Les
vaccins Hexavalents
J.
Gaudelus
Service
de Pédiatrie - CHU Jean Verdier 93140 Bondy
Les
progrès de la vaccinologie permettent de concevoir un grand nombre de
vaccins. L'introduction d'un nouveau vaccin dans le calendrier vient compliquer
des programmes vaccinaux de plus en plus sophistiqués ainsi que leur
mise en uvre. Il est devenu nécessaire, pour ne pas dire indispensable
de combiner des vaccins dans une seule seringue. Le fait d'ajouter un ou plusieurs
antigènes à des combinaisons déjà existantes et
éprouvées est susceptible de modifier la tolérance, l'immunogénicité
voire l'efficacité de cet antigène ou de chacun des autres auxquels
il est combiné.
La mise au point de vaccins hexavalents immunisant simultanément contre
la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite,
l'Haemophilus influenzae b et l'Hépatite B constitue un indéniable
progrès qui devrait permettre en particulier d'améliorer la couverture
vaccinale vis à vis de l'hépatite B.
Calendrier
vaccinal 2001.
Le
calendrier vaccinal actuel recommande dès l'âge de 2 mois 3 injections
à un mois d'intervalle des vaccins diphtérie, tétanos,
poliomyélite, coqueluche et Haemophilus influenzae b (DTCePiHib) suivi
d'un rappel à 16-18 mois. Pour la coqueluche, le comité technique
des vaccinations et le conseil supérieur d'hygiène publique de
France recommandent d'effectuer la primovaccination avec un vaccin dit à
germes entiers, le rappel à 16-18 mois pouvant être effectué
soit avec un vaccin à germes entiers soit avec un vaccin acellulaire,
le rappel à 11-13 ans devant être effectué avec un vaccin
acellulaire. Il est cependant possible d'utiliser les vaccins coquelucheux acellulaires
pour les 3 premières injections. Le vaccin Hépatite B est recommandé
en 3 injections dès l'âge de 2 mois, les 2 premières injections
étant effectuées avec un intervalle de 1 ou 2 mois et la 3e injection
avec un intervalle de 5 à 12 mois après la 2e injection.
Composition
des vaccins hexavalents.
Deux
vaccins hexavalents ont une autorisation de mise sur le marché au niveau
européen, l'un produit par Aventis Pasteur MSD (AP), l'autre par Glaxo
Smith Kline ( GSK).
La composition de ces deux vaccins est rapportée tableau 1. Ils contiennent
tous les deux des vaccins coquelucheux acellulaires mais le nombre d'antigènes
diffère de l'un à l'autre : deux antigènes, toxine pertussique
(PT) et Hemagglutinine Filamenteuse (FHA) pour le vaccin AP. Trois antigènes,
la pertactine (PRN) en plus des deux autres pour le vaccin SB.
Ces deux vaccins diffèrent également par la dose d'antigène
recombinant d'Hépatite B : 5 µg pour le vaccin AP, 10 µg pour le vaccin
SB.
VACCINS
HEXAVALENTS
Tableau
1 : Composition des vaccins hexavalents.
Modifications
induites par l'utilisation des vaccins hexavalents par rapport aux recommandations.
L'utilisation
exclusive des vaccins hexavalents aurait pour conséquence d'effectuer
la primovaccination anticoquelucheuse avec un vaccin acellulaire ce qui doit
conduire à évaluer la tolérance, l'immunogénicité
et l'efficacité d'une telle mesure.
Le fait de mélanger dans la même seringue un vaccin coquelucheux
acellulaire et un vaccin anti Haemophilus b induit une diminution de la production
des anticorps anti Haemophilus b. Il faut impérativement s'assurer que
cette baisse d'immunogénicité ne s'accompagne pas d'une baisse
d'efficacité.
Cette baisse d'immunogénicité est retrouvée également
pour l'Hépatite B. Celle-ci a-t-elle une incidence sur l'efficacité
en particulier à long terme de ce vaccin ? L'utilisation exclusive des
vaccins hexavalents conduirait par ailleurs à l'utilisation de 4 doses
alors que seulement 3 sont recommandées.
Vaccination
anticoquelucheuse
L'utilisation
des vaccins hexavalents, ne contenant que des vaccins coquelucheux acellulaires
apporte une amélioration de la tolérance de la primovaccination.
Les effets indésirables qu'ils soient locaux (rougeur, induration, douleur)
ou généraux (fièvre, irritabilité, somnolence…)
du vaccin pentavalent utilisé en primovaccination (Pentacoq®) sont
dus en grande partie au vaccin coquelucheux à germes entiers. Les études
ayant comparé la tolérance des vaccins coquelucheux à germes
entiers à celles des vaccins acellulaires ont montré de façon
constante une meilleure tolérance des vaccins coquelucheux acellulaires.
Lorsqu'on compare la tolérance du vaccin hexavalent AP à celle
de l'administration du vaccin pentavalent AP contenant un vaccin coquelucheux
acellulaire (Pentavacâ) et du vaccin Hépatite B en 2 points séparés,
on ne trouve aucune différence (1). La tolérance observée
avec le vaccin hexavalent GSK et avec l'administration d'un vaccin à
5 valences (diphtérie, tétanos, coquelucheux acellulaire, poliomyélite,
hépatite B) associé à l'Haemophilus b en 2 points séparés
est tout à fait comparable (2).
- L'immunogénicité
des vaccins coquelucheux acellulaires est au moins aussi bonne que celle du
vaccin coquelucheux à germes entiers mais il n'y a pas de corrélation
nette entre immunogénicité et efficacité en ce qui concerne
la coqueluche. Deux essais menés en Suède ont montré
que la toxine pertussique (PT) peut exercer à elle seule un certain
degré de protection. Un essai suggère que l'hémagglutinine
filamenteuse (FHA) est utile, deux essais suggèrent que la pertactine
(PRN) augmente l'efficacité de la toxine pertussique et un essai suggère
que les agglutinogènes augmentent l'efficacité de ceux qui comportent
PT, FHA et PRN.
- L'efficacité
protectrice du vaccin coquelucheux français à germes entiers
contenu dans le Pentacoqâ est très bonne de l'ordre de 98 % chez
les vaccinés à 6 mois à 2 ans, de 94 % chez ceux de 2
à 6 ans et de 95 % entre 6 et 12 ans (3).
Les études
menées sur les vaccins acellulaires disponibles en France ont montré
une efficacité protectrice après primovaccination par 3 doses
(4) :
- pour le vaccin SB : de 84 % (IC 95 % 76-89) à 89 % (IC 95 % 77-95)
dans les 12 mois suivant la vaccination et de 78 % (IC 95 % 62-87) 19 à
23 mois après la vaccination.
- pour le vaccin AP : de 85 % (IC 95 % 62-93) à 12 mois.
La comparaison du vaccin à germes entiers français avec un vaccin
acellulaire n'est possible qu'à travers l'étude de Simondon (5)
et montre que le vaccin à germes entiers a un pouvoir protecteur plus
élevé que le vaccin acellulaire : 96 % versus 86 %. D'une façon
générale, la comparaison en terme d'efficacité des meilleurs
vaccins à germes entiers, c'est à dire ceux dont l'efficacité
est supérieure à 90 % aux vaccins acellulaires montre une différence
de l'ordre de 5 à 10 %, toujours en faveur des vaccins à germes
entiers.
Le travail de Olin et coll (6) a comparé le vaccin à germes entiers
utilisé au Royaume-Uni, dont l'efficacité est de l'ordre de 95
% à 3 vaccins acellulaires : vaccins 2 composants PT et FHA de SB, vaccin
3 composants PT, FHA et PRN de Chiron Vaccines et vaccin 5 composants PT, FHA,
PRN et fimbriae d'AP-MSD. Cette étude montre que durant la période
de suivi (en moyenne 22 mois), après la 3eme dose de vaccin, les vaccins
3 composants et 5 composants ne diffèrent pas significativement du vaccin
à germes entiers en ce qui concerne la protection vis à vis des
coqueluches typiques (toux spasmodique d'au moins 3 semaines avec culture positive).
Le vaccin 3 composants protège mieux que le vaccin 2 composants pour
des coqueluches typiques et des infections coquelucheuses à partir de
la 1ère dose et entre la 2e et la 3e dose. Enfin le vaccin 3 composants
est moins efficace que le vaccin 5 composants et le vaccin à germes entiers
contre toutes les formes de coqueluche confirmées par la culture quelles
que soient la durée et la sévérité de la toux.
L'utilisation de vaccins coquelucheux acellulaires en primovaccination, possible
même si elle n'est pas recommandée par le comité technique
des vaccinations en France, risque donc de faire perdre un peu en efficacité.
Il est cependant nécessaire de rappeler que ces vaccins acellulaires
sont efficaces comme le montre la surveillance de l'épidémiologie
en Suède ou l'incidence de la coqueluche est passée de 150 pour
100 000 en 1994 à 16 pour 100 000 en 1998, les enfants ayant été
vaccinés principalement avec le vaccin SB à 3 composants à
partir de janvier 1996 et la couverture vaccinale étant de l'ordre de
95 % (7). Peu de données existent concernant la durée de la protection
conférée par les vaccins acellulaires. Bien qu'il n'y ait pas
de corrélation établie entre le type, la quantité d'anticorps
et la protection vis à vis de la maladie, 2 études recentes ont
comparé 2 groupes d'enfants âgés de 2,5 à 5 ans,
1 à 3 ans après vaccination (3 doses + 1 rappel) soit par le vaccin
acellulaire à 3 composants de SB, soit par le Pentacoqâ à
germes entiers d'AP. Elles montrent qu'il y a au moins équivalence en
ce qui concerne les taux d'anticorps anti PT, anti FHA et anti PRN. Il en est
de même pour ce qui est de l'exploration de l'immunité cellulaire
entre les 2 groupes, qu'il s'agisse de la prolifération cellulaire ou
de la sécrétion de cytokines.
Vaccination
anti Haemophilus b
Il
existe une corrélation entre les taux d'anticorps sériques anti
PRP (polyribosylribitol phosphate) et la protection vis à vis des infections
invasives à Haemophilus b. Les taux d'anticorps de 0,15 µg/ml considéré
comme taux protecteur " minimal " et de 1 µg/ml considéré
comme taux protecteur " de longue durée " ont été
déterminés avec le vaccin anti Haemophilus polysaccharidique,
utilisé avant les vaccins conjugués. En effet, l'incidence des
infections à Haemophilus b (liée à l'âge) diminue
nettement lorsqu'il existe une concentration sérique de 0,15 µg/ml ou
plus et l'efficacité du vaccin était corrélée avec
l'induction d'un taux d'anticorps de 1 µg/ml ou plus par la vaccination. Les
déductions ont donc été qu'un taux d'anticorps de 0,15
µg/ml protège d'une bactériémie et que ce taux était
très probable chez les enfants ayant un taux après vaccination
supérieur à 1 µg/ml.
La conjugaison du polysaccharide (PRP) avec une protéine permet non seulement
d'immuniser le petit nourrisson mais aussi d'augmenter la moyenne des titres
d'anticorps à tous les âges et d'induire une mémoire immunitaire.
L'existence de cellules mémoires de type B peut être déduite
de l'effet rappel obtenu avec le polysaccharide seul chez les sujets primovaccinés
par le vaccin conjugué qui simule mieux l'exposition à la bactérie.
Il est donc vraisemblable que l'induction d'anticorps par la vaccination même
à des taux faibles (en pratique > 0,15 µg/ml) avec ces vaccins suffise
à protéger compte tenu de l'induction d'une mémoire immunitaire.
La combinaison du vaccin anti Haemophilus b avec un vaccin coquelucheux acellulaire
provoque une diminution de la production des anticorps anti Haemophilus lorsque
cette combinaison est utilisée en primovaccination si on la compare au
taux d'anticorps obtenu lorsque le vaccin anti Haemophilus est administré
séparément.
Le vaccin hexavalent SB a été comparé à l'administration
simultanée en 2 points séparés de DTCaPiHB et Hib. Les
moyennes géométriques des titres (MGT) des anticorps anti PRP
sont respectivement de 2,62 µg/ml (IC 95 % 2,1-3,2) et de 4,45 µg/ml (IC 95
% 3,6-5,5) dans le groupe combiné et le groupe séparé.
Dans le groupe ayant reçu l'hexavalent 99,3 % (IC 95 % 96,2-100) avaient
des taux d'anticorps anti PRP = 0,15 µg/ml versus 100 % (IC 95 % 97,4-100) dans
le groupe vacciné en 2 injections séparées. Des taux d'anticorps
anti PRP = 1 µg/ml sont retrouvés respectivement dans 77,2 % (IC 95 %
69,5-83,8) et 88,6 % (IC 95 % 82,1-93,3) dans les groupes combinés et
séparés (2).
Le vaccin hexavalent AP a été comparé à 2 administrations
séparées de Pentavacâ et d'HBVax. On compare donc ici 2
formulations comportant toutes les 2 un mélange PRP-T et un vaccin coquelucheux
acellulaire. Il n'est donc pas étonnant de ne pas trouver de différence.
Signalons toutefois que 68,6 % des sujets ayant reçu l'hexavalent ont
des taux = 1 µg/ml après les 3 premières injections comparativement
à 85,8 % des sujets ayant reçu Pentavacâ + HBVax. Le pourcentage
de sujets ayant un taux = 0,15 g/ml est respectivement de 93,7 % dans le groupe
Hexavac et de 99,7 % dans le groupe Pentavacâ + HBVax (1).
Enfin la plupart des études montrent que les combinaisons comportant
un mélange de vaccin coquelucheux acellulaire et de vaccin Haemophilus
b sont très immunogènes en rappel.
Le fait de combiner un vaccin anticoquelucheux acellulaire et un vaccin conjugué
anti Haemophilus b diminue donc l'immunogénicité du vaccin anti
Haemophilus avec une diminution de la moyenne géométrique des
titres d'anticorps anti PRP et une diminution du pourcentage d'enfants ayant
un taux d'anticorps supérieurs à 1 µg/ml après la 3e injection
en primovaccination. Le problème est de savoir quelle est la signification
clinique de cette diminution d'immunogénicité et si les enfants
vaccinés par les combinaisons hexavalentes sont aussi bien protégés
contre les infections invasives à Haemophilus b qu'avec les vaccins dont
nous disposions antérieurement.
L'existence d'une mémoire immunitaire dont témoigne non seulement
l'augmentation importante et rapide du taux des anticorps lors du rappel, mais
aussi l'avidité des anticorps est un phénomène important
dans la durée de la protection. L'Allemagne vaccine depuis maintenant
plus de 2 ans avec des vaccins pentavalent comportant un vaccin coquelucheux
acellulaire (avant tout le vaccin Infanrix Polio Hib de SB) et surveille activement
les infections invasives à Haemophilus influenzae b. Avec le recul dont
on dispose ces vaccins ont une efficacité de 98,8 % (IC 95 % ; 98,2 ;
99,3) lorsque les 3 premières doses ont été administrées
dans la première année (8).
Vaccination
contre l'Hépatite B.
Il
est en règle admis que les sujets qui ont un taux d'anticorps supérieur
à 10 mUI/ml après vaccination sont protégés au moins
d'une hépatite à expression clinique et d'une infection chronique
et il semble que la durée pendant laquelle le taux d'anticorps reste
supérieur à 10 mUI/ml soit proportionnelle au pic d'anticorps
obtenu après 3 injections. Les nourrissons s'immunisent particulièrement
bien et il n'est pas rare de voir des anticorps très élevés
après 3 injections. L'efficacité du vaccin anti Hépatite
B a été montrée dans de très nombreux essais cliniques.
La protection est voisine de 100 % chez les sujets ayant un taux d'anticorps
supérieur à 10 mUI/ml après vaccination.
La diminution du taux d'anticorps sériques au-dessous du seuil considéré
comme seuil de protection ne signifie pas absence de protection. L'existence
d'une mémoire immunologique permet en cas d'infection une réponse
anamnestique protectrice, favorisée par la relativement longue durée
d'incubation de la maladie.
Plusieurs arguments démontrent l'existence de cette mémoire immunologique.
- des arguments biologiques : rapide augmentation des anticorps à la
suite de l'administration d'une dose de rappel 5 à 12 ans après
la primovaccination y compris chez des sujets très peu exposés
à des rappels naturels par exposition au virus. Tests in vitro : que
les sujets présentent ou non des anticorps résiduels plusieurs
années après la vaccination, on observe une similitude des réponses
à des tests de stimulation des lymphocytes B mémoires.
- des arguments épidémiologiques : ces données ont été
obtenues dans le cadre des études de suivi de cohortes de sujets à
haut risque, portant sur des périodes allant jusqu'à 12 ou 15
ans. Ces études ont montré, chez les sujets immunologiquement
compétents ayant répondu à la primovaccination que malgré
des contacts fréquents avec le virus de l'Hépatite B, attestés
biologiquement, et malgré des proportions de sujets ayant des taux d'anticorps
inférieurs à 10 mUI/ml allant jusqu'à 50 % dans certaines
études, l'absence quasi totale d'infections aiguës symptomatiques
et d'infections chroniques. Ce sont ces données qui ont permis la suppression
des rappels chez les sujets immunologiquement compétents (9).
On peut raisonnablement conclure de ces études que les sujets ayant un
taux d'anticorps supérieur à 10 mUI/ml après vaccination
ont une protection de longue durée. Des travaux récents suggèrent
que l'importance de la mémoire immunitaire et par conséquent la
qualité de la réponse immune secondaire pourrait être corrélée
à la réponse en anticorps induite par la primovaccination. La
dose d'antigène ainsi que sa structure sont des éléments
importants déterminant la réponse anticorps et le développement
de la mémoire immuntaire (10).
L'immunogénicité de la valence hépatite B lorsqu'elle est
incluse dans les vaccins hexavalents a donné lieu aux résultats
suivant :
- L'immunogénicité de l'Hexavalent AP (Hexavacâ) vis à
vis de l'hépatite B a été comparée à celle
de l'administration séparée Pentavacâ + HBVaxâ , la
quantité d'antigène recombinant étant de 5 µg. Trois doses
étant administrées respectivement à 2, 4 et 6 mois ce qui
est décalé par rapport à notre calendrier vaccinal. Un
mois après la 3e dose on note une diminution de la moyenne géométrique
des titres d'anticorps vis à vis de l'hépatite B dans le groupe
combiné par rapport au groupe ayant reçu 2 injections séparées
respectivement 434 (IC 95 % 362-520) et 983 (IC 95 % 871-1109). Le pourcentage
d'enfants ayant un taux d'anticorps supérieur ou égal à
10 mUI/ml n'apparaît pas significativement différent : 96,6 % dans
le groupe combiné et 100 % dans le groupe ayant reçu séparément
le vaccin anti hépatite B.
- L'immunogénicité du vaccin hexavalent SB (Infanrix hexaâ)
est comparée dans l'étude de Schmitt (2) à l'administration
séparée de DTCaPiHB et Hib. Le vaccin est administré à
2, 3 et 4 mois. La quantité d'antigène recombinant est de 10 µg.
La moyenne géométrique des titres d'anticorps anti hépatite
B est un peu plus basse dans le groupe combiné : 393 (IC 95 % 316-489)
que dans le groupe à administration séparée : 524,9 (IC
95 % 424-650). Le pourcentage d'enfants ayant un taux d'anticorps supérieur
ou égal à 10 mUI/ml est de 98,6 % dans les 2 groupes.
Il faut noter que les 2 études publiées sur l'immunogénicité
des vaccins hexavalents en ce qui concerne le vaccin hépatite B ne correspondent
pas au calendrier vaccinal français puisque les recommandations sont
actuellement de 3 doses correspondant au schéma 0, 1, 5 à 12 mois
ou 0, 2, 5 à 12 mois et ne comportent que 3 injections.
Conclusion
Les
vaccins hexavalents réalisent une sorte de compromis entre
- des avantages certains :
réduction du nombre d'injections (de 9 à 6 avant l'âge de
2 ans), simplification du calendrier vaccinal, meilleure tolérance du
fait de l'utilisation en primovaccination des vaccins coquelucheux acellulaires.
La diminution du nombre d'injections devrait favoriser la vaccination contre
le pneumocoque par un vaccin polysaccharidique conjugué et son intégration
dans le calendrier vaccinal dès l'âge de 2 mois.
- des inconvénients potentiels impliquant une surveillance épidémiologique
:
moindre immunogénicité pour les vaccins anti haemophilus b et
anti hépatite B mais avec de solides arguments pour penser qu'elle sera
sans conséquence clinique, diminution d'efficacité possible de
5 à 10 % en ce qui concerne la protection vis à vis de la coqueluche.
Ils devraient permettre d'augmenter la couverture vaccinale vis à vis
de l'hépatite B. Substituer simplement les hexavalents aux pentavalents
aurait pour conséquence de faire 4 injections de vaccin hépatite
B alors que l'on sait aujourd'hui que 3 injections suffisent pour protéger.
Une vaccination comportant 2 injections d'hexavalent à 2 et 3 mois et
un pentavalent à 4 mois ou encore 2 injections d'hexavalent à
2 et 4 mois et un pentavalent à 3 mois avec dans ces 2 cas un rappel
avec l'hexavalent paraît donc plus souhaitable même si elle peut
sembler plus complexe. En dépit de ces interrogations sur ces modalités
d'administration, le vaccin hexavalent, en donnant la possibilité d'administrer
6 valences vaccinales en une seule injection constitue un remarquable progrès.
Liste des abréviations utilisées
D
vaccin antidiphtérique
T vaccin antitétanique
C vaccin anticoquelucheux
Ce vaccin anticoquelucheux à germes entiers
Ca vaccin anticoquelucheux acellulaire
P vaccin antipoliomyélitique
Pi vaccin antipoliomyélitique injectable (inactivé)
Hib vaccin anti Haemophilus influenzae b
PRP Polyribosylribitolphosphate
PRP-T Polyribosylribitolphospate conjugué à l'anatoxine
tétanique modifiée
HB vaccin anti hépatite B
DTCPi Hib signifie que les différents antigènes sont combinés
dans la même seringue.
DTCPi + Hib signifie que les 4 premiers antigènes sont combinés
dans la même seringue et que le vaccin Hib est fait en une 2e injection
séparée.
MGT moyenne géométrique des titres
Mots
Clés : Vaccination Vaccins hexavalents Nourrissons.
Références
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- MALLET E., FABRE P., PINES E. et al. Immunogenicity and safety of a new liquid
hexavalent combined vaccine compared with separate administration of reference
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polio virus and Haemophilus influenzae type b vaccines given as either separate
or mixed injections. J Pediatr 2000, 137, 304-12.
3 - BARON S, GRIMPREL E., DAURAT G. et al. Estimation épidémiologique
de l'efficacité de la vaccination anticoquelucheuse au cours d'épidémies
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4 - GAUDELUS J., GUISO N., REINERT P. Les vaccins anticoquelucheux : composition,
tolérance, immunogénicité et efficacité. Justifications
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pertussis vaccine. Ad Hoc group for the study of pertussis vaccine. Lancet,
1997, 350, 1569-1577.
7 - OLIN P. Marked decline in pertussis followed reintroduction of pertussis
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8 - SCHMITT H-J., VONKRIES R., HASSENPFLUG B., et al. Haemophilus influenzae
type b disease : impact and effectiveness of diphteria - tetanus toxoids-acellular
pertussis (-inactivated poliovirus)/H. influenzae type b combination vaccines.
Pediatr Infect Dis J. 2001, 20, 767-74.
9 - European consensus group on hepatitis B immunity. Are booster immunisations
needed for lifelong hepatitis B immunity ? Lancet, 2000, 355, 561-565.
10 - BANATVALA J., VAN DAMME P., OEHEN S. Lifelong protection against hepatitis
B : the role of vaccine immunogenicity in immune memory. Vaccine 2001, 19, 877-885.
Résumé
La
mise au point de vaccins hexavalents immunisant simultanément contre
la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite,
l'Haemophilus influenzae b et l'Hépatite B constitue un progrès
certain qui devrait permettre d'améliorer la couverture vaccinale vis
à vis de l'hépatite B. Ces vaccins ne contiennent que des vaccins
coquelucheux acellulaires. Leur utilisation en primovaccination améliore
la tolérance mais est peut être à l'origine d'une perte
d'efficacité de l'ordre de 5 à 10 %.
Le fait de mélanger un vaccin coquelucheux acellulaire avec un vaccin
conjugué anti Haemophilus b diminue l'immunogénicité de
ce dernier mais ceci ne semble pas avoir de conséquences cliniques.
L'adjonction aux vaccins pentavalents du vaccin recombinant hépatite
B diminue également l'immunogénicité du vaccin Hépatite
B mais du fait de l'induction d'une mémoire immunitaire une protection
très prolongée est vraisemblable près 3 injections.
Encadré
·
Les vaccins hexavalents permettent d'immuniser simultanément contre la
diphtérie, le tétanos, la coqueluche, la poliomyélite,
l'Haemophilus influenzae b et l'Hépatite B.
· Seuls des vaccins coquelucheux acellulaires sont contenus dans les
vaccins hexavalents.
Le vaccin SB comporte 3 antigènes : TP, FHA, PRN (Infanrix Hexa ®)
Le vaccin AP comporte 2 antigènes : PT, FHA. (Hexavac ® )
Utilisés en primovaccination, ces vaccins coquelucheux acellulaires améliorent
la tolérance. Il est possible qu'ils diminuent l'efficacité de
5 à 10 %.
· Le mélange des vaccins coquelucheux acellulaires avec les vaccins
conjugués anti Haemophilus b diminue l'immunogénicité du
vaccin anti Haemophilus, mais l'induction d'une mémoire immunitaire et
son caractère fonctionnel font que cette moindre immunogénicité
semble sans conséquence clinique.
· L'adjonction du vaccin recombinant Hépatite B aux vaccins pentavalents
diminue l'immunogénicité du vaccin Hépatite B. Des études
de suivi de cohorte permettent d'affirmer que la protection vis à vis
d'une infection symptomatique et vis à vis d'un passage à la chronicité
existe chez les vaccinés immunocompétents même lorsque les
anticorps sont à moins de 10 mUI/ml. Ceci est dû à l'induction
d'une mémoire immunitaire dont il est vraisemblable qu'elle dure à
vie.
· Dans la mesure ou 3 injections suffisent à protéger pour
l'Hépatite B, le calendrier vaccinal devra être modifié
avec des schémas du type : 2 injections d'hexavalent à 2 et 3
mois et un pentavalent à 4 mois ou encore 2 injections d'hexavalent à
2 et 4 mois et un pentavalent à 3 mois avec dans les 2 schémas
un rappel avec l'hexavalent.
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