DEVENIR DE 179 ENFANTS ISSUS DE FECONDATION IN-VITRO, ADMIS DANS LE SERVICE DE MEDECINE NEONATALE DE PORT-ROYAL DE JANVIER 1987 A DECEMBRE 1991
O. De BETHMANN, M. MONSET-COUCHARD, J.P. RELIER
Service de Médecine Néonatale, Maternité Port-Royal, Paris
De janvier 1987 à Décembre 1991 (5 ans), 194 enfants issus de fécondation in-vitro (FIV) ont été admis dans le service de médecine néonatale de Port-Royal provenant de
101 grossesses. En ne comptant que les foetus restant après réductions embryonnaires ou disparition spontanée d'embryons, elles se répartissent en :
21 monofoetales, 59 gémellaires, 20 triples, 1 quadruple.
L'âge moyen des mères était de 34 ans. 6 avaient moins de 25 ans, 2 plus de 40 ans.
Le nombre de tentatives a été en moyenne de 2 à 5 avec un maximum de 21 ! Dans 46 cas la première tentative a réussi.
Les indications étaient essentiellement une pathologie tubaire (49) mais 11 stérilités étaient inexpliquées et 10 apparues suite à une ou plusieurs
IVG.
L'évolution des 101 grossesses confirme la fréquence des
hypertensions/toxémies (22), des menaces d'accouchement prématuré (48), des infections urinaires/vaginales (24). A noter 11
métrorragies du 1er trimestre concomittantes de la disparition spontanée d'un embryon.
2/101 grossesses seulement ont eu un déroulement normal (monofoetales).
Sur 203 foetus viables il y a eu 8 décès de foetus in utéro et
1 décès per partum. (4,5 %).
Des 194 nés vivants, 14 sont décédés pendant leur hospitalisation (13
à Port-Royal, 1 en Chirurgie Cardiaque) (7,5 %).
Sur 180 sortis vivants du service, 1 est décédé de mort subite
à 3 mois.
Il reste 179 enfants soit 88 % des foetus viables et donc une
mortalité périnatale de 120 %..
La prématurité et l'hypotrophie sont fréquentes dans les
fécondations in-vitro même dans les grossesses monofoetales. Dans cette série 14/21 enfants uniques
étaient prématurés dont 6 hypotrophes (42 %) (mères ‰gées de 37 à 44 ans et hypertendues).
6/59 seulement des grossesses gémellaires ont été menées à terme (37 - 38 semaines). 21 des 118 enfants
étaient hypotrophes.
4/20 grossesses triples ont atteint 37 semaines.
20 des 60 enfants étaient hypotrophes (34 %).
L'accouchement s'est déroulé par voie basse seulement pour 5 des 21 monofoetales, 32 des 59
gémellaires, et tout de même 5 des 20 triplés.
10/194 enfants nés vivants étaient porteurs de malformations (5 %) : 1 fente palatine, 4 malformations cardiaque (1
décès), 1 emphysème lobaire congénital, 1 trisomie 12, 1 pseudo-hérmaphrodisme masculin, 2 hypoplasies pulmonaires (2
décès).
Actuellement les 179 survivants ont entre 2 et 7 ans :
2 sont perdus de vue,
130 sont normaux (73 %),
34 ont un retard de langage isolé (20 %),
13 ont des séquelles (7 %) :
2 minimes:1 retard avec trouble du comportement. 1
diplégie isolée. 8 modérées : 5 retards psychomoteurs (QD : 63 - 76) dont 3 avec
diplégie spastique.
3 retards après longue hospitalisation. 3 sévères
: 1 quadriplégie spastique.
1 diplégie spastique.
1 trisomie.
Les 3 ont un retard mental important.
Parmi les enfants normaux ou avec un retard de langage isolé, 1 sur 5 a un comportement
hyperkinétique et instable qui peut être source de difficultés scolaires ultérieures.
Enfin dans les suites de cette série de fécondation in-vitro, on note : 2 mères abandonnées, 3 divorces, 8
dépressions maternelles (6/8 avec triplés), 1 père dépressif (fécondation in-vitro avec donneur -
triplés).
Mais aussi dans les 2 ans qui suivent la fécondation in-vitro 17 grossesses
spontanées chez 15 femmes : 2 fausses couches spontanées, 1 IVG (8 mois après des triplés), 2 fausses couches
spontanées suivies de 2 accouchements à terme, 8 accouchements à terme, 2 grossesses en cours de plus de 6 mois, soit
déjà 10 enfants vivants.
De cette étude on peut tirer quelques conclusions concernant les FIV :
- l'insuffisance d'information concernant l'astreinte tant psychologique que physique des actes
médicaux, et le risque de grossesses multiples.
-l'incertitude sur le devenir de certains enfants.
- le risque de déstabilisation du couple avec ses répercussions possible sur les enfants, d'où la nécessité d'une enquête psychosociale poussée avant la FIV.
- l'amélioration indispensable de la prise en charge globale des familles (très différentes actuellement selon les centres), pour favoriser au mieux l'harmonie de la relation parents - enfants.
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