Réalisations et défis après
un quart de siècle d'Assistance Médicale à la Procréation
ANDRé VAN STEIRTEGHEM*
Introduction
La stérilité doit être considérée
comme un problème de santé publique. C'est même un des problèmes
de santé chroniques parmi les plus fréquents, affectant des adultes jeunes.
Ce problème peut être présent pendant une longue durée et a
également des implications financières non négligeables. La
stérilité s'observe dans toutes les classes sociales et concerne toutes
les races. Sa prévalence est importante puisqu'au moins 10 % des femmes âgées
de 18 à 44 sont concernées. Au moins un quart des femmes mariées
ou cohabitantes seront confrontées au moins une fois durant leur vie à
un problème de stérilité. Les partenaires masculins ou féminins
des couples stériles représentent donc une part substantielle de la population
dans les pays développés.
Une revue de la littérature concernant
l'étiologie de la stérilité donne des résultats similaires pour
les années 1960 et 1970 (6 814 couples) ou pour les années 1980 et
1990 (9100 couples), indiquant que les causes de stérilité sont restées
sensiblement les mêmes : troubles de l'ovulation : 24 à 28 %, anomalies
du sperme : 27 à 23 %, stérilité tubaire : 25 à 20 %, stérilité
d'origine inconnue : 17 à 22 % et endométriose ou autres causes de stérilité
: 7 %.
Les connaissances en science et en
médecine de la reproduction se sont accrues considérablement au cours
des quarante dernières années grâce à plusieurs nouveaux développements.
D'une manière schématique, les années soixante sont caractérisées
par l'essor de l'endocrinologie de la reproduction, notamment suite à l'apparition
des radio-immunodosages. La microchirurgie se développe dans les années
soixante-dix et permet la correction de certaines anomalies masculines ou féminines.
Louise Brown naît le 25 juillet 1978 après fécondation in vitro
(FIV) et la pratique de cette technique se répand partout dans le monde au
cours des années quatre-vingt. Il est bien établi que la FIV est devenue
le traitement de choix des stérilités d'origine tubaire ou idiopathique
[1]. Une solution similaire pour le traitement de la stérilité d'origine
masculine fut l'introduction de l'ICSI (IntraCytoplasmic Sperm Injection) [2]. Depuis
la première naissance, à la VUB le 14 janvier 1992, l'ICSI s'est avérée
être pour la stérilité d'origine masculine ce que la FIV était
déjà pour la stérilité d'origine féminine. Les années
quatre-vingt-dix connurent également le développement du diagnostic génétique
préimplantatoire (DPI). Il est probable que les travaux sur les cellules souches
embryonnaires domineront les premières décades du XXIe siècle.
Réalisations actuelles de l'AMP
FIV et ICSI
Les cycles de traitement FIV ou ICSI peuvent se
résumer aux étapes suivantes :
1) la sélection
des couples en vue d'un traitement FIV ou ICSI ;
2) en accompagnement
le plus complet possible pour les couples soumis à de tels traitements ;
3) le protocole de
stimulation ovarienne contrôlée par monitorage échographique et hormonal.
Ces protocoles consistent généralement en l'association des agonistes
ou des antagonistes de la GnRH avec des gonadotrophines recombinantes ou d'origine
urinaire, ainsi que de l'administration de l'HCG pour l'induction de l'ovulation
;
4) la ponction échoguidée
par voie vaginale des follicules ovariens ;
5) la recherche des
complexes cumulo-ovocytaires dans le liquide folliculaire et l'incubation de ces
complexes dans un milieu de culture approprié, dans des conditions physico-chimiques
adéquates de pH, O2, CO2 et osmolarité ;
6) la préparation
du sperme en vue de l'insémination en FIV conventionnelle ou la microinjection
d'un seul spermatozoïde en ICSI ;
7) l'évaluation
de la fécondation et du clivage embryonnaire au cours des jours suivants ;
8) le transfert d'un
nombre limité d'embryons au jour 3 ou au jour 5 ;
9) la congélation
des embryons surnuméraires [3].
Le résultat des cycles de traitement
doit être suivi d'une manière appropriée jusqu'au moment de l'accouchement.
Il est extrêmement important de se rendre compte de l'état de santé
des enfants nés après AMP.
La FIV conventionnelle est appliquée
à différentes causes de stérilité d'origine féminine :
la stérilité tubaire (46 %), des problèmes de dysovulation ou cervicaux
(13 %), l'endométriose (9 %) et la stérilité idiopathique (32 %). Il
est devenu rapidement évident que la FIV conventionnelle ne se montrait pas
très efficace dans le traitement de la stérilité (sévère)
d'origine masculine : le taux de fécondation était très réduit
lorsque les paramètres séminologiques étaient altérés et
environ 50 % de ces cycles ne conduisaient pas à un transfert d'embryon [4].
À la fin des années quatre-vingt, plusieurs méthodes de fécondation
assistée furent proposées : le PZD (partial zona dissection), ensuite
le SUZI (subzonal insemination) et finalement l'ICSI. Le premier enfant ICSI naquit
le 14 janvier 1992. Il devint rapidement évident que les résultats de
l'ICSI se montraient supérieurs à ceux du PZD ou du SUZI dans le traitement
des stérilités d'origine masculine. L'ICSI fut introduite partout dans
le monde vers la moitié des années quatre-vingt-dix [5, 6]. L'ICSI est
actuellement le traitement de choix de la stérilité d'origine masculine
au même titre que la FIV l'est dans le traitement de la stérilité
d'origine féminine. L'ICSI peut être appliquée en utilisant des spermatozoïdes
éjaculés dans les cas d'oligo-asthéno-tératozoospermie, des
spermatozoïdes épididymaires en cas d'azoospermie excrétoire ou du
sperme testiculaire en cas d'azoospermie excrétoire ou sécrétoire
[7].
Comme indiqué dans les figures
1 et 2, les résultats de l'ICSI sont similaires pour les différents types
de spermatozoïdes utilisés en ce qui concerne le taux d'ovocytes intacts
après microinjection (entre 92 et 94 %), le taux de fécondation normale
(entre 60 et 76 % des ovocytes intacts après microinjection) et le pourcentage
d'embryons transférés ou congelés (entre 49 et 54 % des ovocytes
injectés). Un transfert embryonnaire peut être effectué dans plus
de 90 % des cycles utilisant des spermatozoïdes éjaculés (n = 2160),
des spermatozoïdes épididymaires (n = 43) et des spermatozoïdes testiculaires
frais (n = 122) ou congelés (n = 106). Les taux d'accouchement par transfert
dans ces cycles sont respectivement 24 %, 28 %, 23 % et 25 % [7].
Figure 1
Figure 2
Résultats de la FIV et de l'ICSI
Le
critère le plus important pour évaluer les résultats de la FIV et
de l'ICSI est le nombre de couples qui auront un enfant sain à l'issue de leur(s)
traitement(s). Tout comme dans les conceptions naturelles, le résultat final
préféré est une grossesse unique aboutissant à la naissance
d'un enfant en bonne santé. Dès le début de l'AMP, il apparut que
le taux de grossesse augmentait en relation avec le nombre d'embryons transférés.
Ceci s'accompagnait malheureusement d'une augmentation du taux de grossesses multiples.
La plus grande partie des grossesses multiples étaient des grossesses gémellaires,
mais on observait également des triplés et même des quadruplés.
La survenue des grossesses multiples après AMP, y compris celles obtenues après
induction de l'ovulation, doit être considérée comme un effet secondaire
majeur. Ce problème sera discuté ultérieurement dans ce chapitre.
Il est par ailleurs surprenant
de constater qu'au cours de la première décade de la FIV, il y ait eu
peu d'articles rapportant des études systématiques bien conçues,
sur les résultats (grossesses, accouchements et état de santé des
enfants nés). Lorsque l'ICSI fut introduite à la VUB au début des
années quatre-vingt-dix, beaucoup de questions furent posées concernant
son innocuité. L'ICSI est une procédure invasive qui peut potentiellement
endommager les organelles cellulaires de l'ovocyte, la plupart des étapes impliquées
lors d'une fécondation normale sont court-circuitées et le spermatozoïde
injecté est sélectionné par l'embryologiste ou le technicien qui
effectue l'ICSI. Le spermatozoïde utilisé n'est en principe pas capable
de féconder in vivo ou après FIV conventionnelle, et peut
être porteur d'anomalies génétiques ou autres. Des questions
ont également été posées concernant l'empreinte génomique
après l'utilisation de spermatozoïdes testiculaires. En outre, le devenir
des mitochondries présentes dans le spermatozoïde est mis en question
puisque la totalité du spermatozoïde est injectée dans l'ovocyte.
Dès le début du programme
AMP à la VUB en 1983, nous avons entrepris une étude prospective de toutes
les grossesses, jusqu'au moment de l'accouchement ainsi que de l'état de santé
des enfants à la naissance et plus tard au cours de la vie. Cette étude
se poursuit toujours actuellement et comprend des données accumulées sur
plus de 10 000 enfants nés. Cette étude du suivi est un projet commun
aux Centres de Génétique Médicale et de Médecine de la Reproduction.
Le suivi est effectué avec l'accord des parents. Une information complète
au sujet de la grossesse, de l'accouchement et du diagnostic prénatal éventuel
est obtenu. L'état de santé des enfants est évalué à la
naissance ou endéans les deux mois, à 1 an, 2 ans, 5 et 8 ans. Cette étude
prospective continuera le plus longtemps possible.
Les observations les plus importantes
accumulées suite à cette étude prospective, peuvent être résumées
de la manière suivante. Le conseil génétique est indiqué
chez les couples stériles présentant un risque plus élevé :
âge de la patiente supérieur à 35 ans, si un des partenaires du couple
est porteur d'une anomalie structurelle du caryotype (5,3 % des hommes stériles)
et dans les situations où il existe un risque élevé d'une anomalie
génétique. Un exemple de ce risque est l'association de mutations du gène
CFTR (gène de la mucoviscidose) chez des patients mâles porteurs d'une
agénésie congénitale bilatérale des canaux déférents.
Le caryotype prénatal de
1586 fœtus ICSI, obtenus après biopsie de villosités chorioniques ou amniocentèse
montre que 97 % de ces caryotypes sont normaux et que 3 % sont anormaux : 1,4% de
ces anomalies sont également présentes chez un des parents (le plus souvent
le père) et 1,6 % représentent des anomalies de novo : 0,6% d'aneuploïdies
des chromosomes sexuels et 1 % des anomalies des autosomes, concernant aussi bien
le nombre que la structure de ces chromosomes (8). L'âge moyen des patientes
au moment du diagnostic prénatal était 33,5 ans. Il n'existe pas de données
systématiques concernant le diagnostic prénatal après FIV conventionnelle.
L'augmentation (peu importante en nombre absolu) des anomalies chromosomiques de
novo a été corrélée avec la concentration et la mobilité
du sperme utilisé pour l'ICSI. Les données obtenues nous permettent de
conseiller un diagnostic anténatal si la concentration du sperme est inférieure
à 5 millions/ml ou si la mobilité du sperme est altérée.
L'analyse des résultats d'une
cohorte de 2 995 enfants FIV et de 2 889 enfants ICSI a montré que
le taux de grossesses multiples était similaire après FIV et ICSI
[9]. Ce pourcentage élevé de grossesses multiples constitue un facteur
de risque très important.
Les données néonatales après
FIV ou ICSI montrent des résultats comparables pour ce qui concerne le poids
de naissance, le nombre d'enfants de petit poids (< 2 500 g), le taux de
mortalité périnatale et le nombre d'hospitalisations néonatales pour
traitement médical ou chirurgical. Il est remarquable que pour des enfants
uniques obtenus après FIV et ICSI, le taux de prématurité est plus
élevé et le poids moyen de naissance plus faible que pour des enfants
conçus naturellement. Les malformations congénitales majeures (définies
comme menant au décès, entraînant des troubles fonctionnels ou demandant
une chirurgie correctrice) sont observées avec une fréquence égale
après ICSI (3,4 %) ou FIV (3,8 %). Lorsque les anomalies détectées
pendant la grossesse ou les morts in utero sont incluses, le pourcentage
d'anomalies est de 4,2 % après ICSI et 4,6 % après FIV. Ces pourcentages
sont un peu plus élevés que ceux rapportés dans les Registres Nationaux,
mais la méthodologie utilisée pour classifier les anomalies est différente.
Ni la qualité du sperme utilisé, ni son origine ne semblent avoir une
influence sur l'incidence des anomalies. Les anomalies congénitales sont plus
fréquentes dans les grossesses multiples que dans les grossesses uniques. Il
ne semble pas y avoir de différences entre FIV et ICSI quant à l'incidence
des malformations dans les différents systèmes d'organes. Le développement
des enfants obtenus après FIV ou ICSI a également été évalué
à l'âge de deux ans en utilisant le test de Bayley, et les scores de développement
mental se sont révélés similaires dans les deux groupes. Il y avait
une corrélation avec la durée de la grossesse, la parité et le fait
d'être un enfant provenant d'une grossesse unique ou gémellaire. Les garçons
montraient des performances légèrement inférieures à celles
des filles après ICSI ou FIV [10].
Dans l'état actuel des connaissances,
le message aux futurs parents concernant l'ICSI devrait être que les grossesses
multiples constituent un facteur de risque majeur, qu'il existe une petite augmentation
du nombre des anomalies chromosomiques héritées ainsi que de novo, particulièrement
en présence d'un sperme très anormal, qu'il y a un risque augmenté
de prématurité et de plus faible poids de naissance même dans les
grossesses uniques, qu'il y a probablement un peu plus de malformations congénitales
majeures (3,5 % au lieu de 2,5 %), qui pourrait être en relation avec l'âge
de la femme et avec la problématique d'infertilité. On peut également
leur dire que leur développement psychomoteur est normal mais que le développement
neurologique est influencé par les anomalies néonatales et qu'une augmentation
de l'incidence de maladies rares liées à l'imprinting est possible.
Le diagnostic génétique préimplantatoire
Le DPI devint possible lorsque des embryons furent
obtenus in vitro et que les techniques de génétique moléculaire
permirent un diagnostic effectué sur une cellule telle qu'un blastomère
issu d'un embryon préimplantatoire. Le DPI est une technique diagnostique génétique
appliquée à un embryon avant son transfert dans l'utérus, c'est-à-dire
avant l'implantation. Le premier DPI fut effectué au Hammersmith Hospital en
1991 [11]. Il peut être considéré comme une forme précoce de
diagnostic prénatal, qui est effectué sur un embryon in vitro,
alors que le diagnostic prénatal est effectué sur un fœtus in vivo.
Le DPI peut être réalisé chez des couples présentant un haut
risque de récurrence d'une maladie génétique, par exemple chez des
porteurs d'une maladie génétique spécifique, des porteurs d'une maladie
liée au sexe ou des porteurs d'une anomalie chromosomique. Ce diagnostic génétique
peut également s'effectuer pour des anomalies chromosomiques sporadiques :
cette approche a été appelée DPI avec screening d'aneuploïdie
(PGD-AS ; European Society of Human Reproduction and Embryology), Preimplantation
Genetic Screening - PGS (UK Human Fertilization and Embryology Authority)
et PGD (USA). Le PGD-AS est pratiqué en vue de tenter d'accroître le taux
de succès de la FIV ou de l'ICSI dans les cas suivants : femmes âgées
(plus de 37 ans) ; échecs répétés de FIV ou d'ICSI
; fausses couche à répétition ou facteur masculin sévère,
par exemple lorsqu'on fait usage de sperme testiculaire de patients présentant
une azoospermie non obstructive. Le rôle thérapeutique exact du PGD-AS
demande à être précisé par des études contrôlées
[12, 13]. L'opinion des auteurs est qu'il devrait à ce stade être considéré
comme un outil de recherche clinique. Le DPI au sens strict demande une collaboration
étroite entre le centre de génétique médicale (CGM) et un centre
de reproduction humaine (CRH). La plupart des couples seront référés
au CGM, où le diagnostic génétique devra être confirmé,
ainsi que la possibilité d'effectuer un diagnostic clair, fiable et efficace
sur une seule cellule. Un conseil adéquat devrait être également
fourni au patient. Si le couple accepte le DPI, il est adressé au CRH, qui
lui offre une approche similaire à celle des autres patients AMP. Les cliniciens
sont responsables de la mise en route du traitement, de la stimulation ovarienne
et du prélèvement des ovocytes ; les embryologistes effectuent le plus
souvent une ICSI, pour éviter la contamination par le DNA exogène, une
biopsie embryonnaire est effectuée en utilisant du Tyrode acide ou une technique
laser sur un embryon au jour 3 (idéalement au stade 8 cellules). Au CGM, le
diagnostic génétique sera alors effectué en utilisant la technique
d'hybridisation fluorescente in situ (FISH) ou la technologie de polymerase
chain reaction (PCR). Un ou deux embryons non affectés seront ensuite transférés
au CRH. Il est actuellement possible par DPI d'effectuer le diagnostic de plusieurs
dizaines d'affections monogéniques différentes ainsi que d'aberrations
chromosomiques. Tout comme on a observé dans d'autres centres pratiquant le
DPI, le nombre de cycles de DPI et de PGD-AS a augmenté considérablement
dans le laboratoire de l'auteur au cours des dernières années. Le DPI
est une option nouvelle offerte au couple présentant un haut risque de récurrence
de mettre au monde un enfant présentant une affection donnée. Des couples
qui choisissent le DPI comme forme de diagnostic prénatal sont ceux qui doivent
avoir recours à l'ICSI ou à la FIV, ou ceux qui refusent l'idée d'une
interruption de grossesse après amniocentèse ou CVS. Le DPI n'est possible
que lorsque la mutation de l'ADN ou l'aberration chromosomique sont connues, et
lorsqu'un diagnostic fiable sur une seule cellule est possible [14)].
Challenges pour le futur
Prévention de toutes les grossesses multiples en reproduction
médicalement assistée
On estime, qu'après 25 ans de FIV et 12 ans
d'ICSI, plus de 1,5 million d'enfants sont nés, ce qui peut être considéré
comme un résultat positif et un soulagement pour de nombreux couples présentant
une stérilité de longue durée. Cependant, environ la moitié
de ces enfants ne sont pas issus de grossesses uniques ; en d'autres termes, environ
750 000 enfants proviennent de jumeaux, triplés ou de grossesses de plus haut
rang. Les risques de la FIV ou de l'ICSI mentionnés plus haut sont, en terme
de prévalence peu importants en comparaison de la morbidité générée
par les grossesses multiples. Il n'est pas exceptionnel que la survenue des jumeaux
après AMP soit considérée comme une bonne nouvelle par les couples
infertiles. Cependant, les jumeaux présentent plus de problèmes que les
enfants uniques, les cas de paralysie cérébrale sont plus fréquents
ainsi que tout type de problèmes médicaux, et les coûts pour la communauté
sont nettement plus élevés. Au Royaume-Uni, on estime que le coût
de la prise en charge des enfants issus de grossesses multiples après FIV ou
ICSI excède £50 ¥ 106
par an (environ 75 ¥ 106 euro
ou $). Il est permis de poser la question de savoir pourquoi une telle épidémie
de grossesse multiple a pu se développer, alors que les cliniciens et les autres
agents de santé devaient être concernés au premier degré par
le bien-être des patients infertiles et de leurs enfants. De trop nombreux
embryons sont replacés in utero, le but premier étant d'obtenir
une grossesse et non d'obtenir une grossesse unique. Obtenir des taux élevés
de grossesse reste dans de nombreux pays une priorité et s'inscrit dans le
cadre d'une compétition professionnelle intense. Obtenir une grossesse à
tout prix peut être également influencé par le coût élevé
de l'AMP dans des nombreux pays, en particulier aux USA. En théorie, la solution
pour éviter la grossesse multiple, y compris les jumeaux est simple : il suffit
de replacer un seul embryon. Ceci est illustré par ce que dit notre confrère
Nygren de Suède : « Vous pouvez avoir autant d'embryons replacés
que vous le souhaitez, mais seulement un à la fois ». Il est évident
que dans un futur proche, la pratique du transfert d'embryon unique sera inévitable.
Cette politique est déjà en application dans un certain nombre de pays
scandinaves, ainsi qu'en Belgique. Les étapes suivantes sont nécessaires
pour encourager la pratique du transfert d'embryon unique :
1) expliquer la nécessité
du transfert unique aux praticiens, aux patients et aux autorités sanitaires ;
2) fournir une information
complète aux couples infertiles sur les risques liés aux grossesses multiples,
y compris les jumeaux ;
3) développer
de meilleures méthodes pour choisir l'embryon à transférer, porteur
des meilleures chances d'implantation ;
4) tenter d'améliorer
les protocoles de congélation et de décongélation des embryons surnuméraires.
On peut se demander si le PGD-AS pourrait jouer un rôle additionnel dans l'évaluation
de la morphologie de l'embryon à transférer. Des études contrôlées
randomisées seront nécessaires pour répondre à une telle question.
Cet aspect sera abordé de manière plus approfondie dans d'autres chapitres.
Les cellules souches humaines embryonnaires
Un intérêt croissant se manifeste actuellement
à l'égard des cellules souches, qu'elles soient d'origine somatique ou
embryonnaire (Embryonic Stem Cells - ESC), entre autres en vue de transplantation
cellulaire à visée thérapeutique. En utilisant la large expérience
accumulée en production de cellules souches de souris, il fut possible pour
la première fois d'établir une lignée de cellules souches humaines
en 1998. Ces cellules souches sont dérivées du bouton embryonnaire de
blastocystes surnuméraires générés par FIV ou ICSI et dont les
patients ont fait don à la recherche. L'isolation et la dérivation de
ESC peuvent être résumées comme suit. La première étape
consiste en isolation de l'amas cellulaire interne par immunochirurgie. La zone
pellucide est éliminée en utilisant la pronase. Les cellules trophoblastiques
sont lysées, après incubation avec l'anti-2,4-dinotrophénol et du
complément. Ce qui reste de l'amas cellulaire sera mis en culture sur
une couche de fibroblastes embryonnaires de souris. Après 9-15 jours, une masse
centrale est obtenue qui sera dissociée et remise en culture. Des colonies
sont obtenues, à partir desquelles des colonies cellulaires indifférenciées
peuvent être isolées en vue d'un usage ultérieur. à intervalles
réguliers, la stabilité du caryotype et l'activité télomérase
sont contrôlées. Après environ 10 passages, les marqueurs de cellules
souches seront déterminés : la phosphatase alcaline, différents marqueurs
de la surface cellulaire et l'expression de Oct-4. Le potentiel de différentiation
des cellules souches ou des ESC est déterminé après formation des
« embryoid bodies » dans lesquels les trois couches germinatives sont
présentes. La présence d'a-foetoprotéine est un marqueur de l'endoderme,
et l'HCG est un marqueur de la différentiation trophoblastique. La capacité
de ces cellules à générer des tumeurs est évaluée après
injection dans des souris SCID.
Les lignées cellulaires sont cryopréservées
après caractérisation. Avant utilisation thérapeutique de ces lignes
cellulaires, un certain nombre de critères de qualité doivent être
remplis, tels qu'un contrôle adéquat du matériel de départ.
Les essais cliniques de phase 1 doivent être précédés par une
série de tests précliniques [16]. À ce jour, au sein du laboratoire
de l'auteur, 4 lignées de cellules souches ont été établies,
deux provenant de blastocystes normaux, une provenant d'un blastocyste atteint par
la dystrophie myotonique et une provenant d'un blastocyste atteint de mucoviscidose.
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* Centre de Médecine
de la Reproduction - Centre de Recherche en Reproduction et Génétique
- Université Libre Néerlandophone de Bruxelles (Vrije Universiteit
Brussel - VUB) 22 ANDRé
VAN STEIRTEGHEM RéALISATIONS
ET DéFIS APRèS UN QUART DE SIèCLE D'ASSISTANCE
MéDICALE à LA PROCRéATION 23
24 ANDRé
VAN STEIRTEGHEM RéALISATIONS
ET DéFIS APRèS UN QUART DE SIèCLE D'ASSISTANCE
MéDICALE à LA PROCRéATION 25
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ET DéFIS APRèS UN QUART DE SIèCLE D'ASSISTANCE
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ET DéFIS APRèS UN QUART DE SIèCLE D'ASSISTANCE
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