Place de nouveaux marqueurs spermatique
dans l’évaluation de l’infertilité masculine
S. Hamamah1,
J-M Ayoubi2, F. Olivennes1, R. Frydman1, M. Benahmed3
1. Centre de Fécondation in vitro,
Hôpital A. Béclère
157 rue de
la Porte de Trivaux, 92141 Clamart
2. Service de Gynéco-Obs, CHU de
Grenoble, Grenoble
3. INSERM U 407, CHU Lyon Sud, Lyon
INTRODUCTION
Le sperme humain se compose des spermatozoïdes et du plasma séminal d'origine vésiculaire,
d'origine épididymaire et prostatique et glandes bulbo-urétrales qui sont riches en mucoprotéines
(lubrification).
Le plasma séminal se constitue au moment de l'éjaculation par le mélange au fond du vagin de secrétions de diverses
origines: testiculaires, épididymaires, prostatiques, vésiculaires et sériques. Il est le résultat
d'une serie de sécrétions, migrations, réabsorptions, maturations. Les différentes sécrétions
ne sont pas émises simultanément. Lors de l'éjaculation, le sphincter lisse de l'urétre se
ferme, le plasma épididymaire et les spermatozoïdes en réserve dans la queue de l'épididyme sont
émis, entrant ainsi en contact avec la sécrétion prostatique. Il se produit probablement des
interactions entre ses 3 composants à ce moment là. Secondairement le fluide vésiculaire rejoint
l'éjaculat. Vu la séquence éjaculatoire des fractionnements de l'éjaculat en 5 ou 6 fractions
permettent de récupérer des fractions pures correspondantes aux différentes sécrétions. Il faut
noter que tout le matériel sécrété dans les différentes parties du tractus n' est pas incorporé
au plasma séminal. En effet, il y a des réabsorptions avant le canal urétral notamment des sécrétions
testiculaires et épididymaires. Il varie en composition selon les éspèces, les individus, avec le
moment, l'âge et différents facteurs intercurrents. 100 à 200 proteines ou peptides ont été
observés et leur dosage va impliquer obligatoirement, la nécessité de connaître leur origine
pour évaluer la contribution relative de chaque compartiment. Ce mélange coagule puis se liquéfie
pour constituer un milieu plus ou moins homogéne et les interactions enzymatiques permettent
l'apparition de substances nouvelles, qui peuvent être biologiquement actives. Le plasma séminal
est un milieu en perpétuel évolution. Ce mécanisme complexe s'explique du fait que certains
composants actifs sont stockés que sous formes de précurseurs.
L'étude des caractéristiques du sperme constitue donc le reflet de l'activité testiculaire
et des évènements post-gonadiques, en particulier, la maturation épididymaire. Ces processus sont
pour la plupart, non seulement sous le contrôle du système neuroendocrinien, mais aussi, sous le
contrôle de facteurs locaux tels que les facteurs de croissance et les cytokines. Dans cette revue,
nous faisons le point sur les nouveaux marqueurs dans le plasma seminale de obtenues dans le cadre
de l’exploration de l’homme infertile.
I. Composition chimique du
plasma séminal
Depuis la découverte de l'acide citrique en 1929 ont été mis en évidence: des glucides
libres (Glucose, fructose, sorbitol) et liés, des acides organiques (acide citrique, ascorbique),
des substances azotées non protéiques (polyamines, carnitines, cholines), des protéines sériques
(Albumine, immunoglobulines, hormones peptidiques), des protéines cellulaires Calmoduline), des protéines spécifiques (lactoferrine,
inhibiteurs de protéases), des lipides (Prostaglandines, phosphorylcholine, cholestérol, stéroides),
des enzymes (Proteases, glucosidases phosphatases, transferases), AMP cyclique, et des composés minéraux
(Zn, Ca, Mg). Plus récement, des facteurs de croissance (TGFa,
TGFb, IGF I ,II, EGF...) et des cytokines ont été mis évidence
dans le plasma séminal de l’homme fertile et infertile. Il y a également, un certain nombre de
composés organiques qui sont retrouvés à des taux anormalement élevés. Par rapport au sérum,
les taux sont en général plus élevés d'une façon significative sauf pour l'acide urique et la
phosphatase acide qui présente de grosses variations dans les deux sens. Au contraire des autres
fluides de l'organisme, l'osmolarité du plasma séminal dépend plutôt des composés organiques
qu'inorganiques. De plus, certains composés tels choline, sorbitol, spermine sont plus proches
biochimiquement des plantes ou des microorganismes. La raison de cette composition particulière
n'est pas trés claire. Est elle due au métabolisme des glandes annexes à turn-over rapide parce
que hormono-dépendantes ou à la concentration excessive de produits endogénes ?
II - Expression des facteurs de croissance et des cytokines dans le testicule :
relation avec le systeme endocrinien
A la différence du système endocrinien, les facteurs de croissance et les cytokines
agissent, en principe, sur leur lieu de production même d’où la notion d’action locale. Cette
action locale permet à la cellule au sein d’un organe, d’appréhender son environnement immédiat
(action autocrine) ou de communiquer avec une autre cellule (action paracrine). Ce sont ces modes de
communication que l’on retrouve au sein du testicule, par exemple entre les cellules de l’espace
interstitiel et les cellules du tube séminfère d’un part (comunications cellules de
Leydig-cellules de Sertoli) et d’autre part entre les différentes cellules du tube séminifère (comunications
cellules de Sertoli-cellules germinales).
Les facteurs de croissance et les cytokines ont été classés en une dizaine de famille sur
les bases de leurs analogies structurales. Un autre type de classification intéressant est de les
regrouper selon les systèmes de transduction qu’ils utilisent pour transmettre leur message au
noyau et donc aux différents gènes de leurs cellules cibles. A titre d’exemple, on distingue les
facteurs qui exercent leurs actions par l’intermédiaire de récepteurs à tyrosine kinase (ex :
EGF/TGFa, FGFs, IGFs, SCF), de récepteurs à sérine/thréonine
kinase (ex : TGFb, activine, AMH). D’autres molécules de
signalisation peuvent utiliser plusieurs systèmes de transduction intracellulaire (ex : le TNFa). Enfin, certains facteurs exercent leur action par le même récepteur et le même
système de transduction (ex : EGF et TGFa).
Les molécules que nous décrivons sont exprimées dans différents organes. Cependant, il
existe parfois des spécificités liées à l’organe où elles sont exprimés et où elles
agissent. Ces molécules (ligands et récepteurs) sont présentes sous forme d’ARN messagers et de
protéines dans les différents types de cellules testiculaires et à différents stades du développement
gonadique. L’expression de ces facteurs locaux peut être spécifique d’un type cellulaire ou
d’un stade de développement testiculaire. Ainsi, certains facteurs sont produits principalement
par les cellules somatiques, par exemple, le SCF et l’AMH sont produits par les cellules de
Sertoli, IGF I est exprimé dans les cellules de Sertoli et les cellules de Leydig. D’autres sont
exprimés surtout dans les cellules germinales comme le NGF et le TNFa. Enfin, le TGFb et l’EGF/TGFa sont exprimés de façon ubiquitaire (cellules somatiques et
cellules germinales). Cette expression spécifique d’un type cellulaire ou d’un stade de développement
fait intervenir des éléments de régulation transcriptionnels ou post-transcriptionnels. Par
exemple, des gènes ayant des promoteurs multiples présentent une organisation propice à la régulation
cloisonnée au niveau des différents tissus (ex : le NGF utilise des promoteurs différents dans le
testicule et dans le cerveau). L’épissage alternatif des préARN messagers peut faire apparaître
ou non un site de protéolyse qui permet le ciblage sub-cellulaire d’une molécule (ex :
production de SCF soluble ou membranaire). Il faut noter que l’expression des facteurs locaux est
modulée par les hormones. Ce contrôle porte aussi bien sur les ligands et les récepteurs. Il
reste cependant à déterminer le niveau de contrôle où s’exerce l’action des hormones
(transcription, modification post-transcriptionnelle comme l’épissage alternatif, traduction en
protéine)
III. Application clinique
de l’evaluation des facteurs locaux testiculaires
Les facteurs de croissance et les cytokines peuvent jouer un rôle important (i) dans la
formation du spermatozoïde, (ii) dans l’acquisition de son pouvoir fécondant, (iii) dans sa
protection vis-à-vis du système immunitaire mâle (qui ne le reconnaît pas comme du “ soi ”)
et femelle et enfin, (iv) au moment de l’interaction avec la zone pellucide de l’ovocyte.
Compte tenu du rôle potentiellement important des facteurs de croissance et des cytokines
dans la physiologie testiculaire, deux questions se posent lorsque nous abordons la pathologie
testiculaire et en particulier dans les oligo et les azoospermies sécrétoires dont la cause
n’est pas clairement identifiée (1):
a - Dans une démarche diagnostic, existe-t-il des modifications de la production
de ces molécules de signalisation dans les oligo et les azoospermies sécrétoires ? En d’autres
termes, le niveau d’expression dans le tissu testiculaire, les taux plasmatiques et les
concentrations dans le liquide séminal de ces molécules peuvent-ils être utilisés comme
marqueurs de ces pathologies et plus spécifiquement, comme marqueurs de la perturbation d’un type
de cellules testiculaires ?
b - Dans une démarche thérapeutique, ces molécules peuvent-elles être utilisées
pour corriger certains troubles de la spermatogenèse et/ou le pouvoir fécondant du spermatozoïde
?
1. Exploration des facteurs de
croissance et des cytokines chez l’homme infertile:
Les molécules de signalisation peuvent être recherchées au moins à trois niveaux différents
: (i) le sang, (ii) le tissu testiculaire (iii) le plasma séminal et.
1- Le sang
En principe, les facteurs de croissance et les cytokines à la différence des hormones ne
sont pas présents dans le sang puisque leur action est de type local (auto/paracrine) c’est-à-dire
qu’ils agissent à l’endroit même où ils sont sécrétés. Cependant, certains facteurs comme
l’IGF I, les peptides apparentés du TGFb (ex : les
inhibines) ou même l’EGF (en particulier dans le modèle murin) se comporteraient aussi comme des
hormones puisqu’ils sont retrouvés dans le sang, dans des conditions physiologiques (2, 3).
Cependant, l’origine multiple (production dans différents organes) de ces facteurs fait que pour
beaucoup, l’évaluation de leur taux sanguin ne reflète en aucun cas l’activité (d’un type
cellulaire) du testicule. Pour certains peptides apparentés du TGFb,
en particulier l’inhibine B, différents travaux (2) semblent indiquer que, son taux plasmatique
pourrait refléter l’activité des cellules de Sertoli. Si ces observations se confirmaient, elles
présenteraient un intérêt majeur dans la mesure où elles permettraient de différencier les
oligo et les azoospermies sécrétoires des oligo et des azoospermies excrétoires lorsque les taux
plasmatiques de FSH ne peuvent le permettre (4).
2- Le tissu testiculaire
La recherche de molécules de signalisation au niveau du tissu testiculaire fait appel à
différentes techniques permettant d’identifier le signal au niveau du mRNA (hybridation in
situ, RT-PCR, northern blotting) et/ou de la protéine (western blotting, immunohistochimie).
Dans ce contexte, différentes molécules de signalisation comme IGF I, EGF , SCF, c-kit (revues 5,
6, 7) ont été identifiées, en général par des techniques d’immunohistochimie. Compte tenu des
faibles quantités de tissus testiculaires obtenus, la RT-PCR pourrait s’avérer une technique intéressante
pour :
• identifier les messagers recherchés et leurs récepteurs
• identifier des anomalies de type délétion, mutations, modification de l’épissage
alternatif. La RT-PCR pourrait être intéressante pour une approche visant à détecter plutôt des
anomalies qualitatives que quantitatives. En effet, une augmentation ou une diminution du niveau
d’expression d’une molécule de signalisation ne signifie pas pour autant une atteinte
quleconque puisque’à l’état physiologique, le niveau d’expression varie de façon considérable
dans le cadre d’interactions cellulaires et en particulier entre les cellules de Sertoli et les
cellules germinales au cours des différentes phases de la spermatogenèse.
3- Le plasma séminal
Le plasma séminal constitue le milieu biologique où l’on retrouve les sécrétions
testiculaires, épididymaires mais surtout celles des vésicules séminales et de la prostate. En
conséquence, la mise en évidence dans le plasma séminal d’un facteur de croissance ou d’une
cytokine doit tenir compte de ces origines multiples. De nombreuses molécules de signalisation ont
été identifiées dans le plasma séminal (tableau 1).
Peut-on corréler les taux de ces facteurs avec les différentes étiologies des oligo et
azoospermies ? Des précautions doivent être prises quant à l’origine testiculaire ou
extra-testiculaire et quant aux types de dosages utilisés (RIA, ELISA, bioactivité). Aussi, les
dosages utilisés doivent tenir compte de la nature protéique des facteurs de croissance et des
cytokines. En effet, un anticorps donné (dans un dosage immunologique donné) reconnaît une (des)
séquence(s) polypeptidique(s), ce qui peut expliquer des variations de résultats importantes entre
les différents kits (c’est-à-dire les différents anticorps) du commerce. Par ailleurs, un
anticorps reconnaît dans le peptide une (des) séquence(s) d’acides aminés qui ne reflètent pas
forcément l’activité biologique de ce peptide. Dans ces cas, seuls des dosages de bioactivité
(utilisant par exemple des lignées cellulaires avec un marqueur spécifique du peptide étudié) ou
un dosage par radio-récepteur peuvent valider le dosage immunologique. Par ailleurs, cette approche
devrait aussi permettre de sélectionner parmi les kits du commerce (qui sont de plus en plus
nombreux), ceux qui donnent des valeurs les plus proches de celles du dosage biologique.
Quelques travaux rapportent des variations du taux dse facteurs de croissance et des
cytokines dans le plasma séminal de patients stériles (8, 9, 10, 11). Pour la grande
majorité de ces facteurs, et en particulier pour les cytokines, il semble que leurs taux varient en
fonction de l’état infectieux du tractus génital (tableau 1). En ce qui concerne les facteurs de
croissance, les travaux sont encore rares et seules des précautions minitieuses devraient permettre
d’utiliser ces molécules comme marqueur de l’état fonctionnel de la spermatogenèse.
2. Action in vitro des
facteurs de croissance et des cytokines sur le sperme provenant de patients infertiles
A l’état physiologique, à la sortie du testicule, les spermatozoïdes sont incapables de
féconder l’ovule. Ils acquièrent leur pourvoir fécondant lorsqu’ils traversent le canal épididymaire.
Pour que la fécondation ait lieu, il faut que les spermatozoïdes reconnaissent la zone pellucide,
s'y fixent, qu'ils la pénètrent et qu'il y ait fusion avec la membrane plasmique de l'ovocyte.
Différents travaux indiquent qu’au delà du rôle des cytokines sur la formation des
spermatozoïdes, ces molécules peuvent affecter l’état fonctionnel des gamètes. TGFb, IL1, IL2, GM-CSF se sont révélés sans effets particuliers sur la fonction des
spermatozoïdes (12, 13). Par contre, l’interféron a et t ainsi que le TNFa ont un
effet délétère sur la mobilité des spermatozoïdes ainsi que sur la pénétration dans la zone
pellucide de l’ovocyte (14, 15). Cependant, le traitement des hommes stériles par l’IFN
a permis d’améliorer le nombre et la mobilité des spermatozoïdes (16). Bien que ce travail
paraisse prometteur, d’autres travaux demeurent nécéssaires pour comprendre, en particulier,
l’apparente contradiction entre les observations obtenues in vivo et in vitro.
Les facteurs de croissance ayant des récepteurs à tyrosine kinase mais probablement aussi
à sérine thréonine kinase pourraient s’avérer intéressant dans le pourvoir fécondant du
spermatozoïde et au moment de l’interaction inter-gamétique. Parmi les facteurs de croissance à
récepteurs tyrosine kinase d’intérêt, l’EGF/TGFa, les
récepteurs de l’EGF sont présent sur les spermatozoïdes où ils sont fonctionnels. Naz et al.
(17) ont observé une absence d’effet in vitro de l’EGF sur le pouvoir fécondant du
spermatozoïde (en présence de faibles concentrations d’EGF) alors qu’ils observent en présence
de fortes concentrations d’EGF un effet inhibiteur sur la mobilité du spermatozoïde, sur le taux
de pénétration des ovocytes de Hamster (Hamstertest), sur la réaction acrosomique spontanée ou
induite par le calcium ionophore. Ces résultats devront être confirmés. Les mêmes auteurs ont
utilisé de l’EGF recombinant dont la bioactivité au niveau du plasma séminal doit être validé.
Enfin, l’IL6 apparaît comme une des molécules intéressantes dans le cadre du traitement de la
stérilité masculine, puisque cette cytokine a été déctectée dans le plasma séminal d’hommes
infertiles à des taux élévés (infections ?). Son action sur le pouvoir fécondant des spermatozoïdes
in vitro présente quelques intérêts. En effet, l’IL6 semble améliorer le pourcentage de
formes mobiles et augmenter la réaction acrosomique spontanée ou stimulée par le calcium
ionophore.
CONCLUSIONS
Différentes étapes cruciales nécéssaires à l’obtention de spermatozoïdes fonctionnels
semblent être en relation avec les activités pléiotropiques des facteurs de croissance et des
cytokines comme (i) la formation et le développement de la gonade ftale, (ii) la mise en place de
la spermatogenèse à la puberté, (iii) l’acquisition du pouvoir fécondant dès la sortie du
testicule, (iv) la protection des spermatozoïdes vis-à-vis des systèmes immunitaires mâle et
femelle et enfin (v) l’interaction avec la gamète femelle. A la différence du système
endocrinien, qui agit à distance, les facteurs croissance et les cytokines constituent un système
de contrôle local c’est-à-dire que ces facteurs exercent leurs activité biologique là où ils
sont produits.
Il existe des interactions étroites entre le système endocrinien et le système local.
D’une part, en contrôlant l’expression des facteurs de croissance et des cytokines dans le
testicule, le système endocrinien pourrait utiliser le système local comme un relais, en
particulier pour réguler la spermatognèse (mitose, méiose, diférenciation et apoptose).
D’autre part, les facteurs locaux peuvent à leur tour amplifier ou inhiber l’action des
hormones et ce probablement afin d’adapter finement l’action hormonale aux besoins de la
spermatogenèse. Il est tout à fait possible que les interactions hormones-facteurs locaux soient
beaucoup plus importantes lors de la formation des gamètes (étape testiculaire) plutôt que lors
de l’acquisition du pouvoir fécondant (étape post-testiculaire).
Ainsi des anomalies potentielles affectant l’expression et/ou l’action des facteurs
locaux à l’une de ces étapes, pourraient entraîner une situation d’infertilité. Les
anomalies pourraient, en particulier, rendre inefficace le système endocrinien dont l’action est
décisive pour la spermatogenèse. D’ailleurs des données expérimentales de transgenèse
(knock-out ou surexpression) montrent qu’une expression inadéquate de facteurs de croissance ou
des cytokines peut aboutir à la stérilité (tableau 2). Sachant qu’un très grand nombre
d’infertilités, en particulier les oligo et les azoospermies sécrétoires, restent encore
inexpliquées, il apparait donc important d’essayer d’utiliser les connaissances acquises sur
ces facteurs pour tenter d’expliquer ces pathologies testiculaires.
Ces molécules sont recherchées dans le tissu testiculaire, le plasma sanguin et le plasma séminal.
Le tissu testiculaire offre peu-être les possibilités les plus intéressantes pour essayer
d’identifier différents types d’anomalies entraînant des pertes de fonctions du ligand, du récepteur,
du système de transduction ou des facteurs de transcription utilisés par les facteurs locaux pour
contrôler l’expression de leurs gènes cibles. Le plasma sanguin pourrait s’avèrer intéressant
pour détecter des molécules de signalisation provenant de cellules de Sertoli. L’exemple de l’inhibine
B pourrait être suivi par la mise en évidence d’autres marqueurs intéressants.
Enfin, le plasma séminal, qui est le résultat des sécrétions gonadiques et
extra-gonadiques, pourrait permettre d’identifier des molécules marqueurs des différents types
d’oligo et d'azoospermies sécrétoires et excrétoires. Les facteurs de croissance et les
cytokines étant avant tout des peptides, leur manipulation et identification dans un milieu
complexe comme le plasma séminal, requiert néanmoins énormément de précautions si l’on ne
veut pas s’exposer à des risques de mauvaises exploitations/interprétations des données
obtenues. les informations fournies par la biochimie séminale sont déterminants pour le diagnostic
des états infectieux et /ou inflammatoires des glandes annexes, elles permettent également, de
différencier les différents types d'azoospermies et même quelquefois de préciser le lieu de
l'occlusion. De nouvelles approches telles que l’evaluation de facteurs de croissances et de
cytokines dans le sperme humain sont à l'heure actuelle à l'étude et demande encore des
explorations complémentaires pour être validées et expliciter plus précisement les interactions
spermatozoïdes et plasma séminal, les troubles de la perméabilité membranaire ou certains déficits
enzymatiques.
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