Qualité ovocytaire après
administration d'un antagoniste de la LH-RH : le Cétrorélix
Michelle Plachot1, Marcel Marzetto2, Thierry Grivel 2
1- C.H.I. Jean Rostand - 141 Grande Rue - 92310 Sèvres, France
2- Laboratoires Asta Medica, Avenue J.F. Kennedy, BP 100, 33701 Mérignac Cedex, France
La mise en uvre de nouveaux traitements inducteurs de l’ovulation dans le cadre de l’AMP implique le contrôle des principaux paramètres biologiques. En effet, en interférant avec le processus naturel de la folliculogénèse et de la maturation finale des follicules, ces traitements peuvent perturber la maturation ovocytaire (nucléaire et cytoplasmique) et par voie de conséquence, compromettre la fécondation et le développement embryonnaire ultérieur. Le Cétrorélix, antagoniste de la LH-RH, a été mis au point dans le but d’éviter les pics prématurés de LH, connus pour induire une atrésie folliculaire et ovocytaire. Cet article compare les principaux paramètres biologiques des cycles d’AMP réalisés avec, soit du Cétrorélix, soit de la Triptoréline.
Matériel et méthodes
Cette étude concerne au total 149 patientes traitées dans 8 Centres d’AMP :
- 113 ont reçu du Cétrorélix (101 en FIV et 12 en ICSI)
- 36 ont reçu de la Triptoréline (31 en FIV et 5 en ICSI).
Les critères d’inclusion, les modalités d’administration des 2 traitements ainsi que les résultats cliniques sont rapportés dans le même ouvrage par F.
Olivennes.
Résultats et discussion
Comparaison des 2 groupes de patientes
Les 2 groupes de patientes sont comparables pour ce qui concerne l’âge (environ 32 ans), les causes d’infertilité (majoritairement tubaires), la durée moyenne de l’infertilité (environ 5 ans) et le taux de FSH à J3 (6.3U/l) (tableau 1).
Maturité ovocytaire
Qualité et maturité ovocytaire ont été évaluées chez les patientes ayant eu une ICSI. En effet, la décoronisation des ovocytes, préalable indispensable à l’ICSI, permet la visualisation du 1er globule polaire et, le cas échéant, des signes précoces d’atrésie. Le tableau 2 montre que le taux d’ovocytes au stade de métaphase II au recueil est identique après Cétrorélix (62.5%) et Triptoréline (68.4 %). En revanche, dans cette petite série, le taux d’ovocytes dégénératifs est plus élevé après Cétrorélix (24.2 %) qu’après Triptoréline (10.5 %, p<0.005), mais se trouve compensé par un taux moindre d’ovocytes immatures. Au total, 6.3 ovocytes par patiente sont microinjectés après Cétrorélix et 7.8 ovocytes après Triptoréline ce qui n’est pas statistiquement différent.
Fécondation
Le taux de fécondation a été évalué sur les ovocytes ayant eu une insémination classique en FIV de manière à ne pas biaiser les résultats avec des spermes très déficients comme ceux utilisés classiquement dans le cadre de l’ICSI. Le taux de fécondations normales (ovocytes présentant 2 pronuclei) est plus élevé après Triptoréline (57.7%) qu’après Cétrorélix (42.5%, p<0.001) (tableau 3). En revanche, le taux d’ovocytes présentant 1 pronucleus (activation parthénogénétique) ou 3 pronuclei est identique dans les 2 groupes. Au total, en tenant compte des embryons pour lesquels les pronuclei n’ont pas été observés mais qui étaient clivés le lendemain, 57.5% des ovocytes inséminés se sont clivés après Cétrorélix et 66.1% après Triptoréline (p<0.02).
Développement embryonnaire
Il n’existe pas de différence dans la morphologie embryonnaire entre les 2 groupes (tableau 4). Au total, environ 92 % des embryons excellents, bons et moyens peuvent être transférés ou congelés. Le nombre d’embryons replacés est identique après Cétrorélix (2.6) et Triptoréline (2.8). Vu que le nombre total d’embryons est supérieur après Triptoréline qu’après Cétrorélix un plus grand nombre de patientes a bénéficié d’une congélation embryonnaire dans le premier groupe, 53.6% vs 42.0%.
Conclusion
Au vu de ces résultats, il ne parait pas y avoir de différences nettes entre le Cétrorelix et la Triptoréline pour ce qui concerne les paramètres biologiques, même si certains résultats semblent en faveur de la Triptoréline. Effectivement, l’analyse des résultats montre de grandes différences selon les centres, différences pouvant conduire à une interprétation erronée des résultats. C’est pourquoi nous avons analysé les résultats de notre centre pour les 2 groupes de patientes (16 patientes en Cétrorélix et 7 patientes en Triptoréline). Bien que les chiffres absolus restent légèrement inférieurs après Cétrorélix, nous n’avons observé aucune différence significative entre les 2 groupes pour aucun des paramètres biologiques analysés.
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