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2010 > Pédiatrie > Vaccination  Telecharger le PDF

Parler prévention et vaccination à l’adolescente.

N Gelbert

Parler prévention et vaccination à l’adolescente.

Nathalie Gelbert

Avant l'accès à cet article, nous vous proposons un QCM de pré test le QCM de post-test se trouve en fin d'article

QCM PRE TEST  plusieurs réponses possibles :

1)    L’efficacité du vaccin anti-HPVest de :

a.     100%

b.     80%

c.     75%

 

2)    Les recommandations de vaccination anti-HPV sont de vacciner :

a.     A 14 ans

b.     L’année après les premiers rapports sexuels

c.     Jusqu’à 18 ans

 

3)    Proposer la vaccination anti-HPV s’accompagne de :

a.     Prescription de contraceptifs

b.     Explications sur le frottis cervico-utérin

c.     Explications sur le préservatif

d.     Interdiction de fumer

Résumé :

Nous nous limiterons au sujet de la prévention par la vaccination anti-HPV, qui posent peu de problèmes lorsque l’on en parle à des âges inférieurs à 14 ans, en effet le pédiatre est dans la continuité de son exercice professionnel  (vaccinateur et décision parentale), alors que la discussion avec l’adolescente nécessite d’être familier de ce genre de consultation de prévention chez l’adolescente. Pour cela, Les documents «  entre nous » édités par  l’INPES apporte une aide aux médecins. Par ailleurs, le programme REMPAR réunissant 4 études sur l’acceptabilité, les pratiques vaccinales et les actes de prévention du CCU actuellement en cours sont une source d’informations considérables pour la compréhension des difficultés à la prise de décision vaccinale et nous en présenterons les premiers résultats.

Introduction

Si ce sujet, de prime abord, ne semble pas poser de difficultés aux pédiatres qui sont habitués à discuter des vaccinations et prévention avec les parents , il est en fait plus complexe qu’il n’y paraît puisque la recommandation à l’âge de 14 ans  impose d’aborder avec l’adolescente et sa famille ,  les notions d’infections sexuellement transmissibles en consultation, et les moyens de prévention. Nous nous limiterons en effet au sujet de la vaccination anti HPV, inscrite au calendrier vaccinal depuis 2007 et dont la couverture reste faible, le rattrapage autour de l’âge de 16 ans étant mieux réalisé que la vaccination initiale recommandée à 14 ans.

Expérience en pratique pédiatrique de ville :

Lors de consultations annuelles ou à l’occasion d’une consultation non programmée, la vérification des vaccinations est un « réflexe » pour un pédiatre, et une « habitude » pour ses patients de même que celle d’apporter au pédiatre leur carnet de santé.

Ainsi la consultation de 13 ans prépare celle de 14 ans… le problème est que  cette tranche d’âge déserte souvent le cabinet au grand dame du pédiatre ! Ce constat justifie l’intérêt de vacciner avant 14 ans, c'est-à-dire au moment du rappel de tétravalent  de 11-12 ans Ainsi la vaccination sera-t-elle faite, comme celle contre l’hépatite B, AVANT que les problèmes ne se posent…

Pour ce qui concerne la vaccination anti HPV, le pédiatre possède ainsi l’atout de son expérience en vaccinologie et  l’image de vaccinologue qu’il a auprès des familles ; de plus si le pédiatre est une femme, il lui est souvent  plus facile de parler de sexualité au cours de la consultation avec l’adolescente.

En règle générale, la discussion est abordée de façon naturelle au moment de la consultation du carnet de santé, souvent par la mère de l’adolescente, plus rarement par l’adolescente elle-même. Les mères sont fréquemment demandeuses du vaccin, rarement opposées et souvent désireuses d’informations sur les effets secondaires et l’efficacité du vaccin. Les connaissances et la propre conviction du médecin envers l’utilité du vaccin sont alors fondamentales pour l’acceptabilité du vaccin. Parler  de la vaccination anti-HPV oblige à aborder le thème de la prévention anti-HPV(préservatif , frottis et cofacteurs) à ne pas scotomiser. Et pourtant, c’est souvent à ce moment là que le pédiatre est embarrassé, d’autant plus  si l’enfant est jeune (faut-il s’adresser à l’adolescente et/ou aux parents ?A partir de quel âge ?) Comment aborder les risques sexuels sans faire peur à l’adolescente qui s’inquiète déjà de sa sexualité ?

Il faut tout d’abord analyser l’acceptabilité de cette vaccination et l’étude REMPAR va nous y aider, analyser les  difficultés  de cette consultation et s’appuyer sur  son expérience, en s’aidant de certains outils fournis récemment par l’INPES pour les consultations d’adolescents.

Le programme REMPAR 

PROGRAMME REMPAR Recherche – Evaluation des Moyens de Prévention Anti-HPV en Rhône-Alpes            s’est  proposé de réaliser  4 études répétées à 3 temps du lancement de la vaccination anti HPV (T0 : début commercialisation ; T1 : + 1 an ; T2 : + 3 ans) :

● Etude HPV-MED: Pratique et acceptabilité chez les médecins

● Etude HPV-FEM: Étude de l'acceptabilité du vaccin anti-HPV chez les femmes concernées par le vaccin pour elles-mêmes ou leurs filles

● Etude HPV-VAC: Étude d'évaluation chez les adolescentes et jeunes femmes (14 - 23 ans) de la place du vaccin dans la prévention du cancer du col utérin (CCU ) et des infections sexuellement transmissibles (IST)

● Etude HPV-COL: Étude d'enregistrement des actes de prévention du CCU (frottis cervico-utérin FCU et vaccin HPV) dans la population féminine de 18 à 60/65 ans par un recueil de données réalisé par les médecins.

Nous nous intéresserons aux deux premières études (HPV-MED et HPV-FEM), les autres étant encore en cours d’analyse avec la permission de leurs auteurs car les publications sont encore sous presse: 

1) Perception et acceptation de la vaccination contre le papillomavirus par les médecins de la région Rhône-Alpes Etude HPV-MED phase TO (poster SFSP Nantes 2009) (1)

Cette  étude a été mise en place afin d’étudier les pratiques, la perception et l’acceptabilité du vaccin auprès des médecins impliqués dans la vaccination, à savoir les généralistes, les gynécologues et les pédiatres, soit 407 Médecins (303 généralistes, 65 gynécologues ,39 pédiatres)

Une première approche a été l’étude quantitative par auto-questionnaires envoyés aux médecins et montrant qu’ils étaient en moyenne  Favorables à 83% / Attentistes à 15% / Opposés à  2%, (tableau 1)

Une seconde approche, plus qualitative, a été réalisée à  l’aide d’entretiens semi directifs avec un échantillon de 50 médecins. Elle a montré  qu’ils étaient en moyenne  Favorables à 60% / Attentistes à 28% / Opposés à  12%,

Au total,  une large majorité de médecins est favorable au vaccin au motif de l’intérêt de santé publique et de la prévention du CCU.

Tableau 1

 Cependant  des interrogations subsistent chez les médecins concernant la vaccination elle-même et les difficultés de cette consultation.

Pour les médecins attentistes, les freins principaux à la vaccination sont le plus souvent liés au manque de recul (risque d’effets secondaires) et à la réticence de la population concernée (surtout les mères) (tableau 2)

Tableau 2 :

 

Quant aux difficultés liées à cette consultation, elles sont partagées par l’ensemble des médecins.

Pour ce qui concerne les difficultés liées à la  consultation c'est-à-dire à expliquer la vaccination, elles sont partagées par l’ensemble des médecins qu’ils soient favorables, attentistes ou opposés, et sont résumées dans le tableau 3 :

Tableau 3

 

Généralistes

(N=211)

N (%)

Gynécologues

(N=21)

N (%)

Pédiatres

(N=22)

N (%)

Difficultés à expliquer la vaccination

 

Questions posées sur le vaccin

 

  Age cible

 

  Motif initial de la consultation 

 

Abord de la prévention des IST

 

Autres

 

 

 

78 (37)

 

61 (28,9)

 

37 (17,5)

 

13 (6,2)

 

27 (12,8)

 

 

13 (61,9)

 

6 (28,6)

 

3 (14,3)

 

3 (14,3)

 

1 (4,8)

 

 

5 (22,7)

 

4 (18,2)

 

3 (13,6)

 

2 (9,1)

 

2 (9,1)

 1)    Questions posées sur le vaccin :

Essentiellement liées à la crainte d’effets indésirables et au manque de recul par rapport au produit, cette difficulté du médecin à répondre  traduit ses propres incertitudes et son manque de connaissance  à propos du vaccin (efficacité à long terme) (tableau 4)

Tableau 4

 

2)    L’âge cible de 14 ans :

Age trop bas pour comprendre les enjeux,   Faible fréquentation des cabinets (des pédiatres surtout), tranche d’âge qui exclut les extrêmes (les plus précoces qui en ont le plus besoin et les plus tardives)

3)    Autres :

Difficulté à aborder la vie sexuelle des jeunes filles devant les parents,  Motif initial de la consultation autre que la vaccination, Sujet des IST difficile à aborder

Au total, alors qu’une grande majorité de médecins sont favorables aux vaccins, le manque de recul  inquiète les familles et les médecins qui ont du mal à y répondre. On voit la nécessité pour les médecins  d’une information régulière au fil des années sur la vaccination anti-HPV, dispensée par le Comité Technique de Vaccination, Infovac, les sociétés savantes (SPILF, SFP, AFPA, CNGOF...) Ainsi,  le dilemme devant lequel sont placés les médecins de prendre le risque de voir apparaître des effets secondaires du vaccin  ou de faire perdre aux adolescentes une chance de protection contre le CCU s’estompera au fur et à mesure des années.

2) L’étude HPV-FEM  initiale

L’étude HPV-FEM  initiale réalisée en juillet 2008 (un an après le remboursement des vaccins HPV) a évalué les connaissances des femmes sur le CCU et sa prévention ainsi que l’acceptabilité du vaccin anti HPV, en particulier chez les mères de filles de 14 à 18 ans et a identifié les déterminants de l’attitude des mères. (Poster  SFSP Nantes 2009) (2)

Il s’agit d’une étude observationnelle transversale concernant des femmes âgées de 18 à 65 ans vivant en région Rhône-Alpes consultant en médecine générale, auprès de 39 médecins généralistes (MG), à l’aide d’un auto-questionnaire remis par le MG complété à l’issue de la consultation en médecine générale  quel qu’en soit le motif (1 478 femmes incluses)

Age  moyen 40.5 ans +/- 12.1.

Parmi elles, 290 femmes sont mères de filles de 14 à 23 ans, leur opinion vis-à-vis du vaccin était:

Et parmi les 354 mères de jeunes filles de moins de 14 ans :

Parmi celles qui sont Attentistes/Défavorables leurs justifications étaient d’avoir une fille non concernée (46%), la décision était  à prendre par le médecin (20%),un  manque de recul du vaccin/crainte des effets secondaires (15%).

L’analyse des facteurs déterminants l’acceptabilité du vaccin montre :          

Chez les mères  de filles de 14 à 23 ans :

- Des facteurs associés à une attitude favorable : âge inférieur à 50 ans OR=2.9 (1.1-8.0), vaccination pneumocoque d’un enfant OR=2.7 (1.1-6.8), connaître la population cible du vaccin OR= 4.6 ( 1.3-15.8), méconnaître le rôle du FCU OR=3.3 (1.03-10.8)

- Aucune association favorisante avec  la réalisation du FCU, le résultat anormal du FCU, la connaissance de la cause du CCU

Chez les mères de filles de moins de 14 ans :

- Des facteurs associés à une attitude favorable : bénéficiaires d’aides sociales OR=10.1 (2.1-48.6), une vaccination varicelle d’un enfant OR=2.8 (1.0-7.4), une vaccination VHB d’un enfant OR=2.1  (1.1-3.9), des antécédents de FCU anormal OR= 2.7 ( 1.0-7.2), connaître la population cible OR=19.5 ( 3 .8-99.7)

- Aucune association favorisante avec la réalisation du FCU, ou la connaissance de la cause du CCU.

Conclusion

Ces études commencent à nous faire mieux comprendre  les difficultés de la consultation tant du point de vue du médecin que de celui des mères alors que la grande majorité est favorable au vaccin. Elles se poursuivent actuellement  afin de suivre l’évolution des comportements et son retentissement sur la couverture vaccinale. Les principaux freins à la vaccination sont les connaissances insuffisantes de la population cible du vaccin et le sentiment que les filles ne sont pas concernées par la vaccination. Cela justifie d’accentuer l’information de la population par les professionnels (supports écrits ou informatiques) et d’élargir l’AMM  comme le demandent les pédiatres. En effet, le rappel DTCP de 11/12 ans est bien respecté, car à cet âge le suivi reste encore régulier et la vaccination anti-HPV couplée à ce rappel améliorerait la couverture vaccinale. Enfin, l’extension d’AMM permettrait une  évaluation individuelle  du risque par le médecin pour une proposition de vaccination adaptée.

N’oublions pas que les objectifs principaux de cette consultation de prévention sont  d’informer l’adolescente et sa famille sur le nombre de cancers annuels évités, le  développement du CCU, et les moyens de protection existants (vaccin+préservatif+frottis), d’aborder la sexualité d’une façon responsable en évitant l’alarmisme tout en rappelant constamment  la notion de secret professionnel à l’adolescente afin de laisser la porte ouverte aux futures interrogations. Pour le premier objectif, des supports d’information écrits ou informatiques actualisés régulièrement et émanant du Comité Technique de Vaccination,d’ Infovac, et des sociétés savantes (SPILF, SFP, AFPA, CNGOF...)seraient idéales. Pour le reste, l’expérience du médecin est essentielle et peut s’appuyer sur des outils récents fournis par l’INPES.

INPES   outil d’intervention en éducation pour la santé  conçu par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé

Face à la nécessité d’aborder des problèmes existentiels généraux afin d’éveiller l’intérêt des adolescents et d’amorcer une démarche éducative – ces derniers se sentant peu concernés par les problèmes de santé tels que le conçoivent généralement les adultes et les professionnels ; L’INPES a réalisé des documents aidant les professionnels à construire des entretiens avec les adolescents.

Nous présenterons essentiellement les éléments  susceptibles de nous aider pour « parler de prévention et vaccin anti-HPV ». En effet,  l’aide de ces outils est considérable puisque cette consultation va forcément  aborder la prévention du cancer du col utérin et la sexualité.

1) Pré requis :

Une recherche exploratoire sur les freins et les facteurs favorisant la relation entre médecin  et adolescents, limitée au territoire français, a été effectuée par des étudiantes de l’Institut national des techniques de la documentation (Int d (3)) et a permis de mieux identifier les principaux facteurs en jeu dans la qualité de la relation lors d’une consultation avec un adolescent. Ces facteurs sont les suivants :

• les difficultés relationnelles : entrer en relation en tenant compte de la timidité de l’adolescent, de son mutisme parfois, voire de son attitude d’opposition ;

• la capacité pour le médecin à « garder » sa place (différente du rôle parental, neutralité par rapport à la famille, bonne distance, etc.) ;

• la capacité d’écoute ;

• la capacité d’établir un lien spécifique avec un patient adolescent ;

• les difficultés à décoder la demande sous-jacente, la plupart des adolescents consultant pour un sujet anodin (vaccination, acné, trouble de la vue…)

• confidentialité (respect du secret) et la possibilité de passer d’une consultation enfant  à une consultation adolescent (accompagner vers une autonomie dans l’approche de sa santé) ;

• le sexe du médecin

• la présence d’un tiers pendant la consultation ;

• l’examen clinique qui est souvent un moment délicat pour l’adolescent (rapport au corps) ;

• le temps de la consultation trop court qui peut provoquer chez l’adolescent un sentiment de ne pas être pris en compte.

2) Cet outil cherche à soutenir les professionnels dans leur communication avec les adolescents.

« Entre nous » est un classeur composé de plusieurs éléments :

1. un guide pour le professionnel de santé ;

2. des supports d’appui à la relation ;

3. des supports d’information pour l’adolescent ;

4. un bon de commande de recharges pour les deux types de supports.

Le guide pour le professionnel de santé:

La démarche éducative est centrée sur la relation entre le professionnel et le patient. « C’est un acte d’accompagnement qui repose sur une alliance entre le patient et le professionnel qui devra faire preuve d’empathie et utiliser des techniques d’entretien favorisant le dialogue. Son objectif n’est pas que le patient suive aveuglément les conseils du médecin mais qu’il fasse son propre choix, en connaissance de cause, et qu’il soit accompagné dans ce choix par le médecin »(8).

Il est nécessaire  de connaître les comportements, attitudes et connaissances des adolescents en matière de santé :   la perception de la santé par l’adolescent est différente de celle des adultes : « […] l’adolescent privilégie la satisfaction immédiate de ses désirs et considère la santé comme dépendante de facteurs extérieurs, ce qui le rend peu accessible au discours de la prévention. » (21)

Dans le domaine des comportements sexuels, on relève un recours au préservatif lors du premier rapport qui se maintient à une fréquence élevée chez les jeunes de 15 à 25 ans. De même, la quasi-totalité des jeunes sexuellement actifs ne souhaitant pas avoir d’enfant, déclarent utiliser un moyen contraceptif(Le Baromètre santé de l’INPES)

L’adolescence est une période de fortes transformations psychiques limitant l’impact des messages de prévention.  En effet l’adolescent peut construire son identité par opposition aux adultes, par expérimentation de ses limites, par transgression, avec une croyance en sa propre immortalité, une intégration et une acceptation par leur groupe de pairs.

Dans ce contexte, il importe aux adultes (parents, adultes de l’entourage, éducateurs, professionnels de santé) de privilégier une approche personnalisée, globale et attentive à l’ensemble des ressources et difficultés de l’adolescent. La création d’un climat de confiance réciproque préside à une démarche de prévention. « Toute la difficulté pour le professionnel étant de découvrir la frontière ténue, entre imposer et aider (13) ».

En pratique, le déroulement de la consultation peut s’envisager en plusieurs étapes :

En amont, le médecin identifie les freins à la relation avec l’adolescent :

1)    cette relation est basée sur les demandes formulées par l’adolescent et  les informations techniques fournies par le médecin données dans une ambiance oscillant entre empathie et pédagogie. (34)

4 profils peuvent schématiquement se dégager :

                                                               pédagogie

Le médecin fournit l’information

Peu                                                        beaucoup

 

 

empathie

Peu

 

 

beaucoup

Le technicien

Le professeur

Le psy

L’allié

Le technicien : Le professionnel est plongé dans le concret, il va droit au but. Il estime que son expertise et son assurance sont des garanties suffisantes pour les patients mais celui-ci peut ne pas se sentir compris quant aux angoisses et aux interrogations qu’il aurait voulu exprimer.

Le « professeur » : Le professionnel est conscient que le patient se pose de nombreuses questions.

Il prend toujours le temps nécessaire pour répondre et expliquer de manière claire et précise les éléments essentiels.il néglige la dimension émotionnelle du patient qui  peut ne pas se sentir compris.

Le « psy » : Le professionnel a compris l’importance de l’écoute du patient en prenant une réelle aisance à le faire parler. Il prend le temps de se montrer attentif aux réactions et comportements du patient. Il ne juge pas toujours utile de donner au patient des explications et le patient a le sentiment d’être compris et écouté, mais il lui manque ces explications pour être rassuré de manière durable.

L’ « allié » : Le professionnel réalise un bon équilibre entre l’écoute du patient et les informations qu’il lui donne. Ces deux compétences (humaine et technique) permettent une véritable alliance thérapeutique. Le patient se sent considéré, compris et en confiance. Il s’exprime très librement et a les explications claires et précises.

 2) Le genre (féminin-masculin) de l’adolescent ou du professionnel de santé

Les adolescentes sont ainsi plus enclines que les garçons à parler des questions relatives

à la contraception. Par ailleurs, certains professionnels de santé peuvent eux-mêmes se sentir plus à l’aise pour parler de sexualité avec une fille. Cependant, dans une de leurs études, Kapphahn et coll. (35) ont montré que la moitié des adolescentes ayant répondu préféraient un médecin femme contre 48 % qui n’avaient pas de préférence ; 65 % des garçons n’avaient pas de préférence en matière de genre.

3) Comment faire ?7)

« Est-ce que tu te sens à l’aise avec moi pour discuter de sexualité, de ta famille… ? » (Cette question s’applique tout autant au médecin : suis-je à l’aise avec l’adolescent pour parler de sa sexualité, de sa famille… ?)

« Est-ce qu’il y a des sujets pour lesquels tu te sentirais plus à l’aise avec quelqu’un du même sexe que toi ? »

« Concernant ce sujet, je te propose de prendre rendez-vous avec monsieur ou madame X (ou bien de voir mon/ma collègue) qui sont plus à même de t’accompagner, qu’en penses-tu ? Es-tu d’accord ? »

Consultation :

1) Il est essentiel d’indiquer sa  disponibilité pour l’adolescent ;

parce que l’adolescent est particulièrement sensible au contexte, l’accueil doit favoriser la convivialité, le respect, le rappel de la confidentialité entre le médecin et l’adolescent.et pas uniquement envers son parent accompagnateur. Si l’adolescent n’est pas demandeur d’un échange, ou opposé à la vaccination, il faudra s’attacher  sans intrusion à lui transmettre une ouverture au dialogue possible en lui mettant  à disposition des documents d’information spécifiquement destinés aux adolescents et se laisser la possibilité de revenir sur le sujet une autre fois.

2) Pour gagner la confiance des adolescents ;

L’entretien (en tout cas une partie de celui-ci, incluant l’examen physique) hors de la présence des parents sera suscité après le début de la puberté et s’imposera à 16 ans à l’occasion de la personnalisation de la carte vitale et du choix du médecin traitant.

Recevoir seul un adolescent, c’est une façon de marquer sa singularité, son individualité ainsi qu’une reconnaissance de son autonomie et libre arbitre. C’est jouer le rôle de relais loyal avec les parents, mais dans le secret avec l’adolescent. Rappeler que le secret professionnel est garanti

3) Il est essentiel de décoder et de comprendre les mécanismes qui conduisent à la prise de décision afin d’éviter que tout conseil ou parole ne puissent pas être entendus par l’adolescent.

Pour cela, il faut explorer les représentations du professionnel de santé chez l’adolescent    (Que penses-tu des professionnels de santé ? quel est leur rôle ?), ses représentations de la santé (47) (Quels sont pour toi les facteurs qui contribuent à la/ta santé ?Que peut-on faire d’après toi pour la protéger et/ou l’améliorer ?),  ses sources d’information (« Toi, tu en penses quoi ? » ou contourner l’obligation de s’engager en demandant« Qu’est-ce qu’on en dit autour de toi ? Qu’est-ce que tu as lu ? »« Avec qui parles-tu le plus facilement de santé ? Où vas-tu chercher les infos qui te sont nécessaires ? Comment fais tu le tri entre toutes les informations ? »

L’adolescent peut arriver avec ses questions. Il s’agira bien d’y répondre, mais en évitant de le faire directement, et en essayant d’obtenir d’abord son avis, son sentiment, sa perception.

Puis  lui donner son propre point de vue, en utilisant des supports faisant mention de leurs sources, discutez et analyser avec l’adolescent les sources d’information qu’il utilise : «Peux-tu identifier l’émetteur de ces informations ? » « Penses-tu que ce soit une source « objective » ? »

Enfin une fois le thème de la vaccination traitée, l’entretien s’enrichit de questions ouvertes en lien avec son environnement  familial, social, comportemental….On peut s’appuyer pour cela sur « les  supports d’appui à la relation de l’INPES.

4) L’examen physique :

L’INPES propose un outil d’examen physique commenté(57) réalisé par le groupe ADOC (56) . Il s’agit de dépasser le simple recueil de données pour contribuer à familiariser l’adolescent avec son corps. Même avec un adolescent très pudique, cette approche corporelle, qui souligne aussi ce qui va bien, participe à l’augmentation de l’estime de soi. Il s’agit de dépasser le simple recueil de données pour contribuer à familiariser l’adolescent avec son corps et son évolution. À chaque phase de l’examen, le médecin complète par un commentaire ou par une ou deux questions ouvertes de manière à laisser l’adolescent s’exprimer.

Chaque moment, ou organe, exploré fait lien ou métaphore avec une dimension de son existence et le médecin fait un commentaire ou complète par des questions ouvertes. L’important est de faire un commentaire PENDANT l’examen et non après, afin de susciter un échange sur les thèmes, par exemple de :

• la pesée = alimentation, le plaisir de manger ;

• la taille = la croissance ;

• les oreilles = la musique préférée ;

• la bouche : l’hygiène dentaire et l’hygiène tout court ;

• auscultation pulmonaire : tabac, cannabis, etc.

• auscultation cardiaque ou prise de TA : tachycardies éventuelles donc émotions ;

• la peau, l’acné : l’apparence, l’image, le look ;

• sexe, seins ; sexualité vaccin anti HPV, IST, contraception

Chaque phase de l’examen permet de rassurer l’adolescent sur sa « normalité » et d’ouvrir une porte pour qu’il puisse s’exprimer sur des sujets qui le préoccupent.

Ainsi, ces différents outils aident  le médecin  à construire la consultation et à établir une qualité relationnelle propice  à l’abord des différentes dimensions de l’adolescence, dont la vaccination n’est qu’un des aspects de la prévention.

En conclusion, parler de prévention anti-HPV à une adolescente est l’exemple type de consultation pour laquelle le médecin doit instaurer un climat de confiance, de respect et au bout du compte une alliance  avec sa jeune patiente afin qu’elle comprenne les enjeux de cette vaccination. Les documents « entre nous » de l’INPES sont une aide mais les capacités d’empathie et d’écoute du médecin feront le reste. Après des informations techniques sur le vaccin et le CCU, la conviction du médecin et l’expression de ses incertitudes s’il en a, l’adolescente exercera son libre arbitre d’autant mieux qu’elle se sentira écoutée et en confiance.

Bibliographie

(1)Poster SFSP HPV-MED Nantes 2009 : J. kalecinski3, V. Regnier3, D. Lutringer-Magnin1, G Barone1, A.C. Jacquard2, P. Vanhems4, B. Soubeyrand2, C. Lasset1, F. Chauvin3.

1Centre Léon Bérard et UMR CNRS 5558 Université Claude Bernard Lyon 1, Lyon  2Sanofi Pasteur MSD, Lyon

 3Institut de Cancérologie de la Loire et IFR 143, Université Jean Monnet, Saint-Etienne  4Hospices civils de Lyon et UMR CNRS 5558 UCBL 1, Lyon

(2)Poster SFSP HPV-FEM nantes 2009 : Haesebaert J1, Barone G1, Jacquard AC2, Régnier V3, Kalecinski J3, Soubeyrand B2, Vanhems P4, Chauvin F3, Lasset C1

1Université Lyon 1, CNRS UMR 5558 et Centre Léon Bérard, Lyon, France 2Sanofi-Pasteur MSD, Lyon, France , 3 Institut de Cancérologie de la Loire et Université Jean Monnet de Saint-Étienne, IFR 143, Saint-Étienne, France 4 Université Lyon 1, CNRS UMR 5558 et Hospices Civils de Lyon, Lyon.

(3)Bertrand L., Bonnefoy L., Dhiver V., Hodée V., INTD. L’accueil des adolescents au cabinet de médecine générale [Synthèse documentaire]. Saint-Denis : INPES, 2007.

(8) Sandrin-Berthon B. Éduquer un patient : comment être plus performant ? La Revue du Praticien, médecine générale, 2001, tome 15, n° 549 : p. 1727-1730.

(13) Caflisch M., Chappuis-Bretton B. à propos de l’adolescence : quelques réflexions éthiques. Médecin et Hygiène, 2003, vol. 61, n° 2425 : p. 374-376.

(21) Sandrin-Berthon B., Lestage A., Baudier F., Monnot A. 1, 2, 3… santé. éducation pour la santé en milieu scolaire. Vanves : CFES, coll. La santé en action, 1994 : 70-7

(34) Légeron P., Allaf B., Laroche F. Médecin-patient : quelles attitudes relationnelles. La Revue du Praticien, médecine générale, 6 novembre 2007, tome 21, n° 786/787 : p. 998.

(35) Kapphahn C.J., Wilson K.M., Klein J.D. Adolescent Girls’ and boys Preference for Provider Gender and Confidentiality in their health Care. Journal of adolescent health, août 1999, vol. 25, n° 2 : p. 131-142.

(47) Lufin A. Les représentations de santé des jeunes : les comprendre, les recueillir, les partager. Bruxelles : Croix-Rouge de Belgique, 1995 : p. 67.

 56) En ligne : http://www.medecin-ado.org/infos/sommaire.htm 5

(57) En ligne : http://www.medecin-ado.org/boite outils/outil_9.htm

QCM POST TEST  plusieurs réponses possibles :

4)    L’efficacité du vaccin anti-HPVest de :

a.     100%

b.     80%

c.     75%

 

5)    Les recommandations de vaccination anti-HPV sont de vacciner :

a.     A 14 ans

b.     L’année après les premiers rapports sexuels

c.     Jusqu’à 18 ans

 

6)    Proposer la vaccination anti-HPV s’accompagne de :

a.     Prescription de contraceptifs

b.     Explications sur le frottis cervico-utérin

c.     Explications sur le préservatif

d.     Interdiction de fumer

 

Nathalie Gelbert