Kystes et fistules congénitaux de la face et du cou
E.N GARABEDIAN* , T. COIFFIER*
* Sce d’ORL pédiatrique et chirurgie cervico-faciale.
Hopital Armand-Trousseau. 26 rue du Dr Arnold Netter. 75012 PARIS
Université PARIS VI
Les kystes et fistules cervico-faciaux congénitaux sont des malformations
rares dont la formation peut s'expliquer par la persistance d'une disposition
anatomique, normalement transitoire au cours de la formation de l'embryon lors
du deuxième mois de vie in utero.
Une parfaite connaissance des différents mécanismes embryo-pathogéniques
permet d’appréhender les possibles trajets fistuleux lors de la chirurgie
d’éxérése et d’éviter ainsi les récidives.
Kystes et fistules de la face
1. kystes et fistules du dos du nez
Les lésions congénitales médianes du dos du nez sont rares.
Leur incidence est évaluée à l pour 20 à 40 000
naissances. La possibilité d’une extension haute à travers la
portion horizontale de l’os frontal doit être redoutée et ne peut
pas être éliminée par une apparente limitation clinique.
Les plus fréquentes de ces lésions congénitales du dos
du nez sont les kystes et fistules dermoïdes, mais d'autres diagnostics
doivent également être évoqués, essentiellement les
gliomes, les méningo-encéphalocèles, les angiomes et les
kystes sébacés.
Les kystes et fistules dermoïdes du dos du nez représentent l à
3% des dermoïdes du corps entier et 2 à 10% des dermoïdes cervico-faciaux.(1)
embryopathogénie
Ces malformations médianes sont liées à une inclusion
ou à une non résorption d'éléments épidermiques
à la jonction épiblaste - neuroblaste lors de la fermeture du
neuropore antérieure au Xème jour de vie intra-utérine(2).
Lorsque la régression des reliquats ectodermique est incomplète,
un trajet dermoïde peut persister jusqu'à la base du crâne.
Ce trajet dermoïde peut être superficiel, sous cutané, sans
extension profonde, mais peut également s'étendre en profondeur
à travers les os propres du nez puis le sinus frontal ou la lame perpendiculaire
de l’ethmoide jusqu'à la base du crâne qu'il peut franchir au niveau
du trou borgne en avant de l’apophyse crista galli et communiquer ainsi avec
les espaces lepto-méningés. L’association à d’autres anomalies
du tube neural (malformations sacro-coccygiennes ou spina bifida) n’a pas été
décrite jusqu’à présent.
clinique.
La malformation est en général visible dès la naissance
sous la forme d'une fistule cutanée externe médiane ou d'une tuméfaction
située sur l'arête nasale.
le diagnostic est parfois évoqué plus tardivement devant une
surinfection locale avec fistulisation secondaire voire même une complication
endocranienne (méningite, abcès cérébraux).
La fistule cutanée externe se présente sous la forme d'une petite
dépression punctiforme à peine visible souvent signalée
par des poils. Elle est située strictement sur la ligne médiane
entre la glabelle en haut et la base de la columelle en bas. La pression laisse
sourdre parfois du sebum jaunâtre, exceptionnellement du liquide céphalo-rachidien.
L’orifice peut être rapidement borgne ou communiquer avec un kyste en
profondeur.
le kyste dermoïde médian est associé à une fistule
ou isolé. Il prend la forme d'une petite tumeur arrondie, indolore, molle,
recouverte d'une peau normale ou parfois d'aspect angiomateux. La taille du
kyste entraîne souvent un élargissement de la racine du nez par
insinuation entre les os propres et les cartilages triangulaires. Les surinfections
locales sont fréquentes avec un risque de fistulisation secondaire. La
présence d'un prolongement profond expose à des complications
infectieuses cérébro-méningées.
Dans 10 à 30% des cas, les kystes et fistules dermoïdes du dos
du nez sont associés à diverses malformations, touchant particulièrement
la face et le premier arc ainsi que l'encéphale (fistules cervicales,
fentes labio-palatines, aplasies majeures d’oreille) sans qu'aucun syndrôme
ne puisse être caractérisé. (1)
examens complémentaires
Leur objectif essentiel est de tenter de visualiser le trajet dermoïde
et d’éliminer une déhiscence osseuse de l'étage antérieur
de la base du crâne et une malformation cranio-faciale associée.
La tomodensitométrie faciale en coupes axiales et coronales est actuellement
l'examen de base. On recherche un dédoublement de l'apophyse crista galli
ou un élargissement du trou borgne qui sont des signes de suspicion d'extension
haute du tractus dermoïde. Mais l'interprétation des images tomodensitométriques
de la base du crâne est délicate chez le jeune enfant à
cause des processus d'ossification en cours de la lame perpendiculaire de l'ethmoïde
et de l'apophyse crista galli.
L'imagerie par résonance magnétique est un complément
utile en cas de doute sur une extension haute sur le scanner car il étudie
mieux les tissus mous.
Les tomographies du massif facial et la fistulographie sont désuets,
ne permettent pas toujours d'opacifier les trajets fistuleux trop étroits,
et présentent un potentiel risque infectieux.
traitement
L'indication opératoire est formelle devant toute fistule dermoïde
du dos du nez.(1) Une intervention précoce vers l’âge de 6 mois
avant un épisode de surinfection facilite la dissection du kyste.
Lorsque le bilan radiographique ne montre pas d'extension endo-crânienne,
l'exerèse peut être réalisée par une voie d'abord
médiane sur le dos du nez ou paralatéronasale ou plus esthétique
au niveau de la columelle en fonction du siège de la malformation en
hauteur. L'exerèse de la fistule se fait sous microscope opératoire.
Lorsque le bilan radiographique objective une extension endo-crânienne,
l’exerèsesera menée par voie mixte neurochirurgicale et ORL. Les
suites opératoires sont en général simples, avec cependant
un taux de récidive de 5 à 15%.
2. fistules pré-héliciéennes congénitales
Les fistules pré-hélicéennes situées en avant
du bord antérieur de l'hélix sont les fistules congénitales
les plus fréquentes de la face et du cou. les noirs et les asiatiques
(22 pour 1000 naissances) sont plus touchés que dans la race blanche
(0,6 à 2,6 pour l000 naissances)(3). Elles sont bilatérales
dans 35% des cas.
En général isolées, ces malformations peuvent être
associées à des aplasies mineures de l'oreille, qu'il faut
systématiquement rechercher par un examen otoscopique et un audiogramme.
Des formes familiales de fistules pré-hélicéennes ont
également été décrites. D’autres malformations
ou fistules associées ont été publiées.
embryopathogénie
Le pavillon dérive des six " colliculi de His "
qui entourent la première fente branchiale et les fistules préhélicéennes
seraient en rapport avec un défaut de fusion des deux bourgeons antérieurs.
clinique
Le diagnostic est évident devant la découverte d'un orifice
fistuleux situé en avant de la racine de l'hélix. Parfois,
un petit kyste sous-jacent traduit la rétention de sébum
et de débris épidermiques. Le plus souvent, l'orifice fistuleux
est découvert dès la naissance par les parents, mais c’est parfois
un épisode de surinfection avec écoulement purulent par l'orifice
externe ou un abcès pré-auriculaire qui révéle
l’anomalie.
examens complémentaires
Un audiogramme permet d’éliminer une aplasie mineure associée
dans les formes bilatérales ou associées à d’autres malformations.
traitement
L’intervention est nécessaire pour une fistule avec écoulement
ou épisodes de surinfection mais à distance de ceux-ci. Une
poussée de surinfection sera donc traitée par une antibiothérapie
anti-staphylococcique voire par une ponction en cas de collection. L’indication
opératoire sera purement esthétique ou dans un but préventif
des infections dans les autres cas. Une incision losangique circonscrit l'orifice
fistuleux, puis l'exerèse est réalisée en monobloc en
emportant tout le tissu pré-hélicéen jusqu'au plan de
l'aponévrose temporale en dedans, au contact du pôle supérieur
de la parotide en avant, sans dépasser une ligne unissant le tragus
au canthus externe pour éviter toute lésion de la branche temporo-faciale
du nerf facial. L'exerèse se termine en résèquant une
petite portion cartilagineuse de la racine antérieure de l'hélix
du fait de l'adhérence importante de la fistule et du périchondre
à ce niveau.
3. fistules congénitales des lèvres
Les fistules congénitales des lèvres sont exceptionnelles.
Les fistules paramédianes de la lèvre inférieure représentent
près de la moitié des cas.
fistule paramédiane de la lèvre inférieure.
Ces fistules le plus souvent bilatérales, se présentent comme
une ou deux fossettes symétriques sur le rebord du vermillon de la
lèvre inférieure en position paramédiane(3). Un écoulement
s'extériorise parfois par l'orifice fistuleux. Le trajet fistuleux
se poursuit en bas et en arrière en traversant le muscle orbiculaire,
et se termine en cul de sac sous la surface muqueuse de la lèvre
inférieure.
Ces fistules ont une forte incidence familiale (transmission autosomique
dominante à pénétration et à expression variables),
et sont fréquemment associées à d'autres malformations
qu'il faudra systématiquement rechercher : fente vélopalatine,
maladie de Hirsprung, dysostose oro-digito-faciale, ptérygium poplité,
cardiopathie congénitale (3).
Leur exerèse n'est indiquée qu'en cas de gêne esthétique
ou d'écoulement. L'exerèse du trajet fistuleux est réalisée
en monobloc, par une incision transversale parallèle au vermillon
respectant le plan du muscle orbiculaire.
les autres fistules des lèvres
les fistules médianes de la lèvre supérieure peuvent
être rattachées au groupe des fistules médianes fronto-nasales
dont elles représentent la forme la plus inférieure.
Les fistules de la commissure des lèvres sont exceptionnelles, et
fréquemment associées à des fistules pré-hélicéennes
et à une luette bifide.
Les fistules médianes de la lèvre inférieure et paramédiane
de la lèvre supérieure sont tout à fait exceptionnelles.
4.kystes dermoïdes de la région orbitaire
ils sont plus frequents que les kystes du dos du nez et sans
fistule cutanee. il s’agit d’une masse arrondie souple, plus ou moins adherente
au perioste et localisee au rebord orbitaire ou a la paupiere superieure.
une extension intra orbitaire est possible et rend necessaire une tomodensitometrie.
les principaux diagnostics differentiels sont la tumeur de la glande lacrymale
et le kyste pilonidal.
2.kystes et fistules du cou
1.kystes et fistules latéro-cervicaux
Rappel de l'embryologie de l'appareil branchial (3, 4, 5)
I
L'appareil branchial se différencie dès la fin du premier mois
avec l'individualisation des 3 tissus primitifs de l'extrémité
céphalique de l'embryon : l'endoblaste, le mésoblaste et l'ectoblaste.
4 ébauches d'invagination vont apparaître latéralement,
marquant d'un côté une poche endoblastique et de l'autre un sillon
ectoblastique. Poches et sillons délimitent ainsi les cinq arcs branchiaux
d'origine mésenchymateuse. Chaque arc contient un dérivé
ostéo-cartilagineux, un ou plusieurs muscles striés, un nerf
crânien mixte et un vaisseau.
La première fente branchiale sépare l'arc mandibulaire (ler
arc branchial) de l'arc hyoïdien (2ème arc branchial) et disparait
sur la quasi totalité de sa longueur, sauf dans sa partie dorsale où
elle forme le futur conduit auditif externe alors que la 1ère poche
endobranchiale devient le récessus tubo-tympanique.
Le 2ème arc subit une expansion majeure vers le bas qui l'amène
à rejoindre le 5ème arc branchial en recouvrant les 2ème,
3ème, et 4ème sillons ectobranchiaux pour former le sinus cervical
qui se comble normalement progressivement.
La 2ème poche endobranchiale est le précurseur de la loge amygdalienne.
La 3ème poche endobranchiale est à l'origine dans sa partie
proximale de l'ébauche thymique alors que la partie caudale forme la
parathyroïde inférieure.
La 4ème poche endobranchiale donne naissance dans sa partie proximale
à la parathyroïde supérieure et au corps ultimo-branchial
dans sa partie caudale. Ce dernier donnerait naissance aux cellules C parafolliculaires
après fusion avec le lobe thyroidien homolatéral.
1- kystes et fistules de la première fente branchiale
Embryopathogénie
Les défauts de résorption du premier sillon branchial ectodermique
sont responsables de la formation des kystes et fistules auriculo-branchiaux.
On distingue plusieurs types anatomiques de kystes et fistules auriculo-branchiaux,
selon les rapports avec la glande parotide et surtout avec le nerf facial.
- Le type I est considéré comme une duplication du conduit
auditif externe membraneux. Le kyste siège dans la région
rétro-auriculaire avec un trajet fistuleux dirigé en dedans
et en avant parallèlement au conduit auditif externe en dehors du
nerf facial pour se terminer en cul de sac dans la région préauriculaire.
Il sont d'origine ectodermique pure car ne contiennent ni annexe cutanée
ni résidus cartilagineux.
- Le type II est plus fréquent que le type I. On retrouve un kyste
de la partie inférieure de la région parotidienne avec un
trajet fistuleux ascendant passant en pleine glande parotide indifféremment
en dedans ou en dehors du nerf facial. L'orifice supérieur est situé
à la jonction ostéocartilagineuse du conduit auditif externe.
A l'examen histologique on retrouve des dérivés d'origine
ecto et mésoblastiques (cartilage et annexes cutanées) qui
sont en faveur d'une duplication du conduit auditif externe d'origine ecto
et mésoblastique.
Clinique
Les kystes et fistules de la lère fente branchiale ne représentent
que l0% des anomalies branchiales.
Le diagnostic est suspecté devant toute tuméfaction ou manifestation
inflammatoire de la région sous auriculaire et parotidienne inférieure.
L'éventuel orifice fistuleux externe se situe dans une zone de projection
triangulaire définie par Poncet entre le plancher du conduit auditif
externe, la pointe du menton et le milieu de l'os hyoïde. L'orifice est
punctiforme, sous forme d'une petite dépression à bords nets
marquée par des poils, laissant parfois sourdre une sécrétion
blanchâtre.
Mais la fistule externe est le plus souvent secondaire à une surinfection
du kyste ou à un traitement chirurgical incomplet.
L'orifice supérieur, lorsqu'il existe est situé sur le plancher
du conduit auditif externe, à la jonction du conduit osseux et du conduit
cartilagineux.
Il doit être recherché par une otoscopie minutieuse avec palpation
car il peut passer inaperçu. Il se présente sous la forme d'un
orifice punctiforme parfois le siège d'une suppuration chronique mais
le plus souvent sec ou marqué par un petit granulome. La classique
bride membraneuse pré-myringienne en " foc de voilier " , retrouvée
dans près de la moitié des cas est un signe très évocateur.
Le diagnostic différentiel avec une adénopathie ou une tumeur
parotidienne est souvent difficile devant une suppuration chronique de la
région parotidienne ou cervicale sus-hyoïdienne.
Examens complémentaires
L'échographie ou un scanner peut être pratiquée dans
les formes parotidiennes pour préciser la nature kystique de la tuméfaction
mais aucun examen complémentaire ne permet d'apprécier avec
précision les rapports entre le trajet fistuleux et le nerf facial.
Traitement
Toute fistule auriculo-branchiale diagnostiquée doit être opérée,
le plus tôt possible avant la survenue d'une surinfection. La difficulté
essentielle étant le repérage et la dissection du nerf facial,
toute surinfection doit être traitée par une antibiothérapie
prolongée et l'intervention sera reportée de plusieurs semaines.
La voie d'abord est identique à celle utilisée pour les parotidectomies
avec une petite incision complémentaire pour résequer l'eventuelle
fistule cutanée externe. L'exerèse du kyste et de la fistule
est réalisée sous contrôle permanent du nerf facial visuel
et par monitoring avec au minimum une parotidectomie superficielle (6,7).
Le patient a été prévenu d'une possible parésie
faciale. L'orifice interne est réséqué au niveau du plancher
du conduit auditif externe avec un fragment cartilagineux.
2.kystes et fistules de la deuxième fente branchiale
Embryopatogénie
Les kystes de la 2ème fente branchiale ou du sinus cervical sont
de loin les fistules et kystes congénitaux latéro-cervicaux
les plus fréquents. Ils correspondent à un défaut de
résorption plus ou moins étendu du sinus cervical. En fonction
de l'importance du défaut de résorption, on peut observer
soit un kyste isolé , soit une fistule cutanée externe (d'origine
ectoblastique), qui peut être borgne ou en communication avec un kyste.
La fistule complète jusqu'à la loge amygdalienne mettant en
communication les dérivés des 2ème fente ectoblastique
et poche entoblastique, est rare.
Le trajet de ces fistules complètes passe entre les structures des
2ème et 3ème arcs branchiaux, c'est à dire entre les
carotides interne et externe, au dessus du nerf grand hypoglosse et du glossopharyngien,
au desssous du ligament stylo-hyoïdien pour gagner la région
de l'amygdale palatine à proximité de la fossette de Rosenmüller.
Clinique
Lorsqu'il existe une fistule cutanée externe, elle est remarquée
en général peu de temps après la naissance ou se
manifeste plus tardivement devant un écoulement trouble. La fistule
cutanée externe se présente sous la forme d'une petite dépression
punctiforme, à bords nets, située en avant du tiers inférieur
du muscle sterno-cléïdo-mastoïdien. L'orifice peut être
borgne et non catheterisable, mais peut aussi remonter dans la fistule
en franchissant le plan du peaucier vers la région amygdalienne.
L'orifice fistuleux interne est inconstant et rarement retrouvé.
Il est le plus souvent situé au bord postéro-supérieur
de la loge amygdalienne, à proximité de la fossette de Rosenmüller,
mais se situe parfois sur le bord libre du voile ou sur les piliers amygdaliens.
Un kyste du sinus cervical, apparait sous la forme d'une tuméfaction
ovalaire, rénitente, mobile sous les plans superficiels, le plus
souvent situé à proximité de la bifurcation carotidienne
en position sous hyoïdienne. Ces kystes peuvent être isolés,
mais également associés à une fistule cutanée
externe. Ils évoluent volontiers par poussées inflammatoires.
Les complications sont essentiellement représentées par
les surinfections avec parfois fistulisation cutanée externe. Ces
surinfections peuvent apparaitre à l'âge adulte, révélant
ainsi une lésion restée asymptomatique.
Des cas de cancérisation de kystes amygdaloïdes ont déjà
été décrits.
L'association à des malformations rénales et des aplasies
mineures d'oreille dans le syndrôme B.O.R. est classique et doit
être recherchée.
Examens complémentaires
La fistulographie permet d'apprécier l'extension du trajet fistuleux,
surtout lorsque celui-ci peut être bien injecté et n'a
pas été remanié par des épisodes infectieux
répétés.
L'échographie cervicale permet d'apprécier la nature
kystique de la tuméfaction et un scanner est utile surtout après
des surinfections pour évaluer les organes de voisinage ou en
cas de doute diagnostique.
La constatation d'une fistule de la 2ème fente, surtout si elle
est bilatérale doit faire rechercher un syndrôme branchio-oto-rènal
par une échographie abdominale et un audiogramme. (8)
Diagnostic différentiel
Il se pose surtout lorsqu'il existe une masse latéro-cervicale
isolée sans fistule qui doit faire évoquer chez l'enfant
un lymphangiome kystique uniloculaire, un lipome ou une adénopathie.
Traitement
En l'absence de surinfection, l'indication opératoire peut
être différée jusqu'à l'âge de
2 à 3 ans. Mais dans les formes surinfectées, l'intervention
sera décidée rapidement après refroidissement.
Le traitement chirurgical permet de réaliser l'exerèse
à la fois de l'orifice cutané externe, de la fistule,
et d'un éventuel kyste situé sur le trajet de cette
fistule. La dissection du trajet fistuleux doit être réalisée
strictement à son contact, et poursuivie le plus haut possible
au delà de la bifurcation carotidienne, la fistule étant
liée à proximité du pharynx. Chez le petit
enfant une seule incision autour de l'orifice fistuleux peut suffir
mais chez l'enfant plus âgé une contre-incision en
regard de l'os hyoïde permet de reprendre la dissection haute
du trajet fistuleux.
3.kystes et fistules des 3eme et 4eme poches endobranchiales
Embryopathogénie.
Ces kystes et fistules ont en commun un orifice au niveau du sinus
piriforme, à sa partie haute pour la 3ème poche et
au fond pour la 4ème poche endobranchiale. Le trajet est
court, au contact de la face postérieure des lobes thyroidiens.
Il n'existe pas de fistule cutanée primitive puisque leur
origine est endobranchiale. Les kystes de la quatrième poche,
bien que rare, sont beaucoup plus fréquents que ceux de la
troisième poche endobranchiale. Des kystes intrathyroidiens
d'origine branchiale probable ont même été retrouvés.
Clinique.
Ces kystes sont diagnostiqués à l'occasion d'une
complication infectieuse avec tableau de pseudothyroïdite
suppurée, d'abcès cervical bas situé jusqu'à
la fistulisation cutanée secondaire. Ils sont dans la grande
majorité des cas latéralisés à gauche.
Examens complémentaires (9, 10)
L'endoscopie réalisée sous anesthésie
générale retrouve au niveau du sinus piriforme
l'orifice fistuleux souvent sous un repli muqueux, laissant
parfois sourdre du pus lors du massage cervical.
L'échographie cervicale ou la tomodensitométrie
cervicale permettent d'éliminer une pathologie tumorale
thyroïdienne et tentent de préciser les rapports
du kyste avec la thyroïde et l'axe laryngotrachéal.
Traitement (7, 8)
Le traitement chirurgical est difficile au contact du nerf
récurrent à cause des surinfections multiples
et parfois des exerèses chirurgicales précédentes
incomplètes (11). L'incision va circonscrire les incisions
antérieures et l'exerèse du trajet fistuleux
et des tissus cicatriciels adjacents est réalisée
après repèrage du nerf récurrent jusqu'au
sinus piriforme en emportant parfois une partie ou la totalité
du lobe thyroïdien homolatéral du fait des adhérences
de la lésion à celui-ci.
4-kystes et fistules sus claviculaires
Ils sont liés à la persistance de tissu salivaire
ectopique dans le sinus cervical. La fistule est marquée
par un orifice punctiforme au dessus de l'articulation sterno-claviculaire.
l'éxérèse peut s'effectuer sous anèsthésie
locale chez l'adulte, ou sous anèsthésie générale
chez l'enfant.
2.kystes et fistules médians
1.kyste du tractus thyréoglosse
Les kystes congénitaux du tractus thyréoglosse
représentent environ 50% des malformations congénitales
cervicales (3). Ils ne sont pas associés à d’autres
malformations.
embryopathogénie
Les kystes du tractus thyréoglosse sont en rapport
avec la formation embryologique de la glande thyroïde.
Elle nait du plancher de l’intestin pharyngien, dans la région
du tuberculum impar de la base de langue, sur la ligne médiane,
à la fin de la 3ème semaine de gestation, qui
deviendra le foramen caecum à la pointe du V lingual.
L’ébauche thyroidienne poursuit une progression descendante
entre les deux premiers arcs branchiaux en laissant un tractus
thyréo-glosse qui se résorbe normalement avant
le 3éme mois. Elle gagne la face antérieure
de la trachée où la thyroîde va occuper
sa position définitive. Le canal passe donc derrière
la mandibule qui dérive du ler arc branchial et en
avant de l'os hyoïde, de la membrane thyro-hyoïdienne
et du cartilage thyroïde qui dérive des 2ème
et 3ème arcs branchiaux.
La croissance de l'os hyoïde s'effectuant après
celle du tractus, il peut exister des adhérences entre
la face inférieure de cet os et le tractus. Parfois
le tractus transfixie l'os hyoïde lorsqu'il est pris
entre les deux ébauches de celui-ci.
On comprend ainsi l’obligation de réséquer
le corps de l'os hyoïde pour éviter de laisser
en place un trajet qui pourrait être à l'origine
d'une récidive. La paroi du kyste est constituée
d'un épithelium cylindrique cilié, présentant
parfois une métaplasie pavimenteuse. Ces kystes malpighiens
ou glandulaires sont parfois accompagnés d'ilots thyroïdiens
accessoires, et peuvent se situer sur toute la longueur du
tractus, du foramen caecum jusqu'à la pyramide de Lalouette
de la thyroïde.
clinique
Le kyste est le plus souvent découvert dans la lère
décennie, plus rarement à l'adolescence, exceptionnellement
à l'âge adulte. La tuméfaction médiane
ou légèrement latéralisée apparait
progessivement par augmentation de la sécrétion
muqueuse endokystique ou plus rapidement lors d'une surinfection.
Elle est arrondie, lisse et régulière, fixée
au plan profond, mobile par rapport au plan cutané
et lors de la déglutition.
Elle est située entre la pyramide de Lalouette et
la base de langue, mais dans 2/3 des cas, le kyste est en
position pré-hyoïdienne ou inter-hyo-thyroïdienne.
Il peut exister une fistulisation cutanée toujours
secondaire à un épisode de surinfection.
Les surinfections sont fréquentes avec une augmentation
rapide du kyste devenu inflammatoire.
Une risque dégénerescence du tissu thyroïdien
ectopique sous forme d'un adéno-carcinome papillaire
est possible et beaucoup plus exceptionnellement à
partir des parois mêmes du kyste.
examens complémentaires
L'échographie cervicale est indispensable pour confirmer
la nature kystique de la tuméfaction médiane
et surtout pour préciser la normalité de la
glande thyroïde. En effet une thyroïde ectopique
linguale ou sous linguale par arrêt de migration peut
passer pour un kyste du tractus mais devra être au maximum
préservé(3, 9). La scintigraphie thyroidienne
n’a pas d’intérêt si l’échographie a montré
une thyroide en place.
traitement
L’exérése est indispensable car l’évolution
naturelle en l’absence de geste chirurgical est émaillée
d’épisodes itératifs de surinfections avec fistulisation
secondaire. Les kystes peu volumineux et non surinfectées
peuvent attendre l'âge de 4 à 5 ans, mais les
risques de récidive sont plus importants après
un épisode de surinfection (12). Cette surinfection
doit être traitée par une antibiothérapie
prolongée à large spectre pour éviter
une fistulisation secondaire préjudiciable. Un kyste
en voie de fistulisation doit être ponctionné
voire même drainé chirurgicalement et l’intervention
d’éxérése ne sera envisagée que
très à distance de cet événement.
La resection doit enlever en bloc tous les tissus au dessus
de l'isthme thyroïdien, emportant le corps de l'os hyoïde
et un cône musculaire de base de langue jusqu'au foramen
caecum (13). Le trajet du tractus lui-même est rarement
visible.
La résection du corps de l'os hyoïde est sans
conséquence fonctionnelle à distance.
Même après une technique chirurgicale bien conduite,
des récidives sont possibles en rapport avec des canaux
accessoires divergents, passés inaperçus et
nécessitant une reprise chirurgicale large.
2.dysrraphies de la ligne médiane
kystes dermoïdes
embryopathogénie
Ils sont dus à une inclusion ou à une non résorption
d'éléments épidermiques lors de la fermeture
des ler et 2ème arcs branchiaux sur la ligne médiane.
clinique
Le diagnostic est fait le plus souvent chez le jeune enfant
devant une tuméfaction arrondie, ferme ou discrètement
molle siègeant le plus souvent dans la région
sus sternale ou sus-hyoïdienne.Ils sont en règle
isolés, sans autre malformation cervico-faciale.
Les kystes sus sternaux sont immédiatement sous cutané
et superficiel par rapport au plan musculaire, non mobiles
à la déglutition , les différenciant
des kystes du tractus thyréoglosse ou de pathologies
thyroïdiennes.
Les kystes ad-hyoïdiens peuvent adhèrer à
l'os hyoïde et ascencionner à la déglutition.
Ni l'examen clinique, ni l'échographie cervicale ne
permet de les différencier avec certitude d'un kyste
du tractus thyréoglosse.
Les kystes sus hyoïdiens peuvent se situer en dedans
du muscle mylo-hyoïdien (kyste génioglosse) apparaissant
sous la forme d'une tuméfaction soulevant le plancher
buccal antérieur. Lorsqu' ils sont situés en
dehors du muscle mylo-hyoïdien (kystes génio-hyoïdiens),
la tuméfaction apparait dans la région sous
mentale.
Cette localisation au plancher buccal doit être différenciée
avec une grenouillette, plus translucide et de localisation
plus paramédiane ainsi qu'avec un lymphangiome kystique
également plus translucide.
Examens paracliniques
L'échographie cervicale permet de confirmer la nature
solide de la masse, et surtout dans les formes ad-hyoïdiennes
et sus sternales de vérifier la position de la glande
thyroïde.
L'exerèse chirurgicale
Les kystes sus sternaux sont réséqués
par une courte incision horizontale avec dissection au contact
sans ouvrir la paroi. Dans les localisations ad-hyoïdiennes,
le corps de l'os hyoide doit être respecté si
l'on est certain de l'indépendance vis à vis
du kyste mais le plus souvent le diagnostic différentiel
avec un kyste du tractus thyréo-glosse ne peut pas
être certifié et il est préférable
d'enlever l'os. Les kystes génio-glosse sont opérés
par voie endobuccale et les kystes génio-hyoidiens
par voie cervicale.
fistules mento-sternales
Elles sont exceptionnelles et sont situées entre la
pointe du menton et la fourchette sternale(14). L'aspect typique
est celui d'une bride fibreuse sous cutanée, bifurquée
de part et d'autre de la pointe du menton, descendant sur
la ligne médiane et se poursuivant par une dépression
puis un trajet fistuleux borgne sus-sternal. Une fistule sus-sternale
isolée est possible. La bride fibreuse doit être
retirée en totalité par une incision verticale
de part et d'autre de la lésion. La dissection en profondeur
est poursuivie jusqu'au plan de l'aponévrose cervicale
superficielle en vérifiant l’intégrité
de l’axe laryngo-trachéal . L'intervention est réalisée
d'autant plus précocément que la bride provoque
une rétrogénie et béance labiale.
3-kystes thymiques
Ils peuvent s'expliquer par un défaut de résorption
le long du trajet du canal thymo-pharyngien. Ils se traduisent
par une masse ronde, ferme, faisant saillie dans le creux
sus-claviculaire, le plus souvent à gauche.
L'échographie apprécie les rapports avec le
thymus et la place de la thyroide.
L'intervention peut être pratiquée par voie
cervicale. Si la masse se prolonge dans le médiastin
antéro-supérieur avec adhèrence à
l'axe carotidien ou au tronc artériel brachio-céphalique,
la collaboration d'un chirurgien thoracique est nécessaire.
Avant l'âge de cinq ans, l'examen anatomopathologique
extemporané affirme la nature thymique de la masse
et empéche l'exérése totale d'un thymus
en position entièrement cervicale, dont les conséquences
sur l'immunité seraient majeures. Après cinq
ans, l'ablation totale de l'ectopie thymique est justifiée.
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