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Titre: Le calendrier vaccinal actuel et dans l’avenir
Année: 2002
Auteurs: - Garnier J.-M.
Spécialité: Gynécologie
Theme: Calendrier vaccinal

LE CALENDRIER VACCINAL ACTUEL ET DANS L'AVENIR.

JM. GARNIER, K. RETORNAZ.


Le contrôle, voire l'éradication des maladies infectieuses et contagieuses passe par la vaccination. Sa pratique dans les collectivités et les populations a conduit à faire disparaître les épidémies et permet d'espérer l'élimination de certaines infections transmissibles graves pour lesquelles il n'existe pas de traitement médicamenteux.

Les objectifs OMS en Europe visent à éradiquer la poliomyélite en 2003, le tétanos néonatal en 2005, la rougeole en 2007 et à réduire de 80% les porteurs de l'hépatite B en 2010. De même, d'ici 2010, tous les pays devraient avoir ramené l'incidence de la diphtérie au-dessous de 0,1 pour 100 000 habitants, de la coqueluche, des oreillons et des maladies invasives causées hemophilus influenzae type b au dessous de 1 pour 100 000 habitants et la rubéole congénitale au-dessous de 0,01 pour 1000 naissances vivantes.

Par cet acte de prévention, la vaccination constitue un instrument essentiel en santé publique.

Devant la complexité croissante des nouvelles associations vaccinales et des différentes stratégies d'utilisation, un calendrier vaccinal, a été élaboré par le comité technique des vaccinations (CTV) et le conseil supérieur d'hygiène publique de France (CSHPF), en collaboration étroite avec le ministère de la santé, la direction générale de la santé (DGS), l'institut de veille sanitaire (IVS) et l'agence française de sécurité sanitaire pour les produits de santé (AFSSAPS), en tenant compte des orientations générales prises par l'OMS et de ses objectifs.

Ce calendrier, qui comporte les principales recommandations vaccinales, reflète réellement la politique vaccinale du pays.

L'évolution de l'état immunitaire des populations modifie régulièrement l'incidence des maladies obligeant à une révision annuelle de ce calendrier. Ainsi, lorsque survient un changement dans la donne épidémiologique d'une maladie, ces différentes institutions (CTV et CSHPF) élaborent une nouvelle stratégie vaccinale qui est la résultante d'une réflexion pluridisciplinaire afin de répondre de façon la plus adaptée à cette nouvelle situation.

LE CALENDRIER VACCINAL ACTUEL

Dès le premier mois
Tuberculose La vaccination BCG précoce est réservée aux enfants vivant dans un milieu à risque. La vaccination par le BCG est obligatoire pour l'entrée en collectivité incluant la garde par une assistante maternelle.
L'épreuve tuberculinique doit être pratiquée 3 à 12 mois plus tard.
A partir de 2 mois
Diphtérie, tétanos,
Coqueluche, polio,

Hemophilus influenzae b :
3 injections à 1 mois d'intervalle
Le vaccin polio injectable est recommandé pour les primo-vaccinations et les rappels, le vaccin polio oral réservé uniquement aux situations épidémiques.
Le vaccin coquelucheux acellulaire peut être pratiqué dès le 2e mois.
Hépatite B :
2 injections à 1 mois d'intervalle,
La vaccination contre l'hépatite B peut être commencée à partir de 2 mois (sauf le cas des enfants nés de mère antigène HBs positif, chez qui elle doit être fait à la naissance).
A partir de 12 mois

Rougeole, oreillons, rubéole

La vaccination associée rougeole-oreillons-rubéole est recommandée de façon indiscriminée pour les garçons et les filles. La vaccination contre la rougeole peut être pratiquée plus tôt, à partir de 9 mois pour les enfants vivant en collectivité, suivie d'une revaccination 6 mois plus tard en association avec les oreillons et la rubéole. En cas de menace d'épidémie dans une collectivité d'enfants, on peut vacciner tous les sujets supposés réceptifs à partir de 9 mois. La vaccination immédiate peut être efficace si elle est faite mois de 3 jours après le contact avec un cas.
Hépatite B, 3e injection Elle peut être réalisée entre 5 et 12 mois après la date de la 2e injection
16-18 mois
Diphtérie, tétanos,
Coqueluche, polio,
Hemophilus influenzae b,
1er rappel
Lors du 1er rappel on peut, si nécessaire, pratiquer en un site d'injection séparé, la vaccination associée rougeole-oreillons-rubéole. Le vaccin coqueluche à germes entiers ou le vaccin acellulaire peuvent être utilisés indifféremment.
Entre 3 et 6 ans
Rougeole, oreillons, rubéole
2e dose
Une seconde vaccination association rougeole, oreillons et rubéole est recommandée pour tous les enfants.
Avant 6 ans
Tuberculose La vaccination par le BCG est obligatoire pour l'entrée en collectivité, donc pour l'entrée à l'école maternelle ou en primaire
6 ans
Diphtérie, tétanos, polio
2e rappel
Rougeole, oreillons, rubéole
La vaccination associée rougeole-oreillons-rubéole est recommandée chez les enfants n'ayant pas encore été vaccinés ou n'ayant reçu qu'une dose. L'entrée à l'école primaire est une bonne occasion de vacciner éventuellement le même jour que le 2e rappel diphtérie, tétanos, polio et /ou le BCG.
11-13 ans
Diphtérie, tétanos, polio
3e rappel
Coqueluche, 2e rappel
Un rappel tardif contre la coqueluche est recommandé à tous les enfants, l'injection devant être effectuée en même temps que le 3e rappel de diphtérie, tétanos, polio avec le vaccin coquelucheux acellulaire.
Rougeole, oreillons, rubéole,
Rattrapage
Une vaccination associée rougeole, oreillons, rubéole est recommandée pour tous les enfants n'en ayant pas bénéficié, quels que soient leurs antécédents vis-à-vis des trois maladies.
Hépatite B Si la vaccination n'a pas été pratiquée dans l'enfance, un schéma complet en 3 injections : les 2 premières à 1 mois d'intervalle, la 3e, entre 5 et 12 mois après la date de la 2e injection.
Epreuve tuberculinique Les sujets aux tests tuberculiniques négatifs, vérifiés par IDR, seront Vaccinés ou revaccinés.

NOUVELLES RECOMMANDATIONS

Les dernières importantes modifications apparues au calendrier vaccinal, concernent le vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole, le vaccin coquelucheux et le vaccin contre l'hépatite B.

Une deuxième dose du vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole est actuellement proposée aux enfants entre 3 et 6 ans qu'ils aient été vaccinés à l'âge de 1 an ou non vaccinés. Cette deuxième dose est un vaccin de rattrapage qui a pour objectif d'obtenir la séroconversion des enfants demeurés séronégatifs après la première injection. Ainsi, chaque année, 5 à 10% de non répondeurs à la première injection du vaccin trivalent rougeole-oreillons-rubéole vont s'ajouter aux non-répondeurs des années précédentes. Au bout de dix ans, le nombre d'enfants non vaccinés sera tel que la persistance de la circulation du virus morbilleux conduira à la survenue d'épidémies. L'introduction d'une deuxième dose entre 3 et 6 ans serait la réponse la plus appropriée pour réduire ce phénomène et éliminer la rougeole, comme en Finlande. En outre, cette deuxième injection permettrait de rattraper une partie des enfants qui auraient échappé à la première dose et d'améliorer en partie la mauvaise couverture vaccinale nationale qui est de l'ordre de 82 % en France. Interrompre la transmission de la rougeole, des oreillons et de la rubéole est considéré par l'Organisation Mondiale de la Santé comme un objectif prioritaire et urgent de santé publique.

L'incidence de la coqueluche en France reste faible et la couverture vaccinale élevée. La progression du nombre de cas de coqueluche chez les petits nourrissons exposés aux formes mortelles de la maladie et la résurgence de la maladie chez les adultes, principaux contaminateurs des jeunes enfants, rend nécessaire une nouvelle politique vaccinale. En effet, le vaccin cellulaire entier est mal toléré chez l'enfant plus grand et explique l'abandon progressif des rappels à 6 ans, 11 ans et 16 ans. L'absence de rappels naturels et l'abandon des rappels vaccinaux sont à l'origine de la baisse de leur immunité anticoquelucheuse et se sont traduits par la notification de cas de coqueluche le plus souvent atypique chez l'adulte. Une dose de vaccin de rappel à 11-13 ans, à l'aide du nouveau vaccin acellulaire, mieux toléré que le vaccin entier, permettrait de relancer l'immunité anticoquelucheuse et faire disparaître le réservoir de germes chez l'adulte et par voie de conséquence la coqueluche chez les nouveau-nés et très jeunes nourrissons, maladie très grave dans cette tranche d'âge pédiatrique.

Le schéma vaccinal unique en trois injections est actuellement recommandé pour la vaccination contre l'hépatite B et ne nécessite plus de rappels lorsque celle-ci est effectuée avant l'âge de 25 ans.

LE FUTUR CALENDRIER VACCINAL

Les vaccins hexavalents seront bientôt disponibles (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, infection à hemophilus influenzae type b et hépatite B). Ils vont permettre une simplification du calendrier vaccinal et en corollaire être un élément décisif pour l'adhésion et la bonne mise en œuvre de la politique vaccinale. D'autres valences viendront s'ajouter à cette combinaison dans le futur.

Une nouvelle combinaison devrait faire son apparition : le ROR-V qui associe quatre valences : rougeole, oreillons, rubéole, varicelle. Le vaccin antivaricelleux vivant atténué, produit à partir de la souche Oka, a été mis sur le marché en France en 1993. Il est déjà largement utilisé dans tous les services d'Immuno-Hématologie et d'Oncologie pédiatriques. Cette vaccination s'est généralisée pour tous les enfants immunocompétents aux Etats-Unis. En France, des réticences persistent alors que ce vaccin a largement démontré sa bonne tolérance et son excellente immunogénicité contre deux maladies : la varicelle et le zona.

Les vaccins conjugués contre les infections invasives à pneumocoques et à méningocoques A. et C., associés à la protection conférée par le vaccin conjugué anti-hemophilus influenzae type b, réduiraient de façon sensible le nombre de méningites purulentes en pédiatrie, en attendant la possibilité de s'immuniser dans l'avenir, contre le méningocoque B.

Les vaccins respiratoires : Le vaccin antigrippal intranasal devrait être utilisé à large échelle chez le nourrisson afin de prévenir les épidémies. Il aurait en plus l'avantage de s'accompagner d'une réduction d'un tiers des otites moyennes aiguës de l'enfant. Un vaccin anti-virus respiratoire syncytial (VRS) paraît une nécessité urgente pour protéger les très jeunes nourrissons des épidémies hivernales. De nombreuses voies de recherche ont donné des résultats prometteurs permettant d'espérer bientôt obtenir un vaccin efficace et bien toléré.

Un vaccin combiné contre les otites moyennes aiguës serait en cours de développement dirigé contre des souches d'hemophilus influenzae non groupables et branhamella catarrhalis.

Les vaccins antidiarrhéiques : le vaccin anti-rotavirus, par voie orale, permettrait de prévenir la plus importante cause de mortalité et de morbidité par diarrhée chez le nourrisson dans le monde. Mais la survenue inopinée d'effets indésirables serait à l'origine de l'interruption des très récents essais menés aux Etats-Unis.

CONCLUSION :

Au total, l'arrivée de ces nouveaux vaccins devrait constituer un nouveau pas essentiel dans la prévention des maladies infectieuses du nourrisson et de l'enfant. Le vaccin universel de l'enfance, bien toléré, par voie orale et contenant tous les antigènes nécessaires à une bonne protection contre l'ensemble des maladies pédiatriques dans un même vecteur recombiné serait dans l'idéal le but final qu'il ne paraît pas utopique de poursuivre.


MOTS CLES : Vaccin, calendrier vaccinal, recommandations vaccinales.

REFERENCES :

DRUCKER J, LEVY-BRUHL D. Stratégies vaccinales et santé publique. Virologie,1998: 2.
POLAND GA., JACOBSON RM., THAMPY AM. et Coll. Measles reimmunization in children seronegative after initial immunization. JAMA, 1997 ; 277 : 1156-1158.
PELTOLA H., HEINONEN O., VALLE M. et Coll. The elimination of indigenous measles, mumps and rubella from finland by a 12 year two dose vaccination program. N Engl J Med., 1994 ; 331 : 1397-1402.
EDWARDS KM. Acellular pertussis vaccines. A solution to the pertussis problem ? J Infect Dis., 1993 ; 168 : 15-20.
BANATVALA J., KANE M., DA VILLA G. et Coll. Are booster immunisations needed for lifelong hepatitis B immunity ? Lancet, 2000 ; 355 : 561-565.