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Introduction Avec 493 000 nouveaux cas et 273 000 décès annuels1, le cancer du col de l’utérus est en fréquence le deuxième cancer féminin dans le monde et reste un enjeu majeur de santé publique. En France, en 2000, le cancer du col de l’utérus était au 8e rang des cancers de la femme avec une incidence de 3 400 cas et une mortalité de 1 000 femmes par an2. Le cancer du col présente plusieurs caractéristiques justifiant la mise en œuvre d’un dépistage de masse. C’est une maladie assez fréquente, associée à une mortalité élevée et pour laquelle il existe un traitement efficace des formes pré-invasives et invasives précoces. Dans la plupart des pays développés, les programmes de dépistage primaire, basés sur la réalisation d’une cytologie cervico-vaginale répétée tous les deux ou trois ans, permettent la détection et le traitement des lésions précancéreuses du col de l’utérus réduisant ainsi massivement l’incidence des cancers infiltrants. La découverte d’une cytologie cervicale anormale impose la réalisation d’un examen diagnostique (« gold standard ») : la colposcopie, éventuellement complétée par la réalisation de biopsies dirigées permettant un diagnostique histologique précis. Du fait de son risque de progression vers un cancer infiltrant, le diagnostique d’une lésion intra-épithéliale de haut grade (LIEHG) du col de l’utérus impose son traitement. Celui-ci consiste le plus souvent en une conisation, qui peut être réalisée à la lame froide, au laser, ou bien à l’anse diathermique aussi appelée large loop excision of the transformation zone (LLETZ) par les anglo-saxons. Identifiés dans 97 à 99% des cancers infiltrants du col de l’utérus3, 4, les Papillomavirus humains (HPV) sont aujourd’hui reconnus comme étant le principal facteur de risque de survenue d’un cancer du col de l’utérus. Pour cette raison, le test HPV a été envisagé comme le moyen d’optimiser le dépistage primaire des lésions précancéreuses du col de l’utérus, voire de supplanter la cytologie. Utilisé en complément du frottis cervico-vaginal, le test HPV serait plus sensible que la cytologie seule, et permettrait de limiter la fréquence des tests de dépistage tout en évitant l’écueil des frottis insatisfaisant par manque de matériel cellulaire. Aujourd’hui, l’intérêt du test HPV n’est admis que dans deux indications précises : la prise en charge du frottis de type « Atypical Squamous Cells of Undetermined Signifiance » (ASCUS) chez la femme de plus de 30 ans et la surveillance post-thérapeutique des LIEHG. Ainsi, l’American College of Obstetricians and Gynecologists (ACOG) et l’ANAES (actuelle Haute Autorité de Santé) ont admis l’intérêt de la recherche des HPV de haut risque chez les femmes de plus de 30 ans présentant un frottis ASCUS2, 5. Réalisé dans ces conditions, un test HPV négatif permet d’exclure une LIEHG alors qu’un test positif indique la réalisation d’une colposcopie. Concernant le suivi des patientes traitées pour une LIEHG du col de l’utérus, les données actuelles de la littérature montrent que le test HPV est plus performant que la cytologie seule pour dépister une lésion résiduelle ou une récurrence6-8. Sa valeur prédictive négative est excellente et sa positivité est significativement associée à la présence d’un échec thérapeutique. Dans cette situation, la colposcopie ne serait alors réalisée que dans un but diagnostic en cas de test HPV positif et/ou de cytologie anormale. En comparaison, et ce malgré l’existence d’études favorables9, 10, le test HPV tarde à être introduit dans le dépistage primaire des lésions du col de l’utérus. Epidémiologie et généralités Les papillomavirus humains (HPV) sont des virus à ADN de la famille de Papillomaviridæ. Leur génome est une molécule d’ADN bicaténaire circulaire d’environ 8000 paires de bases codant, entre autres, pour deux oncoprotéines : E6 et E7. Ces virus, à tropisme épithélial, sont responsables de lésions fréquentes de la peau et des muqueuses, le plus souvent bénignes. La transmission est directe par contact cutané ou muqueux. Il existe plus de 120 types différents d’HPV, parmi lesquels 96 papillomavirus humains. On estime toutefois qu'une centaine de nouveaux papillomavirus humains supplémentaires restent à découvrir. Au total, 15 types : 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59, 68, 73 et 82 sont considérés comme étant à haut risque oncogène11 et comme le principal facteur de risque de dysplasie cervicale intra-épithéliale12, 13 et de cancer du col utérin3, 14. Les HPV 6, 11, 40, 42, 43, 44, 54, 61, 70, 72, 81 et CP6108 sont considérés comme étant à bas risque oncogène pour le col de l’utérus. La distribution des différents types d’HPV varie en fonction de la région géographique et de l’âge. En France, 97% des cancers invasifs du col de l’utérus seraient HPV positifs4 contre 98% des LIEHG15. Ainsi, chez les patientes ayant un cancer du invasif du col de l’utérus, les différents types d’HPV observés sont les HPV 16 (73%) et 18 (19%), suivis par les HPV 31 (7%), 33, 68, 45, 52 et 58 (4,1-2,3%)4. En comparaison, les types d’HPV identifiés chez les patientes ayant une LIEHG sont les HPV 16 (62%), suivis des HPV 31 (15%), 33 (12%), 52 (9%), 51 (8%), 58 (7%), 35 et 18 (4%)15. La connaissance de l’histoire naturelle de l’infection à HPV est fondamentale à la compréhension et à l’utilisation du test HPV en pratique clinique. Dans la population féminine, la prévalence de l’infection à HPV est élevée. Elle est maximale avant 30 ans avec 30 % des femmes infectées et décroît ensuite avec l’âge16. De la même manière, la prévalence de l’infection à HPV de haut risque est maximale avant 30 ans. Chez les femmes de 20 à 24 ans et de 24 à 29 ans, elle est respectivement de 13 et 17 % et chute ensuite à 2,5-3,9 % après 30 ans17, 18. Ces infections sont le plus souvent transitoires. La majorité des femmes vont se débarrasser de l’infection en 8 à 10 mois et ne développeront jamais de lésion cervicale19-21. L’infection à HR-HPV va persister uniquement chez une minorité d’entre elles et c’est principalement la persistance de l’infection qui expose la patiente au risque de LIEHG et de cancer infiltrant du col de l’utérus22. Cytologie cervico-vaginale Même si la cytologie cervico-vaginale a fait la preuve de son efficacité en permettant la réduction historique de la mortalité liée au cancer du col de l’utérus23 ; sa sensibilité et sa spécificité ont été récemment remises en question. Les faux positifs et les faux négatifs de la cytologie cervico-vaginale ont des conséquences médicales, financières, psychologiques et légales importantes. Les faux positifs exposent au risque de ne pas diagnostiquer une lésion intraépithéliale et à son risque évolutif, tandis que les faux positifs entraînent le recours à des investigations voire à des traitements inutiles et potentiellement morbides chez des femmes souvent en âge de procréer24. Dans une récente méta-analyse, Cuzick et col. rapportent une sensibilité globale de la cytologie à dépister une LIEHG de 53% (IC à 95% : 48,6-57,4%), avec des écarts très importants, allant de 18,6% à 76,7% selon les études25. La spécificité de la cytologie serait par contre élevée : 96,3% (IC à 95% : 96,1-96,5%). La faible sensibilité du frottis cervico-vaginal expose les patientes au risque de développer une lésion invasive du col de l’utérus26. De plus, l’interprétation de la cytologie varie énormément d’un cytopathologiste à l’autre, compromettant la reproductibilité de test27. Les limites de la cytologie se répercutent immanquablement sur les cas de cancers du col observés. Dans une enquête nationale analysant 524 cas de cancers du col diagnostiqués en France en 2006, il apparaissait que deux tiers des patientes n’avaient jamais eu de frottis de dépistage ou bien avaient un frottis normal datant de plus de 3 ans (23 % et 45 %, respectivement), alors que 32 % de ces patientes avaient un frottis normal réalisé dans les 3 dernières années 28. La cytologie en milieu liquide, en plus de faciliter la réalisation d’un test HPV sur le même échantillon, a été présentée comme un moyen d’optimiser la performance de la cytologie conventionnelle. Elle permet également le recours à des procédés de lecture automatisée, limitant en théorie les erreurs d’interprétation humaine et permettant l’analyse rapide d’un grand nombre d’échantillons. L’apport de la cytologie en milieu liquide reste controversé. Elle n’est pas plus performante que la cytologie conventionnelle. Dans un large essai randomisé comparant la cytologie conventionnelle (n=22708) à celle en phase liquide (n=22466), Ronco et col. n’ont pas observé de différence significative entre la sensibilité de ces deux méthodes29. Par contre, la cytologie en phase liquide permettrait d’optimiser le rendement de la cytologie en réduisant le risque de frottis insatisfaisant de manière très nette29. Les recommandations officielles, basées sur la conférence de consensus de Lille de 1990 réactualisée en 2002 et reprise par l’Agence Nationale pour le Développement de l'Évaluation Médical, indiquent la réalisation d’un frottis cervico-vaginal de dépistage tous les 3 ans chez les femmes de 25 à 65 ans. En pratique, ces recommandations ne sont pas suivies. Contrairement à des pays comme l’Angleterre, la France n’a jamais mis en place de dépistage organisé et se contente d’un dépistage opportuniste. Six millions de frottis sont réalisés chaque année en France pour une population cible de 15 millions de femmes. En réalité, notre politique de dépistage souffre d’un taux de couverture trop faible, ne dépassant pas 55 à 65 %. Ainsi, seule une partie de la population bénéficie d’un dépistage annuel injustifié alors que près de la moitié de la population féminine française n’est pas ou insuffisamment dépistée. Ce faible taux de couverture est une des premières causes des limites de l’efficacité de notre dépistage et explique en partie pourquoi l’incidence du cancer du col reste trop élevée en France, devant celle d’autres pays européens comme l’Angleterre, la Finlande, l’Italie, l’Espagne, les Pays-bas ou la Suède. Test HPV Il existe de nombreuses techniques de détection des papillomavirus. Celle-ci peut se faire par PCR, les techniques les plus courantes utilisant les amorces MY09/MY1130 ou GP5+/GP6+31 ou à l’aide de test commercialisés comme le test Inno-Lipa (Innogenetics®)32 ou l’Hybrid Capture 2 (Digène®) qui permet la détection de 13 HPV oncogènes, et dans certains cas, une évaluation semi quantitative de la charge virale33. A ce jour, le test HC2 est celui qui a été le plus évalué, que ce soit dans un but de dépistage primaire du cancer du col ou de suivi post-thérapeutique. Test HPV et dépistage primaire L’apport du test HPV dans le dépistage primaire du cancer du col de l’utérus a été particulièrement bien évalué et nous disposons aujourd’hui de nombreuses études prospectives randomisées de grande taille. Si prises isolément, ces études présentent parfois des résultats contradictoires, la publication récente de plusieurs méta-analyses a permet une analyse globale de ces publications6, 9, 25. L’Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer (IARC) a récemment conclu que nous disposions actuellement de preuves suffisantes pour considérer le test HPV comme capable de diminuer l’incidence de la mortalité liée au cancer du col de l’utérus et qu’il est probablement aussi efficace que la cytologie34. D’après les résultats de la méta-analyse publiée par Koliopoulos et col., le test HPV Hybrid Cature 2 (HC2) aurait la meilleure sensibilité pour dépister une LIEHG : 90% (IC à 95% : 86,4-93,7%) (Figure 1), suivie de la PCR : 80,9% (IC à 95% : 70-91,7%) et de la cytologie au seuil ASCUS : 72,7% (IC à 95% : 63,9-81,5%)9. La plus faible sensibilité était observée pour la cytologie au seuil LIEBG : 61,6% (IC à 95% : 48-75,2%)9. Concernant la spécificité, le test HPV HC2 aurait la plus faible spécificité : 86,5% (IC à 95% : 83,1-89,8%) (Figure 2), la meilleure étant obtenue par la cytologie au seuil LIEBG : 96% (IC à 95% : 94,8-97,2%) (Tableau 1)9. D’après Cuzick et col., la sensibilité du test HPV à dépister une LIEHG serait de 96,1% (IC à 95% : 93,6-97,6%)25. La spécificité serait de 90,7% (IC à 95% : 90,4-91,1%). Comparé à la cytologie, les auteurs concluent à une meilleure sensibilité du test HPV (Tableau 2)25. Dans une dernière méta-analyse, Arbyn et col. concluent à une sensibilité du test HPV HC2 à mettre en évidence une LIEHG de 89,3% (IC à 95% : 85,2-93,4%)6. Selon ces mêmes auteurs, la spécificité du test HPV HC2 à exclure une LIEHG serait de 87,8% (IC à 95% : 85,5-89%)6. L’histoire naturelle de l’infection à HPV influence particulièrement la lecture de ces résultats et l’âge de la patiente est un critère déterminant de l’application du test HPV dans le dépistage primaire. La détection des papillomavirus oncogènes n’a qu’une valeur prédictive positive faible car seulement une minorité des patientes infectées développera un cancer du col35. Ceci est particulièrement vrai pour les femmes de moins de 30 ans, chez lesquelles la prévalence de l’infection à HPV de haut risque est élevée et qui pour la majorité vont se débarrasser du virus sans développer de lésion cervicale. Ainsi, Koliopoulos et al. observent une augmentation de la sensibilité du test HPV à 94,8% (IC à 95% : 90,9-98,7%) lorsqu’il est utilisé en dépistage primaire chez des femmes de plus de 30 ans (Tableau 1) alors que la spécificité n’était que très peu influencée par l’âge9. Paradoxalement, Cuzick et al. n’ont pas observé d’influence nette de l’âge sur la sensibilité du test HPV en dépistage primaire mais rapportent une spécificité légèrement augmentée à 93,3% (IC à 95% : 92,9-93,6%) chez le femmes de plus de 35 ans contre 90,7% (IC à 95% : 90,4-91,1) tout âge confondu25. Les résultats de l’essai randomisé publié par Mayrand et col. confirment les performances du test HPV en dépistage primaire appliqué tout particulièrement chez les femmes de plus de 30 ans 36. Dans cette étude, ce sont 10154 femmes de 30 à 69 ans qui ont été randomisées pour le dépistage des LIEHG entre un dépistage par test HPV seul ou une cytologie cervico-vaginale seule. Comparé à la cytologie, le test HPV a une sensibilité significativement plus élevée : 94,6% (IC à 95% : 84,2-100) vs. 55,4% (IC à 95% : 33,6-77,2), respectivement (p=0,01) alors que la spécificité est significativement plus faible : 94,1% (IC à 95% : 93,4-94,8) vs. 96,8% (IC à 95% : 96,3-97,3), respectivement (p<0,001). Le seuil de positivité du test HPV influence directement les performances du test. L’importance de la valeur seuil choisie sur les performances du test HPV en dépistage primaire est illustrée par les résultats d’un large essai randomisé incluant près de 49000 femmes comparant le dépistage par test HPV (HC2 test) et par cytologie conventionnelle 37. Chez des femmes de 35 à 65 ans, cet essai conclue à une meilleure sensibilité relative du test HPV par rapport à la cytologie conventionnelle lorsqu’il est utilisé à un seuil de positivité à 2 pg/ml (1,81 ; IC à 95% : 1,2-2,72) et ce au prix d’une très faible diminution de la VPP (0,99% ; IC à 95% : 0,67-1,46). Utilisé au seuil classique d’1 pg/ml chez ces mêmes femmes, les test HPV a effectivement une meilleure sensibilité relative par rapport à la cytologie (1,92 ; IC à 95% : 1,28-2,87), mais la VPP relative est plus nettement diminuée (0,80 ; IC à 95% : 0,55-1,18). En permettant un dépistage plus précoce des LIEHG, le test HPV utilisé en dépistage primaire permettrait également d’augmenter l’intervalle de temps entre deux test de dépistage. De telles hypothèses sont documentées par les résultats d’un essai randomisé portant sur près de 17000 femmes de 29 à 56 ans avec un suivi sur plus de 6 ans et demi 38. D’après cette étude, le test HPV permettrait de dépister initialement 70% de plus de CIN3+ que la cytologie (IC à 95% : 15-151 ; p=0,007). Lors des suivis ultérieurs, le nombre de CIN3+ dépistés par le test HPV serait alors 50% plus faible que ceux dépistés par la cytologie (IC à 95% : 28-72 ; p=0,001) pour un nombre total de lésions diagnostiquées équivalent dans les deux groupes. Association cytologie-test HPV dans le dépistage primaire Bien qu’offrant des performances élevées, une telle politique de dépistage pose un problème de surcoût évident dont la justification reste débattue. Actuellement, aucun pays de l’Union Européenne ne recommande ce dépistage. L’association de la cytologie au seuil ASCUS et du test HPV HC2 test aurait une sensibilité significativement plus importante que celle du test HPV HC2 seul (ratio : 1,05 ; IC à 95% : 1,05-1,06) (Figure 3)9. Par contre, la spécificité d’une telle combinaison est significativement inférieure à celle du test HPV HC2 seul (pooled ratio 0,95 ; IC à 95% : 0,94-0,96) (Figure 4) ou de la cytologie seule au seuil ASCUS (pooled ratio : 0,94 ; IC à 95% :0,93-0,95) (Figure 2)9. D’après Arbyn et al., par rapport à l’utilisation de la cytologie seule (au seuil ASCUS+), la combinaison cytologie-test HPV HC2 permettrait un gain de sensibilité de 45% (IC à 95% : 31-60%) et 39% (IC à 95% : 11-73%) pour la détection des néoplasies intracervicales de grade 2 (CIN2+) et 3 (CIN3+), respectivement6. A l’inverse, ces auteurs confirment la baisse de la spécificité de cette association cytologie-test HPV et évaluent cette diminution à 7% (IC à 95% : 6-8%). Enfin, l’utilisation du dépistage primaire combiné offre une valeur prédictive négative extrêmement élevée (99 à 100 %) 30, 39-42. Les performances du dépistage primaire combiné ont récemment été illustrées par l’étude de Naucler et col. 43. Dans cette étude, ce sont 12527 femmes qui de 32 à 38 ans ont été randomisées entre un dépistage combiné et un dépistage par cytologie seule (groupe contrôle) avec un suivi moyen de 4 ans. Les résultats illustrent les performances diagnostiques du dépistage combiné. A l’inclusion, celui-ci a permis une augmentation de 52% du dépistage des CIN2+ par rapport au dépistage par cytologie seule (IC à 95% : 13-102). Inversement, lors du suivi de ces patientes, le dépistage combiné a permis de diagnostiquer 42% de CIN2+ en moins par rapport au dépistage par cytologie seule (IC à 95% : 4-64) et la proportion de femmes ayant un CIN3+ était inférieure de 47% à celle du groupe contrôle (IC à 95% : 2-71). Ainsi, le dépistage combiné permet un dépistage plus efficace et surtout plus rapide que la cytologie seule. A terme de telles performances du dépistage combiné chez de femmes de plus de 30 ans fait miroiter la possibilité d’augmenter l’intervalle entre deux tests, ce qui permettrait de compenser le surcoût engendré. Variabilités géographiques Si la sensibilité globale du test HPV et en particulier celle du test HC2 est supérieure à celle de la cytologie, celle-ci varie énormément d’une étude à l’autre6, 9. Ainsi la sensibilité du test HPV est très faible dans les études réalisées en Inde (50 à 80%) ou dans les études réalisées dans les pays en voie de développement (81 à 88%)6. Les meilleurs résultats de sensibilité et de spécificité du test HPV ont été observés dans les études conduites en Europe et Amérique du nord9 (Figure 5). De telles disparités ne peuvent pas raisonnablement être expliquées par une utilisation différente des tests HPV ni par la variation géographique de la prévalence des types d’HPV. Une explication pourrait être que la plupart de ces études ne valident pas le statut cervical par un examen colposcopique mais par un simple examen du col à l’œil nu après application d’acide acétique. L’absence d’utilisation du « gold standard » que représente la colposcopie pourrait suffire à expliquer ces résultats. Et demain : le dépistage des femmes vaccinées La généralisation de la vaccination anti-HPV 16 et 18 des jeunes femmes va inévitablement modifier la prévalence des LIEHG et du cancer du col et par la même occasion perturber les performances de la cytologie. En considérant une efficacité vaccinale de 100%, on peut estimer que 130 jeunes filles doivent être vaccinées afin d’éviter un cas de cancer du col et 17 pour un cas de CIN2/3. En France, annuellement, on peut également envisager que la vaccination de 80% d’une cohorte de 370000 jeunes filles permettrait d’éviter 2495 cancers, 17985 LIEHG et 8004 LIEBG (données soumises à publication). Plus simplement, en diminuant la prévalence de l’infection à HPV de plus de 50%, la vaccination ramènerait le nombre de frottis anormaux de 5 à 2-3%. La subjectivité de la cytologie la lie étroitement à la prévalence des anomalies cervicales. On peut ainsi prévoir une baisse de la sensibilité de la cytologie directement liée à la baisse de la prévalence des anomalies cytologiques et l’inadaptation progressive de la cytologie au dépistage primaire. Dans un tel contexte, le test HPV, de par son objectivité, deviendrait l’outil incontournable du dépistage de masse des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Conclusion Nous disposons actuellement de preuves suffisantes pour considérer le test HPV comme une méthode efficace pour le dépistage des précurseurs du cancer du col de l’utérus et pouvant potentiellement permettre d’en réduire la mortalité. Utilisé pour le dépistage primaire du cancer du col de l’utérus, le test HPV a fait la preuve d’une meilleure sensibilité que celle de la cytologie, mais d’une spécificité inférieure et ce surtout chez les femmes de moins de 35 ans. Qu’il soit utilisé seul ou couplé à la cytologie, les hautes performances du test HPV en font un outil de dépistage redoutable permettant de dépister mieux et plus rapidement. A terme, de telles performances permettraient d’envisager de rallonger l’intervalle de temps entre deux dépistage, limitant ainsi les surcoûts engendrés. Même si le test HPV tarde à être introduit dans les politiques de dépistage, à l’heure de la vaccination anti-HPV, la chute prévisible des performances de la cytologie conventionnelle va imposer peu à peu le test HPV comme l’outil incontournable du dépistage des femmes de demain. Bibliographie 1. Sankaranarayanan R, Ferlay J. Worldwide burden of gynaecological cancer: the size of the problem. Best practice & research 2006;20(2):207-25. 2. Evaluation de l'intérêt de la recherche des Papillomavirus humains (HPV) dans le dépistage des lésions précancéreuses et cancéreuses du col de l'utérus. Anaes 2004. 3. Walboomers JM, Jacobs MV, Manos MM, et al. 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Test | Nombre d’études | Sensibilité % (IC à 95%) | Spécificité % (IC à 95%) | Cytologie | | | | Cytologie ASCUS | 18 | 72,7 (63,9-81,5) | 91,9 (90,2-93,6) | Cytologie ASCUS > 30 ans | 7 | 73,8 (62,9-84,7) | 95,8 (94,2-97,3) | Cytologie LIEBG | 12 | 61,6 (48-75,2) | 96 (94,8-97,2) | Cytologie LIEBG > 30 ans | 3 | 75,2 (70,5-79,9) | 95,6 (91,7-99,4) | Test HPV | | | | HC2 test | 15 | 90 (86,4-76,6) | 86,5 (83,1-89,8) | HC2 test > 30 ans | 6 | 94,8 (90,9-98,7) | 86 (81,9-90) | PCR | 6 | 80,9 (70-91,7) | 94,7 (92,5-96,9) | Tableau 1 : Efficacité de la cytologie et du test HPV pour le dépistage primaire des LIEHG, d’après Koliopoulos et al. Gynecol Oncol 2006. | Sensibilité | Spécificité | Test HPV | 96 % | 92 % | Cytologie | 53 % | 97 % | Tableau 2 : Comparaison de la sensibilité et de la spécificité du test HPV et de la cytologie pour le dépistage primaire des LIEHG du col de l’utérus, d’après Cuzick et Al. Int J Cancer 2006. Figure 1 : Sensibilité relative du test HPV HC2 comparé à la cytologie au seuil ASCUS+ pour la détection d’une LIEHG+, d’après Koliopoulos et al. Gynecol Oncol 2006. Figure 2 : Spécificité relative du test HPV HC2 comparé à la cytologie au seuil ASCUS+ pour la détection d’une LIEHG+, d’après Koliopoulos et al. Gynecol Oncol 2006. Figure 3 : Sensibilité relative de la combinaison du test HPV HC2 et de la cytologie au seuil ASCUS+ comparée à celle du test HPV HC2 seul pour la détection des LIEHG+, d’après Koliopoulos et al. Gynecol Oncol 2006. Figure 4 : Spécificité relative de la combinaison du test HPV HC2 et de la cytologie au seuil ASCUS+ comparée à celle du test HPV HC2 seul pour la détection des LIEHG+, d’après Koliopoulos et al. Gynecol Oncol 2006. Figure 5 : Sensibilité du test HPV à prédire la présence d’une LIEHG+ (CIN2+) en fonction du taux de faux positifs (FPR), d’après Arbyne et al. Vaccine 2006. La ligne pleine représente la sensibilité obtenue par ROC regression. Les pointillés représentent l’intervalle de confiance à 95%. Les numéros correspondent à la liste des études incluent dans la méta-analyse publiée par Arbyn et al. Les couleurs correspondent à la région de réalisation de l’étude et au test HPV employé : - Bleu : Europe et Amérique du nord, HC2 test - Vert : Autres régions, HC2 test - Rouge : PCR Xavier Carcopino*, Léon Boubli Service de Gynécologie Obstétrique, Hôpital Nord, Chemin des Bourrely, 13915 Cedex 20, Marseille, France |
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