Chapitre 7
Analyse étiopathogénique des dilatations ventriculaires
foetales
A.L. Delezoide
introduction
Les malformations du système nerveux central
représentaient en 1975, 9% des malformations isolées
présentes à la naissance et une bonne partie de
celles observées chez les 15,9% polymalformés recensés
(1). La plupart d'entre elles sont maintenant accessibles à
l'examen échographique anténatal, et, de part la
gravité de leur pronostic - elles représenteraient
40% des causes de décès dans la 1ère année
de vie (2) -, conduisent le plus souvent à une Interruption
Médicale de Grossesse (IMG). Les Dilatations Ventriculaires
(DV) sont, parmi les anomalies du système nerveux central,
particulièrement fréquentes : facilement décelées
à l'échographie, elles représentent, sauf
si elles sont modérées, strictement isolées
et non évolutives, une indication non discutée d'IMG.
Mais les dilatations ventriculaires ne sont qu'un signe, un symptôme
répondant à des processus physiopathogéniques
très divers et à des étiologies variées,
acquises ou génétiques. Identifier le type de lésion
responsable de l'hydrocéphalie est donc indispensable au
diagnostic étiopathogénique des DV, et au conseil
génétique qui suivra l'IMG. C'est là que,
lorsque le bilan anténatal n'aura pas déterminé
la cause de la malformation, l'examen autopsique du foetus hydrocéphale
deviendra une nécessité, afin que soit menée
à bien l'enquête diagnostique. Ce diagnostic débouchera
sur un pronostic : évaluation d'un risque éventuel
de récurrence de l'anomalie et permettra l'information
génétique des parents : cette démarche
est le complément obligatoire à toute décision
d'interruption de grossesse.
Nous allons nous efforcer, au travers de l'expérience
de l'Unité de Foetopathologie de l'Hôpital Necker
Enfants-Malades de montrer la fréquence des dilatations
ventriculaires et de leurs diverses formes, anatomiques et étiopathogéniques
dans la population ftale.
I les dilatations ventriculaires en foetopathologie : fréquences
Notre centre a la structure d'un "centre de
secteur" par opposition aux services de foetopathologie liés
à des services d'obstétrique spécialisés
dans le diagnostic anténatal. La plupart de nos correspondants
sont des maternités générales d'hôpitaux
ou cliniques du Sud et de l'Ouest de Paris et de l'Ile de France,
dont les obstétriciens ont coutume de nous adresser pour
examen tous leurs ftus, décédés spontanément,
ou ayant fait l'objet d'une IMG. Notre recrutement reflète
donc assez bien, sans trop de biais, la pathologie anténatale.
Il est cependant clair que les chiffres présentés
ici n'ont qu'une valeur indicative, sans ambition épidémiologique.
Sur les 2 000 premières autopsies effectuées
dans notre unité, 1 409 concernent des foetus décédés
spontanément (70%) : fausses couches spontanées,
morts foetales in utero, décès per partum ou post
natal immédiat ; 591 correspondent à des produits
d'IMG. Dans cette population de 2 000 foetus, dont l'âge
s'échelonne de 17 à 42 SA, nous avons retrouvé
124 foetus ayant présenté une DV à l'examen
neuropathologique (soit 6,2%) : 20 d'entre eux parmi les décès
spontanés (1,4%), et 104 parmi les IMG (17,6%). Nous avons
écarté de cette série les ventricules uniques
dilatés entrant dans le cadre d'une holoprosencéphalie
: nous n'avons considéré que les dilatations des
ventricules latéraux, associées ou non à
une atteinte du V3 et/ou du V4.
Sur les 2000 foetus examinés, 378 présentaient
une anomalie du système nerveux central (16,9%), (en dehors
d'hémorragies intraventriculaires ou méningées
contemporaines de l'expulsion) : donc 1/3 environ des ftus
porteurs d'une malformation du SNC étaient hydrocéphales.
Sur 124 foetus porteurs d'une dilatation ventriculaire,
66 étaient des filles, 58 des garçons ; 97 avaient
eu un caryotype, 13 fois anormal. Sur les 27 caryotypes non effectués,
22 étaient très probablement normaux : lésions
clastiques ...
II dilatations ventriculaires foetales : formes
étio-pathogéniques
La classification nosologique la plus usitée
pour les dilatations ventriculaires se base sur leurs différences
d'histoire naturelle : elles peuvent, en théorie, répondre
à 4 mécanismes distincts :
- un excès de production de Liquide Céphalo
Rachidien (LCR),
- un défaut de résorption du LCR,
- un obstacle à la circulation du LCR (hydrocéphalie
obstructive),
- une diminution de volume du parenchyme cérébral
(hydrocéphalie a vacuo).
1. Les hydrocéphalies liées à un excès
de production du LCR
Elles sont dues essentiellement à des tumeurs
des plexus choroïdes hypersécrétantes (papillomes).
Ces tumeurs se manifestent rarement avant la naissance ; il en
a été décrit d'exceptionnelles formes familiales
(3,4). Nous n'en avons jamais rencontré dans notre série
ftale.
2. Les hydrocéphalies liées à un défaut
de résorption du LCR
Le LCR est résorbé au niveau des granulations
de Paccioni situées à la racine de la faux du cerveau,
le long du sinus veineux longitudinal. L'apparition de ces granulations,
tardive (18 mois de vie) est précédée par
la formation, dès 12 SA, de structures plus rudimentaires,
les villosités arachnoïdiennes, qui suffisent à
la résorption précoce du LCR. De très rares
observations d'hypoplasie ou d'agénésie des granulations
de Paccioni ont été rapportées chez des enfants,
hydrocéphales ou non, sans qu'ai pu donc être établie
une corrélation entre le nombre de granulations et l'existence
d'une hydrocéphalie (5). Ce processus d'apparition des
dilatations ventriculaires semble donc être assez théorique.
Les causes des hydrocéphalies observées
chez le foetus se repartissent donc de façon à peu
près équivalente (tableau 1) dans les deux derniers
groupes : les hydrocéphalies obstructives et les hydrocéphalies
a vacuo.
3. les hydrocéphalies obstructives
Elles se définissent comme secondaires à
la présence d'un obstacle sur le trajet du LCR, entraînant
une dilatation évolutive des cavités situées
en amont de cet obstacle. Celui-ci siège préférentiellement
dans les passages étroits de la circulation du LCR et donne
lieu, suivant sa localisation, à différentes formes
anatomiques : dilatations ventriculaires unilatérales ou
asymétriques en cas d'obstruction d'un trou de Monro, DV
triventriculaire par atrésie ou sténose de l'aqueduc
de Sylvius, DV tétraventriculaire par non ouverture ou
non fonctionnement des trous de Luschka et Magendie : ces orifices,
situés dans le toit du V4, font communiquer les cavités
ventriculaires et les espaces sous-arachnoïdiens. Plus rarement
en pathologie ftale, l'obstacle se situe dans les espaces
sous-arachnoïdiens Sur le plan étiologique, ces obstacles
sur la circulation du LCR peuvent répondre à des
pathologies acquises, dont le risque de récurrence est
a priori nul, ou pour certains, à des processus malformatifs,
d'origine génétique reconnue, pour lesquels un risque
de récurrence peut être défini.
3.1 - Les hydrocéphalies obstructives acquises
:
Elles peuvent être dues à des caillots
obstruant un trou de Monro ou l'aqueduc au décours d'une
hémorragie intraventriculaire (accident circulatoire ou
allo immunisation plaquettaire ) ou à une prolifération
tumorale (3) ; les tumeurs congénitales les plus fréquentes
sont des tératomes ou gliomes, en général
rapidement évolutives et de mauvais pronostic. Probablement
plus souvent l'obstacle est un processus cicatriciel sous-épendymaire,
sténosant : gliose secondaire à des phénomènes
ischémiques purs, ou à des processus infectieux
(embryo ou foetopathies) : le passage sténosé est
généralement l'aqueduc de Sylvius dont la lumière
est réduite et/ou fragmentée (aspect de "dysplasie"
de l'aqueduc). La dilatation ventriculaire ne se constitue généralement
qu'à distance de la maladie originelle, quand tout élément
inflammatoire a disparu : il devient alors difficile de distinguer,
à l'examen neuropathologique, ces sténoses de l'aqueduc
acquises des sténoses malformatives (c'est là que
l'immunohistochimie, le contexte ftal ou l'étude
soignée de l'anamnèse de la grossesse ont tout leur
prix). Quand la ftopathie est évidente, les lésions
clastiques du parenchyme sont majeures, entraînant alors
une dilatation ventriculaire de type "a vacuo".
3.2 - Les hydrocéphalies obstructives malformatives
Le groupe le plus important est constitué
par les DV secondaires aux malformations d'Arnold Chiari
associées aux myéloméningocèles. Cette
malformation d'Arnold Chiari dont le mécanisme est mal
connu (probablement anomalie primitive de la charnière
cervico-occipitale, avec défaut d'adéquation neuro-osseuse
ou bien "traction" du tronc cérébral vers
le bas, par la moelle fixée au niveau du spina) s'accompagne
toujours d'un étirement du tronc et des pédoncules
cérébraux collabant l'aqueduc de Sylvius et responsable
de la dilatation triventriculaire sus-jacente.
Les autres sténoses de l'aqueduc d'origine
malformative constituent un autre groupe important des hydrocéphalies
obstructives (tableaux 1 et 2) : dans notre série, on a
pu 4 fois attribuer la sténose à un processus malformatif
d'étiologie et de récurrence connues : syndromes
de Bickers-Adams (sténose de l'aqueduc et pouces adductus
chez un garçon), FG (atrésie anale, hydrocéphalie
+/-, agénésie du corps calleux, retard mental chez
un garçon), association VACTERL (anomalies Vertébrales,
Atrésie Anale et/ou de l'OEsophage, Cardiopathie, fistule
Trachéo-oesophagienne, anomalie Rénale, Limb defect),
ou anomalie chromosomique. Pour les autres, leur origine malformative
est corroborée par leur association à d'autres malformations,
locorégionales et/ou polytopiques, même si le syndrome
ainsi constitué n'a pu être identifié. Les
formes isolées ont été placées dans
ce groupe après élimination de tout contexte inflammatoire
ou ischémique.
Les dilatations ventriculaires sus-tentorielles accompagnant
le syndrome de Dandy-Walker (ascension de la tente du cervelet,
dilatation kystique du V4, hypoplasie ou aplasie du vermis cérébelleux)
sont généralement classées comme hydrocéphalies
obstructives. En effet, cette malformation étant classiquement
attribuée, même si cela est discuté (6), à
une imperforation des trous de Luschka et Magendie, expliquant
la dilatation du 4ème ventricule, il semble logique que
la dilatation des cavités d'amont réponde au même
mécanisme. Dans notre expérience de foetopathologistes,
la malformation de Dandy-Walker est presque toujours associée
à une dilatation des ventricules cérébraux
: ceci s'explique par le fait que le retentissement en amont est
le critère de mauvais pronostic qui amène l'indication
d'IMG. L'élément qui nous semble le plus frappant
à l'observation de nos 15 cas associant Dandy-Walker et
dilatation des ventricules cérébraux, c'est l'extrême
hétérogénéité de leur contexte
malformatif (Tableau 3) : on n'a pas deux observations identiques.
Il est aussi remarquable de constater que dans les 7 cas où
l'examen foetopathologique a fait le diagnostic d'un syndrome
malformatif polytopique, 1) le cerveau était toujours polymalformé,
avec 5 fois sur 7 une anomalie des bulbes olfactifs (agénésie
ou hypoplasie), 4 fois une agénésie du corps calleux
(ACC) et 5 fois une micrencéphalie et/ou des anomalies
de la migration neuronale ; ces anomalies sont, en dehors de l'ACC,
peu ou non accessibles à l'examen échographique
; leur fréquence justifie de compléter le bilan
pronostique d'une malformation de Dandy-Walker décelée
à l'échographie par une RMN cérébrale
ftale ; 2) les autres malformations associées sont
pour la plupart des malformations peu parlantes en échographie,
le plus souvent passées inaperçues dans notre expérience,
surtout derrière les malformations cérébrales.
Dans ce cas, l'examen foetopathologique s'avère tout à
fait indispensable au bilan malformatif nécessaire au conseil
génétique.
Parmi les autres cas d'hydrocéphalies obstructives
observées chez le foetus, celles associées aux ostéochondrodysplasies
létales ne sont pas rares : 6 dans notre série,
correspondant à des maladies variées (achondrogenèse,
hypo chondrogenèse, nanisme de Beemer, chondrodysplasie
ponctuée sévère ...). Dans ce contexte, l'hydrocéphalie
est attribuée à l'anomalie du développement
de la base du crâne, inadaptée à la croissance
cérébrale et gênant la circulation du LCR
dans les espaces sous-arachnoïdiens ; par son importance
elle est souvent un signe d'appel majeur, associé au défaut
de développement des os longs.
Un mécanisme un peu similaire a été
avancé pour expliquer la DV observée dans le syndrome
de Walker-Warburg (5) : dans ces malformations, il existe une
importante gliose extracérébrale qui comble les
méninges et les espaces de circulation du LCR. Ce mécanisme
s'associe cependant à une micrencéphalie et à
un défaut de constitution de la plaque corticale, qui produisent
une DV "a vacuo".
Enfin, l'obstacle à la circulation du LCR
peut être extrinsèque et correspondre à l'effet
compressif de volumineux kystes arachnoïdiens : particulièrement
ceux se développant en position interhémisphérique,
appendus à la faux et retentissant très vite sur
les ventricules latéraux, les trous de Monro ou le V3.
Ce, d'autant plus que ces kystes peuvent laminer le corps calleux,
ou même s'ils se forment très tôt, empêcher
son développement rostro-caudal.
4. Les hydrocéphalies a vacuo
Elles se définissent comme des dilatations
ventriculaires se développant en relation avec un volume
de parenchyme cérébral insuffisant : comme les DV
obstructives, elles peuvent être acquises ou malformatives,
les 2 processus étiopathogéniques étant généralement
plus faciles à distinguer que dans le cadre des sténoses
de l'aqueduc de Sylvius.
4.1 Les dilatations a vacuo acquises
Elles sont secondaires à des processus clastiques,
infectieux ou vasculaires, ayant détruit le parenchyme
ventriculaire et étendu ainsi, de façon centrifuge,
le volume des ventricules : un bon exemple en est la leucomalacie
périventriculaire, nécrose ischémique de
la substance blanche, qui se résorbe en créant des
cavités porencéphaliques communiquant avec les ventricules.
La confluence de ces cavités porencéphaliques (encéphalopathie
multikystique) agrandit d'autant les cavités ventriculaires.
Ce phénomène, purement clastique s'il est tardif
(fin du 2ème trimestre ou 3ème trimestre) peut s'associer
à des effets malformatifs s'il est plus précoce
: la nécrose, ischémique ou infectieuse, des zones
germinatives avant la fin de la période de production neuronale
(20 SA environ) entraîne un déficit du potentiel
de développement du parenchyme cérébral,
donc une "hypotrophie" ou une "atrophie" cérébrale
qui participe à l'importance de la dilatation ventriculaire.
C'est par ce même mécanisme de destruction précoce
des zones germinatives et/ou des fibres gliales qui conduisent
les dernières vagues de neurones des régions périventriculaires
vers la plaque corticale, qu'apparaissent les lésions corticales
de micropolygyrie : elles permettent donc de dater les phénomènes
clastiques dont elles dérivent. Les agents infectieux le
plus souvent en cause dans ces destructions cérébrales
anténatales sont la toxoplasmose et le CMV. Dans
les deux types d'infections, l'atteinte cérébrale
est précoce et massive, la dilatation ventriculaire étant
un bon signe d'appel de l'infection foetale. Les lésions
vasculaires sont plus fréquentes dans notre série
(11 cas) : il s'agit soit de lésions hémorragiques
massives (le plus souvent inexpliquées), soit de lésions
ischémiques (infarctus ou leucomalacie) observées
dans un contexte de syndrome transfuseur-transfusé ou associées
à des lésions placentaires traduisant des perturbations
vasculaires majeures.
4.2 - Les dilatations a vacuo primitives ou malformatives
Elles sont clairement identifiées quand elles
s'associent à une micrencéphalie majeure malformative,
familiale par exemple. Plus souvent on les trouve associées
à des syndromes polymalformatifs où une micrencéphalie
modérée et/ou un retard mental franc font partie
du tableau : c'est le cas des dilatations ventriculaires associées
aux anomalies chromosomiques ou à certains syndromes, génétiques
ou non. Dans notre série, on retrouve les DV associées
au syndrome de Fryns (cornées opaques, brachytéléphalangie,
faciès grossier, anomalies viscérales multiples),
à l'association CHARGE (Colobome, Heart Defect, Atrésie
des choanes, Retard de croissance post natal, anomalie Génitale,
Ear abnormality) et au syndrome d'Ivemark (poly ou asplénie,
cardiopathie, anomalies du situs). On a choisi d'inclure dans
cette catégorie d'hydrocéphalies malformatives par
hypoplasie du parenchyme cérébral, les hydrocéphalies
associées aux agénésies du corps calleux,
bien que ce processus étiopathogénique ne soit pas
obligatoirement seul en cause. On a ainsi retrouvé dans
notre série 14 agénésies totales du corps
calleux associées à une dilatation ventriculaire,
dont on a séparé les 6 associées à
une malformation de Dandy Walker, 2 associées à
une sténose de l'aqueduc et les deux observations avec
kyste arachnoïdien interhémisphérique. Ces
24 ACC concernent 13 filles et 11 garçons. L'analyse de
notre série met principalement en évidence la fréquence
importante des anomalies cytoarchitectoniques, du type anomalies
majeures de la migration neuronale, associées à
des agénésies du corps calleux qui avaient paru
isolées à l'examen échographique. Cette observation
justifie pleinement la pratique systématique de l'IRM anténatale,
avant de décider de conserver la grossesse d'un ftus
porteur d'une ACC, simplement compliquée d'une dilatation
ventriculaire modérée. Les associations malformatives
des agénésies du corps calleux confirment d'autre
part que ces lésions doivent être considérées
comme partie des anomalies de constitution de la ligne médiane
mais aussi comme une entité indépendante dont l'histoire
naturelle sort du cadre de ces grands processus morphogénétiques
(6).
Parmi nos 124 hydrocéphalies, 2 se sont avérées
inclassables dans les catégories sus-décrites. Pour
l'une le cerveau est arrivé morcelé au laboratoire
et seules les anomalies de la fosse postérieure ont pu
être analysées. Pour l'autre il s'agit d'une dilatation
limitée aux ventricules latéraux, chez un jumeau
monochorial dont le cojumeau était décédé
quelques jours avant l'IMG, sans qu'on n'ait pu mettre en évidence
aucune lésion clastique, que l'on attendait pourtant dans
ce contexte.
conclusion
Les mécanismes pathogéniques des dilatations
ventriculaires observés en période foetale sont
très divers, confirmant l'extrême hétérogénéité
étiologique de ce symptôme (7) ; ils sont un peu
différents de ceux observés dans l'enfance et chez
l'adulte : les processus extrinsèques (infections bactériennes,
hémorragies arachnoïdiennes) et les tumeurs jouent
un moindre rôle avant la naissance. L'analyse anatomique
des ftus porteurs de telles anomalies est utile à
plusieurs titres :
1) parce qu'elle est indispensable à l'identification
exhaustive des lésions et malformations ftales, nécessaire
pour le diagnostic étiologique de l'affection et l'information
génétique à apporter aux parents.
2) parce qu'elle nous permet de réfléchir
aux processus physiopathologiques qui sous-tendent les lésions
observées : ceci à une période de la vie
encore mal connue, où des interventions environnementales
viennent modifier et détourner le programme de développement
d'un organe dont l'ontogenèse est relativement longue,
au cours et au delà de la grossesse, rendant cette analyse
particulièrement complexe mais ... passionnante.
Tableau 1 : Classification étiopathogénique
des dilatations ventriculaires observées dans l'Unité
de foetopathologie de
l'Hôpital Necker Enfants-Malades.
Hydrocéphalies obstructives : 73
|
Lésions acquises
| 1 tumeur
2 hémorragies anciennes
1 processus cicatriciel
|
Malformations
| 28 myéloméningocèles avec malformation d'Arnold-Chiari
18 sténoses de l'aqueduc de Sylvius
15 malformations de Dandy-Walker
6 ostéochondrodysplasies
2 kystes arachnoïdiens interhémisphériques
|
Hydrocéphalies a vacuo : 49
|
Lésions acquises
| 11 lésions vasculaires
6 lésions infectieuses (3 CMV, 3 toxoplasmoses)
|
Malformations
| 8 anomalies chromosomiques :
(3 trisomies 21, 1 trisomie 18, 1 tétrasomie 12p,4p-, 2 triploïdies).
5 syndromes polymalformatifs :
(2 syndromes de Fryns RA, 1 syndrome d'Ivemark, 2 associations CHARGE)
3 SPNI
14 agénésie du corps calleux
1 macrencéphalie
|
SNPI: syndrome polymalformatif non identifié
(avant conseil génétique)
Tableau 2 : Les sténoses
de l'Aqueduc de Sylvius
| Cas
| Sexe | Diagnostic
| Autres malformations cérébrales
| Autres malformations
|
isolées |
1 à 6 | 3G
3F
| | |
|
avec anomalies cérébrales
|
7 |
G
| |
Agénésie vermienne
| |
| 8
| F | S. de Bickers-Adams
R lié à l'X
| | Pouces adductus
|
Syndromes connus |
9 | G
| FG syndrome
R lié à l'X
| ARH | Atrésie rectale haute - AOU
|
| 10
| F | VACTERL + hydrocéphalie
RA
| | Fente palatine - Atrésie anale - Dysplasie rénale - AOU - Cardiopathie - Anom.vertébrales
|
| 11
| F | Trisomie 18 partielle
| ACC
AMN cervelet
| Dysmorphie faciale - Cardiopathie - Dysplasie rénale
|
| 12
| F |
| Agénésie vermienne
| Cardiopathie |
| 13
| G |
| Dysraphie rhombencéphalique
Agénésie du cervelet
| Cardiopathie |
SPNI | 14
| G |
| AMN | Situs ambigues - Polysplénie
|
| 15
| F | (récidive)
| ACC
Hypoplasie bulbes olfactifs
| Agénésie rénale
|
| 16
| F |
| Méningocèle occipitale
| AOU - Cardiopathie - Anomalies vertébrales
|
| 17
| G |
| | Fente labiopalatine - Anomalies vertébrales
|
| 18
| G |
| | Syndrome du 1er arc - Atrésie de l'Ïsophage - Rates accessoires
|
AOU : Artère Ombilicale Uniqu
ASS: Atrésie de l'Aqueduc de Sylvius ARH : Arhinencéphalie
ACC : Agénésie du Corps
Calleux AMN : Anomalie de la Migration Neuronale
Tableau 3 : Les malformations de Dandy-Walker
n = 15 | Cas
| Diagnostic | Autres malformations cérébrales
| Autres malformations
|
isolé |
1 | |
| |
avec anomalies |
2 | |
ACC. Kystes arachnoïdiens
| |
cérébrales
| 3 |
| Micrencéphalie modérée
AMN
| |
associations |
4 | |
| cardiopathie
|
connues | 5
| | | chondrodysplasie ponctuée, cataracte
|
| 6
| d'Agostino (RA) | Anom. cytoarch. cervelet
| reins kystiques, anomalies biliaires
|
syndromes
connus
| 7 | Meckel (RA)
| ARH
Agénésie septale, fusion des thalami
Hamartome hypothalamique
Encéphalocèle
| reins kystiques, anomalies biliaires, angulation des os longs, hexadactylie, cardiopathie
|
| 8
| Goldenhar (spor) | ACC
AMN
| microphtalmie unilatérale
anom. oreille unilatérale
anom. vertébrales
|
| 9
| | Méningocèle occipital
Lésions clastiques à CMV
| hypospade |
| 10
| | Micrencéphalie modérée
| fente palatine, hernie diaphragm, cardiopathie, cryptorchidie, anomalies des extrémités.
|
| 11
| | Micrencéphalie modérée
ARH, ACC, AAS
| anomalies des extrémités
|
SPNI | 12
| | ARH, ACC, AMN
| microphtamie, diverticule de Meckel, hypospade
|
| 13
| | Micrencéphalie modérée, ARH, ACC, AMN
| fente palatine, cardiopathie.
|
| 14
| | Hypoplasie bulbo-olfactifs, ACC, AMN
| mésentère commun
|
| 15
| | hypoplasie bulbo-olfactifs
| dysmorphie faciale, hypospade
|
ACC : Agénésie du
Corps Calleux ARH : Arhinencéphalie AOU : Artère
Ombilicale Unique
AAS : Atrésie de l'Aqueduc de Sylvius
AMN : Anomalie de la Migration Neuronale
Tableau 4 : Les agénésies
du corps calleux avec dilatation ventriculaire
n = 14 | Cas
| Sexe | Diagnostic
| Autres malformations cérébrales
| Autres malformations
|
isolées
|
1 à 3 |
2F
1G
| | |
|
avec anomalies cérébrales
|
4 à 7 |
3F
1G
| | AMN
AMN
| |
Syndromes
|
8 |
G
|
Trisomie 13
|
ARH | Microphtalmie, cardiopathie,
Hexadactylie, anom. digestives...
|
connus | 9
| G | S. de Goldenhar
| Lipome des bandelettes de Probs
Fente cérébelleuse
| S. du 1er arc unilatéral,
Cryptophtalmie,
Anomalies vertébrales
|
| 10
| F |
| AMN
Hypoplasie cervelet
| Fente labio-palatine
Cardiopathie
|
| 11
| G |
| Hypoplasie cervelet |
Anomalies vertébrales
|
SPNI | 12
| F |
| | Dysmorphie faciale, ptérygium colli,
Reflux vésico-urétéral,
Utérus cloisonné,
Anomalies vertébrales
|
| 13
| F |
| | Dysmorphie faciale,
Dilatation pyélique.
|
| 14
| F |
| | Mésentère commun,
Cardiopathie,
Dysgénésie ovarienne
|
ACC : Agénésie du Corps
Calleux ARH : Arhinencéphalie
AAS : Atrésie de l'Aqueduc de
Sylvius AMN : Anomalie de la Migration Neuronale
BIBLIOGRAPHIE
1. BRIARD ML, FEINGOLD J, BORRAITI-PELLIE C,
LAPEYRE F, FREZAL J, VARANGOT J, Fréquence des malformations
à la naissance, Arch. Franç. Péd.,
1975, 32:123-38.
2. EVRARD PH, DE ST-GEORGE PH, KADHIM HJ, GADISSEUX
JF, Pathology of prenatal, encephalopathies, in Child Neurology
and Developmental Disabilities, Paul H. Brooks Publishing
Company, Baltimore, London, Sidney, Toronto, 1989:153-, 176.
3. JELLINGER K, SUNDER-PLASSMAN M, Connatal
intracranial tumors, Neuropediatrics, 1973, 4:46-63.
4. ZWETSLOOT CP, KROS JM, PAZ Y, GUEUZE HD,
Familial occurence of tumors of, choro d plexus, J. Med. Genet.
1981, 28:492-4.
5. FRIEDE RL, Developmental Neuropathology,
Springer Verlag 1989.
6. SHAW CM, ALVORD EC, "Congenital arachnoïd"
cysts and their differential, diagnosis, in Handbook of Clinical
Neurology, PJ Winken and GW Bruyn Editors, North Holland Publishing
Company, 1977:75-135.
7. DELEZOIDE AL, NARCY F, LARROCHE JC, Cerebral
midline developmental, anomalies : spectrum and associated features,
Genetic Counseling 1,3-4:197-, 210.
8. ROUME J, LARROCHE JC, RAZAVI ENCHA F, GONZALES
M, MIGNE M, MULLIEZÊN, Fetal, hydrocephalies. Clinical significance
of associated anomalies and genetic, counseling : a pathological
approach, Genetic Counseling, 1,3-4:185-96.
Anne-Lise DELEZOIDE
Unité d'Embryofoetopathologie - Service d'Histo-Embryologie
et de Cytogénétique - (Professeur VEKEMANS) - Hôpital
Necker Enfants-Malades
Participent ou ont participé à l'activité
de l'Unité :
C. BERCHEL, JP. BERNARD, F. CESSOT, C. FONDACCI, JC. LARROCHE,
F. MENEZ, F. NARCY, C. PERROTEZ, S. ROMANA.
: JOURNÉES
DE TECHNIQUES AVANCÉES EN GYNÉCOLOGIE OBSTÉTRIQUE
ET PÉRINATALOGIE PMA, Fort de France 12 - 19 Janvier 1995
|