Tolérances réelles et théoriques
des différentes contraceptions disponibles en 2005
C. JAMIN*
La tolérance des contraceptifs
peut se concevoir de deux façons : d'abord la tolérance qui a une «
importance médicale », à savoir la survenue d'accidents comme par
exemple les phlébites, les infarctus du myocarde et les infections génitales
ou pourquoi pas des cancers. L'ensemble des contraceptifs à notre disposition
donne un nombre très faible de ce type d'accidents à « importance
médicale » : de ce fait ils sont tout à fait acceptables lorsque
la contraception est proposée à une population sélectionnée
avec peu de facteurs de risque.
En second lieu, le terme de tolérance
peut s'entendre en considérant les accidents sans « importance médicale
», comme les céphalées, les saignements, les mastodynies, prises
de poids, etc. L'expression parfois utilisée de « sans importance médicale
» est tout à fait inappropriée : en effet d'une part cette tolérance
hors accidents influe de manière très importante sur l'observance des
contraceptifs oraux et d'autre part l'observance des contraceptifs influe elle de
manière extrêmement importante sur l'observance qui à son tour joue
un rôle majeur dans l'efficacité du traitement. Il ne s'agit donc pas
d'un simple confort, mais du nerf de l'efficacité des contraceptifs oraux,
ce qui est loin d'être négligeable lorsqu'on sait que 10 % des IVG en
France surviennent chez des femmes qui sont censées avoir une contraception
efficace.
Une autre remarque préliminaire
à apporter avant d'étudier plus avant la tolérance réelle ou
théorique des contraceptifs oraux est bien cette différence entre théorique
et réelle. Dans les essais cliniques les effets secondaires n'ont rien à
voir avec ce qui est observé dans la réalité, du fait en particulier
des oublis par exemple des contraceptifs oraux qui induisent des saignements souvent
très mal vécus et qui sont très nettement supérieurs à
ce qui est observé dans les essais. Les contraceptifs doivent donc être
évalués « dans la vraie vie », ce qui est loin d'être aisé,
mais ce qui est tout à fait valide : on sait par exemple que les grossesses
survenues sous pilule sont dix fois plus nombreuses dans la « vraie vie »
que dans les essais.
Enfin, les effets secondaires des traitements
sont intimement dépendants des patientes choisies pour les recevoir et donc
des critères déterminants dans le choix des contraceptifs, et il est très
difficile de comparer les produits entre eux en dehors d'études randomisées
d'un contraceptif versus un autre. Il n'est bien évidemment pas possible
de faire d'études comparatives versus placebo, bien que ceci ait été
fait à deux reprises dans l'évaluation de l'acné. Les études
comparant les contraceptifs entre eux sont relativement rares et répondent
rarement aux critères de la médecine basée sur les preuves. Force
est donc pour évaluer réellement les contraceptifs de faire appel à
des méthodologies moins rigoureuses et aussi à des considérations
théoriques : par exemple il est admis que plus on diminue la dose des œstroprogestatifs,
plus on en améliore la tolérance, ce qui semble bien être confirmé
par les études épidémiologiques.
Les effets secondaires à « importance médicale
»
Nous ne traiterons pas ici du principal effet
secondaire, le seul à très grande importance, à savoir l'échec
des contraceptifs dans « la vraie vie », qui est traité dans un autre
chapitre.
Les maladies sexuellement transmissibles
La contraception par préservatifs protège
semble-t-il de l'ensemble des maladies sexuellement transmissibles, avec cependant
un score important de 85 % de diminution pour le Sida, la protection étant
moins forte pour l'herpès et les infections à chlamydiae. Il semble que
les stérilets augmentent le risque d'infections gynécologiques à
germes pathogènes, avec un facteur de risque de 1,5. Il semble également
que les méthodes contraceptives hormonales diminuent de 70 % le risque d'infections
gynécologiques bactériennes.
Les cancers
Il est largement prouvé que les contraceptifs
oraux ou plus généralement les méthodes hormonales diminuent de manière
très importante et durée-dépendantes les cancers de l'ovaire et les
cancers de l'endomètre. Il n'existe aujourd'hui aucune preuve que les contraceptions
par méthode hormonale aient la moindre influence sur le risque de cancer du
sein.
Le cancer du col : il existe dans ce
domaine des incertitudes : en effet il s'agit très majoritairement d'une maladie
sexuellement transmissible et en toute logique une femme bénéficiant d'une
contraception a davantage de relations sexuelles et également davantage de
partenaires qu'une femme ne prenant pas de contraception. Cependant certaines études
ont mis en évidence une augmentation durée - dépendante du
risque d'infection à HPV et de lésions cancéreuses du col chez les
femmes prenant des contraceptifs œstroprogestatifs, mais ceci est loin d'être
démontré.
Les maladies cardio-vasculaires
Les phlébites
Il est aujourd'hui prouvé que
les œstroprogestatifs utilisant de l'éthynil estradiol per os augmentent le
risque relatif de phlébites de manière importante la première année
avec un risque relatif à 11. Le risque diminue avec le temps pour se stabiliser
entre 2 et 3, ce qui donne en estimation toutes durées confondues un RR proche
de 4 pour les utilisatrices d'œstroprogestatifs. Il ne semble pas que les autres
méthodes de contraception hormonale aient la moindre influence sur le risque
thrombo-embolique. Il est aussi à peu près admis aujourd'hui que le risque
est dose-dépendant pour l'éthynil estradiol et que les pilules plus faiblement
dosées induiraient un risque plus faible.
Chacun se souvient de la polémique
qui a défrayé la chronique et divisé le monde médical sur le
risque comparé thrombo-embolique des œstroprogestatifs de deuxième génération
versus ceux de troisième génération. En l'absence d'études
randomisées comparant l'une et l'autre de ces différentes contraceptions,
on ne peut répondre à cette question. Si les études épidémiologiques
trouvent des résultats à peu près constants d'une augmentation de
découverte de phlébite chez les femmes sous contraceptifs de troisième
génération comparées à celles utilisant des contraceptifs de
deuxième génération, rien ne dit qu'il s'agisse d'une différence
entre les contraceptions. Peut-être s'agit-il tout simplement d'une différence
entre les femmes prenant tel ou tel type de contraception. La méta-analyse
de Kemmeren trouve un risque relatif de 1,7 pour les phlébites chez les femmes
sous contraceptifs de troisième génération, versus celles
sous contraceptifs de deuxième génération. La plausibilité biologique
a été rapportée par certains à une augmentation acquise de la
résistance à la protéine C activée sous contraceptifs de troisième
génération, mais rappelons que si la biologie explique les évidences
cliniques ou épidémiologiques, elle ne suffit pas en elle-même à
démontrer quoi que ce soit. Insistons sur le fait que modifier la voie d'administration
de l'éthynil estradiol ne change rien au problème : les femmes prenant
soit des patches soit des anneaux vaginaux ont le même risque que les femmes
qui prennent les mêmes doses d'éthynil œstradiol par voie orale.
Les infarctus du myocarde
Il est démontré que les contraceptifs
oraux œstroprogestatifs augmentent le risque d'infarctus du myocarde, le RR étant
aux alentours de 4,5, mais ceci modifie peu le risque attribuable, puisqu'il s'agit
d'une maladie très rare chez les femmes en âge de procréation. Insistons
simplement sur le fait que le risque d'infarctus augmente avec l'âge : on évitera
donc de donner une contraception œstroprogestative à des femmes qui avancent
en âge lorsque existent des facteurs de risque cardiovasculaires, sans oublier
parmi ceux-ci les antécédents familiaux au premier degré.
Tout autre est le problème des
infarctus du myocarde chez les femmes sous pilule et tabagiques, puisque cette fois
le RR est à 41, alors qu'il n'est que de 8 chez les fumeuses sans contraception
œstroprogestative. Il est donc impératif d'interrompre toute prise d'œstroprogestatifs
chez les fumeuses après 35 ans. Nous ne disposons pas de données pour
les femmes prenant des progestatifs purs, mais quand on connaît l'insulino-résistance
induite par ces produits, tout au moins les produits macro dosés, il paraît
tout aussi légitime d'interdire les contraceptifs macro progestatifs chez les
fumeuses au-delà de 35 ans.
Les accidents vasculaires cérébraux
Ils ont aussi des facteurs de risque
connus, qu'il s'agisse de l'hypertension artérielle, du tabagisme ou des migraines.
Les accidents vasculaires cérébraux sont relativement peu augmentés
par l'utilisation des œstroprogestatifs, en revanche là encore il faut impérativement,
au fur et à mesure que l'on avance en âge, être extrêmement
prudents chez les fumeuses et chez les femmes présentant des migraines. Il
est prouvé également que les AVC se retrouvent chez des femmes sous pilule
hypertendues, soit parce que la contre-indication n'a pas été respectée,
soit parce que la tension artérielle n'a pas été prise. La meilleure
protection connue des AVC chez les femmes sous pilule reste la prise de la tension
artérielle à chaque consultation de gynécologie !
Les grossesses extra-utérines
Il semble qu'elles soient en voie d'augmentation,
peut-être du fait du tabagisme ou de la libéralisation des mœurs. Il est
possible aussi que l'existence d'une infection gynécologique à bas bruit
soit un facteur d'extension de ces GEU. On a accusé les contraceptions œstroprogestatives
de diminuer la symptomatologie des infections plus que les infections elles-mêmes.
Toute méthode contraceptive anti-ovulatoire aura un effet de protection vis-à-vis
des grossesses extra-utérines, en revanche les contraceptions mécaniques
par DIU augmentent la proportion de grossesses extra-utérines. On estime par
exemple que le risque relatif de GEU sous stérilet au cuivre est de 7, et sous
DIU délivrant du Lévonorgestrel de 50 [9]. Il ne faut pas négliger
les risques de grossesse extra-utérine après stérilisation tubaire,
avec un RR à 32, le RR de grossesses extra-utérines sous micro progestatifs
est certainement augmenté lui aussi.
Les anémies
La perte de fer par les saignements génitaux
physiologiques ou non est un facteur majeur d'anémie chez la femme et l'utilisation
des produits qui diminuent le volume des règles comme par exemple les contraceptions
œstroprogestatives ou mieux progestatives sont un facteur de protection des anémies
et des carences martiales. En revanche il est clairement démontré que
l'utilisation des stérilets au cuivre est un facteur de risque important d'anémie,
et par là même d'asthénie.
Pour conclure cette première partie,
on peut dire que les accidents avec « importance médicale » sous
contraception quelle qu'elle soit sont relativement rares pour peu que les contre-indications
bien connues soient respectées. Pour les contraceptions par DIU le facteur
de risque d'infection doit les faire contre-indiquer, quant aux contraceptifs oraux
œstroprogestatifs, on choisira les contraceptifs les moins dosés en général,
et les contraceptifs de troisième génération au fur et à mesure
que l'on avance en âge. On ne donnera pas ce type de contraception en cas de
facteurs de risque cardiovasculaires. Quant aux phlébites, l'âge représente
également une contre-indication chez les femmes en surpoids ; bien évidemment
on les proscrira en cas d'antécédents de phlébite ou s'il existe
des facteurs de thrombophilie constitutionnels ou acquis.
Les contraceptions progestatives sont
aujourd'hui encore sujettes à discussion devant l'absence d'étude. Il
n'est pas raisonnable aujourd'hui d'affirmer que les contraceptions macro progestatives
représentent une alternative aux contraceptions œstroprogestatives chez les
femmes ayant des facteurs de risque vasculaire en l'absence de travaux.
In fine pour les inconvénients
médicalement importants, les contraceptifs ont plutôt tendance, aux nuances
près citées ci-dessus, à avoir des effets positifs : protection contre
le cancer de l'ovaire et accessoirement de l'endomètre, et diminution des anémies,
protection contre les infections génitales basses.
La tolérance des contraceptions
Nous l'avons vu ci-dessus, les effets secondaires
graves des contraceptifs oraux sont rares et le véritable effet secondaire
de la contraception est son inefficacité, celle-ci étant sous la dépendance
de la tolérance réelle ou supposée par les utilisatrices. Cette tolérance
est le talon d'Achille de la contraception. Ces effets secondaires de deuxième
catégorie sont très nombreux qu'il s'agisse des troubles du cycle des
migraines, des céphalées, de la prise de poids, du gonflement, du météorisme,
des tensions mammaires, des mastopathies, des troubles dermatologiques avec acné,
pilosité, mélasma, des nausées et autres troubles digestifs, des
dysménorrhées et autres syndromes prémenstruels, etc. Toujours en
préambule, insistons sur le fait que l'évolution des contraceptifs oraux
s'est placée dans une perspective conceptuelle, plus qu'expérimentale
à savoir la diminution des doses d'œstrogènes et modifications des progestatifs
vers des produits moins androgéniques. Par ailleurs à une certaine période
le schéma d'administration mimant le cycle spontané a été en
vogue sans davantage de preuve de son utilité [3]. Toutes ces évolutions
ont eu beaucoup de mal à démontrer leur intérêt, intérêt
qui n'apparaît pas encore très nettement aujourd'hui, comme d'habitude
en médecine les premiers progrès sont flagrants les améliorations
ultérieures sont de plus en plus difficiles à prouver du fait de la taille
de cohorte nécessaire.
Il n'a jamais été démontré
que les schémas d'administration séquentielle apportaient la moindre amélioration
en terme de tolérance sur quelque marqueur que ce soit.
Quant à la diminution des doses
d'éthynil estradiol, il est admis également aujourd'hui bien que non démontré
que les effets secondaires des œstroprogestatifs ont diminué lorsqu'on est
passé en dessous de 50 μg, mais il n'existe pas de preuves réelles
qu'il y ait une différence entre 15, 20 ou 35 μg d'éthynil œstradiol
pour ce qui est de la tolérance. Il est également certain que la diminution
de ces doses et l'évolution des progestatifs n'ont pas loin de là diminué
l'efficacité de ces contraceptifs oraux.
Le contrôle du cycle
Il est évident d'une part que les DIU au
cuivre augmentent le volume des règles et la fréquence des saignements
intermenstruels, d'autre part que l'utilisation de Mirena ® diminue très
fortement le volume des règles pour les faire disparaître dans la majorité
des cas, et enfin que l'administration continue de progestatifs a tendance dans
la grande majorité des cas à diminuer de manière importante le volume
des saignements, au prix de saignements irréguliers qui par définition
ne peuvent survenir en l'absence de privation régulière de progestatifs.
Pour ce qui est des contraceptifs œstroprogestatifs, il est à peu près
impossible aujourd'hui de se faire une opinion réelle sur des différences
de contrôle du cycle entre les différents produits [7]. Les comparaisons
directes entre produits semblent donner très peu de différences en fonction
du type de progestatifs proposés [8]. Les troubles du cycle sous œstroprogestatifs
surviennent principalement dans les premiers mois d'administration avant de se stabiliser
aux alentours de 10 % des patientes. Il est clair que plus le temps passe,
plus le cycle s'améliore sous contraceptifs oraux, sachant que la comparaison
du contrôle du cycle sous pilule avec le contrôle du cycle hors prise
de contraceptifs est largement en faveur de la prise de contraceptifs oraux. Deux
notions supplémentaires semblent se dégager : les pilules à 15 μg
qui imposent un raccourcissement de la période d'arrêt semblent être
associées à une petite détérioration du cycle et une augmentation
des aménorrhées [5, 6]. L'autre point qui semble se dégager à
la lecture de ce qui est publié aujourd'hui est que l'anneau vaginal donne
un meilleur contrôle du cycle que les prises orales ou transdermiques, au moins
en début de contraception [11]. Insistons sur le fait que des circonstances
extérieures semblent influer de manière importante sur le contrôle
du cycle sous contraceptifs œstroprogestatifs [4]. Le tabagisme augmente les saignements
intercurrents et il est très probable que les variations de nourriture jouent
également un rôle bien que ce phénomène ait été peu
étudié. On a en particulier évoqué le fait que l'alcool et le
jus de pamplemousse diminueraient les troubles du cycle. Les troubles du cycle sous
contraceptifs oraux ne doivent bien évidemment jamais être rattachés
à la prise des produits, surtout chez une femme correctement réglée
jusque là, sans qu'aient été éliminées des infections à
chlamydiae en particulier, ou l'apparition de lésions anatomiques.
L'utilisation plus longue de la contraception
en particulier de cycles de deux à 3 mois sans arrêt diminue bien évidemment
le rythme des hémorragies de privation, au prix semble-t-il d'une augmentation
de saignements intermenstruels. L'aménorrhée souvent notée sous contraceptifs
oraux, chez environ 15 % des patientes, ne doit pas forcément être considérée
chez toutes les femmes comme un avantage comme le font certains praticiens, car
elle inquiète les femmes et provoque parfois l'arrêt du traitement.
Les céphalées
Elles sont rapportées par environ 35 % des
femmes sous contraception orale œstroprogestative, il semble que ce chiffre soit
moins élevé avec les anneaux, mais les comparaisons ne sont pas directes
et doivent donc être prises avec précaution.
Les nausées
Elles semblent être incriminées chez
30 % des femmes sous pilule.
Les dysménorrhées et les
douleurs abdominales touchent 10 % des femmes sous contraception œstroprogestatives
c'est-à-dire nettement moins que chez les femmes sans contraception.
On noterait un peu plus de leucorrhées
avec l'anneau vaginal et bien évidemment davantage d'irritations cutanées
avec le patch [2]. 20 % de réactions au site d'application pour ce dernier
et 6 % de leucorrhées et vaginite chez les femmes utilisant l'anneau vaginal.
Aucun travail sur l'acné et l'hirsutisme
n'a montré de différence réelle entre les produits entre eux, ni
d'ailleurs de supériorité lorsque l'on utilise de faibles doses d'acétate
de cyprotérone en comparaison avec les pilules de troisième génération.
Au plan théorique l'élévation supérieure de la TeBG sous pilule
de troisième génération devrait être un avantage, mais celui-ci
n'a pas été validé par des études correctement menées.
La prise de poids représente aux
yeux des femmes qui prennent la pilule l'une des pierres d'achoppement les plus
importantes à l'utilisation de la contraception œstroprogestative. Cette hypertrophie
de la perception des problèmes pondéraux sous pilule vient en opposition
totale avec les mesures objectives médicales pratiquées au cours d'essais
cliniques bien faits sous œstroprogestatifs. Il n'existe aujourd'hui aucune preuve
pour affirmer que la prise de poids d'une femme sous une quelconque pilule diffère
de la prise de poids observée dans la population générale. Les études
permettant d'affirmer ceci sont toutes sujettes à caution, sauf les deux études
randomisées qui ont été menées versus placebo dans l'acné
et qui ne montrent pas de différence de variation pondérale entre le groupe
sous placebo et le groupe sous œstroprogestatifs. Il est probable que le sentiment
des femmes est basé sur la sensation de gonflement observée lors de la
prise d'éthynil oestradiol, et la perception de ce gonflement est confondue
avec la prise de poids. Ceci a amené à l'utilisation d'un progestatif
à visée antiminéralocorticoïde. En terme pondéral la différence
entre cette pilule Jasmine ® et une pilule Varnoline ® donne une
différence variation de poids sur les 12 premiers mois d'utilisation d'environ
1,5 %. Aucune différence n'a été notée en ce qui concerne les
autres marqueurs de la « rétention d'eau » comme les céphalées,
les mastodynies ou les nausées, ni même le syndrome prémenstruel.
Il n'existe pas non plus de différence en ce qui concerne les effets androgéno-dépendants
entre ces deux produits. Une étude en cours de publication, présentée
récemment, montre que la comparaison directe de Jasmine ® et de l'anneau
Novaring ® ne donne aucun avantage pondéral à la pilule contenant
l'anti-minéralocorticoïde, avec un meilleur contrôle du cycle pour
l'anneau vaginal.
Pour conclure cette seconde partie
on peut donc affirmer que les effets secondaires des œstroprogestatifs, bien que
relativement rares, sont souvent surestimés par les patientes. Il n'existe
aucune différence prouvée de tolérance entre les différents
œstroprogestatifs à notre disposition, quel que soit le paramètre évalué,
sauf peut-être sur le contrôle du cycle amélioré avec l'anneau
vaginal.
Lorsque les symptômes de mauvaise
tolérance surviennent pendant la période d'arrêt de la contraception,
il est possible que le raccourcissement de cette période d'arrêt diminue
un peu les effets secondaires comme par exemple avec les pilules à 15 μg,
ou encore plus simplement que la suppression de cette période d'arrêt
en diminue l'incidence. De nouveaux contraceptifs dont l'arrêt se ferait tous
les 3 mois sont en cours de commercialisation [10].
Les effets œstrogéno-dépendants
sont à l'évidence diminués par la contraception progestative pure,
au prix d'une altération du contrôle du cycle.
Reste que l'effet secondaire le plus
important de la contraception orale est la mauvaise observance, celle-ci étant
sous la dépendance de deux grands facteurs : les oublis et les arrêts
de traitement liés aux effets secondaires.
Il est aujourd'hui indiscutable que
l'apparition de produits à prise non quotidienne comme l'implant, les patches
[1] et les anneaux représente un progrès important dans l'efficacité
des contraceptifs oraux puisque certaines études évaluent à près
de 11 % l'indice de Pearl réel des œstroprogestatifs oraux aux USA, ce chiffre
descendant à 6 % sous patch, 4 % sous anneau et 0 % sous implant contraceptif,
ou 0,5 % sous DIU [9].
La contraception sous toutes ses formes
représente un progrès, tant en termes de coût qu'en termes de tolérance,
quel que soit le paramètre étudié, en comparaison à l'absence
de contraception. Chaque type de contraception a ses avantages et ses inconvénients,
sachant que les contraceptions modernes sont toutes très bien tolérées.
Les accidents graves, rares, pourraient souvent être évités par le
choix judicieux d'une contraception chez les femmes à risque. Les inconvénients
moins graves ne doivent pas être négligés. Le grand progrès
récent semble être l'utilisation de produits à longue durée
d'action, comme les stérilets, les implants et plus récemment les patches
et les anneaux.
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* Service de Gynécologie
Obstétrique, (Professeur Madelenat), Hôpital Bichat, Paris.
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