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2007 > Pédiatrie > Nutrition infantile  Telecharger le PDF

Apport des préparations de suite et de croissance en nutrition infantile

J. Girardet

Les préparations de suite

Définition, Réglementation, Composition

Les préparations de suite, ou laits 2ème âge, sont des denrées alimentaires destinées à constituer le principal aliment liquide des nourrissons après l’introduction d’une diversification alimentaire « appropriée », bien établie et dont les aliments non lactés constituent une part significative. Les préparations de suite sont des substituts du lait de vache, adaptés aux besoins spécifiques des nourrissons de cette catégorie d’âge (à partir de 6 à 8 mois) notamment en protéines, fer, vitamine D et acides gras essentiels. Leur fraction protéique peut provenir du lait de vache ou du soja. Leur composition est encadrée par la directive européenne 1991/321/CE transposée dans la réglementation française par l’arrêté du 1er juillet 1976 relatif aux aliments destinés à répondre aux besoins nutritionnels des nourrissons et des enfants en bas âge [1,2]. La composition moyenne des préparations de suite actuellement commercialisées en France figure sur le tableau N°1

Intérêt nutritionnel

La période de la diversification et les mois qui suivent est une période à risque nutritionnel particulier. En effet, la diversification alimentaire, même bien conduite s’accompagne d’une augmentation des apports en protéines et en sodium ainsi que fréquemment d’une insuffisance d’apport en acides gras essentiels, en vitamine D et surtout en fer dont les besoins à cet âge ne peuvent être couverts par les aliments non lactés [3]. La couverture des besoins en fer chez un enfant de cet âge nécessiterait en effet d’augmenter les apports en viande à un niveau tel qu’ils iraient de pair avec des apports protidiques excessifs. Or, la diversification alimentaire bien conduite s’accompagne déjà d’une augmentation des apports protidiques qui deviennent entre 6 mois et 1 an 3 à 4 fois supérieurs aux besoins de sécurité [3,4]. Elle s’accompagne également d’une augmentation par 3 ou 4 des apports en sodium qui deviennent très largement supérieurs aux besoins, estimés à 1 mmol/kg/j, ce qui pourrait avoir des conséquences à distance sur le niveau de la tension artérielle à l’adolescence ou à l’âge adulte [5].

Pendant cette période où le lait et les produits laitiers restent la principale source de calcium d’une alimentation qui est assurée de façon croissante par les aliments non lactés, l’emploi d’une préparation de suite contribue à pallier ces déséquilibres nutritionnels. Contrairement aux préparations pour nourrissons (laits 1er âge) qui constituent l’aliment unique des enfants de 4 à 6 mois, les préparations de suite ne sont en effet que le complément d’une alimentation diversifiée et ont pour objectif d’être un élément régulateur permettant de compenser les carences et les excès susceptibles d’accompagner cette diversification. Leurs teneurs en protéines et en sodium respectivement inférieures d’1/3 et de moitié par rapport au lait de vache participe à limiter les excès d’apport. La future nouvelle réglementation européenne, actuellement en cours d’élaboration, s’orientera d’ailleurs probablement vers une baisse encore plus sensible de la teneur en protéine des préparations de suite. D’autre part, l’enrichissement en fer mais aussi en vitamine D et en acides gras essentiels de ces préparations permet de réduire le risque de déficience de ces micronutriments. Il reste cependant conseillé de maintenir une supplémentation médicamenteuse en vitamine D à la dose de 400 à 800 UI par jour jusqu’à l’âge de 18 mois [6,7].

Modalités de prescription

En aucun cas on ne doit utiliser de préparation de suite avant l’âge de 4 mois pendant la période d’alimentation lactée exclusive. Les préparations de suite ne peuvent être utilisées que lorsque l’alimentation est suffisamment diversifiée, c'est-à-dire en règle générale après l’âge de 6 – 7 mois, à partir du moment où les enfants prennent un repas complet à la cuillère. Un apport quotidien d’au moins 500 ml par jour permet de réduire la déficience en fer tout en assurant des apports en calcium suffisants et en limitant l’apport en protéines, surtout si l’on choisit une préparation à faible teneur en protéines. Cet apport lacté minimum de 500 ml par jour est nécessaire jusqu’à l’âge d’1 an, date à laquelle le relais sera pris par un lait de croissance [6,7].

Parmi les préparations de suite, à coté des préparations « standard », certaines font état d’allégations santé (transit, confort, hypoallergéniques etc..). Il est évident que ces allégations dont certaines sont déjà discutables pour les préparations pour nourrissons, n’ont plus aucun sens dans le cadre d’une alimentation diversifiée, d’autant plus qu’elle ne s’appuient sur aucun essai clinique.

Les laits de croissance

Définition, Composition

Les laits de croissance sont des préparations industrielles commercialisées en France et destinées aux enfants depuis la fin de leur première année jusqu’à l’âge de 3 ans. Pour pouvoir être proposés aux enfants de cette catégorie d’âge, leur composition doit respecter les dispositions réglementaires applicables aux préparations de suite définies par la directive 91/321/CE [7]. Les laits de croissance sont donc des préparations de suite et, comme telles sont enrichies en vitamine D, en fer et en acides gras essentiels. Au sein des préparations de suite, ils ont comme particularité d’être présentés sous forme liquide et d’avoir une composition dont les valeurs énergétiques et protéiques se situent habituellement dans la partie haute des fourchettes réglementaires.

Intérêt nutritionnel

Entre 1 et 3 ans, les enfants conservent des besoins nutritionnels particuliers en raison d’une vitesse de croissance toujours élevée. Si les besoins énergétiques sont généralement largement couverts, et si les besoins protéiques restent très largement dépassés, des risques de déficiences persistent pour la couverture des besoins en vitamine D et surtout en fer [3]. De plus, cette tranche d’âge nécessite des apports lipidiques quantitativement et qualitativement adaptés à la couverture des besoins énergétiques, de la croissance cérébrale et de la myélinisation.

En ce qui concerne la vitamine D, l’utilisation des laits de croissance enrichis, allant de pair avec l’autorisation depuis 2001 d’enrichir également en vitamine D les produits laitiers frais de grande distribution, permet d’interrompre la supplémentation médicamenteuse à partir de l’âge de 18 mois et a entraîné la quasi disparition des rachitismes carentiels dans notre pays chez les enfants de cet âge.

En revanche, le statut en fer des enfants entre 1 et 3 ans reste encore souvent insuffisant. Une étude de 1989 montrait que plus d’un tiers des enfants français de 2 ans avaient une carence latente avec une baisse de la ferritinémie [8]. Le développement des laits de suite et de croissance s’est accompagné en France d’une amélioration des apports en fer entre 1981 et 1997 permettant d’éviter les déficiences chez 95 % des enfants de 13 à 30 mois [3]. En effet, si l’on estime que la quantité de fer quotidienne qui doit être retenue par l’organisme est de 0,5 mg, la consommation de 500 ml par jour d’un lait de croissance fournit environ 4 mg de fer dont 10 % sont absorbés. Cela permet donc d’assurer, conjointement avec les autres sources de fer d’une alimentation diversifiée, une bonne couverture des besoins.

Concernant les lipides, l’utilisation d’un lait dont la teneur lipidique se rapproche de celle du lait entier correspond à un équilibre en macronutriments adapté à la couverture des besoins énergétiques des enfants de cet âge compte tenu de leur vitesse de croissance. De plus, le remplacement d’une partie des graisses lactiques par des graisses végétales permet de satisfaire l’apport en acides gras essentiels prévu par l’arrêté.

Modalités de prescription

Il est recommandé d’utiliser un lait de croissance plutôt que du lait UHT ordinaire, en relais des préparations de suite, à partir de l’âge de 1 an et jusqu’à l’âge de 3 ans. Leur utilisation peut se heurter à la difficulté d’obtenir une ration lactée de 500 ml par jour au profit de laitages frais, parfois enrichis en vitamine D mais non enrichis en fer, et nécessiter des efforts d’explication auprès de certaines familles sur l’intérêt nutritionnel d’une supplémentation martiale. Leur prix qui est environ le double de celui d’un lait ordinaire UHT (en moyenne 2 € par litre) ne devrait pas constituer un obstacle pour la majorité des foyers, le surcoût quotidien étant finalement modeste pour un bénéfice nutritionnel évident.

References

1- Commission Directive 91/321/EEC of 14 May 1991 on infant formulae and follow-on formulae. Official Journal of the European Communities, 04.07.1991, n° L175: p 35.

2- Arrêté du 11 janvier 1994 modifiant l’arrêté du 1er juillet 1976 relatif aux aliments diététiques et de régime de l’enfance et l’arrêté du 30 mars 1978 relatif aux aliments lactés diététiques. Journal officiel de la République Française 1994; 38 :2552-2559

3- Boggio V., Grossiord A., Guyon S. Et col. Consommation alimentaire des nourrissons et des enfants en bas âge en France en 19997. Arch Pediatr 1999 ;6 :740-47.

4- Comité de nutrition de la société française de pédiatrie. Besoins en protéines des nourrissons et des enfants en bonne santé. Arch Pediatr 1997 ; 4 : 373-82

5- Boulton J. L'hypertension, conséquence du sevrage précoce. In: Ballabriga A, Rey J. Weaning, why, what and when? Nestlé Nutrition, Raven press ed., New York, 1987

6- Comité de Nutrition de la Société française de Pédiatrie : Bocquet A, Bresson JL, Briend A et coll. Alimentation du nourrisson et de l'enfant en bas âge. Réalisation pratique. Arch Pediatr 2003; 10: 76-81

7- La santé vient en mangeant et en bougeant. Livret d’accompagnement du « guide nutrition des enfants et ados pour tous les parents » destiné aux professionnels de santé. INPES edit. 2004, p.60-67.

8- Dommergues JP, Archambeaud MP, Ducot B, Gerval Y et col. Iron deficiency and psychomotor development tests. Longitudinal study between 10 months and 4 years of age. Arch Fr Pediatr. 1989;46:487-90

Tableau N° 1: Composition moyenne (pour 100 ml) des préparations de suite commercialisées en France

Constituants

(p 100 ml)

Préparations de suite

Lait de vache entier

Energie (Kcal)

71

66

Protéines (g)

2,1

3,3

Lipides (g)

Ac linoléique (mg)

Ac α linolénique (mg)

3,2

498

56

3,5

70

20

Glucides (g)

Lactose

Dextrines maltose

8,6

67%

33%

4,7

100%

Minéraux

Sodium (mg)

Calcium (mg)

Ca / P

Fer (mg)

29

80

1,4

1,2

49

120

1,4

0,05

Vitamine D (UI)

Vitamine A (µ)

53

63

1,2

40

Hôpital Armand Trousseau, Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie, Paris