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Titre: Faire ou ne plus faire dans l'exploration d'un homme azoospermique
Année: 1999
Auteurs: - Hazout A.
Spécialité: Gynécologie
Theme: Infertilité masculine

Faire ou ne plus faire dans l'exploration d'un homme azoospermique

A. HAZOUT 

Maternité A.Béclère.Clamart et 15 Rue Faraday 75O17 Paris

 

L'exploration d'un homme azoospermique est aujourd'hui d'un intérêt capital compte tenu de l'avènement de l'ICSI et en particulier des résultats obtenus après micro injection de sperme testiculaire , que l'azoospermie soit excrétoire ou sécrétoire.

Le pronostique étant différent, il est essentiel d'assurer un interrogatoire complet et un examen attentif afin d'orienter au mieux la thérapeutique.

1°L'INTERROGATOIRE:

Il doit rechercher la notion d'un éjacula normal ou non et la présence ou non de spermatozoïdes quelques mois ou années auparavant. 

Il importe de préciser les antécédents :

d'infections génitales

d'interventions chirurgicales

d'anomalies familiales et dans la fratrie

de traumatismes anciens ou récents

de chimio ou radio thérapie

d'exposition à des substances toxiques

de traitements hormonaux intempestifs.

2°L'EXAMEN CLINIQUE :

Il recherche la présence ou l'absence de testicules dans les bourses

Il évalue le volume et la consistance des testicules

Il apprécie la présence d'une varicocèle clinique.

l'épididyme : plat ou dur?

turgescent et globuleux?

régulier ou moniliforme ?

le canal différent, les orifices inguinaux.

Au terme de cet examen clinique ,dans un grand nombre de cas un diagnostic et un pronostic peuvent être posés.

Cependant d'autres arguments en particulier biologiques doivent étayer les arguments cliniques avancés.

3°LA BIOLOGIE:

Un nouveau spermogramme doit rechercher par coloration spécifique des spermatides (que l'on retrouverait dans près de 4O% des azoospermies de type sécrétoires. Y.Tezarik et al 1997)

L'étude de la biochimie séminale évalue dans tous les cas les anomalies associées.

Les dosages plasmatique de FSH, testostérone et accessoirement de prolactine rendent compte de l'état sécrétoire testiculaire.

Le dosage de l'inhibine B a pu être proposé comme marqueur de la spermatogénèse. En réalité il rend compte de la présence de cellules de sertoli secrétantes.

L'analyse du caryotype sanguin doit s'accompagner de la recherche de mutations du gène CFTR à la recherche de mucoviscidose

si l'anomalie est obstructive congénitale avec agénésie épididymo déférentielle (considérée comme une forme mineure de mucoviscidose).

Si l'anomalie est secrétoire le bilan sera complété selon les cas et les antécédents dans la fratrie d'une recherche de micro-délétions sur le bras long du chromosome Y.

Exceptionnellement le séquençage des récepteurs à la FSH au niveau du parenchyme testiculaire reste du domaine de la recherche tant il s'agit d'un phénomène rare plurigénique et familiale.

De la confrontation des éléments cliniques et biologiques émaneront des propositions thérapeutiques tendant à la réalisation d'un prélèvement testiculaire ,synchrone de la ponction ovocytaire de la conjointe, ou à visée diagnostique complémentaire avec ou non cryoconservation.

4° LA BIOPSIE TESTICULAIRE:

Elle peut être un argument diagnostique entérinant un contexte clinique très défavorable.

Dans ce but elle doit être proposée avec prudence en sachant que:
  négative , elle n'a pas de valeur absolue et n'interdit pas une recherche plus approfondie y compris après action d'une collagénase sur le parenchyme testiculaire lorsque la dilacération a été infructueuse .

positive, elle peut avoir extrait le seul foyer de spermatogénèse présent dans les cas d'azoospermie secrétoire avec hypospermatogénèse ou défaut de maturation.

La cryoconservation éventuellement proposée dans ces cas n'est pas franchement efficace puisque dans notre expérience si les taux de grossesses ainsi obtenus sont globalement équivalents les taux d'avortements spontanés sont trois fois plus élevés.

Dès lors, il ne faut proposer une biopsie qu'au terme d'une stimulation de la conjointe pour éventuellement pratiquer une ICSI avec du sperme testiculaire frais.

Aux inconvénients sus décrits se surajoutent , le risque de fibrose post opératoire ou de "sidération" d'une spermatogénèse limitée anihilant tout espoir de succès en cas de besoin d'une deuxième tentative.

5° LES RESULTATS:

En pratique nous nous trouvons souvent devant trois situations:

a) la plus caricaturale:

Les testicules sont petits et mous

Le taux de FSH est très élevé , supérieur à 40 UI

Le taux d'Inhibine B est inférieur à 30 pg/ml

Le caryotype est anormal ou normal

La biopsie testiculaire est inutile et seul le don de sperme pourra être proposé.

b) la plus facile:

Les testicules sont de volume et consistance normaux

La FSH est normale ou basse

Il y a des spermatides dans l'éjaculat

L'Inhibine B est supérieure à 130pg/ml

Le caryotype est normal

La biopsie testiculaire au besoin après un traitement hormonal si la FSH est basse , aura toutes les chances d'être positive en cas d'azoospermie sécrétoire.

Il va de soit qu'en cas d'anomalie obstructive la biopsie sera fructueuse tant la spermatogénèse est normale et conservée.

Il ne faut tout de même pas ignorer les formes complexes car mixtes et dont le pronostic dépend du degré de maturation des spermatozoïdes.

c) la plus incertaine:

Les testicules sont petits et fermes

La FSH est subnormale ou normale

Il y a ou non des lésions associées

Il n'y a pas de spermatides dans l'éjaculat

Le taux d'Inhibine B est compris entre 30 et 130 pg/ml

Le caryotype est normal

La biopsie est imprévisible

(La part de l'acharnement du biologiste à trouver des spermatozoides est capitale)

CE QU'IL NE FAUT PAS FAIRE résulte de tout ce qui précède:

- négliger l'interrogatoire et l'examen clinique

- négliger une interprétation attentive des arguments biologiques et cytogénétiques

- biopser tous les testicules sans discrimination

- privilégier l'aspect cytologique et non l'aspect "fonctionnel"

- biopser ailleurs que dans un centre d'AMP capable de rechercher des spermatozoïdes , de les "maturer",de les micro-injecter ou de les congeler.

- dilacérer hâtivement le parenchyme testiculaire et conclure non moins hâtivement.

En conclusion: nous manquons aujourd'hui d'arguments cliniques ou biologiques formels nous permettant de fixer avec précision le pronostique d'une azoospermie sécrétoire en particulier.

Dans les cas apparemment évidents d'azoospermie obstructive des surprises ne sont jamais exclues quant à la qualité de la spermatogenèse car des formes mixtes peuvent compliquer des situations à priori simples.

La qualité des grossesses obtenues après micro injection de spermatozoïdes issus de testicules d'hommes atteint d'azoospermie sécrétoire avec défaut de maturation mérite d'être débattue.

L'enjeu est de trouver le plus rapidement possible des marqueurs séminaux et /ou plasmatiques qui pourront nous permettre de poser des indications plus précises de ponctions de tel ou tel testicule en vue d'ICSI.

Nous recherchons des marqueurs séminaux pré et post méïotiques (SCF ,cKit , Hormone anti mullérienne ) capables de mieux nous orienter demain.