IRM cérébrale fœtale
Pascale SONIGO*
L'imagerie par résonance magnétique
(IRM) est actuellement utilisée dans les centres multidisciplinaires de
diagnostic prénatal comme examen complémentaire indispensable pour l'étude
du système nerveux central du fœtus.
Intérêt de l'IRM
L'IRM est la méthode d'imagerie de référence
dans l'exploration du système nerveux central chez l'adulte et chez l'enfant.
Son utilisation a pu être étendue au fœtus car c'est une technique non
invasive et non irradiante.
Il n'y a pas de contre-indication en
dehors des contre-indications classiques de la méthode (pace-maker, prothèse,
corps étranger métallique) avec cependant comme précaution d'éviter
les trois premiers mois de la grossesse (organogenèse).
Il n'y a pas de limite technique en
IRM due à une interposition graisseuse (obésité maternelle), osseuse
ou gazeuse.
L'IRM offre une excellente analyse
de l'anatomie encéphalique dans son ensemble et de ses processus de maturation.
Indications
1) Sur signe d'appel échographique
Après contrôle en centre échographique
de référence et mise en route dans le même temps de l'ensemble du
bilan fœtal (caryotype, bilan infectieux). L'IRM est prescrite par le centre
multidisciplinaire de diagnostic prénatal dans les cas difficiles afin
de préciser le diagnostic de l'anomalie et pour aider à l'évaluation
pronostique.
2) Fœtus à risque
Les indications de l'IRM en l'absence de signes
d'appel échographique sont rares car il ne peut s'agir d'un examen «
systématique ».
On peut retenir comme indication :
• Recherche
d'une atteinte cérébrale de sclérose tubéreuse de Bourneville
chez les fœtus porteurs d'une rhabdomyomatose cardiaque .
• Recherche
de lésions ischémiques chez les jumeaux monozygotes survivants après
syndrome transfuseur-transfusé
• Recherche
d'anomalies de la gyration et de la substance blanche dans les pathologies infectieuses
(fœtopathies à CMV).
• Recherche
de récidive dans les antécédents familiaux de malformation cérébrale
complexe après étude du dossier radiologique du cas index par le médecin
qui réalisera l'IRM.
On peut signaler la difficulté
en France d'accès aux machines IRM et le coût élevé de cet examen.
Technique
Les IRM fœtales sont réalisées en ambulatoire.
C'est un examen indolore mais qui reste anxiogène pour les patientes surtout
pour les patientes claustrophobes . La prémédication maternelle pour éviter
les mouvements fœtaux est abandonnée par la quasi totalité des équipes.
On propose aux patientes claustrophobes une prémédication par ATARAX 25
mg.
La diffusion de la technique et sa
reproductibilité sont surtout dues aux progrès de l'imagerie rapide T2
(FAST spin écho, single shot, séquence HASTE). Les examens sont réalisés
dans divers centres sur des machines entre 0,5 et 1,5 Tesla.
L'examen est pratiqué avec une
antenne de surface flexible en « phased d'array ». Le protocole IRM de
base comprend une étude dans les trois plans de l'espace par rapport à
la tête fœtale, en séquence T2, avec des coupes de 3 à 5 mm, et au
moins l'obtention d'une séquence T1. Les séquences rapides T2 sont réalisées
en 20 à 30 secondes pour 12 coupes en moyenne .
La patiente doit être vessie vide
et non à jeun.
Des difficultés techniques persistent
surtout :
• chez les fœtus
en siège avec une mobilité majorée de la tête fœtale lors des
mouvements respiratoire d'origine maternelle ;
• dans les grossesses
gémellaires et dans les hydramnios qui favorisent la mobilité fœtale ;
• une claustrophobie
maternelle peut constituer un échec de la méthode ;
• La mauvaise
tolérance du décubitus dorsal par le mère (compression cave) peut
nécessiter une passage en décubitus latéral voire une interruption
de l'examen.
Résultats normaux
Des séquences pondérées en T2 et en T1 sont utilisées
• Les séquences
en T2 contribuent à une très bonne étude morphologique du cerveau
fœtal. Elles permettent d'étudier la gyration, les phénomènes de
migration neuronale et le cortex. Les coupes IRM sont comparées à des
coupes anatomiques afin d'apprécier la maturation cérébrale.
En T2 :
Les liquides sont blancs et dits EN
HYPERSIGNAL ou HYPERINTENSES :
• le Liquide
amniotique et le LCR sont hyperintenses
• le cortex,
la couche germinale et les cellules en migration sont hypointenses (noir).
Les séquences pondérées T1
Sont utiles en pathologie dans la recherche des
processus hémorragique et des lésions de sclérose tubéreuse
de Bourneville.
En T1 :
Les liquides sont noirs et dits en
HYPOSIGNAL ou HYPOINTENSES
• le LA et le
LCR sont hypointenses (noir) ;
• le cortex
est en hypersignal intermédiaire ;
• la graisse
est hyper intense ;
• l'hypophyse
est hyper intense ;
• les débuts
des processus de myélinisation sont en hyper signal relatif ;
• les hématomes
récents sont en hypersignal.
La gyration
Elle est au mieux étudiées en pondération
T2 entre 28 et 34 SA. A 28 SA, les principaux sillons sont présents, après
35 SA, les espaces sous arachnoïdiens sont trop fins et la visibilité
des sillons est moins bonne.
Le parenchyme cérébral
Entre 23 et 28 SA in vivo, on peut observer
ses différentes couches avec, de la profondeur à la périphérie
: la matrice germinale profonde, les cellules en migration, et le ruban cortical.
La matrice germinale et les cellules
en migration s'amincissent progressivement.
La myelinisation
Elle est étudiée en pondération
T1 avec l'apparition d'un hyper signal au niveau de la protubérance, dans le
vermis et les pédoncules cérébelleux moyens, dans la capsule interne
et les noyaux gris centraux. Un hyper signal est présent dès 22 SA dans
la protubérance, dès 28 sa dans les thalami et dès 31SA dans les
bras postérieurs des capsules internes .
La biométrie
Comprend la mesure du diamètre bi pariétal,
du diamètre fronto-occipital, du périmètre crânien, du diamètre
transverse du cervelet, des mesures du vermis cérébelleux et du diamètre
inter-orbitaire. Des mesures exactes du cerveau fœtal peuvent également être
réalisées.
Terme de réalistion de l'IRM
• Avant 24 semaines, la
gyration est pauvre, le cerveau fœtal assez peu complexe et l'IRM n'apparaît
pas tellement supérieure à l'échographie.
• Entre 24 et
28 semaines, il va persister un doute en IRM sur l'évolution de la gyration,
ce qui amène souvent à renouveler l'examen..
• Le meilleur
terme parait donc, si la situation clinique le permet, après 28-30 semaines
et vers 32 SA, de façon à étudier la gyration.
Limites de l'IRM
Les calcifications n'ont le plus souvent pas de
traduction IRM. Les hyperéchogénicités linéaires des vaisseaux
lenticulo-striés dits en «candélabre » (dans les fœtopathies
infectieuses, mais non spécifiques) ne sont pas visibles en IRM.
Les petits kystes de germinolyse sous-épendymaires,
les cloisonnements intra-ventriculaires ou intra-kystiques, sont parfois moins bien
vus en IRM qu'à l'échographie, en raison d'une moins bonne résolution
spatiale.
Une corrélation échographie-IRM
reste donc indispensable.
Résultats pathologiques
1) Anomalies de la fosse postérieure :
Il existe plusieurs types de malformations en
fonction de la structure anatomique atteinte (cervelet : hémisphères ou
vermis, tronc cérébral, espaces sous arachnoïdiens).Certaines anomalies
sont bien étiquetées, mais d'autres sont plus difficiles à classer.
Cela signifie des difficultés
d'établissement diagnostique et d'évaluation pronostique. On tentera de
manière générale de faire une description anatomique précise
plutôt que de classer les pathologies dans des cadres nosologiques flous (éviter
d'utiliser le terme Dandy-Walker variant).
L'étude en imagerie repose sur
l'analyse des critères suivants :
• taille de
la fosse postérieure, niveau d'insertion de la tente du cervelet, taille et
aspect des hémisphères, du vermis et de leur lobulation, forme du V4,
relief du tronc cérébral, espaces sous arachnoïdiens et citernes.
a) Malformation de Dandy Walker
Elle est définie par :
• une augmentation
de volume de la fosse postérieure avec une insertion haute de la tente du cervelet
;
• un kyste du
V4 qui est largement ouvert en arrière ;
• une hypoplasie
ou agénésie vermienne, le plus souvent partielle avec rotation supérieure
du vermis restant ;
• l'IRM doit
tenter de préciser le degré d'atteinte du vermis cérébelleux
qui est corrélée au pronostic et au retard psychomoteur. Le pronostic
peut être excellent si le vermis comporte 2 sillons et 3 lobes,ce qui correspont
à un kyste du V4 qui surélève le vermis qui est seulement comprimé
;
• la dilatation
ventriculaire est inconstante
b) Kyste arachnoïdien de la fosse
postérieure:
• le cervelet
est de morphologie normale ;
• le V4 est
fin ;
• le vermis
est intact ;
• il existe
un élargissement de la citerne rétro-cerebelleuse en rapport avec la présence
du kyste arachnoïdien. ;
• il peut exister
un effet de masse médian ou para médian sur le cervelet et une dilatation
ventriculaire sus tentorielle par compression du V4 ;
• Le pronostic
est bon, une dérivation chirurgicale n'est pas toujours nécessaire car
il peut exister une stabilisation voire une régression du kyste en post-natal.
c) Malformations cérébelleuses
sans kyste :
Les hypoplasies, dysplasies et agénésies
du vermis cérébelleux, sans kyste rétro-cérébelleux sont
reconnues devant une déformation et une dilatation modérée du V4.
En IRM, sur la coupe sagittale médiane,
le vermis est petit avec une lobulation anormale(dysplasie) ou absent (agénésie)
Dans les agénésies vermiennes, les pédoncules cérébelleux
sont amincis et parallèles sur la coupe axiale(« signe de la molaire »).
Ces anomalies sont retrouvées
sont de multiples syndromes génétiques ou polymalformatifs et sont de
mauvais pronostic.
Le Rhombencephalosynapsis
se traduit par une agénésie vermienne avec fusion des hémisphères
cérébelleux sur la ligne médiane. Le cervelet est de petite taille,
« trapu » avec passage des sillons hémisphériques cérébelleux
sur la ligne médiane.Le V4 est déformé.
d) Enfin, certaines anomalies de formes
du cervelet correspondent à des lésions acquises, vasculaires ou infectieuses.
L'IRM retrouve un signal cérébelleux
hétérogène, des contours hémisphériques irréguliers
et asymétriques avec une déformation en éperon du V4 (« fente
cérébelleuse »).
e) Hypoplasie pontonéocerebelleuse
Le signe d'appel est une diminution
de taille du cervelet. L'IRM met en évidence un tronc cérébral fin
avec effacement des reliefs bulbo-protubérentiels et une hypoplasie vermienne
et hémisphérique.La transmission peut être autosomique récessive.
Une microcéphalie associée est fréquente mais peut ne se révéler
qu'en postnatal. Le pronostic est réservé.
f) Méga citerne isolée
Sans anomalie vermienne ou hémisphérique
: le diagnostic différentiel avec un kyste arachnoïdien peut être
difficile in utero. Il s'agit d'un diagnostic d'élimination. En l'absence de
pathologie cérébelleuse le pronostic est bon.
2) Anomalies de la ligne médiane
a) Agénésie du corps calleux
Les différentes coupes IRM retrouvent
la même sémiologie que l'échographie :
• signe direct
: absence de corps calleux sur la coupe sagittale médiane et sur les coupes
coronales étagées ;
• présence
de sillons radiaires inter-hémisphériques sur la coupe sagittale médiane
après 28 SA ;
• déformation
en « tête de taureau » en coronal du système ventriculaire sur
les coupes coronales avec ascension du V3 ;
• amincissement
et écartement des cornes frontales et colpocéphalie, c'est-à-dire
dilatation modérée des cornes occipitales.
L'intérêt de l'IRM est surtout,
en dehors de confirmer le diagnostic d'agénésie calleuse, de rechercher
des anomalies associées qui sont fréquentes essentiellement les anomalies
de la gyration ou une arhinencéphalie (absence de bulbes olfactifs).
L'IRM permettra également de rechercher
une anomalie faciale associée (hypo ou hypertélorisme, dysmorphie faciale).
On différenciera les agénésies
totales des agénésies partielles (et dans ce cas, c'est la partie
postérieure du corps calleux qui est absente) des hypoplasies. Cela
ne permet pas une évaluation pronostique différente.
L'association à un lipome péri
calleux est possible (en hyper signal T1 et hyposignal T2).
Nous avons également observé
plusieurs observations de corps calleux très épaissis en association
avec des anomalies de migration et de la gyration et des mégalencéphalies.
b) Holoprosencéphalie
Il existe plusieurs formes de gravité
croissante en fonction de l'importance de l'anomalie de diverticulation.
On distingue les formes alobaire, semi-lobaire
et lobaire. La forme alobaire de l'holoprosencéphalie n'est pas une indication
à réaliser une IRM compte tenu de son diagnostic en échographie.C'est
la forme la plus sévère avec un ventricule unique, absence de ligne médiane
et fusion des thalamus. absence de division de l'encéphale en 2 hémisphères.
Un hypotélorisme majeur est associé.
En revanche, les holoprosencéphalies
semi-lobaires ou lobaires où il existe une différenciation et une ligne
inter-hémisphérique postérieure peuvent être de diagnostic plus
difficile à la fois à l'échographie mais également à l'IRM.
La microcéphalie et les fentes
faciales sont fréquentes.
Dans la forme semilobaire, l'absence
de division est antérieure, en regard des lobes frontaux avec défaut de
développement ou communication des cornes frontales, passage « en pont
» du parenchyme frontal en avant avec absence de corps calleux.
Dans la forme lobaire, l'atteinte est
moins sévère. Les cornes frontales sont rudimentaires, mais il existe
une division hémisphérique. On recherchera en IRM une absence de bulbes
olfactifs (arhinencéphalie)
c) Agénésie septale et dysplasie
septo-optique
Une absence de septum, entraînant
une communication des cornes frontales est observée. Le diagnostic de dysplasie
septo-optique est difficile à affirmer car l'hypoplasie du chiasma et des nerfs
optiques semblent inconstantes chez le fœtus.
Le diagnostic différentiel avec
une rupture septale secondaire à une dilatation ventriculaire est donc extrêmement
difficile.
3) Les kystes arachnoïdiens
Ce sont des lésions kystiques de bon pronostic,
qui correspondent à une poche liquidienne arachnoïdienne non ou communicante
avec les espaces arachnoïdiens. La topographie est variable : rétro-cérébelleuse
postérieure médiane ou para-médiane, incisure tentorielle, inter-hémisphérique
et dans les régions supra-sellaires avec une extension possible dans les fosses
temporales. Il est à noter que ces kystes arachnoïdiens peuvent être
d'évolution inattendue soit dans le sens de la régression spontanée,
soit dans le sens d'une aggravation rapide en fin de grossesse, ce qui nécessite
une surveillance rapprochée à l'échographie.
Le retentissement est variable selon
la localisation et la taille, par compression et refoulement des structures avoisinantes.
Une dilatation ventriculaire par défaut d'écoulement du LCR est possible,
mais assez rarement observée.
Les cloisonnements intra kystiques
et les limites du kyste sont moins bien analysés en IRM qu'à l'échographie.
Le caractère non communiquant du kyste n'est pas toujours établi in utero
et l'on s'aidera après la naissance de séquence de flux, non utilisées
chez le fœtus actuellement.
4) Lésions hémorragiques
L'IRM avec la séquence en T1 permet de mettre
en évidence des hémorragies récentes ou semi-récentes inférieures
à 3 semaines, se traduisant par un hyper signal T1 (blanc) et un hyposignal
T2 qui va évoluer en fonction de l'ancienneté de l'hémorragie.Les
séquences en T2 étoile sont sensibles dans la détection en hyposignal
de dépôt d'hémosidérine en faveur d'un saignement.L'IRM précisera
la localisation et l'extension de l'hémorragie en intra ventriculaire, dans
la région sous épendymaire, en intra-parenchymateux, dans l'espace sous-dural.
Une atteinte élective du cervelet peut être observée. Il s'y associe
fréquemment une dilatation ventriculaire ou des lésions de porencéphalie
et de polymicrogyries.
Ces lésions sont le plus souvent
de mauvais pronostic.
5) Lésions ischémiques
Les porencéphalies se traduisent par
une perte de substance secondaire à des lésions ischémiques. Ce sont
des lésions liquidiennes, kystiques. Elles s'associent à une dilatation
ventriculaire adjacente, communicantes ou non avec le ventricule latéral en
regard. Le paremchyme cérébral restant présente des anomalies de
structure ou de signal (en cas d'hémorragie associée). Dans les atteintes
précoces,avant la fin de la migration neuronales vers 24 - 25 SA des
polymicrogyries sont retrouvées sur le cortex adjacent. Dans les atteintes
plus tardives, c'est la substance blanche péri ventriculaire qui est vulnérable
avec une l'apparition de leucomalacies péri ventriculaires. L'encéphalopathie
multikystique correspond à une atteinte tardive du troisième trimestre
avec de nombreuses cavitations diffuses péri ventriculaires et sous corticales
et une dilatation ventriculaire « a vacuo ».
6) Sclérose tubéreuse de Bourneville
On peut proposer une IRM cérébrale chez
les fœtus porteurs de rhabdomyomatose cardiaque s'il n'existe pas d'antécédent
familial de sclérose tubéreuse de Bourneville (recherche dans le cadre
d'une mutation dominante de novo).
L'IRM recherche des lésions pathognomoniques
de sclérose tubéreuse de Bourneville en mettant en évidence la présence
de nodules sous-épendymaires et de tubers en hyper intensité T1 et en
hypo-intensité T2, multiples sous-corticaux.
Cependant, il n'existe pas de relation
formelle entre l'imagerie et la clinique post-natale.
Par ailleurs, une IRM cérébrale
anténatale normale n'exclut pas un diagnostic ultérieur de sclérose
tubéreuse de Bourneville.
7) Microcranie et microcéphalie
La microcéphalie est définie en période
néonatale par un périmètre crânien (circonférence occipito-frontale
inférieure à moins deux dérivations standards soit inférieur
au 3e percentile), il s'agit d'une définition pédiatrique.
Les microcéphalies fœtales confirmées
en IRM sont dominées par les microcéphalies secondaires clastiques ou
infectieuses (fœtopathie à CMV), les microcéphalies malformatives avec
anomalie de la ligne médiane, les microcéphalies familiales avec atrophie
cérébrale et amincissement du parenchyme, gyration pauvre.
Les faux positifs de l'échographie
ne sont pas exceptionnels et nous utilisons alors le terme de « pseudo-microcéphalies
» du 3e trimestre.
L'IRM retrouve un cerveau normal avec
un périmètre crânien calculé en IRM supérieur au 3e
percentile. Il existe habituellement une dolichocéphalie et avec diminution
des espaces liquidiens péri cérébraux (à l'inverse des microcéphalies
avec atrophie). Il s'agit souvent de fœtus féminins.
Ces fœtus ont un cerveau normal et
l'IRM permet dans un bon nombre de cas de rassurer les parents.
Il faut rapporter les mesures du périmètre
crânien fœtal aux mesures du périmètre crânien des parents et
de la fratrie.
Parfois le diagnostic reste difficile
et c'est la courbe de croissance du PC qui permettra l'orientation diagnostique
8) Dans les macrocranies
• Isolées sans mégalencéphalie
On retrouve un élargissement isolé
des espaces liquidiens péri-cérébraux associé ou non à
une ventriculomégalie, très souvent dans un contexte de macrocranie familiale,
à rechercher systématiquement (mesure du périmètre cranien des
parents et de la fratrie). Il s'agit souvent de fœtus masculin, à tendance
macrosome.
• Mégalencéphalies
vraies
Elles sont exceptionnelles. Les troubles
de la gyration sont majeurs avec souvent désorganisation des structures cérébrales,
épaississement du corps calleux, anomalies des vallées sylviennes. Si
les anomalies sont unilatérales il s'agit d'une hémimégalencéphalie
9) Anomalies de la gyration et de la migration neuronale
La mise en évidence de ces anomalies est
le principal apport de l'IRM par rapport à l'échographie. En effet, cette
technique d'imagerie permet la mise évidence - parfois sur des signes d'appel
mineurs - (par exemple dilatation ventriculaire modérée mais avec épaississement
ou rigidité des parois ventriculaires à l'échographie) la présence
de trouble de la migration neuronale et de la gyration. Toutefois certaines de ces
anomalies peuvent être méconnues ou sous estimées par l'IRM fœtale
a) Les hétérotopies de substance
grise
En IRM, elles ont le même signal
que le cortex (hyposignal T2) et peuvent avoir plusieurs types de répartition
:
• les hétérotopies
sous ependymaires correspondent à des neurones ectopiques au niveau de
la zone germinative.Les parois ventriculaires sont irrégulières, festonnées
avec une ventriculomégalie modérée mais on note une déformation
des parois ventriculaires.En IRM, en T2 on retrouve des formations en hyposignal,
nodulaires irrégulières le long des parois ventriculaires, faisant saillie
vers la lumière ventriculaire.
• les hétérotopies
focales sous corticales correspondent à des zones anormales dans la substance
blanche.Le diagnostic IRM est difficile car il y a peu de signes indirects
• les hétérotopies
laminaires en bande (double cortex) correspondent a un ruban de substance grise
ectopique, parallèle au cortex. Cette anomalie est le plus souvent génétique
et récessive liée à l'X. (mutation du gène double cortine en
Xq-22.3).Les filles sont porteuses des hétérotopies en bande (retard intellectuel
et épilepsie de gravite variable) et les garçons sont lissencéphales
b) Lissencephalies
L'Agyrie-lissencephalie est
définie par une absence de circonvolutions et la pachygyrie par des
circonvolutions élargies, des sillons en nombre réduit et des scissures
peu profondes. Le cortex peut être épaissi. Il existe souvent une association
de zones agyriques avec des zones pachygyriques. Les vallées sylviennes sont
de formes anormales.
Parmi les étiologies, on retiendra
la lissencephalie de type I avec un cerveau agyrique, qui peut être
isolée ou associée a un syndrome avec dysmorphie faciale (syndrome de
Miller Dieker ou Norman-Roberts). La délétion sur le chromosome17p13.3
(gène LIS 1) est inconstante. La lissencephalie liée à l'X
avec pachygyries et cortex épais, touchant des garçons(on recherchera
des héterotopies en bande chez les mères). Le syndrome de Walker-Warburg
(recessif autosomique)) avec lissencéphalie, anomalies oculaires et hydrocéphalie
précoce. Le retard psychomoteur est constant et sévère.
c) Les polymicrogyries
Ce sont des anomalies corticales le
plus souvent acquises se traduisant par des petites circonvolutions irrégulières
(définition histologique) Elles sont retrouvées en association avec des
lésions atrophiques focales, sur les berges des schizencéphalies et des
porencéphalies. Une forme particulière est représentée par la
dysplasie bioperculaire avec atteinte préférentielle des vallées
sylviennes, qui sont irrégulières et élargies.
Après 34 SA, avec l'apparition
des sillons tertiaires, le diagnostic de sillons microgyriques est difficile : attention
aux faux positifs !
d) La schizencéphalie
C'est une fente avec perte de substance
traversant l'épaisseur de l'hémisphère du cortex à la paroi
ventriculaire avec déformation en éperon du ventricule latéral. Les
berges, fusionnées ou non, sont bordées de polymicrogyries. La schizencéphalie
est uni ou bilatérale
9) Les ventriculomégalies mineures
ou modérées isolées (carrefours ventriculaires supérieurs à
10 mm)
On parle de ventriculomégalies
mineures entre 10 et 12 mm, de formes modérées entre 12 et 15 mm et de
ventriculomégalies sévères au dessus de 15 mm. Sont considérées
comme isolées les ventriculomégalies portant sur les cornes occipitales,
sans dilatation du V4 et du V3.La morphologie des cornes frontales doit être
respectée. La ventriculomégalie isolée peut être uni ou bilatérale,
symétrique ou asymétrique. La stabilisation ou la régression postnatale
est fréquente.Le pronostic pédiatrique est bon.
L'IRM est indiquée à 32 SA
si la ventriculomégalie est supérieure à 12mm, et en l'absence de
régression échographique. L'IRM ne doit pas être proposée d'emblée.
En cas de dilatation des cornes frontales
ou de déformation des parois ventriculaire, la ventriculomégalie n'est
pas considérée comme isolée et est un signe d'appel pour une malformation
cérébrale sous-jacente.
10) Les ventriculomégalies sévères
(terme à préféré à celui de dilatations
ventriculaires d'après les recommandations de l'ANAES - janvier 2004) ont des
étiologies multiples.
On utilise le terme de ventriculomégalie
sévère si les mesures au niveau des carrefours sont supérieures à
15 mm. Parmi les étiologies du troisième trimestre, on retiendra les dilatations
post- hémorragiques et plus rarement les sténoses de l'acqueduc de Sylvius
(dilatation tri-ventriculaire sus tentorielle) pour lequelle on recherchera l'association
à des pouces adductus en faveur d'une hydrocéphalie liée à l'X.
11) Fœtopathies infectieuses
L'IRM est proposée dans la surveillance
des fœtopathies à CMV à échographie cérébrale normale,
cependant l'apport de l'IRM dans cette situation n'a pas été validée.
12) Malformation artério-veineuse
de la veine de Galien
L'IRM précise la topographie et
le nombres de vaisseaux afférents, mais surtout recherche des lésions
ischémiques hémorragiques secondaires au phénomène de vol vasculaire
compromettant le pronostic. En cas de malformation peu étendue et sans retentissement
cérébral prénatal, on organisera par prise en charge thérapeutique
postnatal par embolisation.
13) Anomalies de la face et de l'orbite
L'IRM peut être proposée
dans le bilan d'anomalies faciales (fente faciale complexe)et oculaires. L'IRM paraît
supérieure à l'échographie pour la mise en évidence de certaines
malformations oculaires (microphtalmies asymétriques ou modérées,
colobome).
En conclusion
À l'heure actuelle, l'IRM anténatale
apporte un complément diagnostique précieux par rapport à l'échographie.
Elle doit cependant rester un examen de seconde indication, après un bilan
fœtal complet échographique et biologique, caryotype, bilan infectieux réalisé
en centre de référence de diagnostic prénatal.
Son principal intérêt est
de faire une étude morphologique détaillée du cerveau fœtal surtout
au troisième trimestre de la grossesse et devant des signes d'appel échographique.
Elle permet la mise en évidence d' anomalies cérébrales de diagnostic
échographique difficile (troubles de la gyration et de la migration neuronale,
lésion de sclérose tubéreuse de Bourneville, confirmation d'un caractère
hémorragique récent d'un foyer hyperéchogène échographique).
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* Service de radiologie
pédiatrique Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris. Centre d'échographie
mère - enfant 30 avenue de SAXE 75007 Paris.
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