Transfert électif versus transfert
non électif
B. ROSSIN*, P. TOURAME*, S. STERENZY*,
P. BOYER*
Introduction
Le problème des grossesses multiples issues
de l'AMP est devenu un sujet de préoccupation mondiale en terme de Santé
publique. Près de 2 % des enfants qui naissent dans les pays occidentaux
sont des enfants de la FIV. Les publications très nombreuses sur les transferts
électifs d'un seul embryon traduisent la prise de conscience de la profession
sur les conséquences des grossesses multiples en PMA. Bien que dans l'ensemble
des centres français soit constatée une baisse régulière du
nombre d'embryons transférés, le taux de grossesses multiples reste préoccupant.
La limite à 2 a diminué les grossesses triples mais les gémellaires
sont toujours de l'ordre de 25 %. Le transfert d'un embryon est d'actualité,
comment l'organiser sans faire perdre des chances de grossesse à la patiente
? La question de la politique de transfert à un embryon est-elle réalisable
dans une pratique quotidienne ?
Rapport de la commission de consensus de l'ESHRE
Maastricht 2002 (1)
Ses conclusions et recommandations : transfert
d'un embryon unique. Le but d'une AMP est d'avoir un enfant unique en bonne santé.
Actuellement dans des cas sélectionnés, les chances d'avoir un enfant
après transfert d'un embryon unique atteignent les chances de grossesse par
cycle d'un couple fertile. La commission recommande donc le transfert d'un embryon
surtout si la patiente a moins de 36 ans, eu moins de trois cycles et si l'on a
au moins un embryon de bonne qualité. Les professionnels de l'AMP doivent se
convaincre des risques accrus d'une grossesse gémellaire. Il existe une nécessité
de standardiser la cotation de qualité des embryons
Le transfert d'un embryon unique
diminue-t-il les chances de grossesse ?
Pour répondre à cette question, il faut
savoir si cette attitude peut être systématique ou si elle s'adresse à
une population de patientes sélectionnées. Or à travers la littérature
extrêmement riche sur ce thème, il semble se dessiner des grandes lignes
de critères de décisions à suivre.
Matériels et méthodes
Le laboratoire
1) Transfert d'un embryon ; importance
de la qualité embryonnaire
Des critères de qualité sont
proposés par la plupart des auteurs, afin de déterminer le meilleur embryon
à transférer. Ces critères sont nombreux, en fonction du stade de
développement des embryons, ils s'adressent aux zygotes, comme aux embryons
de 2 ou de 3 jours, voire aux morulas ou aux blastocystes. Ainsi, selon les auteurs,
ont été proposés : la taille des pronuclei, la distance entre eux,
le nombre et la polarisation des nucléoles, le taux de clivage et de fragmentation
à J2, J3, etc.
Van Royen (2) propose des critères
morphologiques :
- le nombre
de cellules le jour du transfert : quatre à cinq à J2, sept à huit
à J3 ;
- le taux de
fragmentation ; <20 % donne les meilleurs résultats ;
- l'absence
de noyau multi-nucléé.
Dumoulin (3) démontre l'importance
du clivage précoce des embryons : la sélection pour le transfert ne pouvait
pas être basée uniquement sur le nombre de cellules et la morphologie
de l'embryon le jour du transfert pour sélectionner l'embryon qui avait le
plus grand potentiel d'implantation mais également sur le statut de clivage
précoce.
Au total, une séquence idéale
est nécessaire à un bon taux d'implantation ; 2 cellules à 24-26
heures post insémination ou micro-injection, 4 à J2, 8 à J3.
2) Transfert d'un seul embryon :
à quel stade transférer ?
La question est de savoir si le transfert
électif d'un embryon s'envisage au stade de 2 pronuclei, au stade embryonnaire
précoce ou au stade de blastocyste. Selon les auteurs, sont à prendre
en compte des éléments multiples, y compris ceux de la législation
variable selon les pays : ainsi, par exemple en Allemagne, le laboratoire ne peut
pas mettre en culture plus de trois embryons, ce qui nécessite une adaptation
de leur pratique professionnelle. La décision de transférer électivement
un seul embryon implique une évaluation correcte de l'embryon (taux de clivage,
nombre de blastomères, pourcentage de fragmentations, etc.) et donc de savoir
à quel stade il faut le choisir et le transférer.
Montag (4) propose (du fait de la législation
allemande) une sélection des zygotes sur la morphologie des pro nucléi.
B. Lejeune (Bruxelles) (5) a réalisé
une étude prospective si l'embryon sélectionné à J3 en fonction
de sa morphologie est également sélectionné à J5 pour un transfert
de blastocyste (étude 1). Et une étude prospective randomisée comparant
les transfert à J3 au transfert à J5 (étude 2).
Étude 1 : 80 couples (27-42),
88 cultures prolongées où l'embryon sélectionné à J3 a
été mis en culture séparément jusqu'à J5, moment où
se choisit l'embryon à transférer. 40 % des sélectionnés à
J3 ont été choisis pour un transfert à J5, 44 % des non sélectionnés
ont bloqué leur développement.
Étude 2 : 25 embryons transférés
à J3 dont 19 d'excellente qualité, 28 % d'implantations. 40 embryons
transférés à J5 dont 28 d'excellente qualité, 38 % d'implantation.
Les auteurs en concluent que la morphologie
à J3 n'est pas hautement significative (étude1) et que la culture à
J5 permet d'effectuer un choix plus judicieux( étude 2).
Virant-Klun (6) rapporte des taux de
grossesses après transfert d'un seul blastocyste de 36 % versus 45 %
lors d'un transfert de 2 blastocystes sans différence significative. Par contre
le taux de grossesses gémellaires passe de 0 % à 30 %. La technique
utilisée (FIV ou ICSI) et l'âge de la femme <38 ans versus >38
ans n'affecte pas le taux de grossesse obtenu après transfert de un blastocyste
(34 versus 34 et 32 versus 39 respectivement).
3) Les taux de grossesses augmentent
avec le nombre d'embryons obtenus et l'existence d'embryons surnuméraires congelés
dans les protocoles classiques (7)
Les résultats de la tentative
de FIV ou d'ICSI en termes de nombres d'ovocytes et nombres d'embryons obtenus,
et de nombres d'embryons surnuméraires congelés sont autant d'éléments
indispensables à prendre en compte dans la politique de transfert. Nous avions
déjà présenté ce travail en 2003 dans le cadre d'une étude
de Fivnat avec 78,7 % d'agonistes de GnRH (12,5 % protocoles courts, 66,2 %
protocoles longs) et 19,6 % d'antagonistes : le taux de grossesse augmente
avec le nombre d'embryons obtenus et de l'existence d'embryons surnuméraires
congelés, témoin indirect de la qualité embryonnaire et ce, indépendamment
du nombre d'embryons transférés. La conclusion de cette étude montre
que :
- la congélation
d'embryons surnuméraires, reflet de la qualité embryonnaire, s'accompagne
d'une augmentation globale de la probabilité d'accouchements de 6 % ;
- à qualité
embryonnaire égale, le transfert de 3 embryons n'augmente que de façon
très marginale la chance d'accouchement ;
- le transfert
électif d'un seul embryon offre des chances d'accouchement unique proches de
celles des transferts de 2 ou 3 embryons. Les différences en terme de taux
d'accouchement global ne reflètent que les grossesses multiples.
Taux de grossesse en fonction du nombre
d'embryons transférés et du nombre d'embryons obtenus chez les patientes
ayant bénéficié d'un ou plusieurs embryons surnuméraires congelés.
Commentaires
: Le taux de grossesse est plus élevé en cas de congélation.
Le taux de grossesse est toujours légèrement supérieur en cas de
transfert de 3 embryons versus 2 mais la différence est faible 35,8
% versus 38 %. Le transfert d'un seul embryon ne s'accompagne d'une chance
de grossesse élevée qu'en cas de congélation (27,4 %).
4) La qualité de la cryoconservation
dans les transferts électifs d'un embryon pèse sur les résultats
Le challenge d'éviter les grossesses
multiples et notamment les gémellaires, sans altérer les taux de succès,
repose sur le transfert électif d'un embryon associé à un bon programme
de cryoconservation. Tiitinen (8) sur 127 transferts électifs d'un embryon
obtient un taux de grossesses de 38,6 %, le taux d'implantation le plus performant
a été réalisé sur des embryons de 4 cellules avec moins de 10 %
de fragments (39,8 %) . 129 transferts d'embryons congelés ont été
effectués, 46 de 1 embryon avec un taux de grossesses de 17,4 %, 83 de 2 embryons
avec un taux de grossesses de 37,3 %. Le taux cumulatif par ponction est de 52,8 %
et le taux de gémellaires de 7,6 %.
5) La technique de FIV, l'ICSI est-elle
un plus ?
Martikainen et son équipe (Finlande)
(9) montre que des taux de grossesses tout à fait acceptables peuvent être
obtenus avec le replacement d'un seul embryon : chez des femmes de < 36ans, lors
des première ou deuxième tentatives, si un embryon frais de bonne qualité
est transféré, les autres sont congelés. Les auteurs obtiennent des
taux de grossesses de 34,7 % par cycle avec 50,6 % en ICSI versus 28,5 %
en FIV ( p < 0,001). Le taux cumulatif de grossesses par patiente après
transferts d'embryon frais plus congelé est significativement aussi plus élevé
après ICSI (71,2 versus 53,4 % p < 0,01).
Les patientes
Le transfert électif d'un embryon,
dans l'état actuel de nos connaissances en 2004, semble s'adresser à une
population ciblée de bonne « implanteuse ».
Comment la définir, afin d'opter
pour une politique de transfert optimal sans altérer les taux de grossesses
? C'est ce que nous allons essayer de définir au travers de la littérature
et de notre propre expérience.
1) Le transfert d'un seul embryon
pour les femmes de quel âge et de quel rang de tentative ?
Le Lannou et son équipe (10),
depuis 2002, propose aux femmes âgées de < 38ans de rang 1 de
choisir entre le transfert de 1 ou 2 embryons. 65 couples ayant un transfert d'1
embryon sont comparés à 65 couples ayant un transfert de 2 embryons, appariés
selon l'âge, le nombre d'ovocytes et le nombres d'embryons obtenus. La conclusion
des auteurs : en transférant 1 embryon unique, les taux de grossesses par transfert
en frais sont diminués, mais le nombre de grossesses obtenues avec les embryons
congelés rétablit les chances de grossesses par ponction qui deviennent
équivalentes au transfert de 2 embryons, mais avec une diminution du risque
de grossesses multiples.
|
˙Transfert
1 E n=65 |
˙Transfert de 2E n=65 |
˙ |
|
˙âge |
˙30,2 |
˙30,7 |
˙ |
˙Ov matures/E obtenus |
˙8,8/6,2 |
˙8,6/6,2 |
˙ |
˙Embryons congelés |
˙3,7 |
˙2,7 |
˙P<0.05 |
˙Grossesse/E frais |
˙15 23 % |
˙22 34 % |
˙Dont 4 G2 + 1G3 |
˙Transfert E congelés |
˙87 |
˙48 |
˙ |
˙Grossesse/E congelés |
˙18 21 % |
˙13 27 % |
˙Dont 2G2 |
˙Grossesses/ponction |
˙33 50 % |
˙35 53 % |
˙ |
˙Accouch/ ponction |
˙28 43 % |
˙25 39 % |
˙ |
De Neubourg (11) évalue une population comparable
de femmes < 38 ans lors de la première tentative de FIV/ICSI : sur 262 femmes
243 transferts à J3 sont réalisés, 156 ( 64 %) femmes choisissent
le transfert de 1 embryon si cela est possible et 87 (36 %) choisissent le transfert
de 2 embryons.
Sur les 156 femmes désirant 1
embryon (SET) 120 transferts sont réalisés dont 105 avec un embryon de
bonne qualité, 15 avec un embryon de qualité non optimale (13 n'avaient
qu'un seul embryon) et 36 reçoivent 2 embryons de qualité non top ( tableau
1).
Sur les 87 femmes qui ont choisi un
transfert de 2 embryons (DET), 80 ont un transfert de deux et 7 de un car un seul
était possible pour le transfert (tableau 2).
L'étude montre un taux de grossesses
de 44 % pour les DET avec un taux de gémellaires de 29 % alors que si les patientes
ont choisi le SET (avec un embryon de bonne qualité ou le transfert de deux
quand la qualité embryonnaire n'était pas au rendez-vous) le taux est
de 43 % avec 2 % de gémellaires.
Tableau 1 : Patientes qui ont choisi
le transfert de 1 embryon : SET
Transfert |
˙SET top |
˙SET non top |
˙DET non top |
˙Total |
˙Nombre |
˙105 |
˙15 |
˙36 |
˙156 |
˙Grossesse unique |
˙45 |
˙6 |
˙11 |
˙62 |
˙Gémellaire |
˙0 |
˙0 |
˙1 |
˙1 |
˙Grossesse évolutive |
˙45 |
˙6 |
˙12 |
˙63 |
˙% gémellaire |
˙0 |
˙0 |
˙8 |
˙2 |
˙% grossesse évolutive |
˙43 |
˙40 |
˙33 |
˙40 |
Tableau 2 : Celles qui ont choisi 2 embryons quand
cela est possible
|
˙Transfert |
˙DET |
˙DET 1top |
˙DET |
˙Total |
˙SET |
˙SET |
˙Total |
|
˙ |
˙ |
˙top |
˙1 non top |
˙non top |
˙DET |
˙top |
˙non top |
|
˙Nombre |
˙26 |
˙23 |
˙31 |
˙80 |
˙2 |
˙5 |
˙87 |
|
˙Singleton |
˙13 |
˙5 |
˙7 |
˙25 |
˙1 |
˙2 |
˙28 |
|
˙Gémellaire |
˙6 |
˙3 |
˙1 |
˙10 |
˙0 |
˙0 |
˙10 |
|
˙Grossesses |
˙19 |
˙8 |
˙8 |
˙35 |
˙1 |
˙2 |
˙38 |
|
˙% gémellaire |
˙73 |
˙35 |
˙26 |
˙44 |
˙50 |
˙40 |
˙44 |
|
˙Tx Grossesse |
˙48 |
˙24 |
˙15 |
˙28 |
˙50 |
˙40 |
˙30 |
L'équipe de Dumoulin (Maastricht) (12) dans
une étude randomisée, compare le transfert électif d'un embryon (SET)
à celui de deux embryons (DET), pour toutes les patientes jusqu'à 40 ans
et indépendamment de la morphologie embryonnaire et du stade de développement,
lors de leur première tentative (ces auteurs avaient démontré
dans une autre étude que la sélection pour le transfert ne pouvait pas
être basée uniquement sur le nombre de cellules et la morphologie de l'embryon
le jour du transfert pour sélectionner l'embryon qui avait le plus grand potentiel
d'implantation (2) mais également sur le statut de clivage précoce.
Les patientes sont randomisées
juste avant le transfert, les embryons surnuméraires sont congelés, les
résultats sur les 200 premiers transferts sont les suivants (tableau).
|
˙ |
˙SET |
˙SET+Cong |
˙DET |
˙DET+Cong |
|
˙Tranferts : nb |
˙100 |
˙ |
˙100 |
˙ |
|
˙HCG+%/T |
˙31 % |
˙42 % |
˙45 % |
˙48 % |
|
˙G(7s) |
˙27 % |
˙37 % |
˙39 % |
˙41 % |
|
˙G(12s) |
˙24 % |
˙34 % |
˙36 % |
˙38 % |
|
˙% gémell
|
˙0 (0 %) |
˙1 (2 %) |
˙12 (27 %) |
˙12 (25 %) |
|
˙
La conclusion des auteurs est que lorsque le transfert
d'un seul embryon est appliqué à toutes les patientes indépendamment
de l'âge et de la morphologie des embryons, le taux de grossesses semble plus
bas mais non de façon significative (P>0,05) par rapport aux transferts
de deux embryons. Et lors de la prise en compte du transfert des embryons congelés,
les taux cumulatifs de grossesses sont presque comparables (34 % versus
38 %) et celui des jumeaux deviennent semblables à ceux de des grossesses
spontanées (1 à 2 %).
La même équipe (13),
cette fois dans un groupe sélectionné incluant toutes les femmes de <
38ans, qui débutent un cycle FIV entre juillet 2000 jusqu'en décembre
2001, compare les résultats du SET versus DET sur non plus la première
tentative mais sur les 3 tentatives remboursées par leur système de santé.
|
˙Rang |
˙No d'ET |
˙No de cycle |
˙G >12s %/c |
| |
˙ |
˙ |
˙ |
˙(% total) |
˙ET frais |
˙ET frais + congelé |
˙1 |
˙1 |
˙55 (19 %) |
˙18 (33) |
˙26 (47) |
|
˙ |
˙2 |
˙235 (81 %) |
˙78 (32) |
˙79 (34) |
|
˙2 |
˙1 |
˙36 (25 %) |
˙13 (36) |
˙14 (39) |
|
˙ |
˙2 |
˙107 (75 %) |
˙24 (22) |
˙26 (24) |
|
˙3 |
˙1 |
˙17 (20 %) |
˙3 (18) |
˙5 (29) |
|
˙ |
˙2 |
˙68 (80 %) |
˙15 (24) |
˙15 (24) |
|
˙
Ainsi appliquée à un groupe sélectionné
la SET peut être une politique de transfert sur les trois premiers cycles sans
compromettre les chances de grossesses. Cette opinion est partagée par Coetsier
(13) qui définit un groupe de bon pronostic, candidates au SET : femmes de
< de 36 ans ayant obtenu plus de 3 embryons de bonne qualité dans les trois
premières tentatives.
2) Transfert d'un embryon, lors
des deuxièmes demandes après naissance d'un enfant ? (14)
Cette étude a été réalisée
dans le cadre de FIVNAT 2003.
Sur des femmes sélectionnées,
patientes de moins de 37 ans, cherchant une deuxième grossesse, ayant
plus de 3 embryons, les résultats en taux de grossesses sont supérieurs
de 20 à 25 % à nombre égal d'embryons transférés. Les risques
de grossesses multiples sont eux aussi plus élevés.
La probabilité de grossesse multiple
par transfert est très forte puisqu'elle dépasse 10 % pour le transfert
de plus de 2 embryons et qu'elle est déjà de 9,1 % pour le transfert de
2.
Quant
au transfert électif de 1 embryon, même s'il correspond à une perte
de chance d'environ 30 % (versus le transfert de 2 embryons) il permet d'aboutir
à un taux d'accouchement de presque 23 % : taux d'accouchement et taux d'accouchement
multiple par transfert dans les groupes recherche de première grossesse (non)
et de deuxième grossesse (oui).
Commentaires : le taux
d'accouchement est augmenté d'environ 6 % dans les tentatives pour deuxième
enfant. Dans ce groupe le risque de grossesse multiple (et triple) est considérablement
plus fort que dans les tentatives pour premier enfant puisqu'il est globalement
aux alentours de 10 %. Même en ne transférant que 2 embryons le taux de
grossesse gémellaire par transfert est de presque 10 %. Le taux d'accouchement
pour le transfert électif d'un seul embryon reste inférieur de 8 % à
celui obtenu en transférant 2 embryons, mais il est néanmoins élevé
à 22,7 %.
3) Transfert d'un embryon, prise
en compte conjointe des paramètres embryonnaires et utérins ?
En FIV, le pronostic de grossesse est
lié au potentiel évolutif de l'embryon, à la réceptivité
de l'endomètre et à la qualité de la vascularisation utérine
; les chances de grossesse sont quasi-nulles pour une épaisseur de l'endomètre < 8mm
ou pour un IP > 3. En effet l'IP mesuré avant le transfert semble
avoir une excellente valeur pronostic. L'équipe de Frydman (16) propose un
score utérin coté sur 20 grâce à une évaluation échographique
où sont pris en compte l'épaisseur de l'endomètre, l'aspect et l'homogénéité
de la muqueuse, la moyenne des deux index de pulsatibilité des artères
utérines droite et gauche, l'absence ou la présence d'un notch, l'absence
ou la présence d'un flux diastolique des artères utérines, l'absence
ou la présence d'un flux endométrial. Un score est considéré
comme pathologique si il est < 15.
D'autres auteurs ont proposé
d'établir des scores pré-implantatoires afin de déterminer une politique
de transfert
Tableau 1 : score pré-implantatoire
Ardaens (17)
|
˙score |
˙0 point |
˙1 point |
˙2 points |
˙3 points |
˙4 points |
˙Total |
|
˙Endomètre |
˙ 7mm |
˙8-9mm |
˙10-11 mm |
˙12-14 mm |
˙ |
˙3 points |
|
˙IP moyen |
˙> 3 |
˙< 3 |
˙ 2,5 |
˙ 2 |
˙ 1,5 |
˙4 points |
|
˙Nb Et |
˙1 |
˙ |
˙2 |
˙3 |
˙ |
˙3 points |
|
˙Notch - |
˙D'un côté = + 0,5 point |
˙des 2 côtés = 1 point |
˙ |
˙1 point |
| | |
˙Notch
+ |
˙D'un côté = - 0,5 point |
˙des 2 côtés = -1 point |
˙ |
˙- 1 point |
| | |
˙
Taux de grossesse de 53 % pour un score de
10, 27 % pour un score 9.
Également l'équipe de Nisand
(18) les patientes présentant un score utérin élevé et des indices
de pulsatibilité bas ont un risque élevé de grossesses gémellaires
et sont de bonnes candidates aux transferts d'un embryon.
4) Les fortes réponses à
la stimulation quels que soient l'âge, le rang et l'indication
Ces patientes sont des candidates au
transfert électif d'un embryon, comme nous l'avons vu au chapitre précédent,
le fait d'avoir de nombreux ovocytes suivi de l'obtention de nombreux embryons est
un élément de pronostic favorable de chance de grossesse mais également
de risque de grossesses multiples.
Au sein de notre équipe, lorsqu'une
patiente présente une réponse forte à l'induction, nous proposons
une culture prolongée avec transfert d'un blastocyste frais si les risques
d'accidents d'hyper-stimulation sont raisonnables. Si les risques sont trop élevés,
nous réalisons une congélation de blastocystes avec transfert ultérieur
sur cycle induit avec recrutement uni-folliculaire.
Nous avons réalisé 495
transferts FIV ou ICSI de 1 embryon soit par obligation (nombre insuffisant d'embryons
obtenus) soit de façon sélective lors des cultures prolongées, 75
grossesses obtenues.
|
˙Nb E total |
˙1,11 |
˙1,53 |
˙10,25 |
˙9,25 |
˙ |
˙ |
˙J2 |
˙J3 |
˙J5 |
˙J6 |
˙ |
˙Nb transferts |
˙409 |
˙43 |
˙27 |
˙16 |
˙ |
˙Nb gross clinique |
˙60 (14,66 %) |
˙3 (6,7 %) |
˙10 (37,3 %) |
˙2 (12,5 %) |
˙ |
˙FC |
˙17 |
˙1 |
˙0 |
˙1 |
˙ |
˙BB |
˙41 |
˙2 |
˙9 |
˙1 |
Nous obtenons un taux de grossesses de 37 %
avec un transfert d'un seul blastocyste frais à J5, à cela il faut rajouter
les grossesses obtenues ultérieurement grâce aux embryons congelés,
ce qui nous donne un taux de grossesses par ponction de l'ordre de 60 %.
Dans notre équipe du 01/01/99
au 27/10/03 sur 3 123 tentatives, 12 cas (0,3 %) de congélations
d'embryons avec transfert ultérieur ont été décidées devant
un tableau HSO, 9 TEC ont été réalisées à ce jour avec
4 grossesses au premier cycle de replacement, deux accouchements et deux en cours
de plus de 6 mois, 4 couples ne sont pas encore revenus pour un transfert.
Il s'agit bien sûr d'une petite série mais nous avons obtenu un taux de
grossesses de 44 % ce qui nous confirme dans cette attitude, ou nous évitons
des risques pour la patiente sans diminuer ses chances de grossesse.
Conclusion
La réduction de 3 à 2 embryons transférés
est devenue une pratique courante dans de nombreux pays depuis les années 1999.
Les grossesses triples sont devenues exceptionnelles.
Le taux de gémellaires reste élevé.
C'est pourquoi en Suède, le transfert de 1 embryon est devenu usuel et que
les autres pays s'orientent dans la même direction.
La sélection des patientes à
haut risque de grossesses multiples est basé sur la reconnaissance de facteurs
prédictifs que sont l'âge, la durée d'infécondité, le type
d'infécondité primaire ou secondaire, le rang de la tentative, le nombre
d'ovocytes obtenus, le taux de fécondation et la qualité embryonnaire
auxquels s'ajoutent les marqueurs utérins de bonne implantation (muqueuse et
vascularisation).
Les facteurs prédictifs de grossesse
sont également prédictifs de grossesses multiples.
Le passage au transfert d'un seul embryon
est un challenge dont les autorités sanitaires ne pourront être absentes.
En effet la perte de chance d'accouchement devra être compensée par une
augmentation du nombre de tentatives remboursées. Les données préliminaires
d'une étude prospective belge montre que le rapport coût/bénéfice
est tout à fait satisfaisant dans une telle hypothèse. Peut-on imaginer
un système où le remboursement serait basé uniquement sur le nombre
cumulé d'embryons frais transférés ?
Bibliographie
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Van Royen E, Mangelschots
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Dumoulin JCM, Kester ADM , Evers JLH : Early cleavage is a valuable to existing
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2004,VOL/Iss/pg19/9 (2103-2108)ISSN:0268-1161.
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