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Titre: Prise en charge des patientes virémiques au laboratoire
Année: 2001
Auteurs: - Plachot M.
Spécialité: Gynécologie
Theme: Infection virale

Prise en charge des patientes virémiques au laboratoire

Michelle Plachot

CHI Jean Rostand 141 Gde rue , 92311 Sèvres

Le problème des couples sérodifférents pour le VHC ou le VIH et demandant l’aide de la médecine pour procréer est au cœur du débat éthique (voir débat Auroux, Plachot). Cependant, il existe des différences fondamentales entre ces 2 maladies virales, différences liées à la gravité de la maladie ainsi qu’au risque de transmission intraconjugale et à l’enfant à naître. On considère aujourd’hui que l’on peut accepter en AMP les couples chez lesquels l’un des 2 membres est virémique pour le VHC mais qu’en ce qui concerne le VIH, seuls les hommes virémiques peuvent être acceptés, les risques pour l’enfant à naître étant pour l’instant trop élevé lorsque la femme est infectée.
Trois techniques permettent de prendre ces couples en charge en AMP, soit pour remédier à leur infertilité, soit pour diminuer les risques de contamination intraconjugale :

  • l’insémination intra-utérine (IIU)
  • la fécondation in vitro (FIV)
  • la microinjection d’un spermatozoïde dans l’ovocyte (ICSI)

La problématique de la prise en charge de ces couples au laboratoire d’AMP comprend le risque de manipulation de produits biologiques infectés (risques pour le personnel et les autres patientes) et la nécessité de diminuer (si possible annuler) la charge virale de ces produits biologiques avant leur utilisation.
Pour ce qui concerne le premier point , la rédaction d’un protocole extrêmement précis pour la manipulation de ces fluides contaminés au laboratoire est indispensable. La fédération des BLEFCO a rédigé ce protocole (voir annexe). En bref, les mesures générales comprennent la protection du personnel (port de gants, lunettes et masque, éviter l’utilisation d’objets piquants ou tranchants, travailler sous hotte à flux laminaire horizontal…) ainsi que la protection des gamètes et embryons de couples indemnes en cours de traitement au laboratoire pendant la même période (dissociation des prélèvements dans le temps, ne traiter qu’un patient à la fois, utiliser si possible une étuve indépendante…). Pour ce qui concerne la manipulation des liquides biologiques, gamètes ou embryons potentiellement infectés : traiter les prélèvements un par un, désinfecter les surfaces et appareils selon des protocoles spécifiques appropriés, éviter les liquides folliculaires sanglants, effectuer des rinçages multiples, travailler si possible sous huile, congeler en paillettes haute sécurité, etc. Ces précautions spécifiques s’ajoutent aux précautions universelles de sécurité (circulaire DGS/DH du 20/4/98) devant être respectées dans tout laboratoire d’AMP, car tout patient doit être considéré comme porteur potentiel d’une affection virale asymptomatique.
Récemment , 2 cas de transmission nosocomiale du virus de l’hépatite C ont été rapportés au cours d’une AMP alors que les couples séronégatifs étaient traités le même jour qu’un patient connu pour être infecté (Lesourd et coll, 2000). Cela met en évidence le rôle essentiel du respect des précautions de sécurité lors de la prise en charge de ces couples. Cependant, ces précautions ne sont pas toujours mentionnées dans les articles (Marina et coll, 1998).

Dans le cas de l’insémination intra-utérine, seul le sperme est préparé au laboratoire. Ainsi, dans le cas du VHC, lorsque la femme est virémique le sperme est normal et la réalisation de l’insémination ne pose aucun problème technique.
Lorsque l’homme est virémique, le sperme peut être infecté et doit donc être préparé avant l’AMP. La préparation du sperme en vue de diminuer la charge virale comprend une centrifugation sur gradient de densité suivie d’une migration ascendante (Semprini et coll, 1992). Habituellement, l’une ou l’autre de ces techniques est utilisée pour la préparation du sperme en vue de sélectionner les spermatozoïdes les plus mobiles, éliminant ainsi les spermatozoïdes morts, les cellules rondes, les débris, les bactéries, etc…
Dans la centrifugation sur gradient de densité, les spermatozoïdes sont centrifugés dans une solution comprenant plusieurs concentrations de silice colloïdale (Puresperm de chez Nidacon par exemple) ; les spermatozoïdes lavés sont recueillis au fond du tube. Puis cette suspension de spermatozoïdes est déposée au fond d’un tube dans lequel est ajouté du milieu de culture. Les spermatozoïdes mobiles colonisent alors le milieu de culture par migration ascendante et ceux parvenus dans la couche supérieure seront utilisés pour l’AMP. Ces 2 techniques , appliquées dans cet ordre conduisent à une diminution de la charge virale du sperme qui devient inférieure à 200 copies (seuil de détection) dans plus de 90% des échantillons testés.
Dans le cadre de l’IIU, l’insémination est réalisée avec 1 à 10 millions de spermatozoïdes lavés.

Dans le cas de la FIV, liquide folliculaire et sperme sont traités au laboratoire.
Si la femme est virémique pour le VHC, le liquide folliculaire (le plus souvent sanglant) est infecté. Aujourd’hui, aucune étude ne permet de montrer que les ovocytes et les cellules folliculaires qui les entourent peuvent être débarrassés du virus. Il est vraisemblable cependant que la décoronisation (retrait enzymatique des cellules péri-ovocytaires) et des lavages successifs dans du milieu de culture pourraient diminuer considérablement le risque viral. Par ailleurs, le sérum de la patiente ne doit pas être utilisé comme additif au milieu de culture ou de congélation embryonnaire ; il est recommandé d’utiliser dans ce cas des substituts de sérum commercialisés.
Si l’homme est virémique, le sperme est préparé comme précédemment.
L’insémination est réalisée in vitro avec environ 60 000 spermatozoïdes / ml. L’insémination en microgouttes (50µl) permet de réduire à environ 5000 le nombre de spermatozoïdes en contact avec l’ovocyte.

Dans le cas de l’ICSI, 1 seul spermatozoïde est injecté dans l’ovocyte et il n’y a aucun contact entre les spermatozoïdes potentiellement infectés et le tractus génital féminin. C’est donc à priori la technique de choix. Cependant, si la présence de virus dans le spermatozoïde est conflictuelle, les risques liés au fait que des virus peuvent être collés sur le spermatozoïde et pénétrer dans l’ovocyte au moment de l’injection n’a pas encore été évalué. D’après P. Jouannet, le risque d’infection des embryons n’est que de 1/200 000 après préparation des spermatozoïdes et contrôle viral.

Dans tous les cas, l’AMP n’est réalisée que lorsque la charge virale est inférieure à un seuil variable selon les équipes : 800 copies pour l’équipe italienne ( Semprini et coll, 1992) ou 200 copies pour les équipes espagnoles (Marina et coll, 1998 ; Coll et coll, 1999). L’absence de contamination des conjointes sur plus de 2000 cycles d’IIU, de FIV ou d’ICSI montre, soit que le sperme est complètement débarrassé du virus, soit que l’inoculum est trop faible pour être infectant.

Le cas du VHC

On estime que 600 000 personnes sont porteuses du virus en France, avec une prévalence de 1% dans la population générale, soit 2% parmi les couples. Trois grands modes de contamination sont connus : la transmission sanguine (aujourd’hui interrompue), la toxicomanie et la transmission nosocomiale. La transmission sexuelle semble extrêmement faible, inférieure à 3%. Comme pour le reste de la population, 15% de ces couples sont stériles, et ont besoin de l’AMP pour procréer.
Deux études françaises récentes montrent la présence de virus dans le sperme. Selon Lévy et coll (2000), 2 patients sur 39 présentant une hépatite C active avaient de l’ARN viral dans le sperme ; après sélection des spermatozoïdes mobiles sur gradient de densité, tous les prélèvements étaient négatifs (seuil de détection 200 copies du génome VHC/ml). Leruez-Ville et coll (2000) avec un seuil de détection à 100 copies, ont retrouvé de l’ARN du VHC dans le sperme de 2 patients HIV négatifs / 6 (33%) et de 6 patients HIV positifs / 15 (40%) .
Il y a donc du virus dans le sperme et celui-ci doit être manipulé au laboratoire de FIV avec les plus grandes précautions. Après préparation, l’AMP peut être réalisée avec un risque minimal , voire nul d’infection.
La prise en charge de ces couples en AMP en France est aujourd’hui effective dans le cadre d’un protocole clinique national multicentrique dont le promoteur est l’Agence Nationale de Recherches sur le Sida (ANRS) et qui a reçu l’agrément du CCPPRB de Créteil et l’aval de la DGS.

Le cas du VIH

Dès 1989, Semprini proposait de réaliser des inséminations intraconjugales avec le sperme préparé par lavage, centrifugations successives et migration ascendante afin de diminuer la charge virale spermatique et par voie de conséquence, les risques d’infection. La suspension de spermatozoïdes était testée par PCR à la recherche d’ ARN viral avec une sensibilité de 800 copies / ml. Seuls les spermes préparés négatifs en PCR étaient utilisés pour l’insémination. Les couples étaient informés du risque résiduel lié à la sensibilité de la technique.
Il est important de signaler que les seules alternatives à l’AMP pour ces couples sont le don de sperme et les rapports programmés. Sur les 103 grossesses rapportées après rapports programmés, 17 sont survenues après un seul rapport sexuel, aucune contamination n’est survenue au décours du rapport fécondant, mais 2 contaminations ont eu lieu en fin de grossesse et 2 autres après l’accouchement chez des couples qui n’utilisaient pas régulièrement le préservatif.
Dans l’ensemble, très peu de centres prennent en charge l’AMP pour les couples sérodifférents pour le VIH : 1 en Italie (Semprini et coll, 1992), 3 en Espagne (Marina et coll, 1998 ; Coll et coll, 1999), et une faible activité débutante en Allemagne, Autriche, Suisse et Grande Bretagne. Les laboratoires devraient répondre à des normes de locaux et d’équipement spécifiques pour cette activité (hotte à flux laminaire vertical, cuve d’azote liquide indépendante…). Le personnel devrait avoir bénéficié d’une formation spécifique. Lors d’une enquête informelle réalisée récemment au BLEFCO, 18 laboratoires français d’AMP se sont déclarés (par écrit) prêts à prendre en charge les couples sérodifférents pour le VIH  après concertation au sein de leur équipe avec les professionnels concernés (cliniciens, techniciennes, infirmières...).
Deux protocoles sont actuellement en cours en France. Les critères d’inclusion des patients sont très sélectifs. Entre autres critères cliniques et psychologiques, l’AMP est réalisée avec des paillettes congelées de sperme validé en virologie. Des techniques permettent actuellement de détecter la présence du VIH dans les différentes fractions du sperme avec une excellente sensibilité (moins de 5 copies pour 4 millions de spermatozoïdes mobiles après sélection). La technique d’AMP mise en œuvre est l’ICSI (Hôpital Cochin, Paris) et l’IAC (Cecos Midi-Pyrénées, Toulouse).
Quarante-huit ICSI ont ainsi été réalisées à Cochin. Aucune séroconversion n’a été rapportée. Le taux de grossesse était élevé, 52% (ce qui est normal chez ces couples fertiles) mais le taux de FCS était également élevé (9 FCS sur 24 grossesses). Ce dernier point mérite confirmation sur de plus grandes séries. On considère qu’actuellement 1000 couples sont demandeurs d’AMP.
La recherche doit se poursuivre dans plusieurs directions : localisation du virus dans le sperme, compartimentalisation, retentissement des traitements antirétroviraux sur la fécondance du sperme. Le suivi psychologique des couples avant, pendant et après ne doit pas être négligé.

Il est donc possible aujourd’hui pour ces couples sérodifférents de procréer avec un risque minime de contamination pour la conjointe et pour l’enfant à naître et c’est du devoir des équipes médicales de les informer de ces possibilités et de les aider dans leur démarche.

Références

Lesourd F., Izopet J., Mervan C., et coll. Transmissions of hepatitis C virus during the ancillary procedures for assisted conception. Hum. Reprod., 15, 1083-1085, 2000.

Auroux M. ; Plachot M. ; Débat : Faut-il traiter l’infertilité chez les couples dont l’un des partenaires est séropositif ? Contracept. Fertil. Sex., 27, 118-121, 1999.

Levy R., Tardy J.C., Bourlet T. et coll. Risque viral lié au virus de l’hépatite C en AMP. Andrologie, 10, 58-65, 2000.

Leruez-Ville M., Kunstmann J.M., De Almeida M. et coll. Detection of hepatitis C virus in the semen of infected men. The Lancet, 356, 42-43, 2000.

Marina S., Marina F., Alcolea R. et coll. Human immunodeficiency virus type 1-serodiscordant couples can bear healthy children after undergoing intrauterine insemination. Fertil. Steril.,70, 35-39, 1998.

Marina S., Marina F., Alcolea R. et coll. Pregnancy following intracytoplasmic sperm injection from an HIV-1-seropositive man. Hum. Reprod., 13, 3247-3249, 1998.

Coll O., Vidal R., Martinez de Tejada B. et coll. Prise en charge des couples serodifférents : le point de vue du clinicien. Contracept. Fertil. Sex., 27, 399-404, 1999.

Semprini A.E., Levy-Setti P., Bozzo M., et coll. Insemination of HIV-negative women with processed semen of HIV-positive partners. The Lancet, 340, 1317-1319, 1992.

Annexe 1

Protocoles à appliquer au cours des techniques de FIV pour la manipulation des liquides biologiques, des gamètes et des embryons susceptibles d’être infectés par le virus de l’hépatite B ou C

J.F. Guérin
Document préparé pour les BLEFCO

POSITION DU PROBLEME

Les manipulations effectuées par les biologistes au cours d'une fécondation in vitro comportent:

Le jour de la ponction (JO)
La recherche, sous la loupe binoculaire, des ovocytes dans le liquide de ponction folliculaire, leur isolement dans un milieu de culture et leur mise en incubation dans une étuve gazée, l'isolement, par lavage / centrifugation, des spermatozoïdes à partir du sperme éjaculé et leur mise en incubation dans une étuve gazée, l'insémination des ovocytes par les spermatozoïdes et leur mise en incubation dans une étuve gazée.
Le lendemain de la ponction (Jl)
L'observation des ovocytes inséminés, la décoronisation des ovocytes sous loupe binoculaire, le changement du milieu de culture et la remise en incubation dans une étuve gazée.
Deux jours après la ponction (J2)
L'observation des embryons au microscope inversé, le chargement, sous loupe binoculaire, des embryons sélectionnés dans un cathéter de transfert et la congélation éventuelle des embryons surnuméraires.

Le but du protocole décrit ci-dessous est de réduire au maximum les risques de contamination virale du personnel qui manipule les produits infectieux ainsi que les risques de contamination virale des gamètes et des embryons de couples indemnes en cours de traitement au laboratoire pendant la même période ; les précautions sanitaires d'usage étant respectées par ailleurs (évacuation des déchets, du matériel contaminé, etc.).
Ces risques sont liés à la possibilité d'aérosolisation des liquides infectés (sur la paillasse, dans les étuves ou au cours d'une centrifugation) ou à une erreur de manipulation (projection d'un liquide infecté sur une personne ou un objet).

MESURES GENERALES

1 - Protection du personnel

  • Port de gants étanches, d'un sarrau à manches longues (veiller à ce qu'il n'y ait pas d'espace non couvert entre le gant et la manche), de lunettes de protection, d'un masque chirurgical et d'un bonnet.
    Au sujet des gants :
    - le latex protège mieux que le chlorure de polyvinyl ou le polyéthylène
    - avant de mettre des gants, recouvrir toute égratignure par un pansement adhésif hermétique
    -
    éviter de passer les gants à l'alcool car ceci les perméabilise vis-à-vis de certains microorganismes
    - enlever les gants pour répondre au téléphone, travailler sur l'ordinateur, se rendre dans une autre pièce
  • lavage des mains au savon puis à l'alcool à 70°C en fin de manipulation
  • ne pas travailler sous hotte à flux laminaire horizontal, utiliser une paillasse « ouverte » ou une enceinte fermée, à proximité d'une flamme
  • ne pas rester à proximité des centrifugeuses pendant quelles fonctionnent
  • la vaccination contre l'hépatite « B » doit, par ailleurs, être à jour

Autres mesures de protection

  • éviter de porter les mains au visage ou aux yeux
  • ne jamais pipeter à la bouche
  • éviter l'utilisation d'objets piquants ou tranchants (attention aux pipettes en verre effilées)
  • utiliser de préférence les centrifugeuses ayant un capuchon pour les nacelles
  • la centrifugation sera toujours effectuée dans des tubes fermés, l'équilibrage autour du rotor sera effectué avec de l'eau dans des tubes identiques que l'on fermera
  • ne pas laisser sortir de matériel ou produit biologique contaminé hors du laboratoire

2 - Protection des gamètes et des embryons de couples indemnes en cours de traitement au laboratoire pendant la même période

Afin que les prélèvements sains et contaminés ne puissent pas se trouver à proximité l'un de l'autre, il convient :
- de dissocier les prélèvements et les manipulations dans le temps : la ponction, le traitement du sperme, l'observation à Jl et le transfert des embryons doivent être effectués après que le traitement des gamètes ou des embryons de patients non porteurs soit achevé ; les ponctions folliculaires de femmes porteuses doivent donc être programmées en dernier
- de cultiver les gamètes et les embryons contaminés (ou considérés comme tels) dans une étuve indépendante
- deux couples « à risque » ne peuvent pas être pris en charge dans la même journée. Il faut donc espacer les ponctions de 2 jours entre 2 couples « à risque » (temps nécessaire pour aller de l'insémination au transfert).
Tous les matériels en contact direct avec les prélèvements (seringues, embouts de pipetage, pipettes, tubes à centrifuger, boites de cultures) sont à usage unique et jetés immédiatement après usage dans des conteneurs ad hoc évacués à la fin des manipulations.
En dehors de projections accidentelles de liquides contaminés, les statifs des loupes et des microscopes, les étuves, sont décontaminés par un désinfectant virucide (type «SURFANIOS»); les surfaces de travail sont décontaminées à l'eau de javel 12°C chlorométrique à la fin des manipulations. Les sols et le mobilier sont nettoyés à l'Hexanios.

MANIPULATIONS DES SPERMES INFECTES

Les spermes doivent être traités un par un, sous hotte à flux vertical si possible, qui sera nettoyée entre chaque patient. Après liquéfaction, le sperme sera centrifugé sur gradient de densité. Il est recommandé de ne pas toucher les parois des tubes proches de leur extrémité, avec la pointe ou l'embout de la pipette. Le fait de travailler sous une couche d'huile augmente la sécurité. Le lavage de la fraction la plus concentrée du gradient de densité, qui sera utilisée pour l'AMP, s'effectuera en respectant les mêmes précautions.

Prélèvement des aliquots pour recherche de l'ARN viral

Un volume minimum de 0,2 ml correspondant respectivement : au sperme «total» après liquéfaction, à la fraction 90 ou 100% du gradient de densité utilisé pour l'AMP, et à la fraction supérieure du gradient (en général : 40-50%), sera congelé à – 30°C ou mieux à – 80°C. Les tubes peuvent être placés directement dans le congélateur, l'objectif étant d'effectuer ultérieurement une recherche d'ARN viral, et non de préserver la viabilité des spermatozoïdes. A – 30°C, la conservation ne pourra excéder 3 mois. Au moment du transfert, un aliquot du milieu de culture embryonnaire sera prélevé et congelé dans les mêmes conditions.
Deux stratégies sont possibles :

  • soit le laboratoire d'AMP suit à la lettre le protocole multicentrique tel qu'il a été présenté au CCPPRB : les aliquots sont congelés pour attendre un ramassage collectif. ils ne seront analysés qu'en cas d'augmentation de l'incidence des contaminations du conceptus, donc dans tous les cas bien plus tard. L'AMP est donc effectuée sans connaître les résultats
  • soit le laboratoire d'AMP décide de jouer la prudence « maximale », auquel cas il devra congeler la fraction destinée à l'AMP, en respectant cette fois les procédures classiques relatives à la congélation des spermatozoïdes, afin de préserver au mieux leur viabilité et leur mobilité.

MANIPULATION DES LIQUIDES FOLLICULAIRES INFECTES

On demandera au gynécologue d'éviter au maximum de contaminer par du sang les prélèvements de liquides folliculaires. Les prélèvements jugés trop sanglants pourront être écartés, et la recherche de complexes cumulo-ovocytaires (CCO) non effectuée dans ceux-ci. Il est conseillé de rechercher les CCO à l'oeil nu, sous hotte à flux vertical : les CCO ainsi collectés seront rincés dans plusieurs bains successifs de milieu de culture ovocytaire. Il est conseillé de travailler sous huile, afin de réduire les risques d'aérosolisation directe. A la fin de la série de lavages, les CCO sont transférés dans une ou plusieurs boites de cultures, contenant du milieu également sous huile, et examinés sous loupe afin de confirmer la présence de l'ovocyte.

Prélèvement des aliquots pour recherche de l'ARN viral

Les prélèvements suivants seront congelés dans un congélateur à – 70°C :

  • fluides folliculaires poolés (0,5 ml)
  • milieu d'incubation des ovocytes avant fécondation, poolés (0,5 ml)
  • milieu de culture au moment du transfert, poolés (0,5 ml)

CONGELATION DES EMBRYONS SURNUMERAIRES

Dans la mesure où ces embryons sont issus de patients à risque viral, il est recommandé
d' utiliser des paillettes haute sécurité ; pour éviter tout risque de contamination des paillettes
non à risque, il serait souhaitable de pouvoir les stocker dans une cuve d'azote liquide
réservée à ces cas.