Chapitre 6
Contraception et droit
M. OUTIN LAVOGEZ
La pratique contraceptive est très répandue en France
et entraîne donc la quasi-disparition des grossesses non
désirées ou mal programmées.
Mais il ne faut pas oublier le stérilet qui a connu une
progression impressionnante, puisque son taux d'usage a plus que
doublé en dix ans et se trouve donc être la seconde
méthode contraceptive la plus utilisée en France,
après la pilule.
Quant aux autres méthodes contraceptives, elles ont subi
une chute du fait de l'utilisation fréquente de la pilule
et du stérilet.
La réglementation de la contraception est issue de la Loi
du 28 décembre 1967, modifiée par la Loi du 4 décembre
1974, du décret du 22 septembre 198O et de l'arrêté
du 24 octobre 198O.
La contraception est soumise à une prescription médicale.
"Les contraceptifs hormonaux et intra-utérins ne peuvent
être délivrés que sur prescription médicale".
Les sages-femmes sont habilitées à prescrire les
diaphragmes, les capes ainsi que les contraceptifs locaux.
Il faut rappeler que la première pose du diaphragme ou
de la cape doit être faite par un médecin ou une
sage-femme.
Peuvent être seuls vendus, les produits, médicaments
ou objets contraceptifs ayant fait l'objet d'une autorisation
de mise sur le marché accordée depuis la Loi du
4 janvier 1983 par l'Agence du Médicament.
Rappelons, qu'en application de l'article R 519-4 du Code de la
Santé Publique, toute ordonnance comportant une prescription
de médicaments doit être rédigée après
examen du malade et indiquer lisiblement :
- le nom, l'adresse et la qualité du prescripteur, sa signature
et la date à laquelle elle a été rédigée
- la dénonciation du médicament ou du produit prescrit,
sa posologie et son mode d'emploi
- la quantité prescrite ou la durée du traitement
et éventuellement le nombre de renouvellements.
La délivrance peut être effectuée exceptionnellement
pour une durée de trois mois. Les renouvellements sont
autorisés à condition qu'il en soit fait mention
sur l'ordonnance et dans la limite d'un an de traitement.
- nom, prénom et âge du patient. La délivrance
des contraceptifs est exclusivement faite en pharmacie. Il y a
toutefois une exception: en effet, il existe une distribution
gratuite dans les centres de planification, des médicaments,
produits ou objets contraceptifs sur prescription médicale,
aux mineurs désirant garder le secret ainsi qu'aux personnes
ne bénéficiant pas de prestations maladies.
L'insertion des contraceptifs intra-utérins ne peut être
pratiquée que par un médecin. Elle est faite, soit
au lieu d'exercice de celui-ci, soit dans un établissement
hospitalier ou dans un centre de soins agréé.
Il est formellement interdit que l'acte soit pratiqué au
domicile de la patiente.
La publicité, sous quelque forme que ce soit, relative
aux préservatifs et autres contraceptifs, obéit
aux règles fixées pour la publicité des médicaments.
I conditions spécifiques relatives a la prise du ru
486-mifepristone
Une fois que toutes les conditions légales concernant la
décision d'interruption volontaire de grossesse ont été
prises et l'âge de la grossesse confirmée, la prise
de MIFEPRISTONE, soit trois comprimés de 200 milligrammes,
se fait en une seule fois lors de la consultation devant le médecin.
La patiente doit obligatoirement revenir le troisième jour
pour l'administration de prostaglandines, soit en injection, soit
sous forme d'ovule et elle reste alors sous surveillance pendant
quelques heures, trois en moyenne, avant de regagner son domicile.
Une quatrième consultation de contrôle est obligatoire
dans les huit à douze jours qui suivent, des métrorragies
prolongées pouvant signifier aussi bien la poursuite de
la grossesse, une rétention placentaire ou une grossesse
extra-utérine..
Il est indispensable que le médecin soit vigilant quant
à ces conditions de prise du RU 486, faute de quoi, sa
responsabilité pourrait être éventuellement
engagée en cas de complications (arrêté du
10 septembre 1952 relatif à la détention, la disposition
et l'administration de la spécialité MIFEGYNE 200
mg, comprimés)
Un arrêté du 2 avril 1972 fixe les conditions techniques
requises des établissements et cabinets médicaux
pour l'insertion des contraceptifs intra-utérins.
(la lecture de l'arrêté aura lieu durant la conférence)
II la pilule
La prescription du gynécologue engage pleinement sa responsabilité.
Sont obligatoires :
- un examen clinique général et gynécologique,
- l'étude des antécédents,
- la prescription éventuelle d'analyses, d'examens de laboratoire
et ce, dans le but de la recherche de toute contre-indications
qui sont fréquentes.
Le médecin ne doit pas renouveler la prescription sans
un nouvel examen et un nouvel interrogatoire afin de déceler
une complication ou une contre-indication nouvelle.
Il faut noter que les mineures n'ont plus à obtenir le
consentement de leurs parents ou de leur représentant légal.
De plus, elles peuvent même garder le secret comme cela
est pratiqué dans les centres de planification.
Les parents ne reçoivent plus les feuilles de Sécurité
Sociale.
Du point de vue purement juridique, s'il y a un échec de
la contraception orale, il est considéré que la
grossesse ne constitue pas en principe un préjudice (sauf
si par exemple l'enfant naît anormal)
- risque statistique d'échec ( étude à
faire et qui sera évoquée lors de la conférence )
- risque d'échec amplifié par la prise simultanée
d'autres médicaments.
III évocation de quelques cas de jurisprudence
1) un médecin est assigné par une patiente qui aurait
subi différents troubles à la suite de ses prescriptions
médicamenteuses, parmi celles-ci figure une pilule contraceptive.
2) réclamation de la part d'une jeune femme chez laquelle
des radiographies de la colonne dorso-lombaire et du bassin ont
été pratiquées alors que cette personne aurait
commencé une grossesse et était sous contraceptif.
En fait, il y a peu de sinistres dans la prise d'un contraceptif
oral.
En revanche, de nombreux sinistres ont été relevés
en ce qui concerne le stérilet.
évocation de la jurisprudence
faits
Pose par le généraliste d'un stérilet au
cours de laquelle s'est produite une perforation de l'utérus.
Disparition de la cavité utérine du stérilet.
Le même médecin pose alors un deuxième stérilet.
Intervention chirurgicale dans le but d'extraire les deux stérilets,
si possible par laparoscopie, sinon par laparotomie.
Mais le chirurgien renonce en cours d'intervention ( après
extraction du premier stérilet ) à pratiquer
une laparotomie en vue de l'extraction du second stérilet.
solution jurisprudentielle
Le médecin généraliste a commis une double
faute (ceci sera développé au cours de la conférence).
Un autre cas dont nous pouvons évoquer les faits et qui
consiste en la pose défectueuse d'un stérilet qui
a eu pour conséquence une perforation utérine, une
grossesse intempestive ainsi qu'une intervention pour retrait
du stérilet.
solution jurisprudentielle
Le gynécologue est responsable, compte tenu de la façon
dont il a posé le stérilet, de la perforation utérine
et de la migration du stérilet, des douleurs, d'une grossesse
intempestive et d'une intervention chirurgicale pour retrait du
stérilet.
D'autres cas de jurisprudence seront évoqués au
cours de la conférence.
conclusion
La contraception est un droit de la femme qui implique pour le
médecin de nombreux devoirs: devoirs de conseils, prudence,
vigilance, surveillance, dont la méconnaissance peut être
sanctionnée par le magistrat même si les plaintes
demeurent rares, surtout en ce qui concerne la pilule.
Marthe OUTIN LAVOGEZ , Juriste au Sou Médical
- 37, rue de Bellefond - 75009 Paris
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JOURNÉES DE TECHNIQUES AVANCÉES EN GYNÉCOLOGIE
OBSTÉTRIQUE ET PÉRINATALOGIE PMA, Fort de France
12 - 19 Janvier 1995
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