENT RAPPROCHER LES ADOLESCENTS DES STRUCTURES MEDICALES
Sophie GUILLAUME
Sage-femme
surveillante-chef
Tel: 01 39 27 52 53
Fax: 01 39 27 44 12
UNIVERSITE PARIS V
CENTRE HOSPITALIER POISSY-ST GERMAIN EN LAYE
SITE POISSY CEDEX 78303
INTRODUCTION
10000
grossesses chez les adolescentes dont les 2/3 se terminent pas une IVG tels
sont les derniers chiffres publiés par les pouvoirs publics. Ces chiffres parlent
d’eux-mêmes et ne peuvent laisser indifférents les professionnels de la naissance.
Les structures existent par le biais des plannings familiaux, la politique de
santé en fait un axe prioritaire et pourtant nous avons le sentiment au travers
des sondages que les jeunes ne sont pas informés correctement des conséquences
d’une vie sexuelle active.
Pourquoi s’attacher plus particulièrement aux adolescentes ? C’est tout
simplement qu’elles seront les adultes de demain.
Si l’on veut avoir une démarche de santé publique et une prévention ad hoc,
c’est en travaillant et dialoguant avec les ados que nous pouvons espérer tendre
à une réduction des IVG (220000/an) qui n’est pas sans laisser des séquelles
tant physiques que psychologiques.
PROBLEMATIQUE
DE L’ADOLESCENT :
Agir
auprès des adolescents c’est avant tout comprendre cette population en pleine
mutation.
La réalité de l’adolescence n’est pas réductible au seul phénomène physiologique
qui en marque l’entrée, comme la puberté et les événements qui l’accompagnent.
Elle se traduit plutôt par des comportements, un vocabulaire, des attitudes
qui permettent de différencier le groupe des 10-19 ans de l’enfance à l’âge
adulte.
D’autre part, ADULESCERE en latin signifie croître. L’adolescence porte en elle-même
difficultés :comme tout changement, elle ne peut se faire sans souffrance,
conflit, douleur.
« L’adolescence
ça fait mal ». Intégrer l’image et le vécu d’un corps qui se modifie et
devient sexué, affronter les désirs neufs, un mode de raisonnement nouveau,
un regard différent porté par les autres, tout cela ne va pas sans mal-être,
sans angoisse. Mais il y a également le plaisir, le plaisir de l’affrontement
, du risque, la tendresse, l’amitié …
La qualité des relations établies avec les parents ou d’autres adultes peut
soit faciliter soit aggraver et ou conflictualiser cette crise et sa résolution.
Les
comportements sexuels des adolescents, tout comme ceux des adultes, restent
dépendant de tabous, de principes éducatifs transmis de génération en génération.
La spontanéité vive de l’expression des affects, des marques d’amour reste souvent
bloquée. Lorsque l’on parle de la sexualité des adolescents, c’est d’abord et
parfois exclusivement pour évoquer la sexualité génitale, l’abaissement de l’âge
des premiers rapports sexuels, les risques de grossesses précoces et la façon
de s’en prémunir. De fait, quand l’adolescent parle sexualité, l’adulte trop
souvent entend coït, génitalité, projette ses inquiétudes sur un éventuel enfant
à naître, et répond par contraception. N’est-ce-pas de la part des adultes,
un processus réducteur d’un phénomène aux multiples facettes.
Certes les « ados » veulent tout, et tout de suite, alors même que
les adultes leur demandent d’attendre. Mais que veulent-ils au juste, Faire
l’amour ou s’aimer ? La tendresse ou le plaisir génital ?
Il semble
que les besoins de base des « ados » formulés par J.J MITCHELL psycho-sociologue
soit en matière de sexualité :
- Le
besoin d’intimité. Il s’agit d’un besoin de relation et de proximité
avec d’autres, ainsi qu’avec soit même
- Le
besoin d’appartenance
- Le
besoin de curiosité et de compétence, la volonté de rechercher des expériences
nouvelles.
- Le
besoin de passion, d’intensité.
Face
à toute cette complexité, quelle forme d’information ou d’éducation en matière
de sexualité pouvons nous proposer aux « ados » ?
I. NISAND dans le rapport du colloque : Contraception, IVG : mieux
respecter le droit des femmes à l’Assemblée Nationale propose au gouvernement
d’instituer de manière obligatoire 2H00 annuelles d’information des jeunes sur
la sexualité en classe de 4° ou 3° réalisés par un intervenant extérieur ( SF,
IDE, conseillère conjugale, médecin,..) volontaires, mais formés pour ce faire.
Il faut replacer la parole des adultes sur la sexualité auprès de nos jeunes.
Le sexe n’a jamais été aussi visible, pas n’importe quel sexe ,un sexe violent
et commercial, et la parole des adultes n’a jamais été aussi pauvre.
I.NISAND
a mis en place voilà un peu plus de 8 ans sur le site de Poissy une unité spécifique
d’information et d’accueil des adolescents concernant la sexualité appelée :
INFO-ADO
HISTORIQUE
En
1992, I. Nisand a souhaité mettre en place au sein de la structure hospitalière
un point d’écoute et de rencontre des jeunes afin de démystifier la blouse blanche
que représente le milieu médical pour les Ados.
L’objectif essentiel était d’aborder la sexualité le plus simplement possible
tout en amenant les jeunes à réfléchir sur leur choix d’avoir ou non une sexualité,
sur la notion de respect, et sur toutes les implications qu’engendre une sexualité
active.
Dans
un premier temps sur une base de volontariat, et de motivations très fortes,
un groupe de sages-femmes et médecins s’est constitué pour faire des interventions
dans les collèges.
Paraléllement, sous l’impulsion du chef de service, les internes étaient formés
dès leur arrivée dans le service à l’accueil des ados .
En accord, avec l’administration hospitalière puis en partenariat avec le planning
familial, les jeunes bénéficiaient d’une prise en charge anonyme et gratuite.
Après
une évaluation d’une quarantaine d’interventions par an dans les collèges et
d’une dizaine de consultations de jeunes par mois nous avons reconsidérer la
structure INFO- ADO et cela nous a permis d’inscrire cette activité dans la
convention PF-hôpital.
Convention
entre le département des Yvelines et le CHI PSG en matière de planification
familiale
Le
département participe à la prévention INFO-ADO réalisée sur le site de Poissy.
Cette action préventive se traduit par un accueil des adolescents, la réalisation
de consultations et de prescriptions à visée contraceptive, ainsi que les examens
complémentaires listés. A cette action individuelle se rajoutent des actions
d’information collective en milieu scolaire.
Pour ces actions un quota de 450 heures de sage-femme est pris en charge par
le département.
Relais
avec la consultation Ado en Pédiatrie :
Depuis
la rentrée scolaire 2000, un partenariat s’est instauré avec l’unité d’ado en
pédiatrie.
Il est vrai que nous recevons souvent les jeunes dans un contexte d’urgence
ou de pseudo-urgence et il nous a semblé bon, afin que notre mission d’information
et de prévention trouve écho dans le temps auprès des jeunes, d’établir un relais
avec la consultation ado en pédiatrie .
Cette unité présente dans ses effectifs une gynécologue qui réserve sa consultation
pour les adolescents.
CONCEPT INFO-ADO
Information
dans les structures scolaires :
Au
début de chaque année scolaire, une lettre proposant les services d’info-ado
est envoyée au proviseur de chaque établissement scolaire de notre proximité.
Cette lettre vise à sensibiliser les collèges à la démarche de santé publique
que nous voulons amorcer avec le système éducatif et ce le plus précocément
possible.
L’équipe :
Elle
est composée de 5 sages-femmes et de 2 médecins tous très motivés pour rencontrer
les ados, établir un dialogue avec eux sur des thèmes difficiles telles que
la contraception, la sexualité.
Les interventions :
Elles
se déroulent en 1H30 le plus souvent sur un créneau de biologie. Dans un 1°
temps, l’intervenant présente son topo en abordant les thèmes de la sexualité
,de la contraception, des grossesses, et des IVG, de même que la notion de secret
professionnel ce qu’ignorent beaucoup d’adolescents. Puis, dans un second temps,
il répond aux questions préalablement posées par écrit et de manière anonyme,
ce qui permet aux jeunes d’obtenir les réponses à toutes les questions qu’ils
n’auraient sans doute pas demandé de vive voix devant l’ensemble de la classe.
L’accueil
des « ados » dans la structure hospitalière :
Il
se fait sous la forme d’un accueil quotidien aux heures ouvrables, sans rendez-vous
et sans qu’il soit nécessaire de donner son nom, par un médecin ou une sage-femme
préparés à recevoir des adolescents qui viennent seuls ou en groupe. Ce médecin
ne fait pas forcément d’examen gynécologique, sauf s’il y a une demande ou une
nécessité. Il conseille, oriente, et répond aux questions que provoquent les
premières expériences. Grâce au partenariat avec le département des Yvelines,
il dispose de préservatifs gratuits ainsi que des pilules ou du Norlevo°.
Il n’y a pas de trace administrative qui ne donne lieu à un remboursement de
SS, ce qui libère les jeunes.
Le relais
avec la consultation d’adolescent :
Nous
avons pu mettre en évidence, que dans certains cas les jeunes venaient à INFO-ADO
pour entrer en contact avec le milieu médical et que leur demande traduisait
un mal-être qui nécessitait le plus souvent une aide psychologique. A partir
de ce constat, nous avons mis en relation les 2 structures offertes aux adolescents
pour les prendre en charge de la manière la plus adaptée.
CONCLUSION
Parler
de sexualité et de contraception aux adolescents ne signifie pas hâter ou banaliser
le premier rapport sexuel, tout au contraire. Notre démarche consiste plutôt
à les responsabiliser et les inciter à se demander s’ils sont réellement prêts
avant de se lancer, afin d’éviter les situations traumatisantes pour les adolescentes
auxquelles nous sommes confrontés dans les consultations d’urgence : les
grossesses précoces, IVG,…Ce sont ces cas là qu’il faut prévenir. Et si nous
évitons, ne serait-ce qu’une de ces situations dans l’année nous aurons gagné
notre pari.
Depuis 8 ans les collèges nous sollicitent et l’évaluation annuelle qui en est
faite nous conduit à reconduire nos actions et à motiver de jeunes collègues.
BIBLIOGRAPHIE
Charlotte
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1994- 154p
Y. DARBOIS – I. NISAND : faut-il assouplir les règles de l’IVG en France ?
Gynécologie-obstétrique fertilité 2000 :28.4/6
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trouver les bons interlocuteurs ! -Valeurs Mutualistes – MGENn° 202 fév
2000
E. WAHL : Face à la grossesse, quel choix pour l’adolescente ? mémoire
cadre SF Dijon 1990
P. LAURENT : Pourquoi encore des grossesses non désirées chez les adolescentes ?
mémoire SF – Poissy 1996
Documents :
Adolescence,
sexualité, maternité, parentalité, C.S.I.S- nov 1983
Les documents de l’Assemblée Nationale – délégation aux droits des femmes- Colloque Contraception,
IVG : mieux respecter les droits des femmes
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