Le
diagnostic pré-implantatoire en génétique moléculaire
Stéphane
Viville
Service de Biologie
de la Reproduction SIHCUS-CMCO, 19, rue Louis Pasteur BP120, 67303 Schiltigheim
- France
Institut de Génétique et de Biologie Moléculaire et Cellulaire, CNRS/INSERM/ULP,
1, rue Laurent Fries, BP 163, 67404 Illkirch Cedex, C.U. de Strasbourg, France
Le diagnostic
pré-implantatoire (DPI) est né de la pratique de la fécondation in vitro (FIV)
et du développement des techniques de biologie moléculaire permettant une analyse
génétique sur cellule unique. La première FIV date de 1978 et est de pratique
courante depuis le milieu des années 80. Les techniques de biologie moléculaire
sont encore plus récentes, la réaction en chaîne de la polymérase (PCR) date
de 1987 et l'hybridation in situ avec des sondes fluorescentes (FISH) du début
des années 90 .
Le DPI moléculaire par PCR permet d'identifier des mutations, elle est utilisée
aussi bien pour des pathologies récessives que dominantes. Les difficultés proviennent
du peu de matériel biologique disponible, une seule cellule. En effet, lors
d’une PCR classique, il est utilisé généralement entre 100 et 500ng d’ADN génomique,
soit l’équivalent de 20 000 à 100 000 cellules ! Chaque test PCR devra
donc être optimisé de façon à pouvoir obtenir le niveau de sensibilité requis.
La fiabilité du test sera évaluée sur de nombreuses cellules uniques (lymphocytes,
lymphoblastes ou blastomères). De plus, dans les protocoles actuellement utilisés
la PCR ne permet la détection que d’une seule mutation, au mieux deux à la fois.
Ceci signifie que lorsqu'un diagnostic est disponible, il l'est pour une des
mutations responsables du syndrome et non pour la maladie. Sachant que de multiples
mutations peuvent êtres responsables d'un même syndrome (plus de 800 dans le
cas de la mucoviscidose) et qu'il faut de 6 mois à 1 an de mise au point pour
chaque diagnostic, on comprend mieux pourquoi si peu de diagnostics sont disponibles.
Enfin, il existe un risque de contamination de l’échantillon pouvant engendrer
une erreur diagnostique. Pour éviter ces problèmes, il est impératif d’adopter
des conditions de travail draconiennes. En effet, de multiples sources de contamination
peuvent affecter le résultat d'un DPI. Elles peuvent provenir de cellules du
manipulateur, de cellules de la corona radiata entourant l'embryon, de spermatozoïdes
prisonniers de la zone pellucide ou, et cela représente la source principale,
de produits d'amplifications antérieures pouvant rester sous forme d'aérosol
dans le laboratoire. Afin de minimiser ce problème, le prélèvement, le transfert
de la cellule ainsi que la préparation des solutions de PCR doivent se faire
dans un laboratoire "propre" dédié au travail sur cellule unique et
isolé du laboratoire d’analyse des produits d’amplification. Nous travaillons
en tenue stérile sous hotte à flux laminaire et dans une pièce réservée à cet
effet. Cette pièce est en surpression et équipée de lampes UV. Le peu de temps
imparti à la réalisation du DPI limite aussi les possibilités de diagnostic.
L'ensemble du diagnostic doit être fait dans la journée du troisième jour après
la fécondation. Enfin une dernière difficulté se présente quand il s’agit, à
partir d’une seule cellule, d’amplifier deux allèles différents (cellule hétérozygote).En
effet, dans un nombre de cas variable selon le test utilisé (de 5 a 25 %)
un seul allèle est amplifié (phénomène d'allèle drop out (ADO)) ce qui
peut fausser le résultat du diagnostic.
Grâce à la PCR, le DPI est maintenant possible pour des maladies génétiques
comme la mucoviscidose, le syndrome de l'X fragile, l’amyotrophie spinale, certaines
thalassémies, le syndrome de Steinert ou le syndrome de Lesch-Nyhan. Pour des
maladies très hétérogènes comme la mucoviscidose ou les thalassémies, les progrès
viendront de la possibilité de réaliser des diagnostics indirects par étude
de marqueurs polymorphes . Cette solution permettra d’identifier non plus
une mutation mais l’allèle ou les allèles pathogènes. De tels protocoles, basés
sur un test multiplex sur cellule unique, pourraient ensuite être proposés à
tous les patients pour lesquels on aurait pu dégager une informativité. Ce procédé
permet d’éviter la mise au point de tests PCR sur cellule unique pour chaque
mutation familiale. De surcroît, l’étude en multiplex de marqueurs informatifs
peut permettre de détecter une éventuelle contamination par des cellules étrangères
et de détecter les cas d’ADO.
Findlay, I., Urquhart,
A., Quirke, P., Sullivan, K., Rutherford, A. J., and Lilford, R. J. (1995).
Simultaneous DNA 'fingerprinting', diagnosis of sex and single-gene defect status
from single cells, Hum Reprod 10, 1005-13.
Viville, S., Ray, P.,
Viville, B., Handyside, A., and Gerlinger, P. (1996). Diagnostic génétique préimplantatoire:
Techniques et résultats, M S Med Sci 12, 1378-1388.
|