Les XXIIe JTA
> Présentation
> Programme
> Comité scientifique
> Intervenants
> Contacter les JTA

En pratique
> S'inscrire
> Renseignements
> Hébergement
> Programme social
> Post-congrès

Les archives
> Andrologie
> Biologie
> Gynécologie
> Infertilité
> Médecine foetale
> Néonatologie
> Nutrition
> Obstétrique
> Pédiatrie
> Périnatalité
> Périnéologie
> Phlébologie
> Psychosomatique

Rechercher

Titre: Faut-il encore faire un bilan urodynamique dans l'exploration d'une incontinence urinaire ?
Année: 2005
Auteurs: - Boubli L.
Spécialité: Périnéologie
Theme: Incontinence urinaire d’effort

Faut-il encore faire un bilan urodynamique dans l'exploration d'une incontinence urinaire ?

L. BOUBLI, L. PIECHON, R. SHOJAI, C. D'ERCOLE*

Le bilan uro dynamique fait partie depuis plusieurs années de la prise en charge des troubles de la statique pelvienne et de leurs conséquences.

La justification est de compléter utilement les données cliniques pour avoir une approche objective des troubles de la continence et donc de mieux poser les indications thérapeutiques, en particulier celles du traitement chirurgical

En arrière pensée, pour certains, on peut même retenir une préoccupation médico-légale sur la notion de moyens.

L'exploration uro dynamique (2)

La cystomanométrie

Mesure la pression intra-vésicale au remplissage et lors de la miction. Elle permet de déterminer deux paramètres essentiels.

La compliance vésicale est le rapport de l'augmentation de volume à l'augmentation de pression, pendant le remplissage.

La vessie se remplit normalement à pression constante.

Elle se situe normalement au-dessus de 30, soit une augmentation de pression de 10 cm d'eau pour une capacité de 300 ml. Les vessies à basse compliance doivent faire suspecter une anomalie de la paroi vésicale

La contractilité vésicale est représentée par l'amplitude et la durée de la contraction détrusorienne, après soustraction de la pression liée à la poussée abdominale.

D'autres paramètres sont moins interprétables du fait de leur variation, les besoins d'uriner, la capacité vésicale.

l'activité vésicale (fréquence des contractions par rapport au volume : intéressante surtout dans les pathologies neurologiques)

Le profil de pression urétrale

Avec calcul des pressions différentielles entre la vessie et l'urètre au repos puis à l'effort.

La pression Normale se situe entre 60 et 80 cm d'eau.

La stabilité urétrale est explorée par l'enregistrement continu de la pression urétrale maximale, pendant le remplissage vésical. Des chutes de pression de plus de 15 cm d'eau, survenant en dehors de la miction, caractérisent l'instabilité urétrale, mais cette détermination peut être artéfactée.

L'hypotonie sphinctérienne correspond à une pression inférieure à 30 cm d'eau

La débitmètrie mictionnelle

Est un enregistrement graphique du débit mictionnel.

Là aussi de multiples paramètres peuvent modifier les résultats.

Indications des examens urodynamiques

Pourquoi faire un bilan uro dynamique ?

Les indications habituellement retenues sont : (4)

1.   la distinction incontinence d'effort-incontinence mixte ;

2.   l'évaluation objective de la sévérité de la fuite urinaire ;

3.   le diagnostic des anomalies neurologiques éventuellement associées susceptibles d'affecter le fonctionnement vésicosphinctérien ;

4.   de préciser la part respective de perturbation du détrusor et d'obstruction cervico urétrale après traitement chirurgical de troubles de la statique pelvienne ou d'autres interventions ;

5.   de vérifier l'existence de perturbations de la compliance vésicale chez des patientes aux antécédents évocateurs (irradiation pelvienne, chirurgie élargie, sondage urinaire prolongé) ;

6.   de diagnostiquer les obstructions cervico urétrales ;

7.   de diagnostiquer les incompétences sphinctériennes chez les patientes présentant dune incontinence très sévère mais sans hyperrmobilité utrétrale ;

8.   dévaluer les patientes avec des prolapsus extériorisés ;

9.   de rechercher les causes d'échecs fonctionnels après réparation anatomique correcte.

Les données objectives

Plus de 1 100 articles sont retrouvés sur l'exploration uro dynamique des incontinences chez la femme, Malgré l'abondance de la littérature, il est difficile de préciser formellement la place de l'exploration uro dynamique.

La cochrane database n'a retenu que très peu d'articles et malheureusement les effectifs sont très réduits, (5).

Au total les conclusions sont assez décevantes. Elles définissent un intérêt de l'exploration pour préciser les places respectives du traitement médical et chirurgical.

Il n'y a aucun consensus sur l'intérêt d'une exploration systématique pré opératoire et la signification pronostique des paramètres urodynamiques n'est pas formellement établie.

Discussion

Le bilan urodynamique fait partie du rituel de prise en charge des troubles de la statique pelvienne.

Les objections peuvent porter sur plusieurs points. Avant tout sur l'inocuité de cette exploration.

Le bilan urodynamique est une exploration invasive et le principal risque est d'ordre infectieux (11).

La prévalence d'infection urinaire avant exploration est 5,1 % (95 % CI, 3,6-6,6) pour une valeur de 8,4 % (95 % CI, 6,5-10,3) après exploration.

Les facteurs de risque indépendants sont : age > 70 ans (odds ratio, 1,99 ; 95 % CI, 1,14-3,48) les antécédents de chirurgie de l'incontinence (odds ratio, 1,90 ; 95 % CI, 1,05-3,43), et l'infection urinaire avant exploration urodynamique (odds ratio, 3,13; 95 % CI, 1,43-6,83).

Les germes les plus fréquents après exploration, urodynamique sont Escherichia Coli (46,3%), Enterococcus spp (16,4,%), et Enterococcus faecalis (11,9 %).

A une époque où la notion d'infection nosocomiale prend une place très importante, ce risque même s'il n'est pas majeur doit être connu et la patiente dûment informée.

L'autre élément est le changement dans les principes de prise en charge

Le bilan urodynamique, indépendamment du dépistage des troubles de la compliance vésicale ou des anomalies de vidange a longtemps reposé sur le schéma d'Enhorning pour expliquer les fuites urinaires à l'effort.

La notion de transmission et l'évaluation objective du défaut de celle-ci ont été les principes majeurs d'utilisation de cette exploration pour préciser de façon efficace les indications chirurgicales et le choix de la technique.

On a même pu proposer de réaliser ces bilans de façon systématique avant chirurgie pelvienne (exemple hystérectomie) pour traiter de façon préventive des incontinences potentielles.

La physiopathologie de l'incontinence fait de moins en moins appel à cette notion de transmission.

Par ailleurs les techniques les plus en vogue de traitement de l'incontinence par soutènement sous urétral agissent au-delà de l'enceinte isobare définie par Enhorning.

La prise en charge des patientes présentant une incontinence mixte

Le traitement chirurgical des incontinences mixtes reste controversé avec seulement 20 à 30 % de succès du traitement chirurgical en cas d'hyper mobilité urétrale (Blaivas et Fissler) (1).

D'autres auteurs retrouvent des taux de succès similaires par traitement médical et chirurgical (12) et proposent une intervention après échec du traitement médical (6,8).

Le choix de la technique

Peut être une justification logique de l'exploration en se fondant notamment sur la mesure objective de pression urétrale les interventions par voie rértopubienne étant habituellement contre indiquées en cas d'incompétence sphinctérienne.

Par contre, la possibilité d'utilisation de techniques de soutènement sous-urétral même en cas de pression urétrale basse peut remettre en question la nécessité d'une exploration urodynamique

La valeur pronostique de l'exploration urodynamique

Il est habituellement admis comme critères de mauvais pronostic chirurgical une pression de clôture inférieure à 30 cm d'eau et une importante instabilité vésicale. Pour autant, il est impossible pour certains de prédire valablement le succès ou l'échec d'interventions sur les données urodynamiques (7, 10, 9).

D'une manière générale, les éléments prédictifs d'un bon résultat sont l'absence de prise en charge diagnostique ou thérapeutique antérieure (P _,001; 95 % CI 0,026, 0,415) et la moindre sévérité de l'incontinence (P. 026 ; 95 % CI 0,210, 0,907).

L'évaluation urodynamique n'apportait pas d'élément pronostic (2)

Au total

La base de la prise en charge d'un trouble de la continence urinaire est avant tout clinique.

Il faut insister sur la qualité de l'interrogatoire pour déterminer le caractère pur ou impur du symptôme incontinence à l'effort.

Il est très important de rechercher les signes associés urinaires mais aussi neurologiques qui peuvent remettre en question le diagnostic initial.

Il faut beaucoup de temps pour un examen clinique qui ne doit pas se résumer à l'évaluation du degré de fuite et aux manœuvres de réduction mais doit aussi rechercher les anomalies associées ; trouble de commande périnéale et anomalies de la sensibilité périnéale.

L'exploration urodynamique est trop souvent utilisée pour pallier aux insuffisances de cette évaluation clinique.

En définitive : Faut-il réaliser systématiquement une exploration urodynamique ?

La réponse est clairement non.

Par contre ce bilan devient indispensable lorsque les données cliniques sont discordantes, font soupçonner une instabilité ou surtout lorsque se manifestent des signes d'atteinte neurologique. Il est logique aussi de réaliser ce bilan dans les formes récidivantes.

En conclusion

On peut citer Buzelin :

La qualité première d'un examen «complémentaire» est de le rester. Il devient superflu dès lors que l'information qu'il apporte peut être obtenue par la clinique. Or, trop souvent, un examen urodynamique est prescrit dans le seul but de confirmer un diagnostic clinique, d'affirmer, par exemple, que la vessie est instable ou que le trouble mictionnnel est d'origine neurologique. ... Mais un équilibre se définit non par la normalité de chacun de ses composants, mais par la normalité du résultat qui est d'assurer le confort pour le patient et la sécurité pour ses reins.

Bibliographie

[1]   BLAIVAS JG, FISSLER DM. Combined radiographic and urodynamic monitoring: advance in technique. J Urol 1981;125:693-4.

[2]   BURGIO KL et coll, Predictors of Outcome in the Behavioral Treatment of Urinary Incontinence in Women. Obstet Gynecol 2003;102:940-7.

[3]   BUZELIN JM. Interpréter un bilan urodynamique /www.med.univ-rennes1.fr/uv/snfcp/ journee-perfectionnement-buzelin.html

[4]   DEFREITAS, P. ZIMMERN / EAU Update Series 1 (2003) 135-144.

[5]   GLAZENER CMA, LAPITAN MC. Urodynamic investigations for management of urinary incontinence in children and adults (Cochrane Review). In: The Cochrane Library, Issue 3, 2004. Chichester, UK: John Wiley & Sons, Ltd.

[6]   JORGENSEN L, LOSE G, MORTENSEN SO, MOLSTED P, KRISTENSEN JK. The Burch colposuspension for urinary incontinence in patients with stable and unstable detrusor function. Neurourol Urodyn 1988;7:435-41.

[7]   JORGENSEN L, LOSE G, MOSTED-PEDERSEN L. Vaginal repair in female motor urge incontinence. Eur Urol 1987;13:382-5.

[8]   KARRAM MM, BHATIA NN. Management of coexistent stress and urge urinary incontinence. Obstet Gynecol 1989;73:4-7.

[9]   MCGUIRE EJ, SARVASTANO JA. Stress incontinence and detrusor instability/urge incontinence. Neurourol Urodyn 1985;4:313-6.

[10]   PAW-SANG JM, LOCKHART JL, SUAREZ A, LAUSMAN H, POLITANO VA. Female urinary incontinence: preoperative selection, surgical complications and results. J Urol 1986; 136:831-3.

[11]   SHING-KAI YIP, et coll. A study of female urinary tract infection caused by urodynamic investigation. American Journal of Obstetrics and Gynecology (2004) 190, 1234e40.

[12]   VEREECKEN RL. A critical review on the value of urodynamics in nonneurogenic incontinence in women. Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct 2000;3:188-95.

* Hôpital Nord Marseille

474   L. BOUBLI, L. PIECHON, R. SHOJAI, C. D'ERCOLE

   FAUT-IL ENCORE FAIRE UN BILAN URODYNAMIQUE ...   475

 

˙

˙Études

˙Participants

˙Méthode statistique

˙Résultat

  
˙Traitement médical

˙1

˙80

˙Relative Risk (Fixed)

˙1,94

  
˙

˙ 

˙ 

˙ 

˙95 % CI

˙[1,23, 3,07]

 
˙Traitement chirurgical

˙1

˙80

˙Relative Risk (Fixed)

˙2,41

  
˙

˙ 

˙ 

˙ 

˙95 % CI

˙[1,05, 5,53]

˙

˙Echec de trt 1 an

˙1

˙48

˙Relative Risk (Fixed)

˙1,40

  
˙(subjectif)

˙ 

˙ 

˙95 % CI

˙[0,63, 3,10]

˙

 
˙Volume/poids pad test

˙1

˙48

˙Weighted Mean

˙2,10

  
˙

˙ 

˙ 

˙ 

˙Difference (Fixed)

˙[-7,30, 11,50]

 
˙

˙ 

˙ 

˙ 

˙95 % CI

  
˙Nb épisodes

˙1

˙48

˙Weighted Mean

˙0,08

  
˙d'incontinence /24h

˙ 

˙ 

˙Difference (Fixed)

˙[-0,16, 0,32]

˙

 
˙

˙ 

˙ 

˙ 

˙95% CI

  
˙Echec de trt à 1 an

˙1

˙48

˙Relative Risk (Fixed)

˙1,40

  
˙(objectif)

˙ 

˙ 

˙95% CI

˙[0,58, 3,36]

  
˙Décès

˙1

˙80

˙Relative Risk (Fixed)

˙0,10

  
˙

˙ 

˙ 

˙95% CI

˙[0,01, 1,81]

476   L. BOUBLI, L. PIECHON, R. SHOJAI, C. D'ERCOLE

   FAUT-IL ENCORE FAIRE UN BILAN URODYNAMIQUE ...   477

478   L. BOUBLI, L. PIECHON, R. SHOJAI, C. D'ERCOLE