Les XXIIe JTA
> Présentation
> Programme
> Comité scientifique
> Intervenants
> Contacter les JTA

En pratique
> S'inscrire
> Renseignements
> Hébergement
> Programme social
> Post-congrès

Les archives
> Andrologie
> Biologie
> Gynécologie
> Infertilité
> Médecine foetale
> Néonatologie
> Nutrition
> Obstétrique
> Pédiatrie
> Périnatalité
> Périnéologie
> Phlébologie
> Psychosomatique

Rechercher

Titre: Le conseil génétique dans les dilatations ventriculaires
Année: 1995
Auteurs: - Le Merrer M.
Spécialité: Médecine foetale
Theme: dilatations ventriculaires

Chapitre 5

Le conseil génétique dans les dilatations ventriculaires

M. Le Merrer

introduction

Les dilatations ventriculaires posent de gros problèmes de diagnostic étiologique puisqu'elles doivent être en fait considérées comme symptôme d'affections qu'il faut essayer d'identifier.

Parler de conseil génétique implique que l'on connaisse l'étiologie de cette dilatation et donc d'avoir à sa disposition un certain nombre d'examens clés qui pourront permettre d'évoquer ou d'affirmer certaines hypothèses.

Il est important de préciser que le conseil génétique doit donc se situer en dehors de la situation d'urgence qu'est la découverte systématique d'une dilatation ventriculaire au cours d'une échographie morphologique sans antécédents particuliers, afin de pouvoir disposer de suffisamment d'éléments pour le formuler.

Ces généralités étant posées, deux situations peuvent être envisagées :

- le conseil génétique a été formulé après un premier accident (découverte in utero lors d'une grossesse précédente ou bien antécédent familial d'hydrocéphalie, d'anomalie neurologique ou mentale). La récidive de l'affection a été prévue et un diagnostic anténatal a été proposé.

- le conseil génétique est demandé lors d'une découverte fortuite. Il ne doit être donné qu'après une enquête précise et réception de l'ensemble des résultats des examens foetaux :

- examen macroscopique du foetus

- examen anapath

- examen neuropathologique

- examen infectieux (IgM, recherche CMI, toxoplasmose...)

- examen du caryotype foetal

- examen radiologique

- enquête familiale, examen clinique des parents.

I fréquence

La fréquence de la dilatation ventriculaire est difficile à établir compte-tenu des fréquences estimées à la naissance (ML Briard, Stevenson) et du taux de dilatation ventriculaire connu chez les mort-nés. Cependant, 2 p 1 000 para"t une estimation correcte pour une dilatation ventriculaire autre que d'origine chromosomique.

II le conseil génétique et les différentes étiologies

1. Les dilatations ventriculaires liées à une anomalie du tube neural

La fréquence du spina bifida est estimée à 0,5 p 1 000. La dilatation ventriculaire est constante dans les myéloméningocèles et le plus souvent le premier signe d'appel échographique.

Le risque génétique du spina bifida isolé en France est estimé 0 2 % (Le Merrer) alors qu'il est beaucoup plus élevé dans les populations celtes. Une hétérogénéité génétique n'est pas exclue, les localisations thoraciques paraissant plus volontiers génétiques que les atteintes lombo-sacrées.

Le spina bifida peut s'associer à d'autres malformations (autres que les anomalies secondaires au spina bifida) et en particulier, on citera l'assocation VATER, l'association OEIS, les anomalies de la régression caudale dont les mécanismes sont sans doute très différents.

La prophylaxie par l'administration d'acide folique en France n'est pas démontrée, mais communément admise. En revanche, toute mère traitée par Dépakine a un risque de l'ordre de 1 % de spina bifida ( ).

Le risque de récurrence des anomalies du tube neural est faible et le dépistage par échographie et/ou par électrophorèse de l'acétylcholinestérase permet de rassurer la plupart des patientes.

2. Les anomalies du prosencéphale ou holoprosencéphalies

L'hétérogénéité clinique et génétique ne rend pas le conseil génétique facile. A côte des anomalies chromosomiques fréquentes (trisomie 13...), on distingue tous les modes de transmission :

- le mode récessif autosomique est le plus fréquent, en particulier au Maghreb, favorisé par la consanguinité (Le Marec) ;

- le mode récessif lié à l'X est exceptionnel ;

- les anomalies du prosencéphale peuvent avoir un caractère dominant alors responsable le plus souvent d'holoprosencéphalie lobaire ( ). L'expression est très variable allant du simple hypothélorisme avec microcéphalie modérée et incisive médiane unique jusqu'à la cyclopie.

Le conseil génétique ne pourra être délivré qu'après une étude familiale attentive voire après l'examen d'un scanner chez certains sujets à risque.

3. Les dilatations ventriculaires et les malformations cérébrales

L'agénésie du corps calleux s'accompagne souvent d'une dilatation modérée des ventricules.

Le conseil génétique, en l'absence de toute autre anomalie (Fragilité du chromosome X, syndrome de Bickers Adams) est difficile. Cependant, une certaine prudence à la fois dans le pronostic de l'anomalie et dans le conseil génétique doit être assurée. Aussi, plusieurs observations personnelles n'excluent pas une affection récessive autosomique. Enfin, on éliminera le syndrome acrocalleux, le syndrome hydrocéphalie létale, le syndrome d'Aicardi.

Le syndrome de Dandy-Walker et les agénésies vermiennes

Le conseil génétique dans le syndrome de Dandy-Walker isolé doit être rassurant, la fréquence des cas familiaux est inférieure à 1 % (Murray, Burton, Briard). En revanche, les anomalies de la fosse postérieure atypiques peuvent s'associer à des syndromes polymalformatifs et avoir un mode de transmission plutôt récessif autosomique (syndrome crânio-cérébello-cardiaque de Schinzel, syndrome de Joubert, syndrome de Warburg, syndrome de Meckel...).

Les anomalies de migration neuronales

Elles sont pratiquement toujours associées à une dilatation ventriculaire. Il serait trop long d'en définir les caractéristiques, mais leur suspicion impose qu'un examen neuropathologique soit effectué sur lequel reposera le conseil génétique qui sera souvent prudent (affections récessives autosomiques comme le syndrome de Warburg, ou délétionnelles comme le syndrome de Miller Debrer).

L'hydrocéphalie par sténose de l'aqueduc de Bickers-Adams

Le syndrome de Bickers-Adams est décrit en 1949 comme une sténose de l'aqueduc de Sylvius se transmettant selon le mode récessif lié à l'X. Les classiques pouces en adduction sont inconstants et n'étaient pas décrits dans l'observation princeps ; ils ne sont peut-être que le témoin de troubles neurologiques importants. Edwards décrit trois familles comportant des sujets du sexe masculin avec crâne irrégulier et un peu élargi, "faciès particulier", spasticité des membres inférieurs, pouces en adduction, ayant une débilité mentale et inconstamment une hydrocéphalie. Il est clairement démontré maintenant que cette affection est cliniquement hétérogène à la fois sur le plan inter et intrafamiliale (Serville et al) et qu'une forme initialement décrite comme un syndrome MASA autonome (Mental, retardation, adducted thumbs, shufflling gait and aphasia) n'est en fait qu'une forme allélique de la même affection localisée en Xq28, le gène en a été identifié (Serville). Des mutations de L1CAM ont été démontrées récemment.

Pour le conseil génétique, deux situations s'opposent :

- il s'agit d'un cas familial. On peut par biologie moléculaire étudier la ségrégation de la maladie avec des marqueurs polymorphes, voire dans de rares cas, détecter la mutation. Les statuts des femmes conductrices est alors possible à mettre en évidence, ainsi que le diagnostic anténatal de l'enfant atteint par biopsie de trophoblaste ;

- s'il s'agit d'un cas isolé, malheureusement, il est impossible d'utiliser dans la plupart des cas la recherche de mutation encore en routine. En effet, L1CAM est un grand gène et les mutations sont très variées. En l'absence de détection de la mutation, seul un diagnostic de sexe avec une surveillance échographique attentive, si c'est un garçon, est en pratique réalisable.

Les autres hydrocéphalies

A partir d'une enquête sur 594 hydrocéphalies répertoriées dans des services de neurologie ou de neuro-chirurgie, il est possible de dégager certains critères utiles au conseil génétique (ML Briard). A côté des étiologies précédemment citées, il existe un certain nombre de pedigrees compatibles avec une hérédité récessive autosomique (consanguinité, plusieurs germains atteints). Ces hydrocéphalies sont liées le plus souvent à une sténose de l'aqueduc et sont sévères, de révélation anténatale. Le risque génétique est estimé à 25 % avec un dépistage possible en anténatal, mais souvent tardif (fin du deuxième trimestre). Enfin, ces étiologies malformatives ou de révélation précoce anténatale exclues le risque génétique estimé pour une récidive d'une dilatation ventriculaire postnatale est très faible, peu différente de la fréquence estimée dans la population générale;

Enfin, devant une dilatation ventriculaire modérée en post-natal associée à un retard mental chez un garçon, il parait raisonnable de rechercher un Fra X par une étude moléculaire visant à mettre en évidence une expression du gène FMR1.

Ces derniers points montrent notre incapacité à faire un bon conseil génétique en l'absence de diagnostic précis de syndrome, ou d'entité particulière. Enfin, on n'oubliera pas que certaines dilatations ventriculaires ont une origine embryo ou foetopathiques (toxoplasmose, CMV, accident vasculaire).

BIBLIOGRAPHIE

1. BRIARD ML, LE MERRER M, KAPLAN J. Le conseil génétique pour les hydrocéphalies et les microcéphalies. Journées Parisiennes de Pédiatrie. Paris (12, 13 octobre) 1985 Flammarion Médecine-Sciences : 131-138.

2. COUCKE P et al. Identification of S' splice site mutation in intron 4 of L1CAM gene in an X-linked hydrocephalus family. Hum Mol Genet 1994;3:671-673.

3. SCHRANDER-STRUMPEL C et al. MASA syndrome : new clinical features and linkage analysis using DNA probes. J Med Genet 1990;27:688-692.

4. SERVILLE F, LYONNET S, PELET A, REYNAUD M, LOUAIL C, Munnich A, and le Merrer M. X-linked hydrocephalus : clinical heterogeneity at a single gene locus. Eur J Pediatr 1992;151:515-518.

5. WILLIAMS P et al. Assignment of X-linked hydrocephalus to Xq28 by linkage analysis. Genomics 1990;8:367-370.

Martine LE MERRER

Hôpital Necker, Département de Pédiatrie, Service de Génétique Médicale, 149 rue de Sèvres - 75015 Paris

 : JOURNÉES DE TECHNIQUES AVANCÉES EN GYNÉCOLOGIE OBSTÉTRIQUE ET PÉRINATALOGIE PMA, Fort de France 12 - 19 Janvier 1995