Actualités en infectiologie pédiatrique*
V. NOUYRIGAT**, M. DECOBERT**, S. LESEIGNEUR-FISSON**,
L. BALU**
Nous avons choisi pour illustrer cette
rubrique d'actualité de faire l'analyse de trois travaux effectués récemment
au sein de la Fédération de Pédiatrie de l'hôpital Bicêtre
concernant :
1) l'utilisation en
pratique des tests de diagnostic rapide de streptocoque (TDR) dans les angines vues
aux urgences pédiatriques ;
2) la présentation
clinique et la prise en charge des varicelles hospitalisées en pédiatrie
générale ;
3) la présentation
et la stratégie de prise en charge des pleuro-pneumopathies bactériennes
observées dans les services de réanimation pédiatrique d'Ile-de-France.
L'utilisation des TDR aux urgences pédiatriques
Nous rapportons les résultats d'un travail
d'évaluation de l'application des recommandations de l'AFSSAPS conseillant
de pratiquer un TDR chez tout patient atteint d'angine érythémateuse ou
érythémato-pultacée. La prescription d'antibiotiques n'est justifiée
qu'en cas de TDR positif. La mise en place des TDR aux urgences pédiatriques
a été faite en juin 2004. Les indications ont été définies
ainsi : enfants âgés de plus de trois ans ; exclusion des enfants que
l'on souhaite traiter de toute façon (scarlatine, TDR positif dans la fratrie),
enfant déjà sous antibiothérapie. Sur 159 enfants vus aux urgences
pour angines dans les 3 mois suivants, 17 n'ont pas été pris en charge
conformément aux recommandations de l'AFSSAPS (soit 10,5%). La réalisation
du TDR est apparue peu contraignante, voire assez « ludique ». Elle a
permis dans les cinq à sept minutes nécessaires avant la lecture du résultat
d'avoir avec les parents une discussion sur l'intérêt de limiter l'antibiothérapie
au traitement des seules angines à SGA, sur la nécessité de respecter
la durée et la posologie du traitement et sur la nécessité de consulter
à nouveau après deux à trois jours en cas de persistance des signes
si le TDR était négatif, sa sensibilité n'étant pas de 100%.
Varicelles hospitalisées en pédiatrie générale
Dans les cinq dernières années, nous
avons observé, comme beaucoup de centres, un nombre croissant de varicelles
sévères [1]. Sur un total de 45 enfants hospitalisés, les complications
infectieuses observées étaient : cutanées (19 cas), pulmonaires (trois
cas dont un décès concernant un enfant atteint de pleuropneumopathie).
Des complications neurologiques ont été observées dans sept cas,
tous d'évolution favorable. Des complications hématologiques ont été
observées dans six cas, cardiaques dans cinq cas, rénales dans quatre
cas, orthopédiques dans deux cas, ORL dans deux cas, digestives dans un cas.
Les traitements utilisés ont été
: des antibiotiques par voie intraveineuse, Péni A ou M et céphalosporines
de 3e génération, de l'aciclovir par voie intraveineuse, un
traitement anticoagulant. Dans quatre cas, le recours à la chirurgie a été
nécessaire.
Le risque de surinfection à streptocoque
_ hémolytique du groupe A a été de 11%. En cas de prise d'AINS, ce
risque a été de 31% (p=0,01). Ces données confirment le bien-fondé
des recommandations récentes de l'AFSAPSS qui préconise de ne pas prescrite
d'AINS dans le traitement de la fièvre ou de la douleur en cas de varicelle.
Malgré la mise en évidence
d'un déficit en protéine S et d'autoanticorps santiprotéine S dans
12 cas, nous n'avons pas observé d'atteinte thrombo-embolique. La prescription
d'un traitement anticoagulant reste discuté.
Ce travail a confirmé que, malgré
la notion classique de bénignité de la varicelle, celle-ci pouvait s'accompagner
de complications graves nécessitant en particulier un traitement spécifique,
l'aciclovir par voie intraveineuse. Ceci s'applique tout particulièrement aux
pleuro-pneumopathies.
Le réseau de surveillance des
varicelles récemment mis en place permettra de mieux apprécier la fréquence
de ces complications et de juger du bien-fondé d'élargir les indications
du vaccin antivaricelleux.
La prise en charge
des pleurésies purulentes communautaires
de l'enfant et la place du streptocoque A
Elle a été précisée dans ces
affections grâce au travail de L. Balu à propos de 60 cas observés
entre 1997 et 2002 dans les unités de réanimation pédiatrique d'Ile-de-France
[2]. Il s'agit là d'une affection dont la fréquence paraît augmenter
ces dernières années et dont les indications thérapeutiques restent
très débattues.
L'incidence était plus élevée
en 2001-2002 que durant les trois années précédentes. Le taux de
mortalité était de 1,7 %. Un traitement par AINS avait été
administré dans 58 % des cas. Le principal germe retrouvé était
le pneumocoque dans 33 % des cas. Le staphylocoque doré était retrouvé
dans 25 % des cas.
Une des originalités de cette
série est la fréquence des infections à streptocoque A incriminé
dans 22 % des cas. Aucune bactérie n'était identifiée dans 18 %
des cas. Un drainage pleural s'avérait nécessaire dans 82 % des cas
dont un tiers par technique chirurgicale. L'évolution respiratoire était
favorable avec un recul de plus de deux ans. Il n'en reste pas moins que les indications
et les modalités du drainage pleural restent aujourd'hui très controversées [3].
Bibliographie
[1] Leseigneur-Fisson S : Présentation
clinique et prise en charge des varicelles hospitalisées en pédiatrie
générale entre octobre 1997 et décembre 2002. Thèse Doctorat
en médecine, Université Paris VI, 2004. 71 p.
[2] Balu L : Pleurésies
purulentes communautaires de l'enfant et place du streptocoque A : étude rétrospective
de 1997 à 2002 dans les unités de réanimation pédiatrique d'Ile-de-France.
Thèse Doctorat en médecine, Université Paris Val de Marne, 2004.
66 p.
[3] Chen LE, Langer
JC, Dillon PA, Foglia RP, Huddleston CB, Minkes RK et al. : Management of late-stage
parapneumonic empyema. J Pediatr Surg 2002 ; 37 : 371-4.
* Présenté par
J.-P. Dommergues.
** Pédiatrie Générale
et Urgences pédiatriques, Réanimation pédiatrique polyvalente - Fédération
de pédiatrie Hôpital Bicêtre et Faculté de Médecine Paris-Sud.
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M. DECOBERT, S. LESEIGNEUR-FISSON, L. BALU |