ASPECTS
BIOLOGIQUES DE L’ASSURANCE QUALITE EN AMP
P. CLEMENT,
P. COHEN–BACRIE
Laboratoire Clément,
8 avenue Henri Barbusse, 93 150 Le Blanc Mesnil
Laboratoire d’Eylau, 55 rue Saint Didier, 75 116 Paris
Depuis
les publications des différentes lois et décrets d’application parus au Journal
Officiel la qualité apportée aux actes d’AMP a nettement été renforcée. Les
aspects biologiques de l’assurance de qualité en AMP font l’objet de ce travail.
1
Respect des procédures générales
1.1
Coordination cliniciens biologistes
Tout
dossier d’assistance médicale à la procréation (AMP) doit être étudié en réunion
pluridisciplinaire clinico-biologique avant tout acte d’AMP.
Ces réunions doivent être régulières, planifiées. Elles sont le lieu d’échanges
privilégiés entre les différents acteurs des actes d’AMP. Elles permettent une
confrontation des données cliniques, biologiques, et psychologiques.
Des
comptes rendus de ces réunions pluridisciplinaires doivent être faits et conservés
dans un registre, pendant 3 ans. Pour chaque couple la décision prise au moment
de la réunion doit être notée dans ce registre.
Le couple
doit être informé de l’étude de son dossier à la réunion pluridisciplinaire,
en lui précisant la décision qui a été prise.
Pour
chaque acte d’AMP, une fiche clinique complète doit être remplie par le clinicien,
à l’attention du biologiste.
Exemple
de fiche clinique
MEDECIN :
|
CENTRE
A.M.P
Tel : Fax :
|
MADAME
Nom :
Prénom :
35-Date
de naissance :
|
MONSIEUR
Nom :
Prénom :
Date
de naissance :
|
47
Trompe droite :
-1-normale 2-altérée 3-obturée 5-absente
Trompe
gauche : 1-normale 2-altérée 3-obturée 5-absente
1-plastie tubaire
2- GEU
Hydrosalpinx : oui non
48
Ovulation : 1-normale 2-Dysovulation 3-Anovulation 4-OPK
Chirurgie
ovarienne : 1- Ovariectomie 2- Kystectomie 3
-Endocoagulation
49
Endométriose : 0-non 1-Ovarienne kystique 2-Péritonéale
3-Mixte 4-Inconnue 5-Stade AFS 6-Traitement
récent analogue
50
Utérus : 1-Normal 2-DES 3-Malformation hors DES
4-Myomateux 5-Adénomyose
6-Curetage 7-Ablation polype 8-Synéchie
9-Myomectomie voie haute ou 10- voie basse
51 –Autre
en clair :
Col :
1-Test de Hunher positif 2-Négatif problème de glaire
3-Négatif problème de sperme
4-Négatif problème mixte
Anticorps :
1-Oui 0- Non
Chirurgie :
1-Conisation 2-Electrocoagulation
Antécédents
obstétricaux hors FIV –Hors couple
1-Accoucht :
2-FCS : 3-GEU :
4-IVG :
5-ITG :
Caryotype :
CFTR :
Date
des sérologies :
HIV :
Hépatite B :
Hépatite C :
BW :
Chlamydia :
Dosage
J3 :
FSH(UI/L) :
E2
(pg/ml) :
LH (UI/L) :
Prolactine
(ng/ml) :
Inhibine B
(pg/ml) :
|
Spermogramme
le :
55-Numération (M/ml) :
59-Mobilité
totale : Fléchante :
63-Formes
typiques : Vitalité :
Anticorps :
1-Absence 2-Présence
TMS
le :
Num
spermatozoïdes récupérables (M/ml) :
Survie :
Formes
typiques :
Spermoculture :
Positive Négative
Si
azoospermie : 4--Sécrétoire pure
Excrétoire
1- congénitale 2-acquise
3-Mixte Autre :
Antécédents :
Cryptorchidie : 1-oui 0- non
CBAVD :
Chirurgie
uro :
Traitements :
1-Chimio 2-Corticothérapie 3-Radiothérapie
Biopsie
diagnostique : + - Spermatogenèse : + -
Antécédents
nombre d’enfants hors FIV hors couple :
Caryotype :
CFTR :
Délétion
de l’Y :
Date
des sérologies :
HIV :
Hépatite B :
Hépatite C :
BW :
Chlamydia :
Dosages :
FSH (UI/L) : E2
(pg/ml) :
Prolactine
(ng/ml) : Testostérone
(ng/ml) :
Inhibine
B (pg/ml) :
|
COUPLE :
65-Grossesse hors FIV : Accouchement : FCS :
GEU : IVG :
ITG :
68-Infécondité
inexpliquée : 1- Oui 0-Non
69-Durée
de l’infécondité en année avant la première FIV :
71-Tentative
après : 1-Echec d’IAC 2-Echec
d’IAD
Nombre
de tentatives antérieures : IAC : IAD :
FIV : ICSI :
FIVD :
49-Antécédents
grossesse FIV : Accouchement : FCS :
GEU :
ITG :
Tentative
actuelle : 43- Arrêt de la tentative -Spermoculture
>3000 germes
2-Recrutement insuffisant 3-Autres
Rang
de la ponction : 45-Depuis le début des FIV : Dans
le centre :
47-Depuis le dernier accouchement :
(Tous
centres FIV confondus):
Indication
culture longue : 1-Echec répétés 2-Petit
utérus 3-Désir de grossesse
unique
Indication
d’éclosion assistée : 1-Qualité embryonnaire 2-FSH
élevée 3-Age
4-Echecs répétés Autre :
|
STIMULATION :
53-Cycle
spontané : 1-Oui 0-Non 56-Protocole :
1-Court 2-Long 3-Autre
54-
Analogue GnRH : 0-Non 1-DTRP6 retard 2-DTRP6
rapide 3-Lucrin 4-Enantone
5-Buzériline sous cutané 6-Buzériline
nasale 8-Zoladex 9-Synarel
7-Autre (préciser):
57-Début :
1-Phase folliculaire 2-Phase lutéale
57-Demi-dose :
1-Oui 0-Non
59-Antagoniste
GnRH : 0-Non 1-Cétrorélix
2-Autre
60-Mode :
1-Dose unique 2-Doses quotidiennes
Croissance
folliculaire :
61-Citrate
de clomifène : nombre
total de comprimés :
63-Hormones
urinaires Nb ampoules HMG : Nb
ampoules FSH :
64-Hormones
recombinantes : Dose totale d’unités
internationales : PUREGON :
GONALF :
77-Autre :
préciser en clair la dose totale :
Echographie
au moment du déclenchement :
Endomètre :
Type I Type
II Type
III
Epaisseur
(mm) : Nombre
de follicules > 14mm : Nombre
de follicule < 14 mm :
Doppler : résultat
en clair :
82-Durée
de la stimulation :du 1er jour de la stimulation
ou date des règles du cycle spontané au jour du déclenchement inclus :
84-Déclenchement
de l’ovulation : 1-HCG 2-Décharge de
LH 3-Analogue 4 LH recombinante
5-Décharge de LH+1,3 ou 4
85-Taux
de E2 plasmatique le jour du déclenchement de l’ovulation (pg/ml) :
Taux
de LH plasmatique le jour du déclenchement (UI/L) :
Taux
de progestérone plasmatique le jour du déclenchement (ng/ml) :
54-Traitement
après transfert : 0-Aucun 1-Progestatif
2-HCG 3-Les deux
55-
4-Antibiotiques
5-corticoïdes 6-Aspirine
|
1.2 Consultation biologique
Une
consultation avec le biologiste doit être proposée au couple par le clinicien.
Cette consultation permet une rencontre entre le biologiste et les deux membres
du couple avec :
- Vérification de
l’ensemble des papiers administratifs demandés en cas d’AMP
- Une explication
des données biologiques pour lesquelles les couples sont souvent demandeurs,
notamment les techniques particulières comme la micro-injection ou la culture
prolongée ou l’éclosion assistée.
- Une nouvelle vérification
de la motivation du projet parental.
1.3 Contrôle des papiers
administratifs
Les
actes d’AMP sont soumis à la signature par le couple de différents consentements :
- Demande d’AMP
à chaque tentative.
- Demande de congélation
et de décongélation des embryons.
- Information sur
les techniques particulières : ICSI, culture prolongée, hatching.
1.4 Contrôle de l’identité des
couples.
Au moment
de chaque tentative d’AMP, l’identité des deux membres du couple doit être vérifiée,
par le contrôle des pièces d’identité.
Des photocopies des cartes d’identité, du livret de famille, du certificat de
concubinage ou du certificat de vie commune de plus de 2 ans doivent être conservées
dans le dossier.
1.5 Mesures d’hygiènes
Dans
le cadre des précautions universelles à respecter dans les laboratoires travaillant
avec des prélèvements humains ( CDC d’ATLANTA : MMWR n°2 Spécial 1987 ) plusieurs
mesures sont à prendre en compte :
- Port de gants,
à changer entre 2 patients.
- Port de masque.
- Procédure de lavage
des mains.
- Procédure de lavage
de la peau en cas de projection.
- Prévention des
blessures et des coupures.
Un nettoyage
efficace et quotidien des locaux et des paillasses doit être réalisé selon
des procédures écrites et validées.
Des fiches de nettoyage doivent être quotidiennement remplies par la personne
s’occupant du nettoyage des locaux.
L’ensemble du personnel du laboratoire doit être vacciné contre le virus de
l’hépatite B.
1.6 Tests de sécurité sanitaire
Un
bilan sérologique de chaque membre du couple datant de moins d’un an doit être
disponible dans le dossier.
Les tests sérologiques à faire sont :
- Sérologie
d’hépatite B.
- Sérologie
d’hépatite C.
- Sérologie
HIV 1 et 2.
- Sérologie
syphilis.
1.7 Traitement des gamètes et
des embryons.
L’ensemble
du travail effectué en AMP doit être effectué en atmosphère stérile :
- Travail sous hotte
à flux laminaire ( de préférence flux laminaire vertical ).
- Laboratoire en
surpression ( avec contrôle de pression des pièces et des sas ).
Pour
éviter tout risque d’erreur, les produits venant de couples différents ne doivent
pas être traités par la même personne simultanément. Le traitement des gamètes
et des embryons de chaque couple doit se faire de manière indépendante sous
la hotte à flux laminaire.
Chaque flacon de recueil ( de sperme ou d’ovocytes ), tube ou boite de culture
doit porter le nom d’usage du couple ( ou les deux noms s’ils sont différents
), ainsi que les prénoms.
Les embryons doivent être conservés à l’étuve à 37°C, avec 5% de CO2 ( voir
chapitre température et air du laboratoire ).
1.8 Tenue des registres biologiques d’AMP
Différents
registres biologiques doivent être tenus à jour et conservés au laboratoire
d’AMP.
Ces registres doivent permettre d’avoir une traçabilité des actes biologiques
effectués en AMP.
1.8.1 Registre d’insémination avec sperme
de conjoint (IAC)
Il doit
comporter les éléments suivants :
- Nom et prénom
des deux membres du couple.
- Age des deux membres
du couple
- Technique de préparation
du sperme.
- Numération et
mobilité des spermatozoïdes avant et après migration.
- Nombre de spermatozoïdes
à inséminer.
- Date de l’insémination
de sperme.
- Résultat du test
de grossesse.
1.8.2
Registre de FIV
Il doit comporter les éléments suivants :
- Nom et prénom des deux membres du couple.
- Age des deux membres du couple
- Indication de la fécondation in vitro
- Date de la FIV.
- Numéro de la FIV.
- Milieu de culture utilisé.
- Technique de préparation du sperme.
- Numération des spermatozoïdes.
- Mobilité des spermatozoïdes à 24 heures.
- Nombre d’ovocytes recueillis.
- Nombre d’ovocytes inséminés.
- Nombre de zygotes à 2 PN à 18 heures.
- Nombres d’ovocytes à 1 GP non vus fécondés à 18 heures.
- Nombres de zygotes à 3 PN.
- Autres ovocytes.
- Nombre d’embryons obtenus.
- Technique particulière : culture prolongée.
- Date du transfert d’embryons.
- Nombre d’embryons transférés, et stade de ces embryons.
- Nombre d’embryons congelés, et stade de ces embryons.
- Résultat du test de grossesse.
- Résultat de la naissance.
1.8.3 Registre des ICSI
Il est
identique au registre des FIV.
Il faut
y ajouter :
- Le nombres d’ovocytes
à 1 globule polaire.
- Le nombre d’ovocytes
injectés.
1.8.4 Registre des embryons
congelés
Il doit
comporter les éléments suivants :
- Nom et prénom
des deux membres du couple.
- Date de la FIV
ou de l’ICSI.
- Numéro de la FIV
ou de l’ICSI.
- Date de la congélation
des embryons.
- Nombre d’embryons
congelés.
- Stade des embryons
congelés.
- Emplacement de
la paillette : numéro du canister où se trouve la paillette.
- Couleur du jonc.
- Date de la congélation
des embryons.
1.8.5 Registre des
embryons décongelés
Il doit
comporter les éléments suivants :
- Nom et prénom
des deux membres du couple.
- Date de la FIV
ou de l’ICSI.
- Numéro de la FIV
ou de l’ICSI.
- Date de la congélation.
- Nombre et stade
des embryons congelés.
- Date de la décongélation.
- Nombre d’embryons
décongelés.
- Stade des embryons
congelés.
- Stade des embryons
décongelés.
- Date du transfert
d’embryons.
- Stade des embryons
transférés.
- Nombre d’embryons
restant congelés.
1.8.6 Registre des cultures
prolongées.
Il doit
comporter les éléments suivants :
- Nom et prénom
des deux membres du couple.
- Date de la FIV
ou de l’ICSI.
- Numéro de la FIV
ou de l’ICSI.
- Nombre d’embryons
mis en culture prolongée.
- Nombre de blastocystes
obtenus ( à J5, J6 ou J7 ).
- Nombre de blastocystes
transférés.
- Date du transfert.
- Nombre de blastocystes
congelés.
- Date de la congélation.
- Résultat du test
de grossesse.
- Résultat de la
naissance.
1.8.7
Registre des maintenances
Ce registre
doit comporter :
- L’ensemble des
contrats de maintenance de chaque appareil (pour chaque fournisseur).
- Pour chaque appareil,
une fiche permettant de noter les interventions effectuées sur l’appareil,
avec la date de l’intervention, et le nom de la personne intervenante.
Sur
chaque appareil, doit se trouver également une fiche avec :
- La date d’achat
de l’appareil.
- La date de la
dernière maintenance fournisseur.
- La date de la
prochaine maintenance fournisseur
- La date du dernier
contrôle assurance qualité ( extérieur )
- La date du prochain
contrôle assurance qualité ( extérieur ).
1.8.8 Registre des lots de
réactifs.
Ce registre
doit comporter pour chaque réactif utilisé en AMP :
- La date de réception.
- Le numéro de lot
du réactif.
- La date de péremption.
- La date de première
utilisation de ce lot.
- La date de la
dernière utilisation de ce lot.
1.8.9 Registre des modes opératoires
et des procédures.
Un registre
contenant les modes opératoires et les procédures doit être à la disposition
des personnes travaillant en AMP.
Ces
modes opératoires et procédures sont validés et signés par un responsable du
laboratoire. Le numéro de la version doit être précisé. Seule la dernière version
validée doit être à la disposition du personnel.
2
Qualité technique
2.1 Locaux
d’AMP pour l’activité biologique
Pour
un laboratoire d’AMP, la structure suivante est le minimum obligatoire :
- Une pièce exclusivement
réservée au recueil du sperme comprenant :
Un lavabo
équipé d’un système de fonctionnement automatique
Un dispositif
permettant d’assurer l’hygiène du recueil
Un affichage
de la procédure de prélèvement.
Cette pièce doit
être isolée (phoniquement), et offrir toutes les garanties de confidentialités.
- Une pièce exclusivement
réservée pour le traitement des gamètes.
Cette pièce
doit être équipée d’un sas d’entrée dans le cas où des fécondations in vitro
y sont effectuées.
- Une pièce exclusivement
réservée à la conservation des gamètes et des embryons congelés.
Cette pièce
doit être équipée d’un système antivol, et d’un dispositif d’extraction de
l’azote (avec système de contrôle de la teneur en oxygène de la pièce).
- Un bureau de secrétariat
et d’archives.
- Un bureau pour
l’entretien du biologiste avec les couples.
L’ensemble
des locaux doit être équipé de système de protection contre les effractions
et les vols. Ce système doit être en relation avec l’équipe de sécurité de l’hôpital
ou un organisme de sécurité extérieur.
2.2 Milieux utilisés en AMP
Actuellement,
les milieux utilisés en AMP ne répondent pas à une définition stricte.
La loi relative au renforcement de la veille sanitaire et du contrôle de la
sécurité sanitaire des produits destinés à l’homme (Loi n° 98-535 du 01/07/1998)
crée une nouvelle catégorie de produits : les Produits Thérapeutiques Annexes
(PTA).
Les PTA sont définis comme tout produit, à l’exception des dispositifs médicaux
mentionnés à l’article L665-3 du Code de la Santé Publique, entrant en contact
avec des organes, tissus, cellules ou produits issus du corps humain ou d’origine
animale au cours de leur conservation, de leur préparation, de leur conditionnement
ou de leur transport avant utilisation thérapeutique chez l’homme ainsi que
tout produit entrant en contact avec des embryons dans le cadre d’une activité
d’AMP.
Les PTA entrent désormais dans le cadre de compétence de l’Agence Française
de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé ( AFSSAPS ).
En l’attente de la parution des Décrets d’application relative à ces produits,
les PTA ne font pas l’objet d’une évaluation par l’AFSSAPS, et sont toujours
commercialisés sous la seule responsabilité des fabricants.
Une étude est actuellement demandée par l’AFSSAPS pour établir un relevé des
PTA actuellement utilisé.
Dans le domaine de l’AMP, sont considérés comme des PTA :
- Les milieux utilisés
pour la culture embryonnaire
- Les milieux pour
traitement du sperme en vue d’insémination ou de fécondation in vitro.
- Les milieux pour
le traitement des ovocytes.
- Les milieux pour
la congélation, la décongélation, la conservation des gamètes, et des embryons.
- Tous les additifs
qui peuvent être ajoutés extemporanément aux milieux (sérum de veau ftal,
albumine).
D’une
manière générale, il est recommandé que l’utilisation de matériaux d’origine
animale soit évitée autant que faire se peut.
L’utilisation d’un nouveau milieu d’AMP ne peut se faire qu’avec l’accord de
la Commission Nationale de Médecine et de Biologie de la Reproduction et du
Diagnostic Prénatal.
Il est nécessaire d’avoir une traçabilité des milieux utilisés au laboratoire
d’AMP (voir Registre des Milieux).
Les milieux de culture doivent être conservés au réfrigérateur à +4°C.
Avant toute utilisation les milieux de culture doivent être placés à l’étuve
à 37°C, sous 5% CO2.
Les Biologistes des Laboratoires d’Etude de la Fécondation et de la Conservation
de l’uf ont mis en place un outil de vigilance permettant une analyse rapide
des données et résultats de leurs pratiques. L’activité BLEFCO Vigilance a développé
une base de donnée permettant la saisie et l’analyse d’informations techniques
communiquées mensuellement par les laboratoires français. Ces données concernent
notamment l’utilisation des milieux d’AMP.
2.3 Air du laboratoire
Les
tests pratiqués aujourd’hui sur les incubateurs, les hottes, les étuves et dans
le laboratoire constatent qu’une contamination de ces enceintes est possible.
Les éléments retrouvés sont des micro organismes, des solvants, des composants
organiques volatiles, comme les aldéhydes.
Les
études effectuées sur les aldéhydes montrent qu’à partir d’un certain taux,
ceux ci ont un effet très néfaste sur le développement des embryons en culture.
Effet de l’acroléine sur le développement
embryonnaire des cellules de souris.
Acroléine
( PPM )
|
Nombre
d’embryons
|
%
Embryons à 8 cellules
|
%
blastocystes
|
Contrôle :
0 PPM
|
625
|
96%
|
88%
|
0,5
PPM
|
638
|
94%
|
80%
|
2
PPM
|
502
|
85%
|
3%
|
6
PPM
|
468
|
0%
|
0%
|
Les
sources de contamination sont issues des différents matériels utilisés dans,
autour, et en dehors de l’environnement du laboratoire.
Les locaux concentrent et retiennent ces différentes impuretés, et actuellement
il n’existe aucun moyen de les détruire.
Dans ces conditions, il est important d’empêcher ces impuretés d’entrer dans
le laboratoire, et de dégrader les conditions de culture des embryons.
Le laboratoire doit disposer d’un environnement avec :
- Un air climatisé.
- Un air filtré.
- Des pièces de
cultures cellulaires en surpression.
L’entrée
dans le laboratoire de fécondation in vitro doit se faire par un sas. Cette
entrée ne doit être possible qu’aux personnes autorisées.
Un contrôle
de la surpression doit être facilement lisible : présence de manomètre
de pression à l’intérieur et à l’extérieur du laboratoire.
Les
filtres présents au niveau des bouches d’aération doivent être régulièrement
contrôlés et changés. L’encrassement des filtres doit être contrôlé en permanence
par les indicateurs de pression.
Les dates de vérification et de changement des filtres doivent être consignées
dans un registre de maintenance.
Concernant
les étuves, il est souhaitable que des filtres soient installés à l’entrée de
celle ci.
Les
systèmes de filtres type "Gen X" doivent permettre d’avoir à l’intérieur
du laboratoire et des étuves un air parfaitement contrôlé, donnant aux embryons
les meilleures conditions de culture et de développement.
2.4 Mélange gazeux utilisé au laboratoire
Les embryons doivent être conservés dans un air à 5% de CO2.
Les 5% de CO2 doivent être donné :
- Soit par l’étuve réglée à 37°C
- Soit directement par un mélange déjà prêt à 5% : dans le cas où l’on
devrait travailler sous une cloche à température ambiante (cas de la congélation
et de la décongélation)
Le CO2 utilisé doit être un CO2 de grade médical.
Pour éviter une contamination de l’étuve par un air impropre, il est souhaitable
de placer à l’entrée de celle ci un système de filtre permettant d’avoir un
air très purifié ( voir plus haut ).
La valeur du CO2 de l’étuve doit être affichée et contrôlée :
- Quotidiennement par les techniciens du laboratoire
- Régulièrement par un organisme extérieur.
Il est souhaitable d’avoir :
- Au minimum 2 étuves à CO2 (permettant un dépannage en cas de panne)
- Un système de passage automatique d’une bouteille de CO2 sur la bouteille
de réserve.
- Un système d’alarme en cas de diminution de la teneur en CO2 dans l’étuve.
Le changement de bouteille de CO2 doit être prévu régulièrement
et anticipé pour éviter toute coupure d’alimentation de l’étuve.
La date des changements doit être notée dans le registre des maintenances.
2.5 Azote liquide
Il est
nécessaire d’avoir au minimum :
- 1 cuve de stockage
pour les paillettes de sperme
- 1 cuve de stockage
pour les embryons :
- ces deux cuves doivent être équipées de canister dans lesquels se trouvent
des visotubes.
- les canisters et visotubes doivent être correctement identifiés, et leur
emplacement doit être facilement repérable.
- 1 cuve de réserve
d’azote liquide avec un dispositif de remplissage des cuves de stockage
- 1 cuve de dépannage
à utiliser en cas de problème sur une des deux cuves de stockage.
La cuve
de réserve d’azote doit disposer d’un dispositif de branchement sur l’appareil
de congélation.
La cuve de réserve doit être régulièrement remplie afin de ne jamais tomber
en panne. Un contrat doit être passé avec une société de livraison d’azote liquide.
Une traçabilité du remplissage doit être faite afin de connaître la date des
livraison, et la personne présente le jour de la livraison.
Les
cuves de stockage ( sperme, et embryons ) doivent être :
- Régulièrement
contrôlées ( niveau )
- Régulièrement
remplies à partir de la cuve de réserve.
Ces
deux opérations doivent être tracées. Une fiche doit être placée près des cuves
afin d’y noter la date de contrôle ou de remplissage, et la personne qui a effectué
l’opération.
Le laboratoire d’AMP doit passer un contrat avec un autre laboratoire conservant
du sperme et des embryons congelés afin de transférer les paillettes en cas
de nécessité.
2.6 Matériel de congélation
Les
appareils les plus couramment utilisés sont un congélateur programmable LC40
ou MS21. Avant chaque congélation il faut contrôler le niveau d’azote liquide
dans la bonbonne qui alimente l’appareil à l’aide d’une règle en plastique (au
moins 30 cm d’azote par congélation).
Les joncs d’identification devront comporter le nom d’usage du couple, prénom
de la conjointe et N° de l’embryon.
Le conditionnement comportera dans une paillette toujours un embryon, au maximum
deux.
Ces appareils feront l’objet d’une vérification quotidienne et d’un contrat
d’entretien systématique avec une firme agrée.
2.7 Température au laboratoire d’AMP
La température
doit être parfaitement régulée au laboratoire d’AMP.
En effet, différentes études ont montré que les écarts de température que subissent
les embryons peuvent notablement diminuer les résultats obtenus en AMP.
Dans ces conditions, il est nécessaire d’avoir :
- Un laboratoire
climatisé.
- Des hottes à flux
laminaire totalement thermorégulées ou à défaut des platines chauffantes parfaitement
réglées à 37°C.
- Des étuves à 37°C
parfaitement bien réglées. La température des étuves doit être contrôlée quotidiennement
par le personnel du laboratoire, et régulièrement par un organisme extérieur.
Concernant
les étuves, il est souhaitable d’avoir en plus de l’affichage de température
de l’étuve, une sonde indépendante permettant le contrôle de la température
à l’intérieur de l’étuve.
Il est
souhaitable d’avoir plusieurs étuves afin qu’elles ne soient pas ouvertes trop
fréquemment pour éviter les écarts de température.
2.8 Hotte à flux laminaire
L’ensemble
des manipulations des actes biologiques d’AMP doit être réalisé en atmosphère
stérile. L’utilisation de hotte à flux laminaire est indispensable.
Il est préférable d’utiliser des hottes à flux laminaire vertical de classe
2, protégeant à la fois les gamètes, les embryons et le manipulateur.
Il est souhaitable que ces hottes soient thermostatées à 37°C, afin d’éviter
les écarts de température.
2.9 Consommables
Le consommable
utilisé en AMP doit être :
- A usage unique,
et stérile.
- Non cytotoxique
- Spécialement conçu
pour la culture cellulaire.
La stérilisation
ne doit en aucun cas être faite avec de l’oxyde d’éthylène, mais uniquement
par stérilisation gamma.
3
Qualité du prélèvement
3.1
Sperme
Le sperme
doit être émis au laboratoire, après une abstinence de 3 à 4 jours.
Le prélèvement doit suivre une procédure rigoureuse, qui doit être notée dans
les salles de prélèvement :
- Uriner
- Lavage du gland
et des mains
- Recueil du sperme
par masturbation dans un réceptacle stérile.
Cette
méthode de prélèvement doit permettre d’éviter les contaminations du sperme.
Dans
les cas d’importante oligospermie, il peut être utile d’avoir au laboratoire
des paillettes de sperme auto conservé, qui peuvent être décongelés au dernier
moment.
Dans les anomalies cytogénétiques explorées par FISH au niveau du sperme, il
peut être utile de disposer d’un éjaculat congelé pour lequel le taux d’anomalie
est le plus faible.
Des prélèvements de spermatozoïdes peuvent être faits au niveau de l’épididyme,
en cas d’azoospermie obstructive.
Les prélèvements testiculaires peuvent être proposés aux patients en cas d’échec
de prélèvements épididymaires, ou en cas d’azoospermie non obstructive. Mais
les dernières publications semblent montrer un taux d’anomalies plus élevé devant
faire discuter très sérieusement cette indication. Ces anomalies pourraient
être dues à un défaut d’empreinte génomique au niveau des spermatozoïdes testiculaires.
3.2 Ovocytes
La qualité
ovocytaire dépend entre autre :
- De la réserve
ovarienne explorée par le bilan hormonal à J3 : E2, FSH, Inhibine B.
- De la qualité
de la réponse ovarienne à la stimulation.
La décision
de la ponction se fait sur les critères échographiques ( nombre et taille des
follicules ), et hormonaux ( E2, LH ).
La qualité
biologique des ovocytes ne peut être que différée en FIV conventionnelle, puisque
l’observation des ovocytes est faite à 18 heures post insémination.
En FIV conventionnelle, seule la qualité des cumulus ( aspect, taille ) peut
être observée.
En FIV avec micromanipulation, la décoronisation des ovocytes avant micro-injection
permet d’observer le nombre d’ovocytes murs ( à 1 globule polaire ). Ce pourcentage
d’ovocytes murs est un élément important d’interprétation de la réponse ovarienne
à la stimulation.
3.3 Embryons
La qualité
embryonnaire est basée sur différentes classifications.
Celle du BLEFCO prend en compte le nombre de cellules embryonnaires, la régularité
de ces cellules, et le pourcentage de fragmentation dans l’embryon.
Nomenclature de cette classification : N(X, Y).
- N : nombre
de cellules dans l’embryon.
- X = 1 : cellules
régulières.
- X = 2 : cellules
irrégulières.
- Y = 1 :
absence de fragment.
- Y = 2 : taux
de fragments < 20%
- Y = 3 : taux
de fragments entre 20 et 50%
- Y = 4 : embryon
fragmenté.
Mais
la qualité embryonnaire peut également se juger sur d’autres critères :
- Régularité des
pronuclei observés à 18 heures post insémination.
- Régularité du
cytoplasme.
- Cytoplasme granuleux
- Présence de vacuoles
(élément défavorable).
- Cinétique de division
des cellules : entre J1 et J2, J2 et J3, puis jusqu’au stade blastocyste.
4
Qualité du conceptus
4.1
Dépistage biochimique de trisomie 21
Ce dépistage
doit être proposé actuellement à chaque femme enceinte.
Il est effectué en France entre la 14ème et la 17ème semaine
d’aménorrhée.
Le test de dépistage est basé sur le dosage de la béta HCG, de l’alpha foetoprotéine,
et de l’oestriol.
Le risque
statistique est calculé en fonction de la date de la grossesse, de la valeur
des hormones citées. Ce calcul est fait par un logiciel qui prend en compte
ces différentes données, et donne un résultat en fonction des multiples de la
médiane.
Le risque doit être calculé en fonction du nombre de ftus.
Il est
actuellement discuté de l’intérêt d’un dépistage de trisomie 21 par des marqueurs
biochimiques au moment du premier trimestre : Protéine PAP A, béta HCG
libre.
4.2 Amniocentèse et examens cytogénétiques
Les
indications de l’amniocentèse en France sont :
- L’âge maternel.
- Les signes échographiques.
- Le risque calculé
par le dépistage biochimique.
- Anomalies chromosomiques
connues dans la famille.
Les
examens cytogénétiques se font sur le liquide amniotique ( dans certains cas
sur villosités choriales ou sang de cordon ).
Le caryotype
standard est effectué, puis éventuellement devant certains signes cliniques,
un caryotype en haute résolution peut être demandé.
Devant
certaines anomalies, une analyse plus fine peut être effectuée en cytogénétique
moléculaire par différentes techniques ( FISH, CGH …).
4.3 Diagnostic pré-implantatoire.
Dans
certains cas, et pour certaines indications très limitées, un diagnostic pré-implantatoire
peut être proposé au couple.
Ce diagnostic ne peut se faire que dans des centres agréés ( 3 Centres en France
).
Le diagnostic pré-implantatoire ne doit pas se substituer au diagnostic pré-natal.
4.4 Suivi des enfants nés d’AMP
Il est
conseillé que les enfants nés des techniques d’AMP soient régulièrement suivis.
L’équipe pluridisciplinaire doit connaître l’évolution de la grossesse, avoir
des données sur les conditions de l’accouchement, et sur la santé de l’enfant.
Un suivi régulier pendant les deux premières années de l’enfant doit être ensuite
proposé aux parents qui peuvent refuser.
Les équipes d’AMP peuvent se faire assister par une association pour ce suivi.
Les
différentes études effectuées jusqu’à aujourd’hui ne semblent par montrer un
taux d’anomalie plus important chez les enfants nés des techniques d’AMP ( y
compris ICSI ).
Néanmoins les réserves sur la connaissance de ces techniques doivent être présentées
au couple, avant toute tentative d’AMP.
Conclusion
Comme
dans tous les domaines de la médecine et de la biologie, les procédures de gestions
de l’assurance qualité sont de plus en plus présentes, bien définies et rigoureuses,
et doivent être mises en place en Assistance Médicale à la Procréation.
Dans
ce domaine plus que pour d’autres domaines de la biologie, l’assurance de la
qualité de nos actes doit être notre préoccupation quotidienne, chaque ovocyte,
et chaque embryon étant unique et ne permettant pas qu’il y ait de "coup
d’essais".
Références bibliographiques :
COHEN J., GILLIGAN A., ESPOSITO
W., et al. Ambient air and its potential effects on conception in vitro. Hum.
Reprod., 12, 1742-1749, 1997.
Loi n° 94-548 du 1er
juillet 1994
Loi n° 94-653 du 29 juillet 1994
Loi n° 94-654 du 29 juillet 1994
Décret n° 95-558 du 6 mai 1995
Décret n° 95-559 du 6 mai 1995
Décret n° 95-560 du 6 mai 1995
Décret n° 97-613 du 27 mai 1998
Décret n° 98-216 du 24 mars 1998
Décret n° 99-925 du 2 novembre 1998
Arrêté du 12 janvier 1999
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