INTERET
DE LA RECHERCHE SYSTEMATIQUE DE CHLAMYDIA TRACHOMATIS DANS UNE POPULATION DE
FEMMES JEUNES GRACE A UN TEST DE BIOLOGIE MOLECULAIRE : LE T M A GENPROBE
J.ORFILA*
- J.E.MENTION* - J.M.SUEUR**
*Laboratoire
de Bactériologie et Centre de Gynécologie obstétrique
Université de Picardie Jules Verne 80054 AMIENS France
** Biobanque de Picardie AMIENS FRANCE
INTRODUCTION
Les
chlamydiae constituent un groupe génétiquement distinct des autres
bactéries. Leur grande particularité réside dans le caractère
intra cellulaire obligatoire de leur cycle de développement qui comprend
une forme de multiplication : le corps réticulé, et une forme
virulente : le corps élémentaire. Quatre espèces sont actuellement
connues. Parmi celles-ci, le chlamydia trachomatis est responsable de pathologies
extrêmement variées affectant la sphère oculaire "
trachome " et la sphère génitale où elle est le premier
germe responsable de pathologies associées aux maladies sexuellement
transmissibles (1). Il s'agit d'un problème grave de santé publique.
En effet, la lésion initiale chez la femme est une cervicite généralement
inapparente et passant inaperçue . L'absence de diagnostic et de traitement
conduira à l'établissement de lésions pelviennes irréversibles
chez la femme jeune : salpingite, grossesse extra-utérine, stérilité
et douleurs chroniques pelviennes.
Il
est donc intéressant de chercher la prévalence de cette maladie
et d'effectuer une détection systématique de chlamydia trachomatis
(CT). Jusqu'à ces dernières années, les possibilités
du laboratoire reposaient sur les méthodes utilisant les cultures cellulaires.
Cependant, cette technique est longue, chère et sujette à grandes
variations d'un laboratoire à l'autre. Elle ne s'applique pas à
des recherches épidémiologiques. L'utilisation de techniques enzymatiques
(ELISA) pour la détection directe d'antigènes, a fourni une alternative
à la culture cellulaire. Mais leur sensibilité n'est pas supérieure
à celle de la culture cellulaire (2). Récemment, les méthodes
d'amplification des acides nucléiques chlamydiens ont montré leur
grande sensibilité et présentent donc un avantage certain sur
les méthodes précédentes (3). Trois techniques sont maintenant
couramment utilisées : la polymérane chaîne réaction
commercialisée par Roche (Amplicor PCR) la ligare chaîne réaction
commercialisée par ABBOTT (LC R). La " transcrystase mediated amplication
" commercialisée par GEN PROBE (T M A).
De
nombreux travaux ont montré de ces dernières techniques pouvaient
être utilisées pour la mise en évidence de C T dans les
urines (4). MOUTON et COLL (5) comparant la technique de PCR, LCR et TMA ont
obtenu des résultats similaires en employant comme spécimen les
urines. Nous avons donc décidé d'utiliser la TMA basée
sur l'amplification du r. RNA ce qui évite les risques de contamination
avec du DNA.
POPULATION
CONCERNEE
Nous
avons choisi une population de femmes jeunes entre 13 et 30 ans. De nombreux
travaux, en particulier ceux en France réalisés par le réseau
renachla (6) ont montré qu'après cet âge la prévalence
diminuait considérablement.
MATERIEL
ET METHODE
De
juin 1999 à juin 2001, CT a été détecté chez
1026 patientes se répartissant en 40% venant pour interruption volontaire
de grossesse et 60% venant en consultation de contraception. Toutes explications
ont été données aux patientes quant au bien fondé
de la recherche de CT dans les urines et surtout le bénéfice qu'elles
pouvaient en tirer grâce au traitement toujours proposé en cas
de positivité. Seules deux jeunes femmes ont refusé le protocole.
METHODE
D'IDENTIFICATION MOLECULAIRE
Les
urines sont recueillies dès l'arrivée des femmes dans le service,
si possible, urine du matin ou postérieure de deux heures à la
dernière miction sans nettoyage préalable. Le premier jet d'urine
va laver l'urètre et le col vésical ainsi que les pertes vaginales
d'origine cervicale qui sont autour du méat urinaire et où se
trouvent CT.
Après recueil, les urines sont transportées au laboratoire dans
le tube de prélèvement moins de 24h après l'émission.
Elles sont alors conservées à -80°. Après décongélation
1,5ml d'urine est pipetté dans un microtube. Les tubes sont incubés
à 37° pendant 10mn et centrifugés à 10 000g pendant
5mn, le surnageant est décanté ; 200 microlitres du tampon de
dilution est ajouté, 50mcl du culot après agitation est ajouté
au tube contenant le réactif d'amplification, les tubes sont intubés
à 95°c pendant 10mn puis refroidi à 42°c. Les enzymes
d'amplification sont ajoutés et les tubes sont incubés à
42° c pendant une heure. Le réactif d'arrêt est ajouté
et l'incubation continue pendant 10mn à 42°c avant l'adjonction de
la sonde spécifique marquée à l'ethidium d'acridine.
Après
incubation à 60° pendant 15mn et adjonction du liquide de sélection,
les tubes sont incubés à 60° pendant 10mn. La lecture s'effectue
au luminomètre (Leader 50 gen probe)
RESULTATS
Un
total de 35 patientes sur les 1026 étudiées ont été
trouvées positives soit un pourcentage de 3,4%.
La
prévalence selon l'âge est montrée dans le tableau suivant
:
AGE
|
UHE
PATIENTES
|
UHE
+
|
%
|
13
-14
|
7
|
0
|
|
15
- 20
|
384
|
17
|
4,4
|
21
-25
|
367
|
11
|
3
|
26
- 30
|
268
|
8
|
2,6
|
DISCUSSION
- CONCLUSION
Nos
résultats montrent que CT existe dans une population jeune asymptomatique,
le pourcentage le plus élevé se trouve chez les patientes de 15
à 20 ans. Nous notons également une diminution sensible après
25 ans. CT demeure donc un important problème de santé publique
et il apparaît urgent que des mesures pratiques soient proposées.
Parallèlement à une politique d'information de la jeunesse, il
faudrait organiser un dépistage des populations à risque (entre
15 et 25 ans par exemple) dépistage que facilite grandement l'utilisation
des urines. Enfin, il importe d'élargir la loi Calmat à toutes
les consultations de contraception pour les patientes âgées de
16 à 25 ans.
BIBLIOGRAPHIE
(1)
SCHACHTER.J chlamydial infections. Infections diseases. 1992
(2) KELLOGG J.A. Clinical considerations of culture vs antigens aissays for
detection of chlamydia trachomatis form genital specimens. Arch. Pathol. Lab.
Med 1989113 453-460
(3) OSTERGAARD L. - BIRKELUND S. - CHRISTIANSEN G. Use of the polymerase chain
reaction for detection of chlamydia trachomatis J. Clin. Microbiol. 1990 - 28
- 1254 - 1260.
(4) CHERNESKY M. - ADJANG H.LEE - BURCZAK J.D. - H. HU J. SELLORS - S.J. TOMAZIC-ALLEN
- MAITONY J.B. Diagnosis of chlamydia trachomatis infections in men and women
by testing first-void urine by ligare chain reaction. J.Clin. Microbiol 1994
32 - 2682-2685
(5) GOESSENS W.H. - MOUTON J.W. - WI VAN DER MEIDJEN - DEELEN S. - TH VAN RIJSOORT-VOS
- N LEMMENS DEN TOOM - HA VERBRUGH and RP VERKOOYEN. Comparaison of three commercially
available amplification assays AMP CT, LCX and cobas Amplicor for detection
of chlamydia trachomatis in first void urine. 1997 J. Clin. Microbiol 35 2628-2633
(6) GOULET V. - LAURENT E. - BIANCHI A. Les chlamydioses urogénitales
en France en 1997. Réseau Renachla. BULLETIN EPIDEMIOLOGIQUE HEBDOMADAIRE
1999 N° 16 1-6.
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