|
* Population totale des femmes en millions : en 1975 : 26.854.955 en 1982 : 27.807.956
en 1990 : 29.086.899 Le vieillissement de la population n'est certainement pas spécifique à notre pays, mais peut expliquer les variations de représentation des C.O. dans les différents pays par les attitudes contraceptives proposées aux femmes plus âgées et sexuellement actives. L'arrêt de la C.O. vers l'âge de 35 ans, en France, fait suite aux recommandations du Royal College of General Practitioners qui avait démontré une augmentation du risque cardiovasculaire en cas d'utilisation de C.O. associée au tabagisme (13). Pourtant, dès 1989, la FDA a supprimé la limite d'âge d'utilisation d'une C.O. chez la femme non fumeuse qu'elle avait établie en 1975. Plus récemment, en 1990, cette même FDA a déclaré que les effets bénéfiques de la pilule étaient supérieurs aux risques encourus (30). En 1993, le Ministère canadien de la Santé et l'Agence suédoise du Médicament ont également supprimé toute limite d'âge àà l'encontre de l'utilisation des C.O. chez la non fumeuse, en bonne santé (31). Pendant ce temps, en France, les Autorités de Santé déconseillent toujours les estroprogestatifs après 35 ans et recommandent l'utilisation d'une contraception progestative antigonadotrope ou d'une contraception mécanique (32). 2. Quelles sont les alternatives à la pilule contraceptive dans les tranches d'âge supérieures à 35 ans ? :La contraception de la femme âgée de 35 ans et plus est une nécessité, comme en témoignent le nombre annuel des naissances et des IVG qui concernent plus de 20% des femmes dans cette tranche d'âge (33). La contraception de cette population présente cependant des caractéristiques spécifiques: - baisse de la fécondité (donc augmentation de l'efficacité contraceptive de toutes les méthodes), mais la pilule estroprogestative reste la plus sûre des méthodes réversibles (6), - reconstitution de nouveaux couples, - augmentation des risques dus à la grossesse chez la mère et le foetus. Ces facteurs modifient le rapport bénéfice / risque de toutes les méthodes de contraception. En France, chez les femmes âgées de 40 à 44 ans, la première méthode de contraception est le D.I.U. (Dispositif Intra Utérin), suivie de la stérilisation et de la pilule. A partir de 45 ans, c'est la stérilisation qui occupe le premier rang, suivie par la méthode du retrait et le D.I.U. (voir tableau n° 2). Cependant, de nos jours, on assiste à une stabilisation de l'utilisation du D.I.U. qui reste la première méthode de contraception chez la femme de 35 à 45 ans en France (contrairement aux autres pays européens à l'exception de la Suède). Pourtant ses effets délétères sur le contrôle du cycle peuvent interférer avec les pathologies utérines organiques ou fonctionnelles fréquentes à cet âge et altérer le confort gynécologique. Une étude portant sur 265 femmes de plus de quarante ans utilisant un D.I.U. montre que chez près de 40 % d'entre elles, le dispositif a été retiré pour saignements (34). Le D.I.U. ne masquant pas la survenue de la ménopause, le dispositif devra être retiré dans les six mois qui suivent l'aménorrhée ; cependant, dans cette tranche d'âge, les retraits difficiles apparaissent un peu plus fréquents (35). En tout état de cause, cette méthode ne pourra être proposée aux nullipares de plus de 35 ans désirant procréer ultérieurement.
La stagnation de l'utilisation du D.I.U. peut s'expliquer par le recours massif, dans cette tranche d'âge, à la contraception progestative pure par progestatifs macrodosés administrés 20 jours par mois (36). Pourtant, aucune de ces molécules ne dispose de l'AMM pour cette indication (à défaut d'étude spécifique), et de plus, avec cette méthode contraceptive le contrôle du cycle est perfectible dans 25 % des cas (voir tableau n° 3), les prises de poids fréquentes et le risque carcinologique mammaire non déterminé. Cette contraception d'exception, justifiée en cas d'antécédents de diabète, d'insuffisance rénale, d'accident thromboembolique, est extrapolée abusivement à toutes les femmes ayant leur âge comme seul facteur de risque vasculaire.
Enfin, les méthodes basées sur l'auto-observation
sont peu adaptées à cet âge où les
troubles du cycle sont fréquents; quant aux méthodes
locales et à la stérilisation, elles correspondent
peu aux souhaits des femmes françaises.
3. Nécessité de réhabiliter la C.O. chez la femme de plus de 35 ans :Malgré la tendance timide à l'allongement de la prise d'une C O . en France, celle-ci n'a pas encore la place qu'elle mérite dans les tranches d'âges supérieures à 35 ans (voir tableau n° 4). En effet, si aujourd'hui tous les spécialistes de la contraception (96% des membres de la Société Européenne de Contraception) sont favorables à la prise d'un C O au-delà de 40 ans chez la non fumeuse, la majorité des prescripteurs arrêtent la pilule contraceptive (40).
Pourtant, les alternatives à la C.O. n'apportent pas toujours de réponses à la spécificité de la contraception de la femme de plus de 35 ans, à savoir : - période d'hyperestrogénie relative pendant laquelle il est préférable de bloquer parfaitement la fonction ovarienne (il faut donc exclure a priori la micropilule qui, pourtant, est la plus souvent utilisée en Grande Bretagne dans cette tranche d'âge), - fréquence des syndromes prémenstruels, des hémorragies fonctionnelles, d'hyperplasie des muqueuses, des fibromes bien souvent améliorés par la pilule, - début de la déperdition osseuse, - accroissement de la fréquence du cancer du sein. (Récemment, il a été démontré un effet protecteur des C.O. vis-à-vis du cancer du sein lorsqu'ils étaient utilisés chez les femmes plus âgées (41)). De plus, les autres méthodes de contraception ne peuvent prétendre aux bénéfices extracontraceptifs des C.O. (42), à savoir la diminution de fréquence des affections suivantes : - infections pelviennes (43), - grossesses extra-utérines, - fibromes (44), - kystes fonctionnels ovariens (45, 46), - endométriose (47), - cancers de l'ovaire (48) et de l'utérus (49), - déperdition osseuse (50), - troubles du cycle menstruel, - déperdition ferrique par rapport aux utilisatrices de D.I.U. (51, 52), Enfin, aujourd'hui, la réduction des doses d'éthinylestradiol et/ou le recours à des progestatifs de troisième génération ont permis d'améliorer la tolérance clinique et métabolique des C.O. De même, l'exclusion systématique des femmes à risque vasculaire associé (H.T.A., obésité, troubles métaboliques lipidique et glucidique, troubles de l'hémostase, et tabagisme a permis de réduire considérablement les accidents cardiovasculaires, si bien que pour certains auteurs, aucune surveillance biologique particulière (lipides, hydrates de carbone) ne s'impose pour ces femmes en bonne santé (53). conclusionCompte tenu du vieillissement de notre population, le pourcentage de femmes en âge de procréer se réduit et, parmi cette tranche de population, ce sont les femmes de 30 à 45 ans qui sont les plus nombreuses. Les méthodes contraceptives (D.I.U., progestatifs macrodosés) que nous leur proposons de manière quasi systématique, y compris les femmes qui ne présentent aucun facteur de risque cardiovasculaire associé, hormis leur âge, ne semblent pas satisfaisantes au vu des 33000 I.V.G. annuelles pratiquées chez les femmes de plus de 35 ans (54). Aujourd'hui, les autorités de nombreux pays (U.S.A., Canada, Suède) ont supprimé toute limite d'âge à l'utilisation de la C.O. chez les femmes non fumeuses et en bonne santé. D'autres (les Anglais) s'interrogent sur la nécessité de mise en vente libre des C.O. (55). Pendant ce temps, en France, et malgré une surveillance biologique régulière, l'utilisation large de pilules minidosées (dans 85% des cas) et contenant des progestatifs de troisième génération (dans 30% des cas), nous n'avons pas modifié nos recommandations quant à la limite d'âge d'utilisation des C.O. Une réflexion nationale et multidisciplinaire sur ce thème serait donc souhaitable. BIBLIOGRAPHIE 1. HAMMERSTEIN J, Contraception: an overview, Am J Obstet Gynecol 1987: 157(4) (part 2): 1020-3 2. THORNEYCROFT IH, Contraception in women older than 40 years of age, Obstet Gynecol Clin North Am 1993: 20(2): 273-8 3. 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